Mauritanie: la ville d’Oualata en rupture avec son sombre passé
RFI – En Mauritanie, la ville d’Oualata est surnommée « la grande sœur de Tombouctou ». Inscrite depuis plus de vingt ans au patrimoine mondial de l’Unesco, elle accueille ces jours-ci la huitième édition du Festival des cités anciennes.
Mais Oualata est aussi connue pour de plus funestes raisons : la ville a abrité un bagne politique à partir des années 1970. Un passé récent et sombre que le gouvernement tente de faire oublier et cela a commencé par l’annonce de la fermeture de la prison.
La cité historique de Oualata se trouve dans l’est mauritanien, à plus de mille kilomètres de Nouakchott. C’est là que beaucoup de prisonniers politiques mauritaniens ont purgé leur peine à l’image de Fara Oumar Ba, président de l’Association mauritanienne de lutte contre l’exclusion et le racisme.
Il s’est dit surpris d’apprendre que la prison de Oualata doit être prochainement fermée : « Je suis agréablement surpris. Et pour nous, Oualata a été une véritable descente aux enfers. Le sinistre bagne de Oualata a été un centre de torture.
Quand nous sommes arrivés, nous étions menottés et ensuite, nous étions enchaînés. Nous avions des chaînes aux pieds. Vous partagez la chaîne avec votre camarade d’infortune. Et vous voyez la gêne que cela comporte, parce que, quand vous voulez aller aux toilettes vous allez ensemble. C’est des images extraordinaires, des images vraiment surréalistes ».
Fara Oumar Ba a fait partie d’un groupe des cadres négro-africains arrêtés et jugés entre 1986 et 1987 pour avoir produit et publié un document intitulé « le négro-africain de Mauritanie opprimé ». Mais les cadres noirs n’étaient pas les seuls à avoir été emprisonnés à Oualata. Ce fut également le cas du père de l’indépendance de la Mauritanie Moktar Ould Daddah après son renversement le 10 juillet 1978.
rfi