Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

L’échec du referendum putschiste est en marche

L’échec du referendum putschiste est en marche« Chacun a son défaut, où toujours il revient », écrivait Jean de La Fontaine il y a un peu plus de trois siècles et demi, pour dire qu’il y a des vices et des travers qui collent à leur porteur comme sa nature même. Le régime actuel ne déroge pas à la règle ; il a son défaut, ses défauts plutôt, et il y revient toujours.

Né d’un coup d’état abject ; le plus abject qu’ait connu le pays et même l’Afrique tout entière, il s’est incrusté au pouvoir en tordant le cou à tout ce qui pouvait le guérir de son défaut congénital : le putschisme.

Revenons un peu en arrière : Alors que l’accord de Dakar, qui a réuni l’ensemble des acteurs de la crise du coup d’Etat du 6 août 2008, était censé remettre le pays sur la voie de la légalité constitutionnelle et tourner la page de l’épisode putschiste, sa mise en œuvre par le général rebelle fut marquée par le défaut de l’homme et de sa clique :

Souvenons-nous qu’il avait nommé un premier ministre non consensuel, alors que l’accord stipulait le contraire, fixé de manière unilatérale la date et les conditions d’organisation de la présidentielle, alors qu’il était convenu que le gouvernement d’union nationale de transition devait en décider.

Et il avait maintenu, contre les clauses de l’accord, les structures de la CENI telles qu’elles avaient été mises en place et opérationnalisées par le gouvernement du putsch. Un coup d’Etat électoral en bonne et due forme ! Depuis, les coups de force se sont poursuivis, tantôt sous forme d’un dialogue monologué, tantôt sous forme d’élections unilatérales aux résultats biaisés au départ.

Le même scénario se réalise aujourd’hui, sous nos yeux et avec autant –et même plus – d’ostentation dans la violation de la loi et de vulgarité dans l’usurpation de la volonté du peuple.

Le référendum en cours n’est pas un référendum, mais bel et bien un nouveau coup d’Etat : rien, dans la Constitution mauritanienne, ne permet au chef de l’Etat de consulter directement le peuple sur la modification de la loi fondamentale. Rien ! Et rien ne l’autorise à le faire après que le Parlement, à travers sa chambre haute, ait prononcé le rejet du projet référendaire.

Rien ! La décision d’organiser la consultation en cours est donc, en elle-même, un coup de force. Exactement comme celle d’incarcérer le président de la république démocratiquement élu, de prendre sa place et d’exercer les missions pour lesquelles il a mandat du peuple.

Une fois commis, le forfait référendaire déclenche une série d’autres, qui vont de l’instrumentalisation des forces armées et de sécurité pour des objectifs politiques partisans et même personnels, à la dilapidation des moyens humains et matériels de l’Etat pour la campagne électorale illégale.

Ainsi, l’administration, qui devait être politiquement impartiale, à équidistance des différents camps et au service exclusif de l’Etat et non d’un pouvoir ou d’un parti politique, cette administration est, ces jours-ci, entièrement engagée dans la campagne du référendum putschiste, à la disposition des structures du parti du pouvoir.

Non seulement Walis, Hakems, chefs d’arrondissements et autres chefs de service sont tenus d’assister aux meetings et soirées carnavalesques de l’upr, mais également ils exécutent les ordres des organisateurs de ces meetings et soirées et traitent leurs adversaires, qu’ils boycottent le référendum ou y participent en battant campagne pour le « NON », suivant leurs desiderata.

On a même entendu des préfets zélés tenir des propos injurieux à l’égard de l’opposition, qualifiée de « groupuscules d’ennemis de la Nation » et autres noms d’oiseaux.

Ainsi, non seulement les fonctionnaires de l’Etat, normalement des citoyens libres dans leurs choix et positionnements politiques, ont été instruits fermement de s’inscrire sur les listes électorales, d’inscrire les leurs, de fournir des listes nominatives avec numéro national d’identification et reçu de recensement et de s’engager à voter eux-mêmes et faire voter leurs familles « OUI » le jour j, mais ils sont également tenus de cotiser, contre leur gré et par ces temps difficiles, à des collectes qui ressemblent en tout à des impôts per capita, pour le financement de la campagne référendaire anticonstitutionnelle.

Jamais, en Mauritanie, ces pratiques politiques inventées par le régime de la démocrature militaire n’ont atteint une telle ostentation et jamais leurs auteurs n’ont fait preuve d’une telle vulgarité !

Ainsi, non seulement la fameuse Commission Electorale Non Indépendante s’appuie sur les services du Ministère de l’Intérieur – dont elle se comporte en simple démembrement – mais elle se prépare, au vu et au su de tout le monde, à falsifier les résultats du scrutin en s’assurant, à l’inscription même sur les listes électorales, du vote des fonctionnaires civiles et militaires et de leurs familles et peut-être même, en les faisant voter en leur absence !

D’ailleurs, des chiffres circulent déjà, émanant soi-disant de « sondages » d’opinion, faisant état d’un taux de participation largement honorable et d’une victoire écrasante du « OUI ».

On se souvient qu’un site d’information inféodé au régime putschiste avait rendu public, un jour avant le scrutin présidentiel du 18 juillet 2009, le score exact du général candidat Mohamed Ould Abdel Aziz ! La manipulation des urnes est, décidément, une pratique bien ancrée et le régime, se sachant impopulaire, compte bien en faire usage, cette fois encore, pour faire passer son nouveau putsch.

Cependant, tout ce manège dénote d’une frilosité qui cache mal l’usure, aux yeux du peuple, des procédés d’un régime qu’il sait désormais aux abois. En effet, si une partie de l’administration faite de pistonnés, de corrompus et de zélés a vendu son âme au régime et se prépare à contribuer à la grande mascarade, bien des administrateurs patriotes et responsables n’obéiront pas à l’upr et ses zélotes et laisseront s’exprimer, dans leurs circonscriptions respectives, la volonté du peuple souverain.

Si les intimidations du gouvernement et de son parti ont contraint les fonctionnaires à obtempérer aux ordres de leurs chefs hiérarchiques et décliner la liste des leurs, elles n’ont en rien entamé leur rejet du pouvoir et de son chef et leur détermination à faire échouer ce référendum qu’ils savent sans autre objet que la pérennisation d’un régime dont ils souffrent autant, sinon plus, que le reste du peuple.

Certains d’entre eux ont même le courage d’exprimer, ouvertement, leur amertume de se voir traités comme du bétail et affichent une colère qui se traduira, le jour j, par un cinglant échec du référendum pustchiste. Et si la CENI se prépare à livrer les résultats que lui demande Mohamed Ould Abdel Aziz et sa clique, les citoyens eux sont décidés, le 5 août, à infliger une cuisante défaite au pouvoir, en resteant chez eux le jour du scrutin ou, pour ceux qui ne se sentent pas en mesure, pour une raison ou une autre, de s’exposer aux représailles des putschistes, en votant « NON » en toute souveraineté.

L’exemple donné par les sénateurs fait des émules, même dans les coins les plus reculés du pays, jusque-là considérés comme un électorat obéissant et sûr. Même eux, en effet, sont désormais décidés à faire face au dessein funeste qui anime ce référendum : pérenniser un régime qui a pillé le pays, humilié son armée et on élite, détruit la cohésion de son peuple et mis en danger son existence.

L’échec du référendum putschiste est donc en marche. Et rien ne pourra l’arrêter car, si le pouvoir du général Ould Abdel Aziz a son défaut où toujours il revient, la couleuvre du putsch déguisé en consultation démocratique est aujourd’hui trop grosse pour être avalée par un peuple qui en marre d’être mordu par le serpent du putschisme.

le calame

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