Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Entre Ghazwani et l’UPR : Crise en vue ?

Y aurait-il déjà malaise, au sein de la majorité présidentielle ? Légitime question car, sitôt formé le premier gouvernement d’Ould Ghazwani, essentiellement composé de « compétences » ou de « technocrates », divers responsables de l’ancienne majorité, principalement de son principal parti, l’UPR, se sont empressés d’exprimer leur frustration. Principal grief à l’endroit  du Premier ministre –  du nouveau Président, donc… – la  « sous-représentativité » des leaders et cadres de cette formation politique en  « suivi » ou, plutôt,  disons-le, en « sursis ». Seulement cinq ministres et, tenez-vous  bien, absence du président de l’UPR ! Portion donc très congrue. Un des premiers responsables  du parti  proteste contre la « marginalisation » de son département, tandis qu’une  des responsables des femmes rappelle, au président Ghazwani, qu’il a été porté au pouvoir  grâce aux efforts de  l’UPR… Suffisant pour  que  le président du groupe parlementaire de celui-ci, Ould Kherchi, s’oblige à remettre les pendules du parti à l’heure : le bataillon des  députés de l’UPR  qu’il dirige, a-t-il déclaré en substance, répondra, en tout cas, au doigt et à l’œil, au président  Ghazwani ; et votera,  en conséquence, toutes lois nécessaires au programme pour l’exécution duquel celui-là a été élu par les Mauritaniens. Rappelons, ici, que l’éventualité de la dissolution de l’Assemblée Nationale avait été agitée, quelques jours plus tôt, par les mécontents criant déjà à leur marginalisation. Si cette éventualité est écartée par un haut cadre du parti – « le contexte  politique n’est pas approprié », juge-t-il – l’inquiétude commençait à gagner  les rangs des députés et autres mécontents. 

Dans la foulée, le président de la commission de suivi de l’UPR  se rend au Palais pour porter la bonne nouvelle  à Ghazwani. Un communiqué  de l’UPR confirme la déclaration de l’honorable  Ould  Kherchi. Curieuse situation où les mécontents du gouvernement d’Ould  Cheikh Sidiya ne viennent pas que de l’opposition.  L’UPR semble aujourd’hui gagnée par une espèce de désarroi. Le retour, annoncé très prochain, de son fondateur Ould Abdel Aziz au pays, pour assister à son hypothétique congrès, le sauvera-t-il de sa dislocation programmée ?

Semblant prendre son temps mais désireux de couper court à toutes supputations, le président Ghazwani entreprend des consultations avec les responsables de son camp. Des rumeurs de « réajustement » de l’équipe gouvernementale  attisent encore un peu le feu qui couve… Finalement,  le président de la République ne  change que le porte-parole du gouvernement, en offrant le poste au professeur Sidi Salem. Et, pour ne rien arranger, ce dernier se prend dans les filets, en déclarant que l’actuel gouvernement est tout simplement le prolongement de celui de son excellence le président Ould Abdel Aziz. A y regarder de près, il n’a pas totalement tort… Cela dit, pour un gouvernement  dont le  patron s’attèle à  imprimer sa marque personnelle, à  gouverner autrement le pays, cette sortie du porte-parole fait désordre. Ghazwani pouvait se permettre de tels propos, durant la campagne présidentielle, on le comprenait, mais de la part d’un  ministre de son premier gouvernement,  cela ne passe pas. Dès le lendemain de cette  « bourde », divers organes de presse annoncent le départ  de l’irréfléchi. La rumeur a cependant vite dégonflé.  Il aurait pu ou dû  le faire  sans  y être contraint,  mais Sidi Salem n’est pas Ould Maham, diront certains de ses détracteurs… Toujours est-il qu’en cette anecdote, notre nouveau Président fait ici encore preuve d’une patience qui n’était pas coutume, ces dix dernières années, au Palais.  Signe avant-coureur d’une sagesse retrouvée, à la tête de l’Etat ?

 

le calame

Partagez