Le pardon comme préalable à la réconciliation et à l’unité nationale réléve de l’utopie
Une frange importante de la population mauritanienne a vécu une politique d’oppression, de représsion et d’exclusion syséematiques et barbare durant plusieurs années. Cette politique a génèré des crimes contre l’humanié qui se sont materialisés par la déportation massive des populations noires, la confiscation de leurs biens fussent-ils meubles et immeubles, les exécutions extrajudiciaires et des emprisonnements de citoyens paisibles sans procés équitables. En somme, de 1989 à 1991, les régions du Sud peuplées en majorité de Noirs ont connu une période d’exception. La concommitance et la gravité de ces violations de droits de l’homme en Mauritanie exigent de la part du nouveau pouvoir une volonté et un courage politiques pour restaurer l’Etat de droit auquel tous les citoyens aspirent.
Restaurer l’Etat de droit veut dire, rétablir le climat de confiance entre le peuple, entre les victimes et le nouveau pouvoir, par la prise d’actes forts, crédibles, perceptibles et palpables. Les veuves, les orphelins, les rescapés des prisons arbitraires, les patriotes de ce pays, les personnes éprises de paix et de justice, bref toutes les victimes ont besoin d’être édifiés, d’être rassurés par ceux qui ont la chance de gouverner ce pays. Ils ont besoin d’avoir des garanties et des assurances qu’étant citoyens, d’être protégés et sécurisés à l’instar de leurs compatriotes arabes. Ils ont besoin de la vérité, d´une justice et de la réparation:
1- La vérité. Ils ont besoin de la mise en place d’une commission d’enquête indépendante qui a les mains propres, pour faire la lumière sur ces violations graves, tangibles et incontestables des droits de l’homme établies depuis 1986 à 1991 sur le territoire national. Ils désirent retrouver leurs parents assassinés et enterrés dans des fosses communes pour s’acquitter de leurs obligations religieuses envers ces derniers.
2- la justice. Ils ont besoin dorénavant d’une justice indépendante pour gérer tous les dossiers de litige. Je dois rappeler que le plus grand mal vécu en Mauritanie depuis l’indépendance, c’est l’absence d’une justice, incorruptible, ininfluencable, une justice au service de tous les citoyens et des non citoyens.
3- la réparation des préjudices subis.
a) les déportés et les réfugiés doivent recouvrer leurs biens meubles et immeubles confisqués par les autorités et remis illégalement à d’autres compatriotes. Ces recommandations sont valables pour les pièces d’état-civil. De surcroit, l’identification le recencement et le rétablissement des pièces d’état civil et les biens meubles et immeubles doivent être opérés non seulement à l’égard des réfugiés installés au Sénégal et au Mali ( Accord du gouvernement), mais cette opération doit cibler aussi des milliers de Négro-mauritaniens éparpillés dans les quatre continents, Amérique, Europe, Asie et la région de l’Afrique centrale. Ces réfugiés et éxilés politiques installés dans ces quatre continents constituent une frange importante et souhaitent accéder à leur citoyenneté pour éventuellement pouvoir remplir leurs devoirs de citoyens lors des prochaines échéances électorales et ce, dans les pays de résidence à l’instar des pays qui se disent démocratiques.
b) les ayants droits des victimes des exécutions extrajudiciaires doivent être indemnisés. Toutes ces mesures ne doivent pas exclure la manifestation de la vérité et de la justice.
La réconciliation et l’unité nationale ne se décrétent pas, ne s’improvisent pas ne se limitent pas à des déclarations d’intention. En revanche, elles se construisent par la prise d’actes forts, crédibles susceptibles de soulager les victimes, de rétablir la confiance et de rassurer tout le peuple. C’est pour quoi la cohabitation doit avoir pour fondement le respect réciproque des régles de coexistence d’un peuple qui sont définis dans la constitution. De ce fait, le réamenagement de la constitution à l’image physionomique, géographique, culturelle, sociologique et historique de la Mauritanie; la création d’une justice indépendante et le partage du pouvoir constituent les impératifs susceptibles de générer la cohésion nationale. La réconciliation nationale, l´unité nationale et même l’existence de la Mauritanie doivent être fondés sur le respect sans équivoque des droits de l’homme dont le pouvoir actuel à la charge de veiller et de gérer équitablement.
Vive la justice.
Non à l’oubli.
La lutte continue!
Par Sall Abou Hamath (Membre du Conseil national des FLAM et ancien déporté) Baltimore- USA