Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Carnet de route d’un Soninke

Je me devais de remplir moi aussi mon carnet comme l’on fait les autres frères. Je pense que cela est nécessaire pour un pays qui aspire à vivre enfin dans une structure homogène.
Je pense que cette sorte de confessions intimes permet à chacun de comprendre la position de l’autre et, pour une fois, de pouvoir entamer un dialogue à bâtons rompus. D’autant plus que nous fûmes privés de conférence nationale lors de l’avènement de la démocratie.
Il est donc essentiel de se livrer à cet exercice de conscience. Bien sûr un seul Maure, un seul Wolof, un seul Soninké, un seul Hartani ou un seul Pulaar ne peut répondre au nom de sa communauté mais au moins un échantillon se dégage. Le rapprochement des peuples suppose un exorcisme réciproque.
La composante Soninké d’où je suis est traditionnellement localisée dans le Gorgol et le Guidimakha. Mais de nos jours on entend la langue soninké à l’est de la Mauritanie, Aioun et Nèma. D’où suis-je ? De Kaédi une bourgade à 400 ou 450 km de Nouakchott. Comme le laisse voir le principe de ces récits, il faut porter la réflexion sur sa propre communauté et sur les rapports de celle-ci avec la politique par extension avec les autres communautés.
La première manifestation organisationnelle connue de la société Soninké se situe à l’empire du Wagadou connu sous le nom de l’empire du Ghana. Cet Etat s’étendait sur un territoire qui englobe aujourd’hui la Mauritanie, le Sénégal et le Mali. Ce qui expliquerait la présence des Soninkés dans ces trois pays. Face aux défis énormes d’un monde en profonde mutation la société soninké subie à l’instar des autres sociétés de profondes mutations.
L’handicape de la société soninké est de rester conservatrice dans un environnement mû par des exigences d’ouvertures à l’autre. Notre société s’est trop repliée sur elle même jusqu’à passer inaperçue dans une Mauritanie où elle doit occuper une place prépondérante. La naissance de la Mauritanie fut marquée par une éminente personnalité Soninké Youssouf Koita qui joua un rôle de premier plan pour la Mauritanie et pour sa ville Kaédi.
Ce grand intellectuel de la communauté soninké et de la Mauritanie œuvra pour l’édification d’une Mauritanie juste. Il disparut mystérieusement d’une crise cardiaque dans un hôtel en Espagne. Ce qui est sûr est qu’il disparut au moment où Daddah amorçait l’arabisation totale et chaotique de la Mauritanie. Etant un frein à la stratégie de Daddah, Youssouf Koita était gênant pour le système, d’autant plus il comptait comme ami Habib Bourguiba, Ngarta Tombalbaye, Sékou Touré entre autre. Avec sa disparation les Soninké perdirent un poids lourd.
Depuis la disparition de Youssouf Koita l’élite soninké ne joua aucun rôle important. Se cantonnant à représenter la caisse de résonnance des différents régimes. L’élite soninké qui déambule dans le paysage politique mauritanien ne représente pas la communauté, du tout. Elle cultive un culte de la personnalité au profit de leur seul besoin et pas de leur communauté. Toute les personnalités soninké du moment jouent dans le camp des gagnants en oubliant le leur. C’est pour la plus part des hommes à des années lumières de la société soninké.
Tidjane Koita divisa les soninké avec la politique pendulaire à la Lionel Jospin qu’il nous fût subir. Un coup je suis dans l’opposition à Taya, un coup je suis avec AC pour finalement mijoter son pitoyable UNDD. Quoi que plus sage les actions de Moussa Diagana sont dérisoires il ne descendait à Kaédi que lors des fausses consultations électorales de Taya. Il y eut aussi Cheibou Diagana rien de spécial. Il était plus occupé à cultiver ses relations avec Djibril Ould Abdallah (Gabriel Semper) ancien président bis de la Mauritanie responsable des événements avec le Sénégal.
Du coté de mes frères du Guidimakha rien de reluisant. Ils furent séquestres entre les ambitions personnelles d’un Camara Ali Gueladio, d’un Soumarè Oumar, d’un Sidney Sokhna et j’en passe. Je ne m’attarderai pas sur ce problème car récemment il fut décortiqué sur la toile. Il est nécessaire néanmoins de souligner l’action néfaste d’un Sidney Sokhna ancien conseiller en habillement de Taya sur une jeunesse dynamique de Selibaby. Il est tant que la jeunesse soninké boute ces dinosaures qui refusent de disparaitre comme leur espèce disparue depuis 1000 ans.
La jeune soninké ne doit plus prêter oreille à ces caducs. La jeunesse soninké est dynamique et plein de ressource. En plus des problèmes politiques, je pense que nous devons dépasser des problèmes plus profonds pour pallier au sectarisme qui sévit dans notre société. Pour que des cas comme celui de Timera Boubou ne soit plus la honte de la société. Un exemple brandit à tout va.
Comme toute la communauté négro-mauritanienne nous fûmes victime de l’injustice des pouvoirs en place. L’essence de la politique de Taya fut d’anéantir la peau noire et, naturellement, nous étions concernés. Le système de blocage entreprit par l’idéologie tayaiste a servi à nourrir toutes les haines intercommunautaires qui ont permis la domination des uns et la soumission des autres. Il serait judicieux de revoir la copie de cette nouvelle Mauritanie. Cette Mauritanie où la chance tourne d’un seul coté. Il faut liquider les vestiges du passé par un profond remaniement de la mentalité. Ce qui implique un lâchage de lest.
Il est temps pour cette pauvre Mauritanie que les choses changent. Qu’elle arrive à intégrer tous les fils de ce pays. Il faut que les mauritaniens aient en tête l’idée qu’ils sont condamné à vivre ensemble, à se supporter. La domination ne peut jamais être un investissement à la long terme. Cette unique terre de Mauritanie est la notre et il faut que chacun y soit traité avec les honneurs. Ayons pitiés de nous même de nos enfants. A force de vivre dans le mal celui-ci se banalise et la banalisation des injustices est signe de la fin d’une nation.
Il est inadmissible que Peulh, Maure, Soninké, Hartani, Wolof soyons ami hors de la Mauritanie et des ennemis en Mauritanie ! Nous vivons tous hors de la Mauritanie dans une ambiance cordiale et fraternelle. Je suis triste de constater que j’ai vécu 30 ans en Mauritanie et j’ai jamais pu avoir un seul ami Maure.
Le premier Maure qui allait devenir plus qu’un ami, on s’est connu à Frankfort. Pourtant durant tout mon cursus scolaire en Mauritanie, primaire, collège, lycée et université il y eut toujours des Maures ! Il est tant d’arrêter de se regarder en chien de faïence et se dire que nous amorçons un cap essentiel qui nous engage tous. Je suis très déçu de constater que le frère Maure remet ca une fois de plus dans son carnet. Je tiens à rappeler qu’aucune communauté n’est parfaite. Nous avons tous nos linges sales.

 

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