La bourgeoisie Nouakchottoise : » perverse, privée de toute conscience «
A Nouakchott, dans les hameaux et dans chaque recoin reculé de cette terre maudite, un mouvement de va-et-vient secoue toute la Mauritanie géographique et sociologique, un branle-bas de combat s’accroit de jour en jour.
L’aristocrate à ruban bleu, le vicaire à ruban blanc (religieux orientalisé et Salafisé) et noir (le religieux traditionnel et le soufi), le bourgeois nanti, le technocrate baratineur, le prolétaire misérable, le précaire pitoyable…s’organisent, tous, dans un carnaval bigarré, une tour de Babel, pour applaudir le voleur le plus impudique du monde.
Les encenseurs de tous les bords parlant de tout et de rien clamant les louanges outrées de leur seigneur bavardent déci delà par tous les patois, même, les plus exotiques, dans un vacarme assourdissant. Ces semi-hommes castrés, ces demi-femmes déformées, ne font rien d’autre que prodiguer les flatteries insipides et vides du « sauveur de Patrie » Mr Aziz.
Dans cette parodie grossière et frustrante, on voit, assez souvent, au milieu, des bourgeois compradores jouant des rôles odieux, occupant des infâmes places de comparses ignominieux.
En effet, la bourgeoisie Nouakchottoise n’a pas du tout su créer des valeurs qui lui soient propres, en aucun cas, elle n’a pas généré une « Supra-structure », si j’emprunte un concept de nos amis les marxisants, ou une « épistémè », si on utilise un concept cher à Michel Foucault, qui ne soient pas celles de la noblesse aristocratique rétrograde ou de l’orthodoxie religieuse illusionniste.
C’est, pour ainsi dire, la seule bourgeoisie du monde qui n’adopte pas des comportements et des idées convenables à son modus vivendi « mode de vie ». Au contraire, en réalité, elle n’est qu’une poignée de fainéants ; candides et incultes qui se nourrit des restes alimentaires de militaires, tout comme un animal commensal.
Voilà, un idéal-type d’une bourgeoisie rentière jamais vue, de telle sorte, sur le globe.
La seule chose que cette frange perverse privée de toute conscience connait bien c’est de réprimer, sans scrupule, les prolétaires et les précaires et d’être toujours un rempart contre le progrès social.
Barrington Moore stipule que la démocratie est une affaire plutôt sociale que politique, elle nécessite des préconditions et de préparation sociétale en exigeant l’émergence d’une classe porteuse qui y adhère par conviction, mais aussi, par intérêt. Dans l’histoire moderne et contemporaine de l’Europe, cette classe n’était que la bourgeoisie, c’est elle qui la fait surgir, qui la défend et c’est la classe moyenne, selon A de Tockeville, qui assure, par la suite, sa continuité.
Paradoxalement, la bourgeoisie mauritanienne était, depuis sa naissance au début des années 1980, une menace de la démocratie et un obstacle à tous les changements radicaux de la société.
Aujourd’hui, crois-je, cette couche est en train d’aller en décadence. Sa vie économique est dépendante de pouvoir militaro-tribal, son positionnement politique est guidé par les militaires, ses normes et ses valeurs sont celles secrétées par une aristocratie surannée, ses convictions et son for intérieur sont gouvernés par les « vendeurs d’illusion », ces jurisconsultes moyenâgeux moyen-orientaux qu’elle gobe tout ce qu’ils disent.
Cette classe est, actuellement, dans un cycle vicieux, vivant un dilemme difficile à résoudre, impossible à écarter : d’un coté, elle ne veut plus subir les pressions abusives de cléricature, car c’est effectivement couteux, de l’autre coté, elle ne peut pas, non plus, s’engager dans une sécularisation socio-culturelle de la pensée et de la vie quotidienne et encore moins elle n’est capable de revendiquer une laïcité juridico-politique, pour ne pas perdre sa légitimité sociale et religieuse( cela s’exprime clairement dans les discours de businessmen et surtout du président de la république « père de richards ».
La bourgeoisie vit une contradiction foncière, elle tourne et retourne dans un mouvement cadencé et circulaire, en fuyant l’emprise du religieux elle finit par se mettre la muselière et donner sa rêne et les rênes du pouvoir, en général, au clergé, sans le savoir.
Cette classe agonise et souffre d’une mort lente et douloureuse. En fait, elle est sur un abîme dans lequel elle va dégringoler un jour. Et comme disait F. Nietzsche : « ce qui doit tomber, il ne faut pas le retenir. Il faut encore le pousser ». À l’enfer….en enfer
Ecrit par Ali Ould Mohamed.
Source site al akhbar
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