AJD-MR : clarification.
Au moment où s’ouvrent les journées de concertation autour de l’éducation nationale auxquelles notre parti a été convié, il nous parait utile de décliner officiellement notre position sur l’opportunité de ces journées. Cette initiative nous questionne en ce qu’elle surgit au moment où est évoquée la possibilité d’un dialogue national. Nous ne comprenons pas la raison d’une telle précipitation à discuter de manière isolée de l’éducation et de la question des langues nationales. Ces problèmes n’ont-ils pas leur place dans un dialogue national serein entre toutes les forces vives du pays, aux côtés des autres thèmes nationaux ?
L’importance que requièrent pour nous la question de l’éducation et celle de l’officialisation de nos langues nationales n’est un secret pour personne. Mais nous n’entendons pas pour autant contribuer à des concertations mal préparées, dont on commence déjà à percevoir qu’elles s’orientent vers une course contre la montre, consistant à faire valider une orientation idéologique qui est tout sauf celle que nous pensons utile pour construire une éducation nationale de qualité, respectueuse à la fois de notre diversité et de notre unité.
Rien pour nous ne peut redonner à notre éducation nationale ses lettres de noblesse, si celle-ci n’est pas replacée dans une vision générale et prospective de notre nation, et du citoyen de demain que nous souhaitons voir émerger. Dans ces conditions, imaginer des journées de concertations autour de l’éducation nationale, isolées du problème de fond de la construction nationale, nous parait être une démarche dont l’arrière-plan demeure opaque.
L’Ajd-mr est profondément attachée à la reconstruction de notre éducation nationale. Elle est profondément attachée à l’enseignement de nos langues nationales Pulaar, Soninke et Wolof et à leur officialisation. Elle est enfin profondément attachées à garder au français sa place au sein de cet enseignement, comme du reste au sein de notre administration ; car le contraire a pour conséquence de discriminer nos compatriotes formés dans cette langue, et notamment ceux dont la langue maternelle n’est pas l’arabe : les négro-africains.
Mais nous estimons que ces thèmes sont suffisamment structurels de notre question nationale pour ne pas être débattus dans un dialogue national. Ainsi, si nous estimons utile la tenue d’un véritable dialogue entre toutes les forces vives de notre pays, nous situons l’opportunité de ce dialogue autour de la seule question de fond qui traverse notre nation et menace sa stabilité et son unité : le problème de la cohabitation mis à mal par la discrimination qui frappe les communautés noires du pays. L’Ajd-mr et ses partenaires ne participeront à un tel dialogue que s’il prend en charge ces questions de fond.
Le Bureau Politique