Archives Flamnet: DECLARATION DES Flam sur le cinquantenaire d’independence ( Extraits )!
Quelle voie, quelles solutions pour la Question de la cohabitation
Il nous est encore possible de créer cette nation unie, égalitaire et démocratique, à condition qu’il existe une volonté politique réelle; à condition de prendre à bras le corps cette question lancinante de la cohabitation et de l’esclavage, toujours escamotée, objet de fuite en avant permanente; à condition, enfin, d’en déterminer les bases justes.
Ces bases devront reposer sur les axes clairement définis, ci-après :
– Un équilibre dans la gestion du pouvoir , entre toutes les composantes nationales.
– Une réforme politique et constitutionnelle, qui consacrent les libertés démocratiques, reconnues et protégées, introduit des amendements constitutionnelles spéciaux portant sur l’Identité de la Mauritanie, l’égalité des communautés, des langues et des cultures nationales, la fin de l’esclavage, la création d’un observatoire national des libertés et de la cohabitation.
-Une réforme de l’Education, fondant une Ecole moins élitiste, ouverte sur le monde moderne et respectueuse de nos identités multiples.
-Une réforme de l’Armée, pour en faire une armée républicaine et de développement, ouverte équitablement à toutes les composantes nationales.
– Une réforme de l’Administration et de la justice, basée sur l’autonomie régionale, un redécoupage territorial qui tienne compte des aires culturelles et historiques, une justice modernisée enfin.
– Une réforme agraire – dont la vallée serait certainement le pivot – fondée sur le droit de propriété reconnu et réaffirmé, reposant sur une politique d’investissement agricole qui respecte ce droit de propriété, associe les populations concernées, respecte les espaces vitaux des villages, ouvre des couloirs de parcours pour le bétail, préserve les droits séculiers des pêcheurs sur le fleuve, détermine les zones d’investissement dans la vallée, que sont le Waalo, le moyen Jeeri et le haut Jeeri à affecter, respectivement, aux autochtones locaux, aux hommes d’affaires nationaux et régionaux, au grand capital international .
Ces réformes devront être précédées, pour mieux accrocher, par des mesures immédiates d’apaisement social de la part du Gouvernement qui se traduiront ainsi :
– Un réglement correcte du dossier des réfugiés qui passe par la restitution des terres de culture et des villages aux uns, et l’ indemnisation pour les autres.
– Une volonté politique affirmée de mettre fin à l’esclavage, ( par l’annonce de mesures préventives immédiates ).
– Un réglement immédiat du passif humanitaire, qu’on ne pouvait solder par de l’argent, dont la solution passait par la création d’une Commission Vérité- réconciliation, guidée par cette tryptique : « Equilibre à trouver entre le refus de l’impunité, les exigences de vérité et des réparations, et la nécessité du pardon ».
Il n’y a pas de paix sans réconciliation , et il n’y a pas de réconciliation sans Justice .
Tout comme il n’y a pas de concorde là où il n’y a pas d’égalité. Et puisque cette égalité n’a pu émerger après 50 ans, à travers le cadre de “l’Etat unitaire centralisé” dans sa forme actuelle, la raison commande de rechercher d’autres voies, telle, entre autres, l’Autonomie. L’autonomie nous parait la solution la mieux appropriée, dans notre cas d’espèce, pour constituer un mode d’organisation entre des groupes humains aux habitudes mentales, langues et tradition différentes, visant à diluer le pouvoir et le répartissant entre ces groupes, de manière à permettre à chacune de nos communautés de promouvoir elle- même son propre développement, dans l’unité préservée du pays; historiquement et politiquement cette option se justifie amplement.
Les FLAM appellent :
– Les réfugiés à rester mobilisés, à ne pas céder, à résister à la spoliation de leurs terres de culture; à ceux qui demeuraient encore à l’extérieur des frontières elles leur demandaient de continuer à se battre, chaque jour davantage, pour leur droit légitime au retour.
– Elles appellent la jeunesse négro-africaine à cesser de courber l’échine, cesser de gémir et de supplier, et à compter d’abord sur ses propres forces.
– Aux Haratines, de refuser d’être les victimes consentantes de leur propre esclavage.
– Et à toutes les victimes du Système de prendre conscience « que la lutte en ordre dispersé n’a pas d’autre issue que la défaite pour tous ».
– Aux forces démocratiques et progressistes, aux compatriotes arabes et berbères honnêtes et Justes, soucieux de notre devenir en commun, de prendre leur responsabilité face au racisme d’Etat, à l´esclavage et à la pauvreté grandissante.
– Enfin au Président de la République, ce poème de Maouloud Mammeri, en guise d’appel :
« Quand trop de sécheresse brûle les coeurs
Quand la faim tord trop d’entrailles
Quand on rentre trop de larmes
Quand on baillonne trop de rêves ,
C’est comme
Quand on ajoute bois sur bois sur le bûcher
à la fin il suffit du bout de bois
d’un esclave pour former
dans le ciel de Dieu
et dans le coeur des hommes
le plus énorme incendie».
Nous devons nous persuader – c’est vital pour nous et pour ce pays – que la voie choisie jusqu’ici était dangereuse et sans issue! « Une nation ne pouvait vivre moitié libre moitié esclave»; elle ne pouvait non plus se construire avec des citoyens à-démi et des citoyens à part entière.
Il est possible de faire de ce pays un foyer régional des plus attractifs, un havre de paix et de prosperité si nous nous ressaisissons.
Il nous faut nous ressaisir, il est encore temps !
La lutte continue!
Stockholm le 24 novembre 2010
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