Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Un congrès de chameaux (Extrait des Mauritanides, par Habib Ould Mahfoudh)

Un congrès de chameaux (Extrait des Mauritanides, par Habib Ould Mahfoudh)Adrar-Info – Un congrès de chameaux, de vrais chameaux, s’est tenu le 20 Octobre dernier dans la grande plaine désertique de Tijirit, entre les cordons dunaires de l’Azefal et de l’Akchar, à 200 km de tout point d’eau pour garantir le sérieux des débats.

A l’ordre du jour figuraient les points suivants:

– Processus démocratique et Camélitude
– Nouvelle politique éducative
– Attitude à adopter vis-à-vis du PRDS

– Défense des intérêts du Consommateur Camélidé
– Questions diverses

Sur le premier point la gent caméline a été unanime: la démocratisation en cours fut saluée à grands blatèrements, certains éléments tentèrent d’applaudir mais ils durent arrêter sous l’injonction du Chef Chameau (Chécha, pour les copines).

En effet, des chamelles avaient profité de la confusion pour se débarrasser de leur soutien-mamelles ce qui troubla fort les survivants de la vieille école. On envisagea même de rédiger une lettre de soutien au CMSN, ce que les jeunes contestèrent.

Le Chef Chameau insista mais dut battre en retraite devant la férocité des attaques de la Jeunesse Cameline. Les débats reprirent après que l’on eut pansé les plaies et les bosses (!) du Chef (BIG-BOSSE pour les amis).

A la question de savoir si la démocratisation apporte quelque chose à la Cause, les avis furent très partagés. Le premier qui prit la parole souligna qu’une baisse du niveau de vie serait le corollaire logique de la démocratisation.

Selon ce docte personnage le niveau de vie des chameaux s’est élevé subséquemment aux détournements de deniers publics, aux caisses noires et trafics en tout genre. La démocratie, prétendait-il, est transparence. « Et la transparence c’est le régime sec pour nous, camarades! Halte à la démocratie ».

Un chameau qui jusqu’à présent riait comme un bossu de l’analyse faite par son congénère, prit la parole: « Les gars, faut se mettre cette chose dans la bosse: Tôt ou tard nous serons amenés à gouverner ce pays. Pourquoi les hommes continueraient-ils à nous imposer leurs lois? Ils sont les moins nombreux en Mauritanie! Démocratiquement le pouvoir doit revenir aux grains de sable.

Mais vous savez ce que c’est un grain de sable. Instable, vaniteux, bagarreur, léger et superficiel. La deuxième composante du pays c’est les oiseaux. Mais on ne peut pas compter sur ces gens-là.

Des cons, je vous dis, qui préfèrent aller en Europe en été plutôt que d’investir au pays. C’est un peuple de clandestins, trafiquant, volant, chapardant et piaillant. Troisième groupe ethnique de ce pays: les poux.

Leur laideur est anticonstitutionnelle. Le quatrième groupe par le nombre c’est nous, camarades! Le vaillant peuple de chameaux, le peuple de la soif, des bosses altières et des trois paupières.

C’est à nous qu’il revient de gouverner ce pays. Si nous démissionnons, si nous refusons cette responsabilité historique, nous aurons à en répondre devant le Tribunal de l’Histoire. Et le pays sera conduit par les vaches sinon par les chèvres ou les moutons! ».

L’orateur fut chaudement applaudi, une vieille chamelle s’essuyait les yeux avec émotion et des beautés à queues courtes se regardaient discrètement dans leurs miroirs, se demandant si d’aventure ce soir, par un petit clair de lune, dans la saignée d’une dune…

Un troisième chameau, de confession catholique, brillant orateur, se disant archevêque, surnommé par ses amis « l’Aigle des Chameaux », et par ses ennemis, en raison peut-être de sa petite bosse, « Bossuet », prit la parole: « Au nom du Père (en bas il ajoutait « DS »), du FIS (sa mère était la monture d’un harki) et de Saint-Exupéry!

Chameaux, ô chameaux! Peuple sublime! Seigneur du Sahara! Marcheurs au long cours! Puits de Sagesse! Dunes de patience! Abonnés de la Sonelec! (1) Lumières des lumières de la vérité! Correspondants de Somagaz (2) et de Sonimex! Chameaux, ô mon peuple bosselé!

Un bruit qui remplit le désert de tourbillons, de poussière et de crottes de biques, un bruit court dans le désert, dis-je, et il y a des fortes chances qu’il meurt de soif: la dictature se meure, la dictature est mortelle! » (ici, on entend des jeunes rouspéter: « le Temps c’est précieux, crotte, abrège et dis-nous c’que t’as dans la panse, bouseux »).

Bossuet déglutit péniblement et continue:

« OK. Je préconise une conférence nationale que je présiderai, oeuf course. Elle réunira toutes les espèces animales, les hommes exceptés. Nous étudierons le moyen de les écarter et de les exploiter comme ils le font avec nous. Chaque chameau aura un homme qu’il montera… »

L’orateur fut brutalement interrompu par un chameau à la voix Muette, balançant des hanches, outrageusement parfumé: « Moi, j’étais très content d’être monté… » Vive protestation des chamelles qui ne voulaient pas que les chamelons entendissent.

Big Bosse suggéra de passer au deuxième point de l’ordre des jours: l’éducation. Ce furent surtout les chamelles qui parlèrent. Il était évident que l’avenir de l’Ordre des Camélidés passait par une formation supérieure dictée par les besoins de la cause.

Quelqu’un rappela qu’en fait ce qu’on appelait « chameaux » étaient de vulgaires dromadaires et que les vrais chameaux avaient deux bosses, signe d’une avance technologique et d’une supériorité intellectuelle évidente. Il faudrait qu’on les prenne en exemple.

L’attitude que les chameaux devaient adopter vis-à-vis du PRDS se résumait en un mot: méfiance. Il faut être né dans le Sahara pour savoir combien les erreurs de navigation pouvaient être fatales.

On accepta quand même de nommer Big Bosse et Bossuet coordinateurs locaux du parti. Pour asseoir les fondements de la Révolution, il faut garder le contact avec les Maîtres. Une révolution ça se fait contre quelque chose, conclurent les chameaux.

Les problèmes techniques furent débattus avec une violence qui laissa cette partie du Sahara la gorge sèche de surprise et d’indignation. Premier point exigé par la Ligue des Consommateurs Camelins (LCC): L’Interdiction de la Vente de l’Eau, la fermeture des débits existants et les travaux forcés pour les propriétaires de puits clandestins.

C’était trop fort. On tomba d’accord quand même sur deux points:

– L’interdiction de toute publicité pour l’Eau à la Télé alors que dans les journaux on devrait obligatoirement la faire suivre de la mention: « sachez apprécier et consommer avec modération ».

– L’instauration d’un aquatest pas pour les conducteurs des véhicules mais pour les véhicules eux-mêmes. Un taux d’aquémie supérieur à 12,12% et hop on-je-te-me-vous gare et te-me-je vous laisse le chauffeur se taper le reste à pied.

Ensuite les participants abordèrent l’épineux problème des cigarettes Camel. Pour certains le fabricant portait atteinte à l’image des Camelidés en les associant à la fumée. Pour d’autres: c’est la pub des Camel qui est horripilante: un chameau souriant niaisement, une cibiche au bec.

D’autres encore trouvèrent l’image subliminale du lion sur la croupe du chameau odieuse et celle du bonhomme nu encore plus abjecte. Tous étaient d’accord qu’il fallait amener Camel Cigarettes devant les tribunaux.

Et tous aussi étaient d’accord que l’image des allumettes de Mauritanie était le coup le plus bas que l’on eût porté à la Camélitude depuis la disparition de Gigantocamelus. Que l’on associe le chameau à la fumée, soit.

Au beurre de cacahuète, au capitaine Hadddock, aux Saoudiens, on accepterait à la rigueur. Mais que l’on associe à des allumettes qui font tchchch ou prrrrout, plutôt mourir! Le Sahara ne sera jamais assez aride ni assez sablonneux pour boire cette honte!

On passa enfin aux « questions diverses ». Quelqu’un demanda: « Quand est-ce qu’on pourra aller se balader en avion? ». On lui répondit que les questions étaient certes diverses mais pas idiotes. Il répondit: « Ah bon » et la ferma. Quelqu’un sortit un rasoir G2 et demanda si quelqu’un pouvait le raser. On lui montra sa mère.

Un chameau demanda des Marlboro, un autre le nom du ministre du Développement Rural. Un chameau à lunettes exhiba un numéro de Mauritanie-Demain où il y avait un stupide article d’un sinistre individu dénommé Habib et intitulé « Lettre Ouverte à un Chameau ».

Aucun membre de l’assistance ne connaissait ce Habib-là et tous tombèrent d’accord que le monde était plein de fous. Ils décidèrent quand même de lui répondre. Habib n’a pas encore reçu la lettre (c’est une Note de la Rédaction) mais de source bien informée elle sera là dans deux semaines, incha Allah.

La dernière question diverse fut de savoir qui déposerait les jeunes chamelles chez elles. Tous les mecs se proposèrent. Ce fut Big Bosse qui trancha: Ce sera lui. Le pouvoir ça se cultive, bande de chameaux! Le Prochain Congrès se tiendra au Stade de la Capitale. En attendant, on bosse.

Habib Ould Mahfoudh
(1) Société Nationale d’Eau et d’Electricité
(2) Société Mauritanienne de Gaz
Source : www.noorinfo.com

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