Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Halte à la manipulation

flam agoraDepuis le putsch du 6 août 2008, la junte militaire au pouvoir à Nouakchott  multiplie  les man?uvres et autres combines pour justifier, ce qui paraît aux jeux du Monde, injustifiable,  à savoir cet énième coup de force des officiers de l’Armée mauritanienne. Toutes les stratégies, même les plus obscènes sont les bienvenues pour discréditer et jeter les pires anathèmes sur le désormais ancien président de la république, Sidi Ould Cheikh Abdellahi, responsable, nous disent-ils de tous les maux de la Mauritanie.

Cette politique de fuite en avant les mènera entre autres dans les différents  camps de déportés noirs mauritaniens, rentrés au pays depuis quelques mois. C’est dans ce cadre que nous observons depuis quelques jours qu’une attention particulière est portée à ce dossier par le pouvoir militaire de Nouakchott et ses services de propagande.

Les camps de ces déportés établis dans le sud mauritanien sont devenus en quelques semaines le centre d’intenses activités politico-mediatiques :  
 
– Le 15 août 2008, une mission parlementaire composée de plusieurs députés ouvre le bal en effectuant une visite dans la région du sud de la Mauritanie, pour «rassurer ces concitoyens en leur expliquant que leur retour était le résultat d’un consensus national et n’était lié ni à une personne ou à un parti politique en particulier. »
 Les parlementaires leur ont, en outre, expliqué que «le changement du 6 août ne constitue pas un coup d’état mais une rectification d’une dérive du processus démocratique conduisant à un blocage des institutions dont l’institution présidentielle était responsable ».   

– Quelques jours, plus tard, succédant à ces députés, plusieurs journalistes de la presse publique et privée mauritanienne dont certains obéissant aux ordres au nouveau maître du pays  se rendront dans ces mêmes camps d’où ils reviendront avec de nombreux  reportages décrivant la misère vécue par ces populations, depuis leur retour en Mauritanie.

– Les 26 et 27 août 2008, Monsieur Ba Medine, fraîchement nommé Directeur général de l’Agence National d’Appui et d’Insertion des Réfugiés (ANAIR)  effectuera à son tour «une visite de prise de contact et d’information au niveau de tous les sites de rapatriés du Brakna ».

Et la mascarade  continue de plus belle !

Par cette man?uvre, le nouveau régime militaire de Nouakchott nous livre là, notamment par sa presse déjà officielle, un cynique spectacle politique :

Les titres et les articles sur la condition de vie des déportés mauritaniens, vivant dans les différents sites de la région du sud font légion et sont à lire sur tous les journaux et par tous les internautes  mauritaniens. Jour après jour, reportages après reportages, les images de la télévision mauritanienne, passées en boucle, nous montrent quant à elles, ces pauvres personnes exhibées comme du bétail devant leurs caméras  et répondant aux questions des  journalistes officiels du HCE, qui tiennent coûte que coûte à leur faire «cracher le morceau ».
« Depuis notre retour en Mauritanie, nous vivons dans cette misère par la faute du président déchu et sa mauvaise gestion de leur retour ». Doivent-ils affirmer !

A la TVM, La mise en scène est comme à l’habitude grotesque : Toujours bien droits  devant la caméra et en arrière plan, les  misérables tentes bleues du HCR, nos parents  déportés, devenus subitement et curieusement le centre de toutes les préoccupations se voient obligés de se lamenter et de demander aux  «nouvelles autorités » mauritaniennes de leur venir en aide. Et évidemment, comme on peut  le deviner, tous ces reportages se terminent par cette prophétie : Maintenant que le Général Mohamed Ould Abdel Aziz est bien là,  tous les problèmes de «tous » les Mauritaniens seront résolus, «  nous allons améliorer vos conditions de vie et accélérer le retour de ceux d’entre vous qui sont restés au Sénégal et au Mali ».
 Nous allons vous sortir de cette catastrophe dans laquelle vous a mis cet ignoble  Sidi.

Voilà encore une nouvelle moquerie  à laquelle commencent à adhérer quelques-uns de nos frères, comme Monsieur kane Al Houssseynou ancien officier de l’Armée mauritanienne, aujourd’hui principal initiateur des marches de soutien aux putschistes en France, qui dans une réponse adressée à Hoorehaaloore le 20 août 2008  et publié sur Flamnet écrivait ceci, «le Général Aziz s’engage à régler les problèmes des déportés et de l’injustice, pourquoi ne pas y adhérer et soutenir ». Quelques jours auparavant,  Monsieur Alassane Hamady Soma Bâ dit Balas, Président du  Collectif des Opérateurs économiques victimes des événements de 1989 en Mauritanie (COPECO/89Rim) martelait quant à lui dans une déclaration rendue public le 14 août 2008 que «nous demeurons attachés au règlement du passif humanitaire et au retour des réfugiés ; et nous refusons d’entrer dans le jeu des condamnations et autres contestations contre-productives. Seuls les intérêts des victimes dictent notre conduite. »

Les multiples photos de ces déportés prises également dans ces «zoos humains » et publiées, il y a quelques jours sur CRIDEM et sur bien d’autres sites n’en font pas moins dans la surenchère. Ici on n’hésite pas exposer les clichés de vieilles femmes malades, de pauvres enfants qu’on nous dit  «affamés », de vieillards mal en point, etc. Une fois de plus, les souffrances de nos frères et s?urs déportés sont honteusement  exploitées sans pour justifier les basses forfaitures de ceux-là mêmes qui les avaient jetés hors de leur pays.

Toutes les cartes sont désormais à utiliser comme argument politique pour abattre le Président  Sidi Ould Cheikh Abdallahi, y compris celle des Kwars (Nègres).

Ne vous fatiguez chers messieurs !

 Vous ne parviendrez pas à manipuler ces personnes que vous avez toujours méprisées, qui n’ont jamais mérité d’être mauritaniens selon  ces thèses racistes que vous avez soutenues  jusqu’au 6 août 2008 et que vous continuerez bien sûr à défendre après le passage de la tempête.

Cette cynique mise en scène montée par ces «journalistes » sans scrupule amassés par-ci, par-là, et par ces quelques  politiciens n’arrive pas à nous distraire.

Nous avons bien  compris que par tout ce petit  manège et cette hypocrisie qui entourent vos agissements, vous cherchez tout simplement  à amasser  de  fausses vraies  preuves  à mettre sur le compte de la  mauvaise gestion du pays par le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi.

Depuis quand, la condition de vie d’un kowri ( Nègre), ce citoyen de seconde zone, cet « aventurier » est devenue une cause d’anxiété  pour vous ?   

Ce cirque auquel nous assistons depuis quelques semaines vise également  à abuser quelques  Negro-mauritaniens, toujours naïfs  qui peuvent voir en vous des hommes, charitables,  aux mains propres, résolus à réparer  tous les crimes commis contre leur communauté. Au fait, ils devaient tout bonnement comprendre que vous êtes en train de prendre les devants : des militaires qui reprennent en mains leur propre dossier à charge.

 Il est peu de dire que Sidi Ould Cheikh Abdellahi  n’était plus cette assurance tout risque sur laquelle pouvaient compter ces officiers putschistes.

C’est pourquoi au  titre des raisons ayant conduit à votre  coup d’état, vous n’évoquerez pas,  bien sûr,  le fait que Sidi Ould Cheikh Abdallahi envisageait l’ouverture du dossier relatif à vos responsabilités dans les déportations et les massacres génocidaires  de 1986 à 1991.Comme vous n’avez jamais pardonné à Sidi, ce président qui ne devait être autre que votre marionnette, sa trahison que constitue ce retour même lacunaire de ces Kwars (Nègres) que vous avez injustement chassés de leur pays.

 Nos parents déportés n’ont jamais oublié que ces hommes qu’ils ont  aujourd’hui en face d’eux, venus  leur  manifester cette fausse et tardive compassion, ont été envoyés par ces mêmes militaires qui, il y a 19 ans, alors agents zélés d’une idéologie raciste avaient  décidé de les embarquer, avec femmes et enfants, dans des camions pour les jeter de l’autre côte de la frontière, parce qu’ils n’étaient pas Arabes.

Nous comptons sur  la vigilance de nos frères et s?urs déportés  qui pendant toutes ces longues années ont vécu dans les camps de réfugiés au Mali et au Sénégal sans jamais courber une seule fois l’échine.
Vous pouvez être sûrs qu’ils ne tomberont pas dans votre sadique piège. La manipulation non plus ne passera pas.

A ce titre,  je salue ici le courage et la lucidité du communiqué des réfugiés mauritaniens établis au Sénégal, publié le 26 août 2008 qui demandait ;
 « l’instauration du fédéralisme en Mauritanie pour mettre fin au racisme ».

Non à l’oubli
Non à l’impunité

La lutte continue

Par Souleymane Ball, Bordeaux-France- FLAM-Europe de l´Ouest

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