Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Tawassoul : Pandémie de la scission en vue ?

altDepuis la dernière présidentielle, le parti islamiste Tawassoul, première force politique de l’opposition, semble entrer dans une sorte de tourmente. Sa réaction à l’audience que le président Ghazwani vient d’accorder à Mohamed Jemil Mansour, son ancien président, révèle comme une ligne de fracture au sein du parti. Celui-ci dit n’avoir pas été avisé et ne se sent donc pas concerné par cette entrevue, tandis que l’ex-président de Tawassoul parle de «Â rencontre privée qui n’engage pas le parti ». Nouvelle séparation donc, après les départs de certains de ses hauts cadres à la veille et pendant la présidentielle du 22 Juin ?

De fait, Jemil Mansour semble prendre, depuis son départ de la présidence de Tawassoul, ses distances avec ses amis, afin, semble-t-il, de se rapprocher du nouveau pouvoir et paraît bien dans une logique de rupture avec le parti qu’il a contribué à fonder. Il a, en tout cas, manifestement retrouvé sa liberté de manœuvres. Des rumeurs à la veille de la présidentielle avaient annoncé que face à l’incapacité du FNDU de se trouver un candidat unique, les islamistes allaient tomber dans l’escarcelle du candidat du pouvoir. Les détracteurs de Jemil l’accusèrent alors d’être l’instigateur de ce positionnement derrière le général-candidat, qu’adoptèrent certains cadres mécontents du soutien officiel du parti au candidat indépendant Sidi Mohamed ould Boubacar… ce qui n’empêcha pas Jemil de dénoncer le manque de transparence des élections, contredisant ainsi son successeur affirmant que la Mauritanie venait de réaliser une alternance au pouvoir.

Finalement, seuls les quelques cadres mécontents susdits franchirent le Rubicon. Début de la fissure au sein du parti islamiste et pas franchi vers le nouveau pouvoir ? Les détracteurs d’Ould Mansour en étaient convaincus. Et la récente audience, nouvel objet de divergence entre le parti et son ancien président, vient les confirmer dans leurs soupçons de « connivence » entre celui-ci et le successeur d’Ould Abdel Aziz. Combat d’arrière-garde pour certains ; positionnement, pour d’autres… Désavoué, Jemil Mansour n’a visiblement pas fini de digérer le refus de son parti de faire de lui son candidat à la présidence de l’Institution de l’opposition démocratique, échue en fin de compte à un autre cadre du parti. Le début de rupture daterait de cette époque.

Selon certains analystes, l’ex président du parti islamiste profiterait aujourd’hui du silence des dirigeants du parti qui n’a pas fini de digérer, lui, non seulement l’échec de son candidat à la présidentielle, arrivé troisième derrière Biram Dah Abeid, mais aussi la proximité tribale de son actuel président, Ould Seyidi, avec le président de la République Ghazwani qu’il ne voudrait pas gêner, permettant ainsi à Jemil de pousser ses propres pions. Va-t-il, comme d’autres leaders de l’opposition partis bien avant lui, atterrir à l’UPR ? Il semble que non : l’homme en écarterait l’hypothèse… pour le moment. Alors, Jemil durable électron libre au sein de la galaxie qui gravite autour du marabout-président ? Une position inconfortable pour ce responsable pétri de qualités et qui ne manque certainement ni d’ambitions ni d’atouts. Après avoir été président de son parti, maire et député, Ould Mansour doit lorgner ailleurs et chercher beaucoup mieux qu’une simple figuration. Le remanient ministériel que la majorité des Mauritaniens réclame lui en offrira-t-il l’occasion ? A priori, rien ne semble le retenir au sein de Tawassoul où il apparaît désormais singulièrement «Â encombrant ».

Sinueux parcours à éviter la confrontation

En prêchant pour le soutien au candidat du pouvoir ou, disons-le, des militaires, Tawassoul alors dans le viseur du régime d’Ould Abdel Aziz cherchait à normaliser ses rapports avec le futur Président en rentrant dans ses grâces. Était-ce l’option de Jemil ? Rappelons ici que des voix s’étaient élevées, sous le régime du tombeur de Sidi ould Cheikh Abdallahi, pour réclamer la dissolution du parti islamiste. Celui-ci ne cessait en effet de tenter de déstabiliser, à la tête de l’opposition, le pouvoir d’Ould Abdel Aziz. Printemps arabe, «Â balle amie » de Tweïla, affaire Mkhaïtir furent leurs armes successives pour accentuer la pression. Mais il leur fallut tirer les leçons de l’amère expérience des Frères musulmans en Égypte qui, après avoir gagné la présidentielle, furent violemment éjectés par l’armée. Et la poussée des djihadistes semant partout au Sahel un cortège de malheurs ne plaidait guère plus en faveur des islamistes, au grand profit du pouvoir d’ould Abdel Aziz qui leur livrait guerre. Pourtant, leur parti ne cessait de recruter… jusqu’à s’imposer en première force de l’opposition et devenir ainsi incontournable dans l’arène politique nationale. Une posture trop embarrassante, voire dangereusement omnipotente, aux yeux de certains partis de l’opposition, en particulier au sein du FNDU. On y reprocha à Tawassoul de ne pas jouer «Â franc-jeu » et son refus de se plier au mot d’ordre de boycott, lors des élections municipales et législatives de 2013, resta longtemps au travers de la gorge du FNDU. La rencontre secrète, à l’insu de celui-ci, entre Jemil, alors président de Tawassoul, et Ould Abdel Aziz fut une autre pilule très amère que l’opposition dut finir par avaler, le parti islamiste disposant de grandes capacités financières et de mobilisation. C’était lui qui finançait les manifestations d’un FNDU dépourvu de ressources. Mais c’est surtout le soutien du premier parti de l’opposition au candidat indépendant Sidi Mohamed ould Boubacar qui sonna le glas du FNDU. Tawassoul n’en paye-t-il pas aujourd’hui chèrement le prix ? La question que divers observateurs se posaient au lendemain même de la présidentielle est plus que jamais d’actualité. Le parti subit une sérieuse secousse. L’onde de choc partie de l’UFP l’atteindrait-elle ?

                                                                                                                                                                                                                                                                                                   Dalay Lam

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