Le concept de la « Mauritanité » profite à qui ?
La Mauritanie est un pays où la cohabitation intercommunautaire doit être gérée avec la plus grande responsabilité aussi bien par les décideurs que par les politiques de toutes les sensibilités.On ne badine pas avec l’unité nationale.Quiconque tente de la compromettre commet le crime le plus abominable.Et doit répondre de ses actes et de son arrogance aveugle.Nous savons combien cela nous coûté et de quelle façon cela continue d’affecter les bons rapports entre les mauritaniens.
Sans unité nationale point de paix et sans paix, point d’épanouissement. Nous avons mis du temps à ramener la concorde entre nous après des années de terreur dont les plaies ont du mal à se cicatriser .Et à peine nous sommes en train de repartir de nouveau que des comportements que l’on croyait révolus réapparaissent mettant l’Etat devant ses responsabilités. Cet état de fait rappelle qu’en Mauritanie, le système de l’Etat dans l’Etat continue de tenir lieu de mode de gouvernance. L’exemple le plus frappant et le plus fragrant est le recensement à vocation d’état civil en cours. Une opération qui est conduite avec la plus grande irresponsabilité de la part de ceux qui ont été désignés apparemment pour statuer sur le sort de l’Etat civil mauritanien et auquel mandat a été donné de jouer au flic , au juge et aux « généticiens ». Les méthodes utilisées indiquent clairement que ce recensement est une occasion encore plus grave d’utiliser le concept dangereux de la « Mauritanité » pour priver une majorité de citoyens de leurs droits. Et les agents d’état civils utilisent cette arme redoutable avec tellement de maladresse qu’il peuvent provoquer un clash au sein du centre de recensement. Avoir le zèle de demander à un mauritanien possédant toutes ses pièces comment il a pu les acquérir ou encore de quelle ethnie il est issu, frise de la surenchère de la part d’agents dont le rôle est de vérifier les documents et d’appliquer les procédures. Les citoyens ayant subi des manquements graves de la part de ces agents véreux qui se confondent avec l’appareil répressif d’antan ne cesse de pousser à un ras-le-bol lourd de conséquences. Etre mauritanien signifie avant tout jouir de ses actes de reconnaissance officiels dûment établis par l’autorité. Mais obtenir un tel droit constitue l’une des plus redoutables épreuves chez la communauté non arabe du pays. Non seulement cette injustice est flagrante et constitue une violation grave des droits humains, mais elle continue d’être une règle, pire, une arme d’exclusion qui entame la crédibilité des opérations de recensement en cours. Les mauritaniens doivent être traités sur un même pied d’égalité et avec les mêmes égards sans considération de couleur et de langue. Ce principe est malheureusement sacrifié à l’autel de préjugés raciaux et de l’exclusion communautaire. Il y a des faits qui expliquent bien les intentions qui sous-tendent de telles pratiques. Dans tous les centres de Nouakchott les agents qui supervisent les opérations ont été choisis à dessein pour agir de façon incivique et irresponsable à l’ encontre des bonnes mœurs et des principes républicains.
Cheikh Tidiane Dia –LE RÉNOVATEUR