Ironie de l´histoire!
Il y a deux ans seulement la Mauritanie était dos au mur face à la communauté internationale.La cause : l’ex –général Mohamed Ould Abdel Aziz renversait par un coup d’Etat militaire le président élu démocratiquement Sidi Ould Cheikh Abdallahi.Un coup de force condamné à l’unanimité par l’UA, l’UE et l’ONU.La Mauritanie fut alors suspendue de l’organisation de l’unité africaine, de la Francophonie et les financements auprès des bailleurs de fonds bloqués.
Le pays fut ainsi isolé financièrement et même menacé de représailles militaires. L’image de pays modèle de la démocratie en Afrique que la Mauritanie avait gagné au sortir de l’élection présidentielle de 2006 ne tarda pas à s’estomper. Les partis d’opposition regroupés autour du label de contestation du FNDD réclamant le rétablissement du président déchu de ses fonctions accentuèrent les pressions sans faire plier le putschiste plus que jamais déterminé à rester au pouvoir par tous les moyens quitte à isoler son pays du reste du monde . Seul ou presque contre une communauté internationale qui tente par le dialogue de ramener le président Aziz à renoncer à son coup d’Etat, le Général restait sourd au langage des médiateurs exactement comme aujourd’hui le président Bagbo Laurent. Le temps jouait beaucoup en faveur du tombeur de Sidioca (ce dernier assigné en résidence pendant plusieurs mois.) Le pays était coupé en deux entre le camp des putschistes et celui des anti-putschistes dans un climat social et politique tendu. Soutenu par certains puissants lobbies financiers de son clan, le président Aziz arrivait à tenir le coup en alimentant les caisses de l’Etat qui commençaient à souffrir de l’assèchement des lignes de crédits des bailleurs de fonds. Le bras de fer engagé avec ses adversaires ainsi qu’avec la communauté internationale finira par tourner à sa faveur. La longue médiation de Dakar qui accoucha d’accords permettant la tenue de nouvelles élections sous la supervision de représentants de l’UA, et d’autres observateurs internationaux donna lieu à un scrutin libre et démocratique. Ce fut l’ultime occasion saisie par le putschiste pour valider par les urnes son pouvoir. Usant de subterfuges qui laissèrent coi ses challengers, l’ancien Général s’imposa dès le premier tour devant ses rivaux dont les contestations n’avaient pas de poids argumentatif pour convaincre une opinion lassée de vivre une crise profonde. De guerre lasse, les perdants de cette élection abandonnèrent le front de la contestation post-électorale pour trouver d’autres expédients pour fragiliser un pouvoir bien décidé de mettre hors de l’état de nuire ses contestataires. Du FNDD on passa à la COD une structure qui ne résista pas aux coups de boutoir des partis de la majorité soutenant le président Aziz. L’homme qui dirige aujourd’hui la Mauritanie commence à séduire la communauté internationale par sa bataille contre le terrorisme et la lutte contre la gabegie. C’est lui qui fut porté à la tête du conseil de paix et de sécurité de l’UA à l’occasion de son sommet qui se tient ce dimanche à Addis –Abeba pour tenter de trouver une issue à la crise ivoirienne. Il a déclaré d’un ton ferme le principe du respect de la démocratie et l’intransigeance de l’UA face aux protagonistes de la crise en Cote- d’ivoire. Ironie de l’histoire !
Cheikh Tidiane Dia
LE RÉNOVATEUR