Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Le discours de Ouadane, par Samba Thiam, président des FPC

J’ai lu le discours de Ouadane. Il ne me parle pas ; il ne nous parle pas. Décrypté, il semble plutôt s’adresser aux haratines -Abeid, mais en filigrane, par circonlocutions, sans oser nommer les choses; sans oser nommer l’esclavage et ses séquelles, à l’origine “des préjugés et stéreotypes” qui frappent cette composante.

Il s’adresse aussi aux Arabo-berbères, comme le fit toujours ould Ghazouani en mettant le doigt sur la résurgence du tribalisme, pointé comme un mal pour la cohésion “nationale”. A aucun moment il ne parle de discriminations ou de racisme d’Etat, dont souffrent les négro africains, tous les jours.

Le président finit par poser que “l’état continuera à préserver la dignité, la liberté, et l’égalité des citoyens”. Mais égalité signifie égalité des langues et cultures, égalité à l’école et dans l’accès à l’emploi et à la promotion sociale, égale dignité surtout !

Or les écoles spéciales et les écoles d’excellence- symboles à outrance des discriminations ethniques et raciales- continuent de fonctionner après ses deux ans de mandat; la promotion récente des officiers pilotes ou des commissaires de police, puis chaque conseil des ministres, avec son lot de nominations, illustrent le contraire.

Le Président ajoute, plus loin dans son discours, “qu’il n’instituera aucun privilège sur la base d’une appartenance quelconque autre que l’Etat”; affirmation formellement controdite par les faits , au quotidien, dans tous les démembrements du gouvernement. A la tête de chaque institution créée, fut-elle la plus insignifiante, il faut un arabo-berbère – loi non écrite en application depuis les purges ethniques de ould Taya- .

Ce Président, en fait, toujour émet des vœux, ruse et use de slogans, sans jamais poser des actes forts, concrets, plus susceptibles de convaincre … Et l’on sait que la courtoisie toute seule ou la ruse tout court ne suffit pas pour gouverner.

L’Opposition doit, courageusement reconnaitre , que la seule difference entre ce commandant en chef et le précédent réside dans la courtoisie, la civilité, le côté avenant du personnage; dans la méthode de l’un et l’autre, à oser et assumer… Pour le reste rien a changé. Tous les deux sont guidés par la préservation du Système ; tous les deux restent mûs, par la même idéologie, plus ou moins. S’ajoutent à ce tableau le dossier des terres toujours pendant, ces répression brutales de manifestants pacifiques toujours en pratique , puis ces lois liberticides, récemment votées, qui conduisent , sans le dire, au culte de la personnalité.

Non, l’Opposition doit avoir l’honnêteté de reconnaître que sur le plan des attentes c’est la désillusion , la déception… Rien est mené fermement, rondement, assumé courageusement; on observe toujours un louvoiement, des hésitations sur les grands dossiers. Le Pouvoir dit s’attaquer à la corruption, et l’acte posé en conséquence, immédiatement par lui, a été de dire qu’il accroîtra le personnel du Contrôle d’Etat…Quel rapport ? il y a des dossiers tout ficelés qui n’attendent que d’être ouverts !

Dans la même foulée, le ministère de l’Education nationale, pour redresser ce secteur en déliquescence, se propose de recruter près de 2000 Enseignants. Mais recruter sans corriger les dysfonctionnements structurels majeurs ,pour ne pas dire l’anarchie générale qui y règne, recruter sans assainir au préalable, n’est-ce pas rajouter l’anarchie à l’anarchie ? La priorité est ailleurs, dans la mise en place des mécanismes pour installer l’ILN et démarrer l’enseignement des langues nationales! Par ailleurs -soit dit en passant- injecter 3 milliards d’ouguiyas dans des zones arides, sous-peuplées , pour quel rendement ?

Dernière chose pour finir, j’ai noté cette fois un silence complet, assez parlant, sur les perspectives des concertations-dialogue. Assez parlant, si l’on recoupe ce silence avec les omissions précédentes … Non, l’Opposition doit ouvrir les yeux et cesser de tenir au dialogue plus que la partie en face. Sans une volonté politique clairement affichée ou lorsque la partie adverse n’en voit pas l’impérieuse nécéssité et les enjeux, à quoi bon ?

Non, l’Opposition doit admettre qu’elle s’est trompée et oser tirer, courageusement, les conclusions qui s’imposent…Il y a risque d’être menée en bâteau, à la remorque d’un agenda qui, certainement, ne servira pas ses intérêts …

Samba Thiam
Président des FPC.

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Discours du 28 Novembre du President Ghazouani, radioscopie !

Discours du 28 Novembre du President Ghazouani, radioscopie ! J’ai lu le discours d’anniversaire du Président de la république..J’avoue être resté sur ma faim, une fois de plus. J’attendais quelque chose de solennel , de grande portée qui ressemblerait à une annonce qui pose une vision… J’avais espéré un discours du genre , je vous ai compris : ‘’ je reconnais qu’une minorité accapare les ressources et les richesses nationales au détriment de la majorité qui souffre ; je vous promets d’y mettre fin ! Je perçois à sa juste mesure la gravité de la tension sociale et de la fracture dans notre vivre-ensemble ; je m’engage à y faire face, résolument, afin que chaque communauté, chaque citoyen se sente pleinement mauritanien . Je m’engage à mettre fin tant aux pratiques népotistes qu’au désordre général et à l’impunité . Plus jamais des jeunes , des hommes et des femmes ne se verront molestés parcequ’ils ont manifesté, pacifiquement , pour réclamer leurs droits ’’ .Voilà ce que j’aurais aimé entendre .Mais rien de tout cela . Rien sur la question des terres -objet de tensions vives-, rien sur l’esclavage traitée avec complaisance , rien sur la souffrance des populations qui croît chaque jour que Dieu fait. A la place , un bilan sans épaisseur ni couleur , presque chétif ,décliné, comme par excuses , apparaissant , sur bien des plans, sous forme de vœux ou de promesses . Des réalisations plutôt sociales, des perspectives dressées, certes , mais abordées d’une manière décousue , portant sur des aspects sectoriels , sans lien…Je crois , pour ma part , que le Président passe à côté de l’essentiel … Même sur les dossiers qu’il aborde frontalement , telle la lutte contre la corruption , il y a à redire… Ainsi parle-t-il ‘’ d’instaurer la bonne gouvernance et de lutter contre la corruption’’. Notez la conjonction de coordination ….qui laisse supposer que le rapport , profond, entre les deux termes semble échapper …Il parle de cette lutte contre la corruption sans le ton de fermeté nécessaire et pire , réduit la portée de la mesure par un mauvais message envoyé simultanément : ‘’il ne faut pas transformer cette lutte contre la corruption en un règlement de comptes’’. C’est la brèche ouverte qui tempère non seulement la portée de la décision que les filous ne manqueront pas d’exploiter, à fond, pour se protéger, mais qui, surtout , risque de gener les limiers , scrupuleux ou frileux de se voir accusés de partis pris … Bref, la mesure donne l’impression d’être prise, juste pour faire semblant , comme d’habitude , mais sans grande conviction …Au juste , pendant qu’on y est , pour convaincre les sceptiques et rassurer sur le sérieux de l’intention, pourquoi ne commencerait-on pas tout de suite avec ce qui est avéré, dans un passé récent , être de l’argent blanchi, massivement , ou issu de corruption ou de détournement des déniers publics ? Qu’est- ce qui empêche l’exploitation immédiate des derniers rapports de la Cour des Comptes ?Parce qu’il manque de vision d’ensemble , le Président se trompe manifestement de diagnostic sur bien des secteurs … Ainsi, ce n’est pas tant l’indépendance judiciaire qui est en cause, que le matériau ; Ce qui est en cause c’est le manque de sérieux dans ce que nous faisons , le goût, perdu, du travail lui même et du besoin d’ordre, l’absence de scrupules de conscience torturée, c’est tout cela qui a déserté nos administrations ! Il ne perçoit pas , toujours , que c’est le tout qui s’est écroulé , dont le secteur Judiciaire, de la Santé et de l’Education . C’est l’Etat , lui-même, qui est devenu déliquescent ou qui n’existe plus, pour reprendre Isselmou . Il perd de vue qu’il faut, pour redresser les choses , redresser tout l’ensemble en même temps …sinon c’est peine perdue !Je note, enfin, dans ce discours que le Président est, à nouveau, revenu sur le climat d’apaisement ayant prévalu et permis la gestation de l’initiative pour des concertations ; ce climat s’est manifestement évanoui maintenant avec la série de répressions de ces derniers temps qui se sont abattu sur des manifestants pacifiques. Il qualifie ce ‘’dialogue’’ en perspective d’inclusif et sans tabou , mais passe sous silence , à nouveau , le sort réservé aux conclusions qui en découleraient. Omission importante pour ne pas dire capitale qui , pour se répéter, fait tout de même tiquer…

Samba Thiam

29 novembre 2021.

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Commémoration du 28 novembre : déclaration de presse des FPC

Le 28 novembre ne pourra plus jamais être, pour tous, ce jour d’optimisme symbolisant la renaissance à la dignité et à la liberté du peuple mauritanien tout entier. Depuis le 28 novembre 1990, ce qui aurait dû rester un grand jour- symbole de notre libération du colonialisme français s’est transformé en un Jour de douleur, de deuil, de grande tristesse pour toute la communauté négro-africaine, et en particulier pour toutes celles et tous ceux qui ont perdu des êtres chers.

En effet, le 28 novembre 1990, le pouvoir arabo-berbère, symbolisé par le régime du Colonel ould Taya, fait pendre, de sang-froid par leurs frères d’arme, 28 soldats noirs mauritaniens, pour fêter le trentième anniversaire du pays ! Ils ont été pendus pour célébrer l’arabité exclusive de la Mauritanie, en solidarité avec l’Irak de Saddam Hussein, et parce qu’ils étaient noirs et non arabes.

Depuis, ils gisent dans la solitude des fosses anonymes. Depuis, ils attendent des sépultures décentes…

Par devoir de mémoire et par exigence morale, nous Forces Progressistes du Changement ( FPC), demandons à toutes celles et à tous ceux qui aspirent à l’unité de notre pays – la Mauritanie- à ceux qui croient au respect des droits humains, d’avoir, en ce jour, une pensée pieuse de recueillement pour ces victimes du racisme , du chauvinisme et de la barbarie humaine .

Nous Forces Progressistes du Changement ( FPC) , exigeons du gouvernement mauritanien actuel qui tente par des artifices de solder ce dossier :

– La restitution des dépouilles des pendus du 28 novembre 1990 à leurs familles,

– L’application du devoir de vérité , du devoir de justice , du devoir de mémoire , des réparations matérielles et morales pleines et entières ; au bout du processus la nécessité du pardon .

La Paix des cœurs et des esprits, pour une véritable réconciliation nationale, passe nécessairement par là.

La lutte continue !

Nouakchott le 27 novembre 2021.

Le département de la Communication

www.flamnet.info

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Dialogue politique : L’opposition à la recherche d’une position harmonisée

Dans la perspective du dialogue politique, des partis de l’opposition se sont retrouvés, le dimanche 20 juin au siège des Forces Progressistes de Changement (FPC). Initiée par le parti de Samba Thiam, cette rencontre viserait, selon une source, à explorer la voie la meilleure pour aller unie, au dialogue. Pour ce faire, le RFD, l’UFP, Tawassoul, APP, RAG, UNAD, SAWAB, CVE et CVE/VR devraient faire une appréciation de la situation actuelle du pays en vue de l’harmoniser. Il faut rappeler que les partis politiques de l’opposition avaient mis en place, il y a quelques mois déjà, une commission et concocté une feuille de route. Depuis lors, les choses sont restées au point mort. Des sources concordantes renseignent que le président de la République, dont le parti était occupé à des missions à l’intérieur du pays, s’apprêterait à lancer une série de concertations avec les partis politiques en vue de la tenue du dialogue.

La question que l’on se pose est de savoir si ces concertations seront séparées ou groupées. Dans un cas comme dans l’autre, l’opposition doit se préparer pour parler d’une seule voie face à la majorité présidentielle.

Au terme de cette rencontre, les partis se sont promis de se retrouver pour poursuivre les discussions en vue de dégager une position commune.

le calame

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Samba Thiam, président des Forces Progressistes pour le Changement (FPC, non reconnu) : ‘’La rencontre avec le Président aura surtout permis de communiquer quelque peu, de se jauger, voire se juger, sans plus …’’

Le Calame: Le président Mohamed Cheikh El Ghazwani préside aux destinées de la Mauritanie depuis bientôt deux ans. Vous l’avez rencontré récemment et en sortant vous avez écrit que la glace est brisée. Faudrait-il comprendre que vous avez trouvé chez lui, une oreille sensible aux préoccupations des FPC, de ses militants et de tous ceux qui se sentent marginalisés par le « système », comme vous le dites ?

Samba Thiam : Non, pas jusque-là. Ce que j’ai voulu dire c’est que le mur de préjugés dressé entre nous par l’effet de  toute une campagne de diabolisation menée  contre le parti FPC et  son leader  est, me semble-t-il , tombé;  à tout le moins amoindri quelque peu. C’est, en tout cas, l’impression que j’ai eue en fin d’entretien. Juste une impression … Il faut se rappeler que j’ai été, parmi les acteurs politiques, le dernier à avoir été  reçu à la Présidence ; ce qui, je crois, est à mettre  sur le compte d’une querelle  de clans ou de factions dans le sillage du pouvoir, les unes favorables, les autres  hostiles … Ce que j’ai voulu exprimer, en fait, sur le sens de cette entrevue, c’est qu’il  s’est plutôt agi d’une découverte des personnalités respectives ; chacune dans sa  perception  des choses, chacune dans son tempérament, en somme, une sorte d’échange sur soi, comme  pour mieux se découvrir… Bref cette rencontre aura surtout permis de communiquer quelque peu, de se jauger, voire se juger, sans plus …

-Le dernier remaniement ministériel a été l’occasion, une fois de plus, de  dénoncer la « marginalisation » de la communauté noire du pays (négro-africains et Haratines). Quels sont les éléments constructifs de cette marginalisation ?

Des fois, par lassitude de voir ces discriminations s’égrener, interminables, je me dis  à quoi bon ? A quoi bon répéter la même rengaine sur leur dénonciation? Mais une voix intérieure, toujours, retentit pour dire : ’’ surtout ne pas lâcher, ne pas céder, quoi qu’il coûte … On cherche à  vous avoir à l’usure…’’.

Sur ce, je dois, avant tout,  m’insurger contre le terme de ‘’ marginalisation’’ que vous employez qui, à mon avis, est  impropre à rendre compte de notre situation actuelle qui se résume à un présent amer et  un horizon  incertain, car il traduit un stade dépassé des années 70. Il faudrait plutôt parler d’exclusion totale voire  de liquidation … A partir de la période post-évènement (86-92), le racisme d’Etat a pris des proportions et une ampleur qui fait dire qu’il ne s’agit plus d’une discrimination ordinaire, mais de liquidation pure et simple  de la communauté négro-africaine, à tous les niveaux . Et ça se poursuit. Vous avez observé ces dernières nominations en conseils des ministres et toutes ces promotions, de l’Ecole des Instituteurs à l’Université en passant par l’ENS, toutes monocolores… On ne se gêne même plus ! Après l’atelier organisé récemment sur la diversité par la HAPA, au cours duquel le Président de cette institution alertait  sur le déséquilibre dans le traitement des langues nationales dans les médias publics et privés, voilà, curieusement, ce même  responsable  qui attribue, ces jours-ci, deux médias rien qu’à  des arabo-berbères…comme par défi ! Incohérence ou démagogie ? Probablement la démagogie … La société civile et la classe politique observent tout cela sans rien dire, et tous ces intellectuels arabo-berbères, pour l’essentiel, qui ne semblent pas même s’en offusquer, outre mesure ! Si c’est cela le ‘‘programme du président de la République sur l’Unité nationale ‘’, alors nous ne pouvons y souscrire, car cette unité-là  n’est rien d’autre que ‘’ l’unité du cavalier  et de sa monture’’. Nous n’en voulons pas !

Les origines de ce  racisme d’Etat sont à  chercher à la fois et dans l’idéologie suprémaciste sous-jacente  de race ‘’aryenne’’ et dans des peurs, enfouies, que rien ne justifie. Une  vidéo a circulé ces derniers temps dans les réseaux sociaux, où un journaliste arabo-berbère demandait à deux touristes  Blancs leurs impressions sur la Mauritanie : ceux-là, en toute innocence, répondirent :’’ La Mauritanie c’est comme le Sénégal ! ‘’ –entendez … noire comme le Sénégal’’… Tel est  ce que les chauvins perçoivent ‘’comme un péril’’, et qui  justifie, à leurs yeux,  ces  politiques stupides de contrôle systématique de tous les leviers  et rouages de l’Etat par une seule composante nationale… La raison nous dit  que  cette parade est absurde et  ne conduisait nulle part, au regard de l’expérience historique d’autres pays.

-L’expropriation des terres de la vallée constitue une préoccupation majeure des FPC. Quelle est votre réaction aux propos du ministre de l’économie et des secteurs productifs qui a annoncé que l’Etat fera appel à des investisseurs privés, via la Banque Mondiale, pour exploiter ces terres parce que les mauritaniens n’en seraient pas capables tout seuls ?

Oui, l’expropriation des terres de la vallée constitue, entre autres, une préoccupation centrale des FPC, et ce d’autant plus que nous avons presque tout perdu ;  c’est le  dernier  carré qui nous reste. Et si d’aventure,  par pusillanimité, nous nous hasardions à perdre  ces terres, à leur tour, alors il ne nous restera plus qu’à nous écrier, comme ces  dames noires -uniques résidentes rescapées d’un petit village de Turquie – : «  Ils nous ont tout pris…il ne nous reste plus que la couleur de notre peau ! » 

Lorsque  nous nous arrêtons un instant sur certains segments du propos du  ministre sur la question, ministre dont on ne peut douter du patriotisme  , ‘’-pour avoir sacrifié  bien des avantages financiers et matériels personnels  afin de  se mettre au  service de  son pays’’-, force nous est tout de même de   reconnaître  qu’ils appellent des remarques et soulèvent un tas de questions, toutes légitimes .

 « Associer les populations, créer des emplois, attirer le privé national et international pour valoriser nos terres », est en soi excellent. Mais sous quelle forme, à quel prix et dans quelles  conditions ? Autant de questions dont les réponses, claires et officielles,  attendues et souhaitées, au plus vite, permettraient de voir plus  clair  … On dit souvent que le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions et que le diable se cache dans les détails…

Sur les emplois  évoqués par exemple,  se traduiraient-ils par la mutation de ces paysans en  ouvriers agricoles sur leurs propres terres ?  L’enjeu, alors, n’en vaudrait pas  la chandelle. S’il  y a, ensuite, ‘’  gâchis’’ comme dit le ministre, que ces terres soient laissées en l’état, depuis toujours, à qui la faute ?  Certainement pas aux populations, délaissées par un Etat qui préfère, par chauvinisme, appuyer des hommes d’affaires spéculateurs qui voient leur ardoise effacée, au détriment  des paysans qui ployaient  sous des charges et redevances multiples, et qui ne cherchaient qu’à s’en sortir. A qui la faute si l’Etat, par idéologie chauvine, s’est toujours refusé  à faire de ces paysans  des entrepreneurs,

Par ailleurs, est-il possible, à tout le moins souhaitable, de tenter de mener à bien ce projet dans un  climat inapaisé, pollué par des  contentieux fonciers non purgés ? Rappelons, au passage, les termes de la  lettre adressée aux Gouverneurs et Préfets par feu Gabriel  Cymper, ministre de l’intérieur, : ’ ’Au plan social ,vous vous garderez d’accorder des autorisations à titre précaire à des collectivités  traditionnelles pour éviter toute confusion pouvant perpétuer  la situation à laquelle la loi a voulu mettre fin, à savoir l’existence d’un droit qui ne se rattache ni à une personne morale, ni à une personne physique.’’ 

Je n’ai entendu nulle part  dire que cette lettre n’était plus de référence, ni que la  réforme foncière scélérate  qui la suscita avait cessé de considérer les  terres de  la vallée du fleuve comme relevant du  ‘’ domaine national’’ et celles  d’Atar …des Atarois !

Question clou,  est-il, par ailleurs, lucide de penser qu’un Système qui s’est, jusqu’ici, attelé  à  exclure, déposséder, à tour de bras,  négro-africains  et  haratines sur tous les plans, puisse, en toute logique, épargner leur dernière possession que sont ces terres de culture ?

 L’expérience désastreuse menée au Trarza, pendant et après les années de plomb, que la Banque mondiale, abusée, avait accompagnée, à travers la  réforme foncière scélérate -à deux vitesses-de 1983, et qui s’était traduite  par des dépossessions massives  de terres, l’encerclement de villages par des périmètres agricoles, cette expérience douloureuse donc est encore dans les mémoires . En 1988, aux dires de  Leservoissier,  il y avait  sur 20.000 ha  aménagés, cédés au  privé mauritanien, avec seulement  6000 qui furent cultivés ; la plupart des éléments du Privé voulaient juste obtenir la terre à des fins de spéculation’’. Cette réalité demeure … Bref, ce fut, au bout du compte, une spoliation tous azimuts  des paysans négro-africains.

Voilà, me semble-t-il, qui explique la posture de réserve légitime des populations et cadres de la vallée du fleuve face à la nouvelle initiative. Ces populations n’avaient aucune  garantie que l’Etat chauvin – qui traitait différemment ses citoyens jusqu’ici –  ne ferait  pas  main basse sur leurs terres ;  aucune, pour l’instant, que  la parole d’un ministre, tout patriote qu’il soit … Il ne faut pas que l’indulgence pour les larrons  l’emporte sur la pitié des crucifiés, disait A. Mbembe.

Le Syndrome Mame NDiack est encore vivant dans les esprits…

Autre question, non moins troublante, pour clore ce chapitre : peut-on, raisonnablement, croire à l’applicabilité de la transparence à laquelle semble attaché Monsieur le ministre, dans un environnement administratif fait d’anarchie et de résistances sourdes à tout changement de pratiques ? Lui laissera-t-on la liberté de manœuvre, avec un Système fossilisé et des lobbies réfractaires à tout changement ?  Le ministre de la santé- Nedhirou- qui s’y était essayé, malgré toute sa bonne volonté et toute l’énergie déployée, en a fait les frais !

Je doute, pour ma part,  qu’une réforme, de quel que secteur que ce soit, puisse aboutir, sans que dans  un vaste mouvement d’ensemble, impulsé d’en haut, tout  se redressât en même temps …

C’est peut -être pour moi –Président des Fpc – l’occasion de rappeler, ici, notre  projet, ficelé,  et tout réfléchi  et qui – s’il  peut servir- se décline ainsi :

Pour les FPC, la prise en charge des terres de la vallée du fleuve, pour être efficiente, devra s’inscrire dans une réforme globale, territoriale,  administrative, plus juste. Il s’agira, pour limiter les antagonismes et baisser les tensions, de découper le territoire en quatre grandes régions, à vocation naturelle, fonctionnant sur la base d’une Décentralisation réelle, poussée, -que nous appelons Autonomie-. La région no 1, ce sera le Trarza, le Brakna et le Tagant; la région no 2, le Guidimakha, le Fuuta et le Waalo;  la région no 3, l’Assaba et les 2 Hodhs, la quatrième région, l’Adrar et le Tiris. Nouakchott et Nouadhibou auront un statut particulier. Une réforme foncière à caractère national, plus juste, qui  s’articulera sur  au  moins  deux  axes : la reconnaissance et l’affirmation du droit de propriété au sens large. Dans la vallée du fleuve, dont la vocation naturelle est l’agriculture, l’accès égal à la terre pour  tous les autochtones sera de mise ; le redécoupage  des zones de culture  se fera en paliers : La Zone du Waalo reviendra aux populations locales, toutes confondues, le moyen Dierri (12 km au dessus du fleuve ) sera affecté aux hommes d’affaire nationaux et régionaux , le haut Dierri ( 20 km au dessus) sera attribué aux  investisseurs internationaux -à grand capital. Tout ceci, bien entendu, dans le respect strict des espaces vitaux des villages et l’aménagement de couloirs de parcours pour le cheptel. Il faut certes ouvrir la vallée du fleuve au capital international, mais sans omettre  toutefois  de donner   également  aux paysans l’opportunité et  la possibilité  de se muer en entrepreneurs…

Où en est-on avec les préparatifs du dialogue politique dont les échos semblent s’estomper ? La gestion du dossier d’Ould Abdel Aziz serait-elle beaucoup plus urgente pour le gouvernement que ce conclave politique ?

En toute honnêteté je ne saurais  vous répondre…La chose semblait engagée tambour battant, et tout d’un coup, paff ! Comme si on passait à autre chose…Les mauritaniens sont surprenants ! Nos initiatives sont généralement comme nos lois… qui ne durent qu’un instant, faîtes pour quelques jours, au plus pour quelques semaines. Il faut dire que ce projet de dialogue avait aussi ses détracteurs qui ont peut- être remporté cette  manche …Aidés en cela -il faut se l’avouer- par un commandant en chef  qui n’avait que très peu marqué son  enthousiasme … Mais attendons encore un peu, l’UPR, semble-t-il, est en conclave; nous verrons bien …

Que la gestion du dossier de Abdel Aziz  soit perçue comme prioritaire, pour être source d’inquiétude voire de désarroi, ça se peut. Mais même là, il y aurait à redire sur une stratégie du silence opposée à un adversaire, retors, qui ne reculait devant rien , excellait  dans l’art de semer la confusion, et à qui, de surcroît, on laissait les coudées franches, au risque de perdre l’opinion  …Comprenne qui pourra !

– L’insécurité atteint des proportions plus qu’inquiétantes à Nouakchott et pour y faire face, le gouvernement a lancé un projet dénommé “système de sécurité publique et de surveillance de Nouakchott’’ financé par la Chine à hauteur de 20 millions de dollars. Quelle appréciation vous en faites?

– « Il n’y a plus d’Etat  depuis la réorganisation judiciaire sous Haidalla…qui procède à une réforme qui prend la Charia islamique comme source du droit et intègre automatiquement les cadis et même leurs secrétaires dans le corps des magistrats ‘’ », dixit Isselmou ould Abdel Kader dans son ouvrage -Où va la Mauritanie. Il ajoute plus loin : ‘’ les réformes de la justice, de l’Administration et de l’Education nationale permirent le recrutement de milliers de nouveaux fonctionnaires qui n’avaient jamais connu un enseignement approprié auparavant. Des magistrats qui n’ont jamais entendu parler de procédure {…}, fin de citation. ( Faire de la place ‘’aux autres’’ , disait Moktar…).

Avec un tel tableau – sans éducation, sans justice,  et cette impression de navigation à vue – vous voulez espérer vivre dans un environnement urbain sécurisé ? Jouir de sécurité dans un climat  de désordre général ? Mais, à tout peser, pour être juste, lui offrait-on des perspectives d’avenir à cette jeunesse  qui  troublait et  notre sommeil et  notre quiétude ? La stratégie apparemment choisie pour lutter contre cette sécurité laisse rêveur…pour traquer  des bandits à coups de sirènes …

Cela étant, je suis quand même  vraiment gêné d’apprendre que  même pour notre sécurité urbaine, il nous faut faire appel à l’aide  extérieure ! Triste  attitude de main tendue permanente. …Pauvre l’Afrique !

– Quel est l’état de vos rapports avec l’autre CVE ? N’avez –vous pas scellé un rapprochement à travers une contribution commune, en perspective du dialogue ?

-Nous essayons de garder de bons rapports, à tout le moins des passerelles de communication, car, après tout, nous ne sommes pas des ennemis, que je sache…. Pour ma part, je suis de ceux qui pensent qu’il faut savoir  garder  la juste mesure des choses et  l’esprit  lucide  face aux enjeux qui l’exigent, par moment…

Quant à l’action  commune en perspective  du dialogue, oui, nous nous y attelons, tant avec la CVE qu’avec l’Opposition en  général. Nous tentons, en effet, de plancher sur  une plateforme commune, si minima soit-elle.

                               Propos recueillis par Dalay Lam

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