Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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FLAMNET-RETRO : Problématique du Système Educatif National : Contribution | Par Samba Thiam

altVoilà bien des années que l’Ecole mauritanienne est malade, secouée par des crises récurrentes.

Au lieu de procéder à un diagnostique approfondi, sans complaisance du corps malade, l’on s’est contenté, à chaque fois, d’une auscultation superficielle pour lui administrer un traitement symptomatique. Six réformes successives qui ont toutes échoué ! Notre Ecole est malade, notre système éducatif en crise depuis 56 ans, tout le monde en convient !

Plus que des raisons de surface ( effectif pléthorique, manuels scolaires insuffisants ou désuets, mobilier brinquebalant, locaux vétustes et inéquipés ) nous nous attarderons plutôt sur les raisons de fond.

*Quel est le mal ?

Des élèves, des étudiants, des Enseignants sans niveau aucun, des élites francisantes ou arabisantes en extinction progressive, un produit inadapté…Un observateur, averti, ramassait la situation par cette formule : “En voulant rendre notre Enseignement authentique nous avons sacrifié l’essentiel: aucune considération pour la qualité, aucune pour la perspective d’emploi, aucune pour le développement”.

* Quelle est la cause du mal ou quelles en sont les raisons ?

– Raison d’ordre psychologique, affectant le corps enseignant :

L’Enseignant a perdu son statut d’antan, par contagion du milieu social dans lequel il baigne, où les valeurs universelles de référence habituelle, telle l’honnêteté, le respect du travail –du travail bien fait-, la moralité, l’admiration pour le détenteur du Savoir, ont cédé la place à la course effrénée pour l’argent ; l’enrichissement à tout prix, tout de suite, a pris le pas sur la conscience professionnelle, d’où cette flopée d’Enseignants-boutiquiers !

Le terme “garraaye”, devenu fortement connoté, négativement, suscite un demi-sourire pincé chez l’autre, au point qu’il devient gênant de se présenter comme tel…On est désormais Instituteur ou professeur à défaut de mieux, mais certainement pas par vocation .On est là, pour un temps provisoire, transitoire, en attendant de trouver mieux , de “monter” sa boutique, ou de partir pour des cieux plus cléments.

Cette dévalorisation du métier d’enseignant s’explique (ou s’accompagne) aussi par la dépréciation du Savoir et/ou de la Culture, censé être un des attributs majeurs de l’Enseignant. Aller à l’école, accumuler des diplômes, lire, simplement, est perçu aujourd’hui dans la société mauritanienne au mieux, comme une perte de temps, au pire comme une absurdité ; avoir de l’argent c’est mieux !

Pour corriger cet état des choses il faudra rendre à l’Enseignant sa dignité et son auréole d’antan par la revalorisation du métier, et restituer au Savoir l’admiration qui lui était attachée.

*Notre Ecole souffre, par ailleurs, d’une crise d’orientation. Au lieu d’une orientation technique et pragmatique on a opté pour l’élitisme. A la place d’une Ecole qui produit des plombiers, des électriciens, des frigoristes, des maçons, des mécaniciens, des menuisiers, des agriculteurs modernes, on a préféré celle qui fabrique des littéraires, des philosophes, c’est –à-dire des fonctionnaires aux mains propres, des “cols blancs”…

Il faut changer cet état de chose, en orientant les 60 % des cohortes vers la formation professionnelle et technique des cols bleus, et les 40% vers la formation de l’élite…

*Autre cause non moins importante, l’administration et la gestion chaotique du corps Enseignant, où l’on constate l’absence de rigueur dans la sélection et le recrutement des maîtres d’école, l’absence de contrôle sérieux et de suivi qui fait le lit du laxisme et de l’affairisme, l’absence d’émulation, de sanction et de récompense systématiques, l’absence d’ordre en un mot, qui ne se trouve pas, hélas, que dans l’Enseignement !

*Mais de toutes les causes à l’origine des crises de notre système éducatif, la plus fondamentale – entre toutes – d’ordre idéologique – demeure l’Arabisation à outrance, genèse véritable des problèmes !

Dès les années 50 les réformes débutèrent, en série, toutes à caractère linguistique ! Toutes les réformes opérées des années 50 aux années 80 portèrent sur la langue …l’objectif déclaré, hier et aujourd’hui, était et demeure de rendre notre enseignement “national” , “authentique”…l’élite arabo-berbère ne pouvait accepter, disait-on, que son identité culturelle –dont la langue est un élément essentiel- fusse occultée au profit d’une langue et culture étrangère, de surcroît héritée du colonisateur…C’était l’argument de surface, classique… Si, en soi , cette aspiration semble juste et légitime, elle cesse cependant de l’être dès lors que cette même élite imposa, paradoxalement, sa langue et sa culture à des non arabes. N’était-ce pas reproduire à l’identique le comportement du colon ?

En réalité cette revendication, nationaliste en apparence, était un écran de fumée, une supercherie visant d’abord et surtout à renverser le rapport de force, hérité du legs colonial, entre arabo-berbères et Négro-africains. Sous le couvert de “l’indépendance culturelle”, on cherchait, en réalité, à créer un autre “équilibre” …

L’argument “authenticité ou repersonnalisation” ayant servi -pour masquer les choses- est fallacieux. Nous avions tous résisté au colon, nous nous sommes tous opposés à sa langue, à l’entrée. Elle nous a été imposée à tous … Dès lors qu’il s’est agi de réhabiliter langues et cultures pourquoi le fit-on de manière sélective ? Pourquoi n’avoir pas réhabilité et promu également les langues et culture négro-africaines ?

Repersonnalisation contre repersonnalisation, Identité contre Identité, pourquoi une réhabilitation pour les uns et pas pour les autres, étant entendu que chacun reste fier de ses racines et de sa culture, et si tant est, comme le soutient Mohamed M. Abdalhaye, “chaque individu est porteur d’une dignité inaliénable” ?

Non, la motivation n’était pas que toute culturelle…

Je me permets ici une petite digression ; La thèse selon laquelle les Négro-africains seraient plus attachés à la langue française est spécieuse et de mauvaise foi. Ils ne sont, ni plus ni moins, attachés à cette langue que l’élite arabo-berbère francisante, qui joue et gagne sur les deux tableaux ! En effet, n’est-ce pas cette même élite qui envoyait en cachette ses enfants dans la filière bilingue des années 80, et continue de le faire à l’Ecole Française, à nos jours ?

Non, encore une fois, la motivation n’était pas que toute culturelle…l’Arabe ne devait servir, hier comme aujourd’hui, de moyen de promotion et d’épanouissement pour tous, comme proclamé, mais de gangue protectrice, de garantie pour la préservation et la perpétuation du Système, dicté par des peurs enfouies et des complexes Aryens… Dans “crise mauritano-sénégalaise : la rupture d’une alliance inter- ethnique” de Marion Fresia, M. Ould Bédredine confessait ceci : “les Negro- africains représentaient 80% des cadres de l’Etat mauritanien naissant. Alors les maures ont voulu rétablir les rapports de force en leur faveur en utilisant deux instruments : la langue et l’Ecole”.

C’est on ne peut plus clair !

La langue arabe a été, bel et bien, instrumentalisée à cette fin, et uniquement à cette fin. Un rééquilibrage des rapports de force, normal et légitime certes, mais qui versa hélas, dans l’excès, aboutissant, aujourd’hui à la liquidation totale de la communauté non arabe…

Notre système éducatif est donc à genoux. Des générations d’écoliers issus des milieux défavorisés ont été sacrifiées sous l’autel du slogan de la “repersonnalisation” factice et démagogique.

Pour changer les choses il nous faut, si nous sommes sincères, procéder à une véritable réforme structurelle qui conduise à une Ecole moderne, efficiente, avec comme préalable le renoncement à toute idée, à tout projet assimilationniste et hégémonique, sous-jacent.

*Il nous faudra , après cela, articuler certains facteurs :

-Adaptation de l’output aux besoins nationaux et du marché en général ( adéquation formation /emploi )

-Association des communautés villageoises à la prise en charge partagée de l’Ecole,

-Instauration d’une continuité entre formation initiale et formation continue, en paliers

-Adoption de certaines mesures d’accompagnement : (régulation du mouvement des Enseignants du public vers le privé à réorganiser et responsabiliser ; lutte ferme contre le désordre général qui prévaut – à supposer qu’on puisse le faire dans une Administration générale où le désordre et l’absence quasi systématique de suivi sont érigés en norme – , respect de la hiérarchie, de l’ancienneté, restauration de la promotion et du contrôle rigoureux des Enseignants, régulation des détachements abusifs et anarchiques, sanction sévère des absences fantaisistes, rationalisation des moyens etc ).

-Vigilance sur le corps de contrôle ( contrôle, fiche de suivi , formation du personnel , identification des Enseignants fictifs … )

-Mais surtout, procéder au rétablissement des bases de justice à l’école en supprimant l’iniquité actuellement en cours entre enfants dans l’acquisition du Savoir ; les Psycho-pédagogues s’accordent unanimement pour dire qu’un enfant qui commence par une langue étrangère accuse six (6) années de retard de scolarité. Les Ecoliers négro-africains faisant face à deux langues étrangères, au sens pédagogique terme, subissent donc un double handicap qui équivaut, logiquement, à 12 années de retard.

Il faut corriger ça !

*-Il nous faut, par ailleurs, clarifier le statut et le rôle attendu de chaque langue dans notre Ecole, à court, moyen et long terme. Pour ma part, je suis pour une Ecole qui parle plusieurs langues, comme la nation mauritanienne – pour un Etat multi-nations fédérateur des langues et cultures- . Les langues maternelles, toutes les langues maternelles, comme facteur d’apaisement des frustrations et tensions, et aussi comme facteur de développement ; le Français ou/et l’Anglais – comme porteur de pensée scientifique –( à un certain niveau), le chinois… Mohamed ould Abdalhaye disait que “la langue maternelle constitue pour tout un chacun l’outil irremplaçable de toute production scientifique effective et le socle de tout esprit créatif”.

-Je suis de ceux qui proposent que chaque enfant commence sa scolarité dans sa langue maternelle, pour aborder dans un 2eme temps une langue nationale seconde, qui serait enseignée comme langue de communication tout court ; L’arabe pour les Ecoliers Negro-africains, le wolof ou le pulaar, ou le soninke, le bambara pour l’arabo- berbère. Cette seconde langue serait affectée d’un coefficient faible de manière à ne pas gêner ou compromettre la progression de l’enfant.

L’instruction civique, morale ou religieuse, l’histoire, seraient enseignées en langues nationales. La philosophie, apte à former la pensée critique, serait enseignée en Français ; Il ne serait pas sain, ni judicieux au regard de l’évolution actuelle des choses, de faire porter l’enseignement de cette discipline par la langue Arabe –tant que celle -ci “n’est pas réformée”, et parce qu’elle est en ce moment “récupérée par le courant dogmatique et conservateur en Islam qui rejette la pensée critique et privilégie la répétition à l’identique”, selon le linguiste Algérien A Dourari. En effet, ce qui se passe autour de nous et dans le monde actuellement, n’est pas pour rassurer et n’incline pas à la pensée libre, telle que nous la connaissons chez Al Kindi, Averroes, Mohamed Abdou, Mohamed Iqbal…

Il y aurait lieu de procéder également à des réaménagements pratiques, en supprimant certaines anomalies aberrantes qui ne répondent à aucune logique objective : qu’est-ce que, par exemple, l’instruction civique, morale et religieuse en arabe (coeff 4 ) vient chercher, objectivement, en classe terminale série D ou C, si ce n’est pour pénaliser les uns et constituer un bonus pour les autres ?

Si la baisse de niveau est un phénomène général, elle est davantage plus accusée chez nous, à cause de nos pesanteurs propres ; ce phénomène est davantage accentué, ces dernières années, à cause en particulier, de la dernière réforme porteuse de tous les maux et de toutes les anomalies, sur laquelle il nous faut revenir …

Sous le couvert d’uniformisation de l’Ecole mauritanienne “qui divise” disait-on ( système à filière -Arabe/bilingue -) , cette réforme fut conçue et mise en œuvre en 2000. Son objectif déclaré était “d’unir” les Ecoliers en leur faisant suivre une seule et même filière ; plus de filière arabe où se retrouvaient quasiment tous les écoliers arabo- berbères, plus de filière bilingue, fréquentée exclusivement par les enfants négro-africains …

Autre attente exprimée à travers cette réforme, la nouvelle Ecole favoriserait la rencontre d’enfants issus de milieu social ou ethnique différent, qui déboucherait sur l’esprit de solidarité, de camaraderie retrouvée, de gestation de la citoyenneté ou du sentiment d’appartenance commune à un même pays, comme par le passé …

Derrière ces ambitions nobles, mais combien trompeuses, se cachaient, en réalité, des considérations et préoccupations bassement partisanes et claniques. Le souci n’était pas de s’attaquer aux dysfonctionnements du Système en général, mais essentiellement, de trouver une solution, à l’impasse de la filière arabe : Il fallait sauver les Ecoliers, naufragés, de la filière arabe, sans issue ! Filière qui consacrait un échec massif des enfants, sans réels débouchés ni perspectives de réinsertion dans le tissu économique.

En effet, chez nous la langue française – à la vie dure- était loin d’être morte et ailleurs l’anglais et le Français étaient de rigueur. Pour un étudiant formé donc uniquement en arabe, l’horizon interne et externe était assez rétréci, le champ des possibilités fortement restreint…

Cet échec de la filière arabe – le seul à l’origine de la réforme scolaire actuelle-, s’est illustré, on s’en souvient, par le renvoi dans les années 2000 d’un bon nombre de Professeurs de Sciences et de Mathématique, arabophones, reversés dans la diplomatie, ou affectés à d’autres tâches et fonctions administratives. Soit donc le corps arabophone, soit le médium était mis en cause dans l’enseignement des sciences, soit dit en passant …

La solution choisie fut donc de revenir à l’enseignement de certaines matières de base en Français (sciences et Mathématique ), qui était, jusque- là, réservé à la filière bilingue où se retrouvaient les écoliers négro- africains. D’un coté on levait un écueil – retour du français -, de l’autre on en créait, délibérément, par l’imposition de la langue arabe aux écoliers non arabes, avec de surcroît une langue éclatée en matières multiples affectées de coefficients accrus, accentuant ainsi leur handicap et leur échec massif, à travers une série littéraire totalement arabisée ! L’histoire, la géographie, la philosophie, la langue, l’instruction civique, l’instruction morale religieuse sont dispensées en arabe ! Appliquée brutalement, cette réforme allait pousser des milliers d’enfants négro-africains, pris de court et désorientés, à abandonner massivement l’Ecole.

On a donc réformé, mais en veillant à préserver soigneusement la nature discriminatoire du système qui opérait comme un filtre…Faisant déjà face à deux langues étrangères, -double handicap à surmonter- voilà qu’on multipliait de nouveau les obstacles sur leur chemin, ce qui, nécessairement, affecte négativement, fortement et durablement leur réussite scolaire. Voilà pourquoi , à titre d’exemple, au baccalauréat 2016, niveau national, série C, sur 100 admis on compte deux (2) Négro –africains ! A Kaédi sur 1061 candidats au bac toutes séries confondues il y a 37 admis négro -africains …Djeol compte zéro admis ! Voilà pourquoi dans les examens et concours d’accès à l’emploi les enfants et jeunes négro-africains sont recalés. De 2000 à 2016 les résultats sont tous les ans plus catastrophiques que jamais. L’Equité a déserté notre Ecole dès notre accession à l’indépendance …

Enseigner nos langues négro- africaines -gage de l’équité et de l’égalité des chances à l’Ecole et en société – n’a jamais, réellement, effleuré l’esprit des réformateurs. Ce fut –et ça le demeure – le cadet des soucis de nos gouvernants ; Il ne le fallait surtout pas, car ce serait “ouvrir la boite à Pandore, affaiblir la suprématie consacrée de la langue arabe, remettre en cause l’arabité de la Mauritanie”, compromettre le “rééquilibrage” du rapport de force, en voie de parachèvement …

Tel est l’esprit qui nous gouverne toujours !

Cette actuelle réforme, sabordant au passage l’Institut –performant – des langues nationales, n’a pas moins divisé et l’Ecole et la société mauritanienne. Par ses conséquences directes, des Profs de fac francophones, négro- africains, sont entrain d’être poussés vers la sortie, en voie de chômage technique…Les Profs de Droit, et d’histoire sont actuellement touchés, demain ce sera au tour des Profs de lettres. On devine la suite logique du processus sur l’Université… (et lorsque je parle de l’autre Elite- qui a choisi , pour l’essentiel, de se coucher, je note des grincements de dents !!!

En conclusion, l’uniformisation du Système scolaire actuel, à travers cette réforme dernière, s’est faite au détriment des enfants négro africains, au détriment de l’Unité nationale. En lieu et place de la réconciliation, elle a reconduit et accentué la fracture entre Ecoliers et entre communautés, par ses inégalités. Peut –il, du reste, y avoir réconciliation, restauration de l’esprit de camaraderie sur le socle de l’injustice ?

La baisse de niveau est, il est vrai, à l’échelle régionale, africaine et mondiale, mais elle est particulièrement aiguë chez nous à cause de la série de réformes à caractère idéologique et partisan…

“Notre pays dont l’unité s’est forgée dans l’épreuve entend sauvegarder cette unité comme son patrimoine le plus précieux. La diversité est une source d’enrichissement, elle ne doit jamais devenir une source de division. Unité dans la diversité, sans doute, unité dans une stricte égalité, des droits de chacun, sans discrimination d’aucune sorte. C’est ce que nous commande une vision de la réalité, une analyse sans complaisance des faits”.

Ce sont là des propos que tenait M. ould Daddah, mais quel usage en fit-il ? Nous pouvons réussir si nous abordons notre problématique dans un esprit exempt de tout calcul, de tout esprit partisan ou hégémoniste. Nous réussirons à condition d’être mus par le seul désir de construire, une fois pour toute, un système éducatif performant, fonctionnel, efficient , qui servirait l’égalité des chances , offrirait les mêmes opportunités et assurerait au peuple , dans toute sa diversité, développement, bien-être, et harmonie.

Samba Thiam
Inspecteur de L’Enseignement Fondamental

4 septembre 2014

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Affaire Biram: Déclaration de presse des FLAM (”revisiter l’histoire pour rafraichir les esprits” )

Le camarade Biram Ould Dah Abeïd vient d´être arrêté par la police politique mauritanienne suite à l´incinération d´une certaine bibliographie du rite malékite .  

Si les Flam – mouvement d´avant-garde dans la lutte contre l´esclavage et le racisme d´Etat – entendent se démarquer, nettement et sans équivoque, de l’acte posé par le Président de l’IRA, elles entendent en même temps s’élever, avec force, contre son arrestation et le traitement qui lui a été infligé.  

Cette opinion « publique », manifestement inspirée, qui semble aujourd’hui offusquée, au nom de l’Islam, était pourtant restée silencieuse devant les massacres de musulmans mauritaniens en plein mois de Ramadan !  

Les Flam restent convaincues qu’il faut se refuser à suivre Ulémas et jurisconsultes d’un « Islam » qui consacre l’injustice et l’inégalité entre les Musulmans, et convoquerait une Sharia anachronique, de surcroît à deux vitesses, qui punirait les faibles et les pauvres pour des larcins, et protègerait les riches et les puissants pour les plus grands hold-up!  

Elles appellent les forces progressistes à la vigilance face à l’instrumentalisation de cette affaire par ce régime aux abois, qui cherche à redorer son blason et des arguments pour légitimer et renforcer sa tendance répressive contre tout mouvement de contestation. Le régime vise en fait, par cette manœuvre de diversion, à noyer le poisson, c’est-à –dire à occulter les vrais problèmes que sont l’esclavage et le racisme d’Etat- relancés par cet acte désespéré de Ould Abeïd-, et sur lesquels un débat de fond nous semble aussi indispensable qu’urgent.  

Les FLAM rappellent que les réelles menaces à la cohésion et à l’ unité nationale sont imputables non pas à l’incinération de livres , mais aux injustices et à l’ordre inique institutionnalisés de domination de la vaste majorité noire par une minorité féodalo-raciste.

Elles appellent à la libération immédiate et sans conditions du Président de l’IRA.

La lutte continue !

Stockholm 01 mai 2012

Le département de la presse et à la communication

www.flamnet.info

WWW.FLAMONLINE.COM

 

 

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FLAMNET-RETRO : Mauritanie-Perspective : Problématique de L’unité nationale | Contribution de Samba THIAM- Inspecteur de l´Enseignement et Président des Forces Progressistes du Changement(FPC)

altEn raison du contexte national actuel, flamnet se propose de rediffuser sur sa rubrique ‘’RETROSPECTIVE’’, la contribution à l’unité nationale du président Samba Thiam. C’était dans le cadre d’une invitation à un diner débat organisé par Mauritanie- perspectives  autour du thème « Unité nationale »  Mr  Samba Thiam, Inspecteur d’Enseignement et Président des Forces Progressistes du Changement (FPC),  avait produit cette contribution.

Bonne lecture !

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Je voudrais, avant d’entrer dans le vif du sujet, saluer l’initiative, en même temps, rendre hommage aux initiateurs du projet, de par leur posture d’intellectuel, dont le rôle « n´est pas de plaire ou de séduire mais de porter la plume sur la plaie, de dire  ce qui est ». Un rôle, par-dessus tout, « de vigile, d’alerte au danger, à la manière des Oies du Capitol ». 

Au regard des menaces de péril en la demeure l’initiative est bien venue, opportune plus que jamais, et reflète, par ailleurs, la  sagesse et un patriotisme certain. Je ne puis également ne pas souligner son caractère mémorable et historique. En effet, pour la première fois, dans l’histoire de notre pays,  on choisit  de parler du problème de « l’unité nationale », rien que de l’unité nationale. Directement, frontalement, posée comme  thème  central, sans amalgame…  

La seule petite réserve que je me permets d’émettre ici est relative à la démarche choisie, qui consiste à agencer des thèmes, cloisonnés, que l’on  nous propose de traiter. Or, à mon humble avis, aborder ainsi ces thèmes, de manière isolée, sans qu’ils ne découlent de l’analyse préalable de la problématique générale (l’unité nationale), risquerait de nous mener vers de  fausses pistes, car on les  traiterait à vide, en leur apportant des réponses essentiellement techniques, sans lien  apparent avec la problématique centrale qui, elle, est éminemment politique. Pour me résumer, j’aurais  plutôt suggéré  de définir et cerner  d’abord « la problématique de l’unité nationale », de laquelle découlera  le traitement des thèmes choisis, parce que  les problèmes et disfonctionnements existant, ici et là, dans tel ou tel secteur particulier, résultent, en fait, de cette problématique –cause première –  d’essence politique. Si l’Enseignement est actuellement en dérive et que la justice ne fonctionne pas, ou que la discipline et l’équité  se soient envolées dans l’Armée,  c’est bien à cause des idéologies … 

A  la  réserve plus haut, j’ajouterai une recommandation, nécessaire me semble-t-il, à savoir les dispositions psychologiques à attendre de  chacun des intervenants pour réussir ce débat : esprit d’ouverture et d’écoute, franchise et réelle volonté de chercher et trouver des solutions… 

 Entrons maintenant dans le vif du sujet. 

 Les questions qui surgissent sont du type  quelle  problématique ? Comment se caractérise-t-elle ? Quelles en sont les causes ? Quelle(s) solution(s) s’il en existe ?  

Il  y a un réel «  problème d’unité nationale » ou de cohabitation, incontestablement; L’unité actuelle (bancale, osons le dire) semble menacée de voler en éclats. Pourquoi ? 

L’unité est en danger, en raison principalement, me semble-t-il,  de la rupture du fragile équilibre entre les composantes nationales, au sortir de la colonisation;  Hier nos communautés nationales se partageaient les charges, aujourd’hui une seule composante nationale, un groupe ethnique s’arroge tous les droits, contrôle, voire monopolise, pour l’essentiel, tous les rouages de l’Etat, tous les secteurs de la vie publique, à cause ou  par la complicité de l’Etat. La réalité des pouvoirs  politique, économique, diplomatique, militaire, culturel, social, médiatique, reste aux mains d’une seule composante nationale, excluant quasiment Négro-africains et Haratines ; Cette discrimination -ou racisme d’Etat- ouvertement menée,  suscite, en réaction,  un fort sentiment d’injustice, des frustrations, de l’exaspération , et  par-dessus tout  un sentiment d’inutilité chez les victimes, à leur pays ; or ,  « personne, pas même un saint, ne peut vivre sans le  sentiment de sa valeur individuelle » nous dit  J.H. Griffin . La grande Justice, d’essence politique, que l’Etat est censé garantir et distribuer à tous, a fait place, aux inégalités nombreuses, aux injustices  flagrantes, érigées en Système de gouvernement. 

 Pour illustrer mon propos  Je  citerai  quelques exemples marquants, caractéristiques  de  cette discrimination : 

 Dans  les forces armées et de sécurité le corps de commandement est composé essentiellement d’Arabo-berbères, Négro-africains et Haratines, constituant le gros de la troupe, se retrouvent au bas de la pyramide;  Comme par provocation, la langue arabe vient d’être instituée dernièrement comme langue de cette institution, excluant, de facto, les Négro-africains déjà épurés de la grande muette depuis les évènements de 1986-1990. 

         _ Si nous  considérons le gratin  scolaire, c’est-à-dire nos « grandes Ecoles », comme  l’école des mines, l’école de médecine, l’école polytechnique, l’école de la magistrature et de la haute administration, le Prytanée militaire, l’école des officiers, nous constatons que toutes ces écoles  recrutent à  99 %  dans la composante arabo-berbère. Il faut souligner que la base même de l’exclusion raciale ou du groupe Négro-africain ce sont  les réformes scolaires engagées en séries, qui visent à  imposer et à instrumentaliser la langue arabe, à des fins de discrimination, d’assimilation et de domination. A côté  du  français, langue étrangère face à laquelle  tous les enfants ont des chances égales, on a imposé non seulement la langue arabe, mais on l’a imposé en la fragmentant, en matières éclatées – cinq (5) – affectées  du coefficient deux ou trois (2 ou 3),  pénalisant ainsi exclusivement les élèves négro africains. L’échec massif des élèves et étudiants négro-africains aux examens et concours est imputable, en grande partie,  à  cet état de fait.
 Il est bon de comprendre, comme le rappelait quelqu’un, que l’unité nationale ne se fait pas, forcément autour d’une langue; l’unité se fait lorsqu’on parle le même langage, plutôt que la même langue…
 

                _  Au niveau des médias  il n’y a pas mieux;  pas un seul n’a été cédé à un négro-africain; pis, après  21h-22h  toutes les chaines privées et publiques émettent en langue arabe ou hassanya jusqu’au matin;  une portion congrue est accordée aux langues nationales africaines, et encore  dans des périodes de plus mauvaise écoute ! 

 Pour clore ces illustrations, examinons  la représentativité des communautés nationales au parlement :  

                 _Le parlement mauritanien compte 203 parlementaires (sénateurs et députés confondus); parmi les 203 parlementaires il y’a 150 Arabo-berbères soit  (73 %), contre 20 Haratines et 33 Négro-africains, alors que les deux dernières composantes constituent près de  80 % de la population totale ! Second cas, non moins flagrant de discrimination, entre autres : le Guidimakha – région Sud-compte 20.7000 âmes et la région de l’Adrar  62.000 âmes ; cette dernière est représentée au parlement  par 5  députes et 4 sénateurs alors que le Guidimakha, 3 fois plus peuplé, ne compte que 6 députés et 2 sénateurs.  Où est donc l’équité ?
Je vous fais l’économie des secteurs de la justice, de l’Economie, (banques et entreprises privées et publiques) où certaines composantes sont quasiment absentes; un  enrôlement au dessein obscur, exécuté par des commissions mono-ethniques censées recenser une population pluriethnique; enrôlement qui divise le couple, la mère et l’enfant, octroyant  à l’un le statut de mauritanien, à  l’autre celui d’apatride !
 

Le journaliste Dahane ould Taleb Ethmane, dans une recherche  intitulée « partage régional des hautes fonctions de l’Etat », menée en 1990 (Mauritanie-Nouvelles), affirmait que « l’Etat mauritanien apparait comme un compromis entre les grandes tribus ».  Le chercheur Olivier Leservoisier, dans  « Question foncière en Mauritanie » ressortit des  travaux de Dahane  la part de « pouvoir » attribuée aux Négro-africains dans l’Etat : « pouvoir politique 12%, pouvoir économique 6%, pouvoir administratif 21%, pouvoir diplomatique 12%, pouvoir militaire 15% ». 

Que reste-t-il de ces chiffres  au regard de la réalité  de 2014 ? Rien … 

Au vu de ces  illustrations de discriminations et d’inégalités criantes, nous pouvons affirmer que nos difficultés actuelles de coexistence pacifique  résultent essentiellement de l’absence de justice;  non pas  la justice au sens restreint du terme, mais  la grande justice, d’essence politique comme le dirait Yehdih Bredeleil; celle assurée par l’Etat dans tous ses démembrements. Cette Justice symbolisée par  l’équité, l’égalité des chances, l’égalité des droits effectifs, l’égalité devant la loi  garantie par l’Etat, impartial, sur lequel le faible et la victime peuvent s’appuyer;  l’Etat  – le nôtre – est malheureusement devenu, hélas, l’instrument au service d’un seul groupe ethnique, au service  des  membres puissants de ce groupe ethnique. Le vivre- ensemble doit avoir pour socle et condition le respect de la diversité (culturelle, ethnique, religieuse etc), sinon il ne se justifie pas.  

Souvent, on nous oppose l’argument du nombre (majorité) pour justifier l’ordre inique actuel, comme si la « minorité », pour avoir se droits, devait dépendre de la générosité de la majorité !  

L’une des  sources principales des problèmes d’unité que nous rencontrons  est à chercher dans le  soubassement idéologique de nos dirigeants qui ont  manqué de vision, s’obstinant à  vouloir faire de ce pays un pays arabe, exclusivement, « au mépris de la réalité  factuelle de sa diversité »; s’y ajoute le flou ayant entouré l’usage, sans clairvoyance, des  concepts  d’unité, de nation, d’Etat-nation, à revisiter  … Que voulaient nos pères fondateurs ? Que voulons-nous ? 

Voulons –nous  Unir ou  unifier  nos nations ? Cherchons-nous à construire l’unité ou à faire de l’unitarisme ? 

 En optant pour l’unitarisme  à la place de  l’Unité, l’on  gommait, de facto, toute identité qui n’était pas arabe, afin d’accoucher, au forceps, une « nation » arabe, au mépris de toute identité non arabe. Nos pères fondateurs et leurs successeurs se sont fourvoyés dans l’option du  concept  d’Etat-nation – qui n’existe  toujours pas  – à la place de l’Etat multi-nations, plus adapté à la réalité africaine, fédérateur de la pluralité des  nations, des langues et cultures. Le concept d’Etat-nation est inadapté à la réalité africaine plurinationale, à logique différentielle et segmentaire, selon M  Tshiyembe, l’Etat-nation, rappelle par ailleurs Cheikh  Anta Diop dans « Civilisations ou barbarie »,  suppose au préalable des nations  rendues homogènes par la violence … Ce qui  n’est pas notre cas ! 

En vérité, si notre unité est actuellement mise à mal, c’est parce qu´en réalité, elle a toujours été une unité  de façade, bancale, et qu’elle ressemblait davantage à « l‘unité du cavalier et de sa monture » !  L’explication de notre crise actuelle d’unité  pourrait se résumer  simplement par cette formule triviale : hier  la monture acceptait de subir ce qu’elle refusait, aujourd’hui elle se cabrait  et refusait de se faire monter. C’est aussi simple que ça ! 

 Quelles solutions ? 

 Avant d’exposer mes  propres vues sur les solutions possibles, je voudrais revenir sur  celles évoquées,  ici et là, vis-à-vis desquelles je nourris  des réserves, de fortes réserves… 

 D’abord  « la solution par l’Islam »… 

 Si  l’Islam, comme le prétendent certains, était  un facteur à 100%  unificateur, on n’aurait pas assisté à la naissance de  tous ces schismes  dès sa prime enfance, tout de suite après la disparition du Prophète Mohamed (paix sur lui). 

  J’observe, par ailleurs, que « l’Islam  mauritanien », au regard de ses expressions et  prises de position, de ses silences… est un Islam particulier, à deux vitesses, voire hypocrite … Enfin, à supposer que l’Islam soit  la bonne solution à nos problèmes, où sont les musulmans  pour l’appliquer ? 

Enfin, je récuse cette solution au regard des expériences historiques de l’Inde, du Pakistant, du Bengladesh, de l’Irak et du Soudan qui ont prouvé que le facteur déterminant de la bonne coexistence était, non pas le facteur réligieux, mais le facteur ethnique. 

 Examinons maintenant « la solution par la Démocratie » que soutiennent d’autres courants   

 J’affirme, d’emblée, qu’elle n’emporte pas non plus mon adhésion … 

 En effet, il nous souvient que  la Démocratie de  l’Apartheid n’avait pas éliminé la discrimination raciale et  les bantoustans en Afrique du Sud ;  tout comme la Démocratie made United States –première démocratie du monde – s’était accommodé  de la ségrégation raciale, et  demeure  encore familière du racisme  au quotidien !  Que dire enfin  de notre « démocratie  mauritanienne » qui s’est toujours fort bien accommodé de l’esclavage et du racisme, du déni d’humanité et de citoyenneté ? On voit bien que sous une égalité de principe peuvent se camoufler discrimination ethnique et esclavage ! 

 Ajoutons que la  citoyenneté – socle de la démocratie – contrairement à la vision libérale, ne peut être disjointe de l’ethnicité nous rappelle M Tshiyembe ;  «  La vison  communautariste insiste sur l’impossibilité d’une telle  séparation ». Bref une  citoyenneté, ethno-culturellement neutre, qui impulse et guide, seule, l’individu quand il interagit sur l’espace public, est une citoyenneté   abstraite, une fiction, une utopie  …encore plus  dans le contexte africain. «  La mobilisation citoyenne est bien souvent imparablement culturelle et ethnique »  soutient Souleymane Bechir Diagne. Peut-être, se demandait-il, faut –il penser l’ethnicité comme forme de citoyenneté … 

 Non, la solution par la démocratie ou par l’Islam n’était pas la mienne ; Elle me semblait trompeuse, fallacieuse …Mais si elle devrait malgré tout s’appliquer à défaut de mieux , il faudrait alors qu’elle aie pour  socle des règles pré-établies fondant les modalités de l’unité,  à la manière de la Suisse, de la Belgique, de la Bosnie, du Liban, ou de la Birmanie . 

 Ces réserves étant faites, quelles solutions ?  

* La Solution par les lignes principielles, base essentielle de toute solution juste, viable et durable …  

Si nous devions rebâtir notre unité, construire la bonne unité – la vraie –  celle-ci devra  reposer sur des bases justes, sur les lignes principielles que voici : Egalité, égale dignité, respect mutuel, respect des différences,  partage  équilibré du pouvoir,  justice sociale.  

 Peu importe les solutions spécifiques des uns et des autres, pourvu que ces lignes en constituent le socle.  

 De ces lignes principielles découlera, par voie de conséquence,  une  modification radicale de notre vision de l’unité en cours, une nouvelle redéfinition de l’identité du pays, une  rupture totale d’avec  nos  pratiques actuelles…  

 Voilà pourquoi, pour être en phase avec cette démarche de rupture, nous proposons l’autonomie.  

 Une fois la problématique de l’unité  passée au crible, on s’acheminera  alors vers la  réconciliation nationale  dont le processus se déclinera en trois étapes : 

                                                 – Apaisement du climat social  (par un train de mesures positives d’apaisement, allant dans le sens du règlement global du passif humanitaire et des  effets collatéraux de l’enrôlement, doublé d’un appel fort en direction des organisations anti-esclavagistes à rassurer)  

                                                 – Débat national devant déboucher sur des solutions consensuelles portant sur les grands axes de  réformes  constitutionnelle ( charte de la cohabitation, séparation des pouvoirs,  partage équilibré du pouvoir, droits et devoirs de l’opposition, gouvernement consensuel ou, au contraire , contrôle des actions du gouvernement de la majorité par l’opposition, etc), institutionnelle  (direction collégiale à présidence rotative , observatoire national des libertés et de la cohabitation , etc ) suivront alors, et alors seulement     

         – Les Etats généraux  … (de l’Armée, de l’Education, de la Justice, de l’Administration) 

 Les problèmes sont inhérents aux sociétés et aux  groupes humains. Nous avons les nôtres …  

Nous devons donc replacer notre problématique de coexistence, en dépit de son intensité et de son acuité , dans le cadre de la lutte naturelle entre groupes humains, inscrite  dans l’ordre naturel  et normal des choses, régie par des lois naturelles ( lois de sociologie)… 

 Bien que nos gouvernants aient, par leurs politiques nocives, une large part de responsabilité dans ce qui nous arrive, il n’empêche que des lois  naturelles nous gouvernent, à l’emprise desquelles on n’échappe pas … ; il en est ainsi, selon Ceikh Anta Diop, de la loi–disons  de proximité – qui pose que « lorsque des groupes ethniques partagent le même espace, ils ont tendance, chacun, non pas à assujettir mais à assimiler l’autre » ; une autre  loi stipule que « Lorsque le pourcentage de la minorité augmente la lutte des classes a tendance à se transformer en lutte des races » . Comprendre ces phénomènes  aide à replacer notre problématique dans la  juste mesure des choses. Il existe d’autres lois, telle la loi  de la distance, la loi du phénotype etc,  qui expliquent, à leur tour, la nature des rapports entre groupes humains … 

 Mais il y’a les lois de la nature, et il  y’a la volonté des hommes …  

 Avec une volonté forte, clairement affirmée,  de la  vision, l’on vient à bout de l’emprise des lois, l’on réussit à déplacer des montagnes, à résoudre, en un mot, toute problématique, fut-elle complexe et délicate. Il suffit de  vouloir, car nous dit l’adage, rien, absolument rien ne peut arrêter une volonté sans réserve.  

 Le bon sens nous souffle à l’oreille que l’exclusion est socialement explosive, politiquement corrosive, économiquement mauvaise, alors ressaisissons-nous; faisons comme les Birmans, en nous demandant comment, chacun pour sa part, pourrait contribuer à la grandeur de la Mauritanie.  

 Il nous faut nous ressaisir  …   

La lutte continue !  

 Samba Thiam  

 Inspecteur de l’Enseignement Fondamental   

 Président des Forces Progressistes du Changement (FPC)   

Décembre 2014.

 

 

 

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FLAMNET-RETRO : Interpellation des intellectuels arabo-berbères : par SAMBA

alt‘’ Un pays est d’abord fondé sur une volonté des diverses parties de coexister , de vivre ensemble dans la paix. Sans ce choix et cette volonté c’est une partie perdue ‘’.

‘’… Si l’on ne peut vivre ensemble qu’au prix de l’oppression à l’égard d’une composante, c’est une position pas raisonnable qui , surtout , n’est pas tenable ‘’.

On croirait lire le cas mauritanien … Et pourtant il n’en ait rien !
Il s’agit en fait du cas malien , traité par un mauritanien bien particulier : l’éminence grise du Président ould Abdel Aziz , selon certaines sources , en l’occurrence Yehdih ould Bredeleil qui , à travers un article intitulé ‘’ l’Azawad’’, prend nettement, résolument et légitiment position pour les Touaregs opprimés du Mali …en abstraction totale cependant de sa Mauritanie !

Le plus curieux c’est qu’il ne vient , à aucun instant , à l’esprit de Yehdih que sa description de principe s’appliquait aussi et rigoureusement au cas mauritanien , à travers la difficile coexistence actuelle ! Manifestement il n’a pu se déprendre de ces solidarités grégaires qui souvent nous retiennent ; prisonnier d’une vision partisane et du prisme déformant de la solidarité mécanique, il ne fait ni retour sur soi , ni flexion sur sa propre réalité…Surprenant de la part du grand cerveau !

Cette attitude est assez courante hélas chez un bon nombre d’intellectuels et d’hommes politiques arabo-berbères qui tombent , généralement , dans le déni dès que nos problèmes sont évoqués ! Le mal existe ailleurs et pas en Mauritanie… 
Cette attitude qui interpelle ne serait –elle pas fondée par hasard sur une tentation de vouloir copier le maghreb ? Le Maghreb ( Egypte incluse ) compte , aux dires de Cheikh T Ndiaye, quatre vingt millions de Noirs . 8o millions absents de la superstructure ; des ombres portées … Noirs pourtant assimilés , pourtant musulmans … Vouloir copier ce maghreb -là, pour ceux tentés de le faire, serait , sans aucun doute , une cruelle méprise au regard de la géographie physique et humaine de la Mauritanie …
Cette attitude ou position singulière m’amène de plus en plus à penser qu’un débat interne s’impose au sein de la communauté arabo-berbère, qui devra se déterminer sur le‘’ vivre ensemble’’, préliminaire à tout dialogue inter-communautaire sur la question.

Le nœud du problème , me semble-t-il , réside davantage chez elle que chez les Négro-africains . Les Arabo-berbères veulent –ils vivre avec les Négro-africains ? si oui , sous quelle forme et à quelles conditions ? Dans l’assimilation ou dans le respect des identités respectives ? Dans l’accaparement de tous les secteurs de la vie publique par les uns ou le partage équilibré du pouvoir entre tous ? Au travers de l’unité ou de l’unitarisme ? Une clarification à ces niveaux s’impose à l’élite qui devra se parler , la minorité courageuse des Justes débattre avec la majorité silencieuse qui assiste, sans rien dire, au mensonge triomphant , au péril montant … Ils devront se parler afin de nous éviter de continuer de tourner en rond , de vivre sans cesse des crises sans fin, de nourrir un pessimisme chaque jour plus accusé sur notre commun devenir .

Initier et parrainer un tel débat interne au sein de la communauté arabo-berbère voilà, pour les segments actifs de la Société civile , un chantier urgent, porteur et autrement plus important que tous ces ateliers autour de questions, parfois sans diagnostique et sans débat de fond .

Enfin les amis et partenaires internationaux de la Mauritanie devront comprendre que ‘’la Mauritanie sans cohésion interne,’’ est porteuse de tous les dangers que leur ‘’tout- sécuritaire ‘’ ne pourrait juguler…La Mauritanie d’abord !
 “Si l’on ne peut vivre ensemble qu’au prix de l’oppression à l’égard d’une composante , c’est une position pas raisonnable qui , surtout , n’est pas tenable ‘’.

 

La lutte continue!

Samba Thiam président des FPC

 
 

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FLAMNET-RETRO : L’Unité questionnée ! (pour pasticher Mint Aïnina ) | par Samba Thiam

altL’arrestation à Dakar, récemment, de l’aide de camp du capitaine Dadis kamara après sept (7ans) de cavale,  va redonner espoir aux victimes guinéennes de voir enfin leurs bourreaux derrière les barreaux.  

L’évènement réveille ou relance d’une certaine façon, par effet- miroir, la question du ‘’passif humanitaire’’ et par delà, celle même de notre Unité nationale avec du plomb dans l’aile , bien mal en point…

En effet l’esclavage -par-dessus tout-, la question culturelle et celle du ‘’passif humanitaire’’ constitueront des boulets à nos pieds, un obstacle  majeur à notre cohésion et à toute réconciliation nationale, si elles ne sont pas correctement résolues .

La question du passif

L’on se souvient il y a quelques années le Maroc  entamait sa réconciliation nationale par la justice transitionnelle…

La Tunisie et la Guinée Conakry , à leur tour , viennent de s’engager dans cette voie .

Si la Tunisie remonte à plus haut dans l’histoire et traite  la période comprise entre 1955 à 2016, la Guinée, elle, se limite pour l’instant, à  ‘’ l’évènement du 28 septembre ’’, survenu en 2009  sous Dadis Kamara Président de la junte militaire putschiste. 

Nous avons encore en mémoire la commission Vérité et Réconciliation de l’Afrique du Sud post- apartheid , puis les  cas du Chili  et de l’Argentine derrière nous , et  pour l’essentiel  résolus…

Nous le constatons , ces pays ont tenté , chacun à sa manière, de panser leurs blessures, de trouver la catharsis nécessaire pour ressouder le lien déchiré entre citoyens .

 Partout  il souffle un vent du changement, de réconciliation, partout sauf chez nous où l’on s’enfonce  dans la  fuite en avant, à travers dénis,  dénégations et négation …

Pendant qu’ailleurs on tente de retracer  le cours du passé douloureux , de retrouver les places où sont ensevelies à la sauvette les dépouilles des victimes, notre chef de l’Etat, lui, choisit de rouler des veuves, de barrer la route à toute investigation, d’effacer toutes traces de fosses communes en rasant les repères, d’intimider ou interdire toute  manifestation ou acte de souvenir de ces évènements. Aussi croit- il , ainsi , naïvement, gommer des  mémoires, ces tragédies de 1986 à 1992 . C’est peine perdue car elles resteront à  jamais gravées dans nos mémoires. Si en Guinée on parle de 150 morts dans un stade, de dizaines de femmes violées et de disparues, ce qui s’est produit en Mauritanie pendant cette terrible période est sans commune mesure… Ce fut un véritable génocide,  planifié !

 

La question culturelle

Aujourd’hui chez nos voisins du Maghreb l’élite arabe au pouvoir, après des années de crispation , a décidé de reconnaître l’existence du peuple berbère par l’officialisation de la langue et culture berbère. Le Maroc en fut  le pionnier, l’Algérie, pétrie de nationalisme à fleur de peau, après moult hésitations, vient de suivre . Elle s’ouvre même, en ce moment , à un débat entrain de prendre corps  qui porte à la fois et sur le rôle et la place de la langue Française dans le système éducatif algérien et sur la nécessité de‘’ découpler la  langue arabe du conservatisme religieux ’’( A Dourari) pour lui restituer sa capacité, autrefois, à produire le savoir –aujourd’hui perdue-.

Chez nos voisins tunisiens le débat va plus loin ; il questionne voire remet en cause  l’identité arabe du peuple tunisien, à l’origine  un melting-pot constitué de grecs,  de romains, de Turcs , de Français , de  berbères, de Noirs  et d’arabes .

Là où, pour baliser l’avenir, nos voisins maghrébins marquent un temps de pause pour évaluer et réfléchir, les mauritaniens, à travers l’aile la plus chauvine,’’ hystérisent’’ le débat dès que les  questions sérieuses  sont abordées…

  Plutôt que de s’attaquer aux problèmes de fond on nous distrait avec des broutilles comme le bricolage du drapeau ou des chansonnettes sur la résistance…

Pendant que d’autres se penchent sur la revalorisation et le développement des langues maternelles en vue de l’apaisement identitaire, notre élite et nos gouvernants se refusent à toute évaluation, à tout examen sérieux et lucide de la situation passée et présente pour, obstinément, poursuivre le projet d’assimilation de la composante non arabe du pays, perçue comme une menace à la pérennité du caractère arabe (décrété) de la Mauritanie !

Les désastreuses et dangereuses pratiques politiques au plus haut niveau de l’Etat, le silence général de l’élite sur ces questions de fond, l’inaction déroutante des plus concernés , tout porte à croire que nous agissons comme  si nous ne  voulions pas que ce pays change, positivement ; comme si  nous refusions d’avancer pour entrer de plain pied dans le concert des nations modernes !

Enfin , un dernier paramètre, sous-jacent, qui entrait en jeu et constituait  l’obstacle le plus sérieux  à la cohésion nationale et au changement – à la base même de tous les autres  facteurs- : le complexe aryen , inavoué, de race supérieure qui sous-tend sournoisement nos rapports inter-communautaires .

Pouvons nous continuer dans cette voie sans risquer grandement de mettre en péril notre devenir en commun, si toutefois ce  ‘’devenir en commun’’ – ou volonté de vivre ensemble- est  partagé ?

C’est toute la question qui interpelle chacun de nous et à laquelle il faut  bien répondre

 

Samba Thiam  

 Inspecteur de l’Enseignement Fondamental   

Président des Forces Progressistes du Changement (FPC)  

28 Décembre 2016

 

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