Daily Archives: 23/05/2022
Le Maroc offre un laboratoire de langues à la Mauritanie
Les locaux de l’Académie Diplomatique du Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération et des mauritaniens de l’extérieur ont abrité vendredi, une cérémonie de remise d’un laboratoire de langues vivantes offert à la Mauritanie par le royaume du Maroc. Celle-ci s’est déroulée en présence du président du Comité d’Orientation de l’Académie Diplomatique, Abdelkader Mohamed Ahmed, de l’ambassadeur du royaume du Maroc Hamid Chabar, et de plusieurs responsables du ministère. L’outil offert « est un laboratoire de langues logiciel 100%, composé de 12 postes apprenant et un poste processeur, les 13 postes formant un réseau local. Celui-ci permet le suivi des apprenants: visualisation, écoute discrète, prise en main, mosaïque, transfert et ouverture documents, diffusion média DVD ou CD, diffusion écran de l’enseignant, diffusion de l’écran de l’élève ». Ce laboratoire permettra aux diplomates d’apprendre plusieurs langues vivantes dont la maîtrise est exigée par leur statut.
le calame
Une inflation record sur les principales denrées alimentaires avec une hausse des prix entre 33% et 94%
Bechir Fall – L’indice des prix à la consommation est une réalité incontournable pour tous les chefs de famille. Aujourd’hui, j’ai pris connaissance des prix de certaines denrées alimentaires les plus courantes avec les achats mensuels de la famille au marché. Étant un adepte des chiffres, j’ai commencé à scruter et étudier les prix figurant sur la facture des achats établie par le commerçant. Et j’ai enchaîné aussitôt les comparaisons avec les prix d’il y a 18 mois environ.
Je vais à l’essentiel. Les prix sont fixés en MRO pour une meilleure compréhension. Ainsi, le sac de riz gros grains, Zacolloni, de 30 kg est à 14 200. Prix ancien il y a plus de 18 mois 9 500. Soit une augmentation de 50%. Le sac du riz indochinois de 25 kg à 9 600, ancien prix 7 200.
Augmentation 33,3%. Huile en carton 15 L à 13 600. Ancien prix 7 000. Augmentation de 94%. Le kg de sucre est passé de 200 à 300. Soit une augmentation de 50%. Gare à ceux qui l’achètent en détail, il pourrait être proposé à 400 MRO.
Ces prix correspondent à des achats en demi-gros. Ils sont naturellement un peu moins chers que ceux appliqués en détail par les commerçants dans les quartiers populaires notamment. Il faut au minimum prévoir une marge supplémentaire de 10 à 20% pour les prix réels que subissent les populations qui achètent très majoritairement en détail.
Qu’en est-il de la viande et du poisson, nos produits phares ? Pour la viande de veau, le kg au marché et dans les boucheries est fixé à 2400. Ancien prix 1 600. Avec 5 000, on obtient juste 2 kg. Or, il y a 18 mois pour 5 000, on obtenait 3 kg.
Un écart considérable et une hausse de 50%. Quant au poisson je suis allé au marché de la plage acheter, une fois n’est pas coutume, de la courbine, le kg à 2 800. Il y a 18 mois, on pouvait se le procurer presque à moitié prix, 1600 MRO. Une hausse de 75%. Inacceptable pour une production locale.
Il existe un grand paradoxe que nos économistes trop discrets sur ces questions devraient pourtant éclaircir. Pourquoi la viande et le poisson, les deux produits de base qui accompagnent tous nos repas avec l’avantage d’être produits localement, donc ne faisant l’objet d’aucune importation, subissent-ils une hyperinflation d’au moins 50% ?
Si pour le poisson le sabordage criminel de notre patrimoine halieutique par les dirigeants de la décennie passée en a causé la surexploitation et ainsi la rareté à cause de sa réorientation injuste au profit de sociétés étrangères et au détriment des citoyens, la situation de notre élevage, qui a reçu des aides publiques substantielles, devrait interroger davantage nos décideurs.
Une spéculation sauvage pourrait en être la cause. Dans ce cas, les services de l’Etat devraient corriger ces prix exorbitants, sans aucune logique dans un pays autosuffisant en viande et exportateur de la production animale.
Sans nul doute, vivons-nous désormais dans une spirale inflationniste durable. Et c’est ce qui paraît le plus inquiétant. Beaucoup de familles de la classe moyenne risquent de basculer dans la pauvreté du fait de la baisse drastique du pouvoir d’achat. Et les nombreux pauvres sombreront désormais dans le statut très peu enviable de l’extrême pauvreté.
Tout le monde devrait être conscient des répercussions de cette nouvelle flambée des prix sur la qualité de vie des mauritaniens. Cette hausse des prix provient en grande partie de la cupidité des hommes d’affaires. Lesquels répercutent tous les frais additionnels sur le consommateur final. En préservant intactes leurs marges bénéficiaires.
Et pourtant, ces commerçants devraient aussi participer à l’effort sacrificiel de tous les citoyens. À défaut, l’arme fiscale pourrait les y contraindre. C’est cela tout le sens d’une politique active d’une citoyenneté économique qui nous fait toujours cruellement défaut.
Notre élite pour qui tout va si bien dans le meilleur des mondes ne se préoccupe guère de cette épreuve qui va faire mal aux plus vulnérables d’entre nous. Le pouvoir en place semble jouer les arbitres partiaux en ne sifflant jamais les fautes des commerçants véreux. Toujours intouchables, jamais inquiétés. Le comble est que le mauritanien moyen continue de subir toutes ces affres avec une résignation frisant l’inconscience.
Venons-en à la réalité des faits. La situation est grave. D’autant plus que le Fond Monétaire International, dans son dernier rapport, table pour 2022 sur une hausse de l’inflation pour la zone Afrique de 12,4%. Et corrige à la baisse les prévisions de croissance de 4,5% à 3,8%.
Sans compter que de gros nuages s’amoncellent pour l’avenir immédiat et prévoient un semestre orageux. Avec une nouvelle crise alimentaire dont les effets se ressentent déjà avec la stupide agression de la Russie contre l’Ukraine et le refus de l’Inde d’exporter son blé préférant assurer la sécurité alimentaire de ses populations.
Le grand danger est la famine qui menace déjà le Sahel. L’Organisation des Nations Unies vient de lancer un cri d’alarme. “Au Sahel, des familles entières sont au bord de la famine », a déclaré le responsable des affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths. « Si nous n’agissons pas maintenant des gens vont périr », a averti le chef des secours d’urgence de l’ONU. Message onusien d’une clarté effrayante pour la sous-région sahélienne.
Je n’ai pas l’impression que les élites mauritaniennes supposées les plus éveillées, y compris des dirigeants d’opposition, prennent suffisamment en considération toutes ces sombres prévisions d’une conjoncture économique et sociale périlleuse.
Une gouvernance d’urgence impliquerait forcément une réaction anticipatrice diligente, ordonnée et efficace de la part des dirigeants au pouvoir.
Face à une conjoncture morose inspirant une grande inquiétude, succédant à une pandémie qui aura laminé tous les signaux verts de l’économie, l’idéal serait de tout suspendre pour y faire face.
Quelles innovations pourraient alors suggérer l’État et tous ses démembrements afin de venir au secours des centaines de milliers de pères et mères de famille désemparés, souvent en grande détresse, ainsi que des enfants et petits enfants lourdement menacés de malnutrition sévère ou de famine ? C’est cette priorité, et pas une autre, qui devrait fédérer dans l’urgence absolue toutes les énergies nationales.
Béchir Fall, Juriste Expert International
«La Mauritanie, nouvelle frontière de l’investissement»
Financial Afrik – Entretien exclusif avec Aissata Lam, Directrice Générale de l’Agence mauritanienne de la promotion des investissements.
La directrice générale de l’Agence mauritanienne de la Promotion des Investissements (APIM), Aissata Lam, revient sur le plan stratégique et opérationnel lancé récemment par l’institution qu’elle dirige. Entretien.
Le Plan Stratégique et opérationnel de l’Agence de Promotion des Investissements en Mauritanie vient d’être restitué. Quels en sont les axes saillants ?
Il était question dans un premier temps de faire le point, un an après notre prise de fonction, sur les actions entreprises et les premières réalisations de l’APIM dans le cadre de son mandat. La mise en place d’une feuille de route était importante pour nous afin d’avoir une idée très claire de la direction que nous devions prendre. Le plan stratégique et opérationnel quinquennal de l’agence tourne autour de 5 axes ;
i. Faire de l’APIM une organisation agile, pérenne et dédiée à la satisfaction des usagers.
ii. Affermir la confiance entre le Gouvernement et le secteur privé.
iii. Développer une image de marque du pays afin que les investisseurs aient une bonne perception de la Mauritanie.
iv. Renforcer le Guichet Unique et le suivi effectif des investissements pour permettre de consolider les acquis et mesurer les résultats.
v. Constituer une banque de projets pour attirer les investissements structurants, notamment dans les secteurs productifs.
Le tout s’insère dans une optique globale de développement du secteur privé et d’amélioration du climat des affaires pour rendre le pays plus attractif à l’échelle internationale.
La création de l’APIM a-t-elle permis de fluidifier le processus de création des entreprises ? Quid de la solution digitale dédiée ?
En effet, un chantier prioritaire était le Guichet Unique dont nous voulions améliorer les procédures pour plus d’efficacité et de transparence. Nous avons stabilisé les délais de création à 48 heures en renforçant l’équipe grâce à une meilleure coordination avec les administrations centrales impliquées dans le circuit, notamment la Direction Générale des Impôts et le ministère de la Justice, à travers le tribunal de commerce.
Le projet de digitalisation et dématérialisation des processus a été entamé et nous espérons terminer d’ici le 3e trimestre. J’ai hâte d’arriver à la mise en place effective du Guiche Unique 2.0 pour faciliter encore plus le processus pour les usagers, notamment de la diaspora qui est un de nos publics cibles.
Depuis la mise en place de l’APIM, 5 217 entreprises ont été créées au Guichet Unique. Avec nos efforts conjoints de formalisation du secteur informel avec le Ministère des Affaires Économiques et de la Promotion des Secteurs Productifs, nous devrions avoir de meilleurs résultats, je l’espère, notamment pour les femmes qui sont souvent les moins formalisées.
Quelle est l’orientation de l’APIM pour soutenir l’investissement national et promouvoir le contenu local ?
L’APIM se positionne pour être l’interlocuteur privilégié du secteur privé national ; nous avons un axe de notre plan stratégique dédié au renforcement du dialogue public privé. Nos premiers mois d’activité étaient dédiés à cela : écouter, comprendre, pour mieux accompagner. Le dynamisme et l’attention portée au secteur privé national est un des baromètres des investisseurs étrangers, donc même dans une optique d’attrait des IDEs, le soutien et l’accompagnement de l’investissement national est central. l’APIM œuvre pour l’amélioration de la qualité des services fournis afin de :
➢ mieux accompagner le secteur privé
➢ suivre les tendances au niveau du continent
➢ engager le leadership
➢ réduire les contraintes administratives
➢ hisser la compétitivité de l’économie à un niveau supérieur
Pour ce qui est de la promotion du contenu local, les actions de l’APIM s’articulent autour de deux axes :
➢ Le développement des entreprises locales : le but est de promouvoir la création et le développement d’un réseau d’approvisionnement local fournissant, sur une base compétitive, des biens et services de qualité.
➢ La formation et création d’emplois locaux : très importante pour nous ; c’est un élément que l’on suit de près notamment pour les entreprises agréées au Code des investissements. Nous travaillons de près également avec le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle afin de pouvoir offrir une base de compétences locales aux entreprises qui s’installent.
La prise de décision par les investisseurs étrangers de prospecter ou d’investir dans un pays passe avant tout par l’appréciation de son climat des affaires et son image. Quels sont les atouts de la Mauritanie par rapport aux pays voisins directs ?
Notre Pitch pays à l’agence tourne autour de «la Mauritanie, nouvelle frontière de l’investissement » ; à travers cela, nous voulons mettre en exergue 3 forces principalement, sans nécessairement vouloir se comparer aux pays voisins :
1) Notre positionnement géostratégique : à la porte de l’Europe, pont entre l’Afrique du Nord et l’Afrique Sub-saharienne, et locomotive pour le Sahel. Nous avons un vaste pays, 1.030 .700 km2, peu densément peuplé, avec d’importantes ressources naturelles, et une côte des plus poissonneuses au monde de plus de 750km. Notre pays se positionne comme une destination de choix pour les énergies renouvelables et les nouvelles à fort potentiel comme l’hydrogène vert.
2) Un potentiel important pour le développement des secteurs productifs qui restent encore largement sous exploités. Notre frontière naturelle, le fleuve Sénégal donne accès à une source importante pour développer ce secteur. Notre cheptel est important et je vous le disais plus haut nos côtés généreuses en poissons. Tout y est à faire.
3) Et finalement, un élément important, la Stabilité : politique et sécuritaire. Dans une contexte de crise globale et d’incertitude, c’est un facteur important dans toute décision d’investissement. Notre pays, nous rendons grâce à Dieu, jouit de cette stabilité nous permettant de poursuivre la quête de développement et diversification économique plus sereinement.
Quels sont les secteurs à promouvoir en matière d’attraction des IDE (ceux que les investisseurs étrangers choisissent habituellement) ?
Ce sont principalement :
– la pêche et industrie de pêche
– l’agriculture et l’agroalimentaire
– les unités industrielles et manufacturières
– les activités extractives
– l’hôtellerie/tourisme
Nous avons vu un intérêt particulier ces derniers mois pour les nouvelles énergies, à savoir l’hydrogène.
Avez-vous déjà élaboré des dispositifs réglementaires et juridiques régissant les IDE dans les secteurs nouveaux tels que l’hydrogène vert et bleu, la chaîne de valeur de la transformation gazière, etc.
C’est une question d’actualité. Aujourd’hui, plusieurs pays africains (le Maroc, l’Afrique du Sud, le Niger…) explorent le potentiel de production d’hydrogène vert. La Mauritanie, de par ses grandes capacités solaires, éoliennes et ses vastes étendues de désert, est l’un des pays les plus préparés naturellement à jouer un rôle de premier plan dans la production et le développement d’énergie propre et d’hydrogène vert. Deux accords pour en produire ont été signés l’année dernière. Ces projets précurseurs visent à renforcer l’expertise dans le domaine, dans un premier temps, le cadre réglementaire et l’expertise sont travaillés en parallèle. Les textes du Gaz sont mis en place, même si une actualisation est engagée régulièrement. Des études sont en cours pour consolider les aspects stratégiques et le contenu local.
Par El hadji Ibrahima Dia
cridem