DONALD TRUMP RENVOIE JAMES COMEY, LE PATRON DU FBI EN CHARGE DE L’ENQUETE SUR SES LIENS AVEC LA RUSSIE
James Comey avait lancé en juillet 2016 des investigations sur la possible collusion entre l’équipe de campagne de Trump et Moscou.
Contre toute attente, Donald Trump a limogé ce mardi 9 mai James Comey, patron du FBI, la police fédérale américaine.
“Le FBI est l’une des institutions les plus respectées de notre pays et aujourd’hui marquera un nouveau départ pour l’agence-phare de notre appareil judiciaire”, a indiqué le président américain dans un communiqué.
“Si j’ai apprécié que vous m’ayez informé, en trois occasions distinctes, que je ne faisais pas l’objet d’une enquête, je suis cependant d’accord avec l’analyse du ministère de la Justice selon lequel vous n’êtes pas capable de diriger de manière efficace le Bureau”, ajoute-t-il. La recherche d’un nouveau directeur du FBI débute “immédiatement”, a précisé la Maison Blanche.
Cette annonce est un vrai coup de théâtre. Plusieurs membres du FBI ont annoncé ne pas avoir été mis au courant du renvoi surprise de l’homme qui était en particulier en charge de l’enquête sur les liens éventuels entre l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie. Comey lui-même l’a appris par la télévision, pensant d’abord à une farce, révèle le New York Times.
Dans une lettre rendue publique, le nouveau ministre de la Justice explique avoir recommandé à Trump de limoger le patron de cette agence pour la façon dont il a géré l’affaire des emails de Hillary Clinton pendant la campagne présidentielle 2016.
Il est notamment reproché au directeur du FBI d’avoir conclu au mois de juillet que l’enquête sur la messagerie électronique de la candidate démocrate devrait être close sans que Clinton ne soit poursuivie mais aussi d’avoir annoncé que le dossier allait être rouvert 11 jours avant l’élection.
Une argumentation surprenante venant du camp Trump car c’est exactement ce comportement que Hillary Clinton tient pour responsable de sa défaite face au milliardaire new-yorkais.
Ex-procureur fédéral et ancien vice-ministre de la Justice, James Comey, 56 ans ans, a longtemps été encarté chez les républicains mais il avait été nommé par l’ancien président démocrate Barack Obama à son poste actuel. Les directeurs ayant un mandat de 10 ans pour éviter de changer au gré des élection et d’apparaître comme étant partiaux, Donald Trump lui avait demandé de rester en fonction à son arrivée au pouvoir le 20 janvier.
Comey était cependant dans le collimateur de l’administration depuis plusieurs semaines après son audition publique devant le Congrès pendant laquelle il avait enterré la rumeur lancée par Trump que Barack Obama aurait placé sur écoute la Trump Tower et surtout confirmé le lancement fin juillet 2016 d’investigations sur une éventuelle “coordination” entre des membres de l’équipe de Trump avec le gouvernement russe.
Si les démocrates auraient pu se réjouir de ce départ après les bâtons que Comey avait mis dans les roues de la candidature de Clinton avec l’affaire des emails, beaucoup sont particulièrement inquiets de l’avenir maintenant réservé à l’enquête sur les possibles collusions avec la Russie.
Un ancien porte-parole de Hillary Clinton a commenté sur CNN avoir peur que “ce renvoi signifie que l’on ne saura jamais la vérité sur le dossier russe” car il reviendra au président de nommer la personne qui reprendra l’affaire en main.
Un sénateur démocrate qui siège au comité sur le renseignement a lui demandé à ce que Comey “vienne immédiatement témoigner de l’avancement de l’enquête au moment où il a été limogé”. Même chez certains républicains, la situation dérange. Le sénateur John McCain, qui n’hésite jamais à critiquer Trump, s’est dit “déçu” et a répété son appel à la création d’une commission d’enquête parlementaire spéciale sur les liens avec Moscou.
“Mais est-ce que quelqu’un croit sérieusement que Donald Trump a renvoyé l’homme à la tête de l’enquête sur ses liens avec la Russie parce qu’il a été injuste envers Hillary?” a tempêté de son côté Elizabeth Warren, sénatrice devenue une figure de la gauche anti-Trump.
James Comey devient le second directeur du FBI à être renvoyé, comme le rappelle USA Today. Avant lui, seul William Sessions avait été limogé en 1993 par Bill Clinton pour des problèmes d’éthique.
Maxime Bourdeau
Source : Le HuffPost