Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Mauritanie : un état décousu à reconstruire…

La République Islamique de Mauritanie, dans ses frontières territoriales, reconnues intangibles par l’O.U.A, est un Etat conventionnel crée par le colonialisme français, sur l’émiettement des pouvoirs traditionnels précoloniaux.
Sa population, musulmane dans sa totalité, est composée des communautés arabe, harratine, pulaar, soninké et wolof qui se sont forgées, au cours de l’histoire, dans des espaces régis par des pouvoirs politiques spécifiques qui ont géré l’ « espace mauritanien », tissant des rapports marchands, matrimoniaux, religieux et militaires, jusqu’à la domination coloniale. La mainmise de la France finit par dominer et enserrer les communautés en présence dans l’espace politique actuel, appelé Mauritanie. Par la seule volonté coloniale, ces entités vont être réunies sans être réellement unies, par un pouvoir central unitaire qui impose sa volonté à tous.

Une rétrospective objective de notre parcours permet facilement d’identifier les défis majeurs auxquels nous sommes confrontés dont le principal est celui de la construction d’un Etat moderne.
L’unité nationale, la démocratie, les droits de l’homme et les questions du développement économique et social, dans l’équité, constituent les axes prioritaires pour la réalisation de nos objectifs communs.

L’unité nationale 

L’unité nationale repose sur la reconnaissance, la jouissance effective et l’affirmation pacifique de la pluralité des identités culturelles dans tous les lieux de diffusion du pouvoir, de la culture, des informations, de la connaissance, de la justice et de la foi. Le respect de ces principes d’égalité d’accès des différentes communautés culturelles constituent un levier pour le renforcement du sentiment d’appartenance nationale, source de cohésion sociale.

L’instauration d’une paix intérieure durable passe par un Nouveau Pacte National (NPN). Bâti sur le socle de la refondation, le NPN doit intégrer à la fois un contrat de confiance entre l’Etat et la société et un contrat de confiance entre l’Etat et le citoyen, comme mécanismes et réponses dans la recherche obstinée de l’intégration nationale.

Face aux fractures douloureuses nées des atteintes à l’unité nationale et à la cohésion sociale qui menacent d’un poids décisif la marche de notre pays vers la paix et le développement, le contrat de confiance entre l’Etat et la société devra faire une place aux groupes sociaux victimes de discriminations de toutes sortes. Pour résorber ces fractures sociales, récentes et/ou anciennes, dont la question du passif humanitaire et toutes les formes d’esclavage et de pratiques associées, la protection des communautés contre la violence d’Etat, ainsi que des mesures de rattrapage demeurent un impératif catégorique.

Tant du point de vue de la répartition du pouvoir, que de l’allocation des ressources publiques et des droits culturels, des concessions doivent être faites aux groupes primaires.

Cela passe par l’élaboration d’un pacte de l’unité servant de préambule à la constitution, mais aussi la mise en œuvre de politiques et programmes, dont l’aménagement du territoire dans le cadre d’un découpage administratif, régional et communal équitable.

Le socle du Nouveau Pacte suppose un dialogue, un vrai, devant aboutir au compromis national. Le vouloir vivre ensemble devra être codifié sur de nouvelles bases qui délimitent les rôles impartis aux institutions de l’Etat, à la société et aux citoyens. L’effort de solidarité nationale devra donc porter sur les politiques de rattrapages, particulièrement pour les communautés victimes d’oppression historique (Harratines) et de violence d’Etat (les négro-africains).

La Démocratie 

L’autre dimension du Nouveau Pacte National est le contrat de confiance entre l’Etat et le Citoyen ; contrat qui, à terme, devra supplanter le premier par la mise en place d’institutions qui puissent survivre aux hommes. Il implique toute la problématique de l’ancrage de la démocratie dans notre pays, à travers la rationalisation de nos institutions démocratiques, la moralisation de nos pratiques politiques, par la lutte contre la corruption et l’instauration d’une nouvelle culture de citoyenneté.

Il faudra prôner une démocratie basée sur la constitutionnalisation du mode d’accès au pouvoir, la séparation des pouvoirs, la clause d’éternité des articles ayant trait à la limitation des mandats et à la forme républicaine de l’Etat, tenant compte des spécificités et des réalités socioculturelles de la Mauritanie.

Les droits de l’homme

Cela passera par un dialogue national franc et sincère entre les différentes composantes du pays, pour mettre fin à la méfiance culturelle, aux crispations identitaires nées des discriminations et autres violations massives des droits de l’homme que constituent l’esclavage, le passif humanitaire, l’accaparement des terres, le déni de citoyenneté et les hiérarchies traditionnelles basées sur la naissance.

La politique économique et sociale

Au plan économique, nos difficultés ont été particulièrement accentuées par une gestion peu soucieuse de l’intérêt national. Gabegie, clientélisme et tribalisme ont ruiné l’économie nationale et compromis durablement les chances d’un développement harmonieux et intégré. Les secteurs de production offrent aujourd’hui un triste spectacle. L’affairisme et les scandales d’une couche sociale ont entrainé l’économie de tout un pays dans une impasse. Les sociétés d’Etat s’en vont en lambeaux au profit exclusif d’un lobby monolithique et arrogant. Cette jonction d’intérêts qui est aussi une compromission entre les tenants du pouvoir d’Etat et les milieux affairistes explique aujourd’hui le malaise profond de la société mauritanienne.

Les maux d’un chômage croissant se conjuguent à ceux de l’inflation galopante pour créer une situation inquiétante, et à terme explosive. L’horizon est bien bouché pour toutes les couches sociales défavorisées. Dans un contexte de crise, l’aide internationale, qui constitue un facteur important de développement, s’est considérablement ralentie, hypothéquant l’ensemble des investissements productifs, par la faute de politiques inappropriées, aventureuses et sans avenir.

S’agissant du secteur rural, dans sa dimension agropastorale, la priorité souvent proclamée dans les discours officiels de circonstance, a toujours été contredite par les faits. Les couches rurales qui constituent la majorité de notre population ont été au mieux abandonnées à elles-mêmes, au pire, victimes de l’arbitraire d’une administration gangrénée par le climat malsain d’affairisme autour des terres de la vallée.

La dépossession des propriétaires terriens au profit des catégories de spéculateurs a été orchestrée au mépris de la loi, du bon sens et de la morale, créant ainsi des désordres sociaux et tensions lourdes de conséquences.

Il faudra, sans délai engager une nouvelle réforme foncière qui tiendra compte de la tenure foncière traditionnelle, des nécessités du développement ; et qui facilitera l’accès à la terre pour tous les vrais agriculteurs. Compte tenu de son importance dans la formation du PIB et de sa contribution aux stratégies alimentaires et nutritionnelles, force sera d’accorder une priorité à la valorisation des produits et sous-produits issus de l’Elevage.

De même, la composante environnement est une donnée essentielle de tout projet intégré de développement. Plus que tout autre pays, la Mauritanie devra accorder une attention particulière aux questions écologiques. C’est de la bonne organisation de la production agricole et pastorale, et de la protection de l’environnement que dépend, dans une large mesure, l’amélioration de la qualité de vie des populations.

Au niveau du secteur de la pêche, les espoirs légitimes qui y avaient été placés sont transformés en désillusions. Des pratiques peu scrupuleuses et contraires à la réglementation ont aliéné la politique de l’Etat et conduit au marasme actuel. Ce secteur appelle une restructuration passant d’une politique de rente à une véritable intégration du secteur à la politique économique visant son industrialisation. A cet effet, la promotion de la pêche artisanale, pourvoyeuse d’emplois, ainsi que l’intégration du secteur dans l’économie nationale constituent une priorité.

Aussi, la gestion des ressources doit se faire avec le souci de leur préservation pour les générations futures. Enfin, les accords de pêche doivent être conclus sur la base d’études fiables.

Le secteur minier, industriel et pétrolier connait aujourd’hui une fragilité accentuée par la conjoncture internationale difficile et le bradage des filières de production. Il s’agira de limiter l’extraversion de la SNIM et des autres sociétés nationales des mines (or et cuivre) pour leur intégration à l’économie nationale, tout en préservant leur compétitivité et le respect des engagements internationaux.

L’intensification de la prospection et la recherche minière, le partenariat avec les sociétés internationales dans le cadre de sociétés mixtes à capitaux mauritaniens et étrangers et le renforcement d’une gestion transparente d’un fond pour les générations futures, constituent des mesures de défense de nos intérêts.

Le secteur bancaire est aujourd’hui en pleine crise. Il reflète de manière exemplaire la mauvaise santé de notre économie, mais aussi le pillage des richesses nationales par un lobby affairiste et sans scrupules. La nouvelle politique bancaire doit etre redéfinie sur la base d’une orientation plus judicieuse des crédits vers des projets de développement à caractère économique et social et devra corriger la tendance sélective actuelle, dans un souci de justice et de participation du plus grand nombre possible à l’œuvre commune de développement.

Charpente essentielle pour former le citoyen de demain et les ressources-hommes hautement qualifiées, notre système éducatif est malade. Dès son ascension au pouvoir, des réformes devront être engagées suite à des assises nationales de l’éducation, dans le double objectif de rendre l’école mauritanienne compétitive et facteur d’intégration nationale. Dans cette veine, une politique active en matière de formation des ressources humaines est plus qu’une nécessité avec le recours à notre diaspora, dans le cadre d’une opération « Retour des cerveaux ».

senalioune

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