L’Exigence de Restauration de la Morale Publique : Le nécessaire ressaisissement par Mohamed Salem Ould Merzough
Déjà, la catastrophe ? C’est un ensemble de pitreries ? Non des logorrhées ? Combien de phrases, à l’emporte-pièce, et d’approximations, avions-nous entendues ? Soyons sérieux et responsables. C’est l’une des clefs de notre avenir individuel et collectif : la restauration des bases d’une morale publique. Plastronner dans les salons, vociférer dans les rues et remplir des pages, sur le net, ne font guère avancer le monde. Si, certaines personnes, aujourd’hui internautes, pour la plupart, dépensaient, autant d’énergie, dans la réflexion constructive, nous serons loin, très loin dans le balisage de notre devenir collectif. Dans nos pays, on pense qu’être responsable et honnête consiste en une mutation en donneur de leçons. La critique est certes un exercice sain, mais elle peut se muer en un sport puéril et contre-productif dès lors qu’elle ne charrie aucune proposition. Sa banalisation chez nous, la rend nuisible. D’une nécessité pour nos sociétés, et bien d’autres, elle est devenue source de blocage rugueux, de différenciation ubuesque et de schismes virtuels. Les journaux sérieux et professionnels sont jugés, à leur corps défendant, à l’aune injuste du comportement d’une faune sans nom, sans repère et sans erre. Les sites dont certains constituent notre fierté sont visités, à longueur de temps, par tant d’anonymes lâches dont la seule activité est la délation. L’anonymat et le refus du débat contradictoire sont des marqueurs de lâcheté et des signes de faiblesse.
Tant de haine, d’injustices et de calomnies sont versées de partout. Les sujets fondamentaux sont emballés dans des constructions poussées à un niveau aussi ridicule qu’ahurissant. Nous devrions nous ressaisir. Le moment est arrivé de répandre l’humus sur lequel doivent bourgeonner nos projets de demain en fondant une véritable morale publique.
Dans ce cadre, la transparence doit être la règle et le viatique d’une gouvernance nouvelle plus globale qu’elle ne l’est aujourd’hui. L’exercice des responsabilités publiques n’exonère en rien ni n’expose. Travailler dans une ONG ou exercer un travail de journaliste ne sauraient être un passe-droit. Chacun est responsable de ses actes, de ses écrits et de ses agissements.
La construction d’une gouvernance globale et structurante est une autre manière de mettre un terme à tous les errements et de lutter contre la paresse intellectuelle. Le fauteuil moelleux de la critique facile doit sauter sous les flots de la vérité qui jailliraient des entrailles des facilités, de toutes les facilités et de l’écheveau des passe-droits. C’est, à ce prix et, à ce prix seulement, que prendra forme la construction de solutions durables à nos problèmes. C’est, à ce prix, aussi que nous donnerons corps à la saine confrontation des idées.
Ce faisant, nous serons aptes à lisser les tumultes, à extirper la haine, à se tourner enfin vers la vérité et la justice. Nous devons ce ressaisissement à nous et au reste du monde.
De ma station ou des stations qui auront été les miennes, j’ai pu mesurer la vanité des choses et l’injustice que vivent tant de personnes jetées, sans raison, à la vindicte. J’ai pu mesurer les opportunités que peuvent offrir le dialogue, la tolérance, les débats contradictoires et les confrontations des idées loin de toute velléité ou tentation logorrhéique.
Avec les autoroutes de l’information et le cybermonde en mutation profonde, je n’ai pas échappé au statut de blogueur. J’ai mis en ligne mon blog www.merzoug.org dans lequel je tente de partager mes idées, mes pensées et mes réflexions, sans doute, modestes.
Je crois que le partage et l’échange sont les vertus cardinales d’un monde policé et ouvert. C’est un objectif que nous devrions construire sans relâche. Les servitudes des hommes publics sont grandes. Elles sont peu comprises par ceux qui occupent le champ clos des commentaires parfois, approximatifs, rarement sérieux.
Or, porter un jugement global requiert une évaluation basée sur des investigations de nature à donner des bases factuelles éclairantes. Dans cette démarche, au-delà des données factuelles, une place doit être accordée aux moyens et au contexte de l’action menée.
A cet effet, l’alerte, la critique et la proposition doivent être conjointement conduites et construites. Les commentaires hâtifs ont fait tant de ravages. Ils brisent l’élan d’unité et de cohésion. Ils annihilent les efforts louables d’une vie publique apaisée. Dans un état démocratique, la majorité considère souvent tout propos de l’opposition comme un crime de lèse-majesté. De son côté, l’opposition prend les textes et les actions du pouvoir comme des virus ravageurs. Les commentateurs zélés attisent et jouent de ces contradictions.
On aboutit au final, à un fouillis inextricable de contre-vérités, de mélanges des rôles et des genres. Il suffit de suivre les débats retransmis par les télévisions nationales pour mesurer l’ampleur de ce cirque.
Propositions et contre-propositions, vrais réacteurs d’une vie publique saine, sont absentes. La Presse et la Société Civile s’alignent et/ou glissent sur la pente de la facilité et même de la paresse intellectuelle.
Or, elles sont au cœur de la modernisation de la vie publique qui, compte tenu, de ce que je viens de décliner, est segmentée et cloisonnée.
Dans ce contexte comment voulons-nous rebondir ? Je persiste, à penser, que la gouvernance réinventée et légitimée passe la recherche de la vérité, les débats contradictoires, la saine confrontation des idées et de la tolérance. Réduire notre champ d’action à une foire d’empoignades et à une course effrénée au mensonge et à la délation nous enfoncerait davantage.
Alors ressaisissons-nous en recherchant la vérité et en plaçant sur la place publique nos arguments contradictoires.
Mohamed Salem Ould Merzough- Commissaire de l´OMVS