Initiatives pour le 3e mandat : Jusqu’où vont-elles mener la Mauritanie ?
Après le Trarza qui a ouvert le bal et l’Assaba, c’est le tour des cadres, des notables militants UPR de l’Adrar de se retrouver au Palais des congrès, ce 27 décembre pour réclamer un 3e mandat pour le président Ould Abdel Aziz dont le 2e et dernier mandat s’achève au premier semestre de 2019. Pour ces cadres, militants et autres notables, le président Ould Adbel Aziz est “le meilleur choix pour la présidentielle de 2019 parce qu’étant le seul garant de la paix et de la stabilité du pays, en un mot et en mille, de l’avenir de ce pays”. D’autres régions suivront, à coup sûr, parce que leurs élus et notables ne voudront certainement pas être taxés d’opposants au 3e mandat. Le pays est donc en forte ébullition ou agitation politique. Et la question que l’on est en droit de se poser est savoir pourquoi ces initiatives, comme jadis des marches de soutien pour les amendements constitutionnels d’août 2017 poussent-elles comme des champignons, en cette période où les spéculations allaient bon train sur la désignation du dauphin du président. Et de l’avis général des cercles du pouvoir et de l’opposition même, le successeur tout indiqué et bien coté reste le général Ghazwani, ex chef d’état major des armées et ministre de la défense depuis peu, réputé très proche du président Aziz. Même si certains informations relayées ça y est là, laissent croire que l’homme d’un silence olympien n’était pas intéressé par le fauteuil présidentiel. Pour certains analystes, ceux qui agitent subitement la question du 3e mandat (ministres, conseillers à la présidence et proches du Rais) ne sont pas favorables a la désignation comme dauphin, de l’actuel ministre de la défense, issu d’un important ensemble tribal de l’est du pays. Pour ce groupe, l’intronisation de Ghazwani signerait la fin de la mainmise des gens du Nord sur le pouvoir central. L’homme pourrait même, une fois installé au feuil présidentiel refuser de jouer le Medvedev mauritanien. Est-ce pour cette raison qu’une initiative soutenant la candidature de Ghazwani et celle de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, ancien premier ministre, à la présidentielle de 2019 a été publiée dans la presse (site alaraby.info). S’agirait-il de manœuvres visant à créer une cassure dans la dynamique, objet de supputations depuis quelques mois ? Même si les auteurs de cette initiative sont qualifiés de « marginaux », il n’en demeure pas moins qu’une espère de tension est perceptible dans l’arène politique. Les rivalités politiques historiques entre le Nord et le Sud, réchauffée après le baptême du nouvel aéroport international Oumoutounsy et la réécriture de l’hymne national et le changement de drapeau risquent de réapparaître de plus belle. Et gare aux pyromanes !
Jusqu’où peuvent-elles mener le pays, ces initiatives « téléguidées » par des proches du président ? Nulle part, répond un observateur averti de la scène politique mauritanienne ; elles ne vont pas prospérer prédit-il, parce que le contexte ne joue pas en faveur du troisième mandat. On raconte que le président, même s’il garde un silence assourdissant et troublant sur ces initiatives ne les cautionnerait pas. Ces initiatives constituent dès lors un test de l’opinion nationale, mais surtout internationale. D’où le manque d’enthousiasme constatés par les certains observateurs lors du lancement de l’initiative des gens du Trarza. Les réactions des partenaires au développement, notamment la France, l’Allemagne et l’Espagne sont scrutées avec attention au Palais.
Pour nombre d’observateurs, ces initiatives résultent du flou entretenu par le président Aziz depuis quelques mois sur sa succession et donc son dauphin. Sa posture et ses déclarations multiples donnent l’impression de quelqu’un qui hésite encore ou doute de la tournure que pourraient prendre les évènements. Sa réponse dans jeune Afrique sur le choix du général Ghazwani comme dauphin, laisse songeur. Je n’ai pas arrêté mon choix, dit-il en substance. Beaucoup continuent à douter de la sincérité des déclarations du président en fin de mandat. Tous croient qu’il veut partir mais veut, en même temps rester en gardant la haute main sur la direction des affaires du pays. C’est un jeu de haute voltige. D’où les difficultés, pour lui de trouver un dauphin loyal et docile.
le calame