Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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FLAMNET-RÉTRO : OUALATA: LA CASSETTE AUDIO DE ALASAN UMAR BAH Par Ibraahiima Abuu Sal -Historien-chercheur-rescapé de la prison de Oualata

altLe jeudi 26 août 1988 à 15h 05 mn est décédé le Maréchal de Logis chef de la Gendarmerie Alasan Umar Bah dans la grande salle de la prison mouroir de Wâlata où étaient parqués des FulBe et des Wolof de la mouvance nationaliste qui lutte contre l’hégémonie Arabe et le racisme en Mauritanie. «Laa i laaha illallaah, AlasanUmar yehiii» («Laa ilaaha illallaah , Alasan Umar est parti») a crié une voix. Tout le monde s’est précipité, certains en récitant des versets du Qoran, près du corps qui venait de rendre son dernier souffle après avoir protesté de sa dernière plainte.
 

Depuis que nous étions arrivés à Wâlata le 11 décembre 1987, la plupart avait remarqué la discrétion et le stoïcisme de Alasan Umar. Il était arrivé dans cette prison avec un traumatisme physique encore visible causé par les tortures qu’il avait subies. Le mal s’était installé dans son corps depuis Nouakchott et Jreïda où ses bourreaux lui avaient réglé son compte. «Il est extraordinaire ce bonhomme; tu ne l’entends jamais se plaindre, malgré les souffrances» me disait un jour Sammba Caam. Quelques heures avant sa mort, on l’entendit se plaindre. «Depuis ce matin Alasan se plaint, ce n’est pas habituel chez lui» m’avait dit Paate Bah.

Ses plaintes ne surprenaient guère. La faim faisait réellement ses effets sur nous tous sauf évidemment l’ex-commissaire de police Lih Mammadu, son cousin feu Lih Muusa et l’ex-capitaine Joop Jibril. Au mois de juillet j’avais noté 41 cas de béribéri, sans parler d’autres carences alimentaires qui donnaient à certains d’entre nous l’apparence de squelettes.
 

Il est impressionnant, d’entendre un adulte gémir, pleurer à chaudes larmes parce qu’il ne supporte plus la souffrance causée par la faim. «woy heegam neenam, mbede heyDi». Pendant ces moments nocturnes, tout le monde fait semblant de dormir. La première fois que j’entendis ce genre de lamentations c’était à la prison civile de Nouakchott en décembre 1986. Un jeune Camerounais qui pleurait comme un enfant dans le pavillon des droits communs qui nous était interdit comme le nôtre leur était interdit. Le lendemain matin, mon voisin Abuubakri Kaaliidu Bah prit le risque et alla lui remettre du lait et des arachides. Le brigadier dont je ne retiens pas le nom, désapprouva le geste en disant que ce Camerounais ne méritait pas une telle générosité parce qu’il était chrétien. Il décéda deux jours après. Cette affaire suscita encore une fois un débat sur l’islam, les Arabes et l’humanisme. Pour en revenir à Alasan Umar, je racontais à Paate la promesse que j’avais faite à celui-ci dans la semaine de notre transfert à Wâlata et qu’il me rappelait souvent. En décembre 1977, lorsque je préparais mon mémoire de maîtrise en Histoire intitulé Les relations entre les Haal pulareeve et les Brakna (1850-1903), j’avais interviewé à Bogge dow son grand-père maternel sur les relations entre les HalayBe et leurs voisins Bîdân et Hrâtîn immédiats, particulièrement leurs éternels ennemis, les Awlâd Seyyid.
J’avais gardé la cassette audio dans ma bibliothèque, à la maison. J’avais promis qu’une fois hors de prison, je lui donnerai une copie.
 

Dans la salle où les prisonniers politiques étaient parqués comme du bétail (nos geôliers nous appelaient hayawân, parce qu’ils avaient décrété dès notre embarquement dans les camions remorques à bétail que nous étions des animaux, pas des être humains), la place de Alasan Umar se trouvait non loin de la porte qui donnait accès aux latrines. Il me rappelait bien souvent ma promesse lorsque que je passais devant lui. Du 11 décembre 1987 au 26 août 1988, son corps était resté la presque totalité de ce temps qu’il fit à Wâlata, le plus souvent allongé qu’en position debout. Les rares moments où il sortit de la salle, c’était au mois de février. Il avait même tenté de partager avec la quasi-totalité des prisonniers les corvées d’eau qui nous avait été imposées par l’administration de la prison, mais cela ne dura pas longtemps. Physiquement, il était devenu trop faible.  Ma promesse avait fini par établir entre nous une relation bien particulière que je ne saurai définir.Pendant que les camarades défilaient devant son corps, je suis resté allongé pendant quelques minutes à ma place située à l’autre bout de la salle. Il fallait que je me prépare psychologiquement à regarder Alasan Umar Bah mort, que mon corps vivant assimile le sien qui est désormais sans vie. A mon tour, je me suis présenté devant LUI. Je me suis recueilli pendant quelques minutes en regardant longuement et profondément ce corps allongé. En ce moment précis, j’étais incapable de dire ce que je ressentais réellement. C’est bien plus tard, devant le corps de Tafsiiru Jiggo que je trouverai la réponse. Mais face à ce corps désormais sans vie, je sais tout simplement que j’étais frustré. Je n’aurai donc plus jamais l’occasion de lui remettre une copie de la cassette pour écouter parler son défunt grand-père. Alors j’ai murmuré pour que les autres ne m’entendent pas : «Je n’oublierai pas la cassette. Je l’enterrerai un jour dans ta tombe lorsque nous ramènerons tes restes au pays, au Fuuta Tooro», puis, je rejoignis ma place, plongé dans mes réflexions. Vers 14h 45 mn, le commandement du fort envoya des gardes pour prendre le corps et l’enterrer. Où ? Nous ne savons pas. La violence et les humiliations que les Noirs, particulièrement les FulBe subissaient depuis septembre 1986 avaient contribué à nourrir de la haine entre nous et les Bîdân et leurs Hrâtîn qui faisaient preuve d’une brutalité bestiale insoupçonnable. Dans cet environnement nourri de haine, de souffrances, d’humiliations, tout ce qui émanait du Bîdân et du Hrâtîn était symbole de négation, d’impureté. Dans cet état d’esprit, comment pouvions-nous concevoir leur laisser le corps de notre camarade ?. D’autant que nous les soupçonnions de vouloir s’en débarrasser dans une fosse peu profonde et sans aucune cérémonie rituelle traditionnelle. Aussitôt partis, les fauves viendraient déterrer le corps. C’est Umar Gey qui exprima brutalement tout haut ce que la plupart d’entre nous étaient en train de penser. L’ex-sergent Jibi Duwaa Kamara ne s’empêcha pas d’exprimer ses ressentiments avec ses injures bien salées, spontanées dont lui seul avait le secret. Une injure sortie de la bouche pleine de salives de Jibi Duwaa Kamara, c’était différent : «hay Capaato Bii (… ) memataa Doo maayDo amen» (traduction littérale, «aucun Bîdân, fils de (…) ne touchera ici notre mort»).
Spontanément, un groupe fit alors un barrage humain devant la porte pour empêcher les gardes d’entrer. Un autre alla encercler le corps de Alasan Umar, toujours allongé à la même place. Spontanément, et sans en mesurer les conséquences, nous avions décidé, ensemble, que jamais le corps de notre camarade ne sera souillé par nos tortionnaires. Certes, nos corps à nous étaient souillés par les tortures et autres sortes d’humiliations. Mais Alasan Umar mort, son corps avait retrouvé toute sa pureté de naissance, car il fallait qu’il rejoigne le monde de nos Ancêtres avec un corps et une âme purifiée. Sinon, il n’y serait jamais accueilli. Nous décidâmes par conviction que c’est nous-mêmes qui allions l’enterrer. Comprenant que face à cette nouvelle situation, la plupart des prisonniers politiques étaient décidés à tout pour sauvegarder l’honneur du corps, la direction carcérale accepta, sans trop hésiter, notre proposition.
 

Même enchaînés et menottes aux poignets, les gardes redoutaient encore nos militaires, car ils avaient vu la plupart d’entre eux à l’œuvre pendant la guerre du Sahara occidental. Certains des officiers et sous-officiers les avaient même commandés, d’où les relations ambiguës qu’ils continuèrent à entretenir avec leurs anciens chefs hier redoutés, aujourd’hui leurs prisonniers. L’attitude des gardes bîdân était unanime : haine, mépris, agressivité. Avec eux, nous savions comment nous comporter. Un seul fera exception, le lieutenant Mohamed Lemine. Chez les Hrâtîn, les relations avec la plupart étaient plutôt complexes et irrationnelles, car avec eux, celles-ci allaient d’une extrême à l’autre. Ils étaient très versatiles. Un garde hrâtîn pouvait glisser à un prisonnier politique, nuitamment, quelques morceaux de sucre, du tabac, quelques grains d’arachides, et le torturer quelques jours après sans que cela ne semble perturber sa conscience. Cependant, quelques rares comprenaient l’enjeu politique et pensaient à l’avenir. J’avais remarqué deux parmi eux qui se débrouillaient toujours pour ne jamais participer aux séances de tortures. Je rencontrerai l’un d’eux à ma libération, à Bogge. En tout cas l’expérience avait fini par nous enseigner qu’il fallait se méfier d’eux.

Bah Mammadu Siidi, qui est infirmier d’Etat, accompagna Cheikh (l’infirmier hrâtîn qui indiquait, à l’occasion des séances de tortures les parties sensibles du corps où il fallait frapper pour faire mal) pour constater le décès. Pendant que nous creusions la tombe, la cérémonie pour la toilette mortuaire était dirigée par Tafsiiru Jiggo qui faisait fonction d’Imâm du groupe des prisonniers politiques et par Abuubakiri Jallo son adjoint.
 

Dans la salle, le lendemain après l’enterrement, je restais impressionné, je dirai même choqué par l’insouciance apparente ou réelle affichée avec les rires, les farces de certains comme si nous n’étions pas en deuil. Cette insouciance affichée avait toujours intrigué nos gêoliers, depuis notre arrivée à Wâlata.
Elle effrayait même certains qui nous prenaient pour des êtres anormaux. Comment vivre cette situation carcérale et se comporter comme si nous étions dans une situation normale. En nous regroupant tous ensemble, le régime n’avait pas compris combien il nous rendait un grand service. Une analyse sur laquelle je reviendrai aussi. J’avais souhaité donc que l’on affichât une atmosphère de deuil dans la salle, mais l’ex-adjudant Woon Sammba Yero, l’ex-adjudant-chef Pape Gey et le maréchal des logis Mammadu Habii Bah issus tous du corps de la gendarmerie étaient en train de jouer au cokki. Ils criaient, chahutaient, injuriaient comme ils savaient si bien le faire eux aussi. Comme si nous n’étions pas en deuil. Je fis la remarque à Abdullay Bari qui tenta de rappeler à certains plus de retenue pour la circonstance : «njiiDDaa ko yimBe ngoya. Maayde ko maayde tan. So ari ari. Hay gooto waawaa heen» rétorqua le plus naturellement Woon Sammba. Puis ils continuèrent leur jeu. Et dire que c’est Woon Sammba yero qui était pressenti par la plupart comme celui qui allait mourir le premier.
Il était très atteint par le béribéri. Malgré tout, il avait gardé le moral très haut.
 

Nous ne voulions plus en parler publiquement depuis quelque temps, mais la mort s’était annoncée paradoxalement par plusieurs signes métaphysiques, à travers les rêves. Une analyse sociologique qui demandera encore quelques pages d’écriture. Nous semblions presque tous préparés psychologiquement à mourir.
Nous attendions sa venue comme une chose normale dans le contexte où nous vivions, tout en espérant au fond de nous-mêmes que Alasan Umar Bah soit ledernier. Une semaine après Alasan Umar, le vendredi 2 septembre, c’était le tour de Teen Yuusuf Gey de partir. Puis l’ex-lieutenant du génie Abdul Qudduus Bah le mercredi 13, puis Tafsiiru Jiggo le samedi 28 septembre La série blanche allait continuer pendant un mois. A Wâlata, les mois d’août et de septembre 1988 ont été des mois blancs pour notre combat. Nous y reviendrons.

Lors de la crise de 1989, notre maison n’échappa aux pillages organisés par le régime de Wul Taya qui avait fait lâcher des hordes de Hrâtîn transportés dans des camions remorques et débarqués dans des villes comme Nouakchott, Nouadhibou. Des maisons habitées par des Africains furent des cibles de massacres et de pillages qui nous rappelèrent une réalité historique traumatisante et dont nous pensions naïvement que cela relevait désormais du passé. Mais on dit, chassez le naturel, il revient toujours au galop. Ma bibliothèque n’a pas échappé au pillage. Constituée depuis 1970 elle renfermait près de 600 ouvrages, mémoires, etc, la Bible, le Qoran, la Thora, une collection de journaux dont certains datant de 1966, des dizaines d‘enregistrements audio sur mes enquêtes orales sur l’histoire du Waalo Barak, sur l’Emirat du Brakna, sur le Fuuta Tooro. Dans ces cassettes, il y avait des interviews de personnes aujourd’hui disparues et qui ont emporté avec elles notre histoire commune à nous Haal pulreeve, Sooninko, Wolof, Bîdân.
 

A Aioun el Atrouss où les prisonniers civils furent transférés du 31 octobre au 1er novembre 1988, lorsqu’une personne vint m’annoncer le 11 juillet que notre maison avait été pillée après la déportation de mon épouse le 29 avril vers le Sénégal, ma première réaction fut de demander à la personne qui venait de me donner la nouvelle : «Et ma bibliothèque ?». Une question que la personne a trouvée mal placée. «Au lieu de me demander ce que sont devenus ta maison, tes meubles, etc, tu ne penses qu’à une bibliothèque. La prison t’a rendu un peu anormal !». Je lui répondis avec un ton grave, calme, mais triste «On peut reconstruire une maison, acheter de nouveaux meubles, mais on ne reconstruit pas une bibliothèque. Ce ne sont pas des papiers qui ont disparu, mais une accumulation de capital de savoir. Je ne peux pas faire ressusciter Sammba Naawwel Caam pour avoir une nouvelle interview avec lui». Elle me regarda d’un air incrédule. Elle n’avait pas compris ce que je ressentais depuis que j’avais appris la nouvelle sur ma bibliothèque.
 

Toujours à Aïoun, le 2 septembre 1988, à l’occasion du 1er anniversaire du décès de Teen Yuusuf Gey, j’ai écrit ce passage dans mes notes de prison : «Anniversaire: premier anniversaire de Teen Youssouf Guèye à Néma (?). Comme pour le cas de Alassan Oumar, on n’en parle pas. Du moins, rares sont ceux qui en parlent. Comme si on avait tout oublié ou on n’ose rien faire pour commémorer ces journées, de peur de la répression. Le régime veut nous imposer une amnésie». En écrivant ces mots, la promesse que j’avais faite à Alasan Umar me revint à l’esprit. Je pensais à la bibliothèque pillée dont la plupart des ouvrages étaient en train d’être vendus dans des boutiques de Bîdân, informations que m’avait données une épouse venue rendre visite à son mari. Je concluais avec amertume que je ne pourrai plus tenir alors ma promesse. Et pourtant, il faut que je la tienne. Alors j’ai décidé, que le jour de la cérémonie de restitution des corps de nos Martyrs à la patrie et aux familles, cérémonies que nous ferons avec grande solennité, j’enterrerai la copie de ma thèse entière, celle que j’ai utilisée lors de ma soutenance, avec les restes de Alassan Umar. Si je disparaissais de ce monde avant ce jour, ma famille sera chargée de le faire.

Hare koko jokki.
 

Ibraahiima Abuu Sal-Rescapé de Oualata.

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TÉMOIGNAGE SUR LES ANNÉES DE BRAISE: BALAS: “Ma ‘seconde religion’ est la cohabitation

Ma 'seconde religion' est la cohabitation - [Vidéo] Arc-en-ciel, le parti mauritanien du concret, a eu l’honneur, ce mercredi 08/01/2014, d’être invité à l’émission: “1h avec un livre”, sur la chaîne Chinguit TV animée par Mr Brahim Bakar ould Sneiba , ex officier supérieur de l’armée mauritanienne , aujourd’hui, devenu écrivain journaliste. Initialement, l’émission devait être littéraire, culturelle et débattre du livre intitulé : ” Ou va la Mauritanie ? “, écrit par Mr Isselmou ould Abdel Khadre, ancien Wali, ancien ministre, sous le magistère de Maouya ould Sid’Ahmed Taya.

Le point d’orgue de l’émission a été atteint quand cet ancien ministre, sans réfuter sa part de responsabilité dans la solidarité gouvernementale, a volé au secours de Maouya ould Sid’Ahmed Taya, pour démontrer que celui-ci n’était pas raciste. Comme première preuve, précise t-il, c’est avec la complicité de ses amis officiers Négro-mauritaniens: feu Colonel Yall Amadou, Colonel Anne Amadou Babaly, Colonel Siliman Soumare, Commandant Diop Mamoudou, qu’il avait pris le pouvoir. Selon lui, Maouya, était devenu otage du système mis en place méthodiquement par les mouvements extrémistes arabo-berbères, bassistes, nasseriens, qui avaient savamment infiltré tous les rouages du pouvoir et principalement, les services de renseignement, de tous les corps et du Bed. Ces mouvements, puissamment installés, partout, l’avaient dressé contre la communauté noire, en lui faisant croire, photos, documents et montages à l’appui, que celle -ci, au niveau de l’armée, s’apprêtait à le destituer et à broyer tous les arabo-berbères.

Mr Isselmou ould Abdel Khadre, était quant à lui , pendant ces années de braise , Wali du Brakna (Aleg). Pour ce qui le concerne, il a suivi sa conscience et refusa de verser dans la vindicte, la chasse aux Pulaars. Mieux, il a été l’un des très rares, pour ne pas dire le seul, à oser libérer tous les prisonniers noirs à Bouhadida, entre Aleg et Boghe. Ces détenus qui attendaient dans les cellules de la mort , venaient exclusivement de Aéré Golere, Aéré Mbar, Djoudé Djery et Bababé. Après l’émission, certains militants d’Arc-en-ciel , m’ont téléphoné pour confirmer les propos de Mr Isselmou qui les a effectivement sauvés de la mort. Ces miraculés, précisent, à son corps défendant, qu’ils étaient au nombre de 27 dont 7 femmes allaitantes, avec leurs bébés. Hélas ! Les détenus de Rosso, n’avaient pas bénéficié de cette aubaine pour échapper aux griffes du directeur régional de la sûreté, le tristement célèbre Cheikh ould Mohamed Salem. La dernière goutte qui a fait déferler son vase , fut , lorsqu’il a abattu, en tirant à bout portant , entre Rosso et Boghe , sur un jeune berger peulh , qui avait, à juste titre, refusé de lui céder deux de ses moutons pour qu’il en fasse son festin de weekend . Cette bavure, lui valut, la radiation du corps de la police et il vit actuellement, en toute quiétude, dans son campement de Lejouad dans la commune de Aéré Mbar, département de Bababé.

 

Hélas également ! Pour les multiples et très nombreux exécutés à ” kadiel bossori ” qui veut dire en pulaar, la petite colline boucherie, située entre Sélibaby et Woul Yenzé du temps de Dah ould Abdel jelil, Wali du guidimaka , où un nombre inimaginable de peulhs, ont été égorgés comme des moutons et ensevelis comme des scélérats. Mr Dah ould Abdel Jelil, en sa qualité de Wali, confisquait systématiquement, les armes détenus par les peulhs et au même moment, il les remettait à ses sbires, qui ne tardaient pas à leur tour, à faire les sales besognes.

J’interpelle solennellement l’ancien Wali ,Dah ould Abdel Jelil, pour lui demander, où sont passés les 13 habitants du village de Mouta, qui ont disparus depuis ce temps à nos jours? Il y’avait parmi eux des femmes en état de grossesse et des enfants en très bas âge. Le chef de village, Goumbo Diawo, ( ami à mon feu père Hamady Soma ), charlatan, de son état, revenait de Nouakchott, avec le fruit de son travail de connaisseur traditionnel: un peu d’argent, quelques objets de valeur ( postes radios , magnétophones, couvertures de premier choix…. ) qui avaient aiguisé l’appétit vorace des gardes ou militaires qui l’avaient vu débarquer de “Noua”. Tout ce petit village d’éleveurs, d’innocents petits enfants, de femmes et de pauvres vieillards a été exterminé et effacé de la terre. Cette cruauté n’a d’égale que celle des nazis d’Adolphe Hitler, qui avaient agi de la sorte à Oradour sur Glane ( France ) le 10 juin 1944. Hélas ! Qu’il n’y eut pas eu, plusieurs Isselmou ould Abdel Khadre ! NB: A Arc-en-ciel, le Pmc , notre devise est : Unité , Égalité , Transparence ; nous sommes alors tenus, à ne jamais utiliser la langue de bois; nous enseignons aux générations montantes, à notre jeunesse, la culture de la vérité et non celle de la réussite effrénée, de la connivence, de la couardise et de la mascarade.

Comment accepter, que notre colonel président Maouya n’avait rien vu de tout cela ? Sauf que, dit-on : qu’il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. D’autres, seraient tenté de croire, que la cécité de Maouya, est due, alors, à la distance qui le sépare, de ses Walis et de leurs sbires. Non ! Un chef d’état, a, son œil et son oreille, au moins, partout, sur l’ensemble de son territoire. Si les Walis et autres responsables de la république qui écumaient sur le reste du territoire, échappaient à son contrôle, du fait de la distance; le président Maouya, son directeur général de la sûreté, ELy ould Mohamed Fall ( Vall ) et ses trois chefs d’état major ( Armée, Gendarmerie, Garde nationale), par contre, ces derniers, alors qu’ils étaient tous dans la ville de Nouakchott, fermaient les yeux sur les saccages de tous les biens des opérateurs économiques noirs.

Pourquoi, ELy ould Mohamed Fall, rétorquait t-il, à feu Hamdi Samba Diop, ministre du commerce et Baro Abdoulaye, secrétaire général de la présidence, qui lui demandaient, avec insistance, de voler au secours du Supermarché Balas. qu’il n’avait aucun élément disponible, alors que des policiers en tenue, étaient parmi la foule de vandales ? Il n’avait pas été le seul à répondre ainsi, les trois chefs d’état major avaient répondu de la même manière aux multiples S O S, lancés par feu Hamdi Samba Diop ( Qu’Allah aie pitié de son âme ) et Baro Abdoulaye à qui je manifeste ici ma reconnaissance éternelle. Cette identique réponse des plus hautes autorités chargées de la sécurité de l’ensemble du peuple mauritanien, m’a contraint à prendre mon arme et à m’auto- défendre. Tenez-vous bien ! Aussitôt que le premier coup de feu retentit dans la clameur, autour du Supermarché Balas, le colonel ELy ould Mohamed Fall, directeur Général de la sûreté, éleva son toupet, jusqu’à m’appeler au téléphone, pour m’intimer, l’ordre de remettre mon arme, et de me rendre, au commissaire Samba Diallo, accompagné de deux inspecteurs de police. Faute de quoi, il bombardera l’immeuble, dans le quel ma famille et moi étions pris en otage. Par pudeur, je vous dispenserai de la réponse, que je lui ai adressée.

Un jour les enregistrements de Mauritanie, restitueront. Quoi de plus normal, légal et légitime d’exercer, devant la lâche démission, de son état, d’exercer son auto-défense et son devoir de protection des 17 membres de sa famille, encerclés par des milliers de malfrats? Poussés par mes concurrents ( SM DIPAL ) appartenant à Abdou ould Maham et soutenus par le système étatique ; ces drogués, comme des zombies, avaient pour mission d’effrayer tout autre pulaar qui aurait l’audace de se hisser à leur niveau . Il faut le reconnaître, Le Supermarché Balas, était la fierté de tous ces nombreux pulaar, qui étaient désormais convaincus, qu’il n’est pas impossible à un des leurs de réussir dans le business. C’est ce démenti qui constitue, le grand péché, commis par Mr Balas, contre le système qui veut faire croire que, les noirs de Mauritanie en général et les pulaar en particulier, ne peuvent réussir le commerce du fait de leur folie dépensière, de leur incapacité de s’astreindre au fast pendant la période primaire d’accumulation du capital.

Ce que mon ami, Mohamed ould Hacen, professeur d’économie, à l’université de Nouakchott, appelle, ” le jeûne “, “l’abstinence” du début commercial. Toutefois, Arc-en-ciel , le Pmc , croit dur comme fer, que l’argument avancé, à savoir que Maouya ould Sid’Ahmed Taya n’avait pas ordonné bon nombre de ces aberrations et qu’il n’était même pas au courant de plusieurs autres , ne le dédouane nullement. Il était le commandant en chef, celui qui a délégué une portion de ses pouvoirs aux Walis , Hakems , commandants de bases militaires , commandant de brigades de gendarmerie , commissaires de police , chefs de détachements de la garde nationale , jusqu’aux larcins et petits agents administratifs véreux , qui sévissaient et écumaient sans pitié. Un de ces larcins, officier supérieur, directeur de l’école de gendarmerie de Rosso, l’ex-capitaine Leytou ould Said, avait chargé plusieurs vaches de peulhs du trarza, pour les “déporter” à Aleg; la remorque de vaches fut arrêtée à Boutilimitt. Cela est un secret de polichinelle, parce que connue de tout les Mauritaniens Maouya ould Sid’Ahmed Taya doit assumer la responsabilité de tout, et de tous. Arc-en-ciel , le Pmc , le considère comme étant le principal responsable et tous les autres assassins , voleurs , violeurs sont solidairement responsable avec lui. Tous doivent répondre, ici bas, devant les tribunaux nationaux ou internationaux, de leurs actes ignominieux, des atrocités qu’ils ont fait subir à leurs compatriotes, avant, irrémédiablement, de le faire devant l’infaillible jugement dernier.

Vous l’aurez alors constaté, l’aspect politique et principalement la question de la problématique de la cohabitation entre la communauté arabo-berbère et negro-mauritanienne a pris le dessus sur la littérature, la culture, qui devaient être le plat de résistance de l’émission de mon désormais, frère et ami Brahim Bakar ould Sneiba. Nonobstant tout ce qui précède, le peuple mauritanien, doit se surpasser, il aura plus à gagner, à faire son mea-culpa et rebâtir la bonne cohabitation en organisant un véritable débat national, comme celui tenu en Afrique du Sud sous la volonté de Mandela.

Il est maintenant évident que, chez nous en Mauritanie, au lieux que: tous les chemins mènent à Rome , c’est tous les débats , toutes les discussions et / ou causeries qui mènent à la problématique de la cohabitation entre les “Kowri” et les ( “thiapato , “naar”,”sourake ” ) . J’utilise volontiers, ces vocables, pour susciter les plaisanteries amicales du cousinage Germain. Cette trouvaille, purement africaine, huile les relations entre les peulhs et leurs “captifs” “sérères”, entre le ” naar gannar ” de Mauritanie et les ” Wolofs ” du Sénégal , etc, etc… La plaisanterie, du cousinage à germain, dilue les rancœurs et lubrifie les relations humaines. Alors , de Grâce , qu’il n’y ait plus de questions qui fâchent; bannissons la langue de bois et prenons le taureau par les cornes, le mal à sa racine, pour nous débarrasser de cette patate chaude qui nous brûle les mains. Cette responsabilité revient de prime à bord, à l’Etat mauritanien, et à son premier chef, Mohamed ould Abdel Aziz, ainsi qu’à l’ensemble du peuple mauritanien, c.a.d , à chacun de nous. Arc-en-ciel, le Pmc, pour sa part, s’y attellera. Vaille que vaille.

Notons également, au passage, que le simulacre de règlement du passif humanitaire concocté par Mohamed ould Abdel Aziz, n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau, qui n’a permis qu’à une certaine mafia dirigée par de grosses pointures de se sucrer au dépens des véritables victimes militaires, paramilitaires, civils et d’operateurs économiques. Pour sauver notre prometteuse Mauritanie et lui éviter les affres qu’ont enduré beaucoup de pays africains, et que vivent actuellement les peuples du sud, sud soudan et de la république centrafricaine, ayons le courage, de crever les abcès et vivement que nous nous disions haut et fort, ce que nous nous marmonnons en longueur de journée, dans les bureaux, salons, véhicules de transport, etc , etc . Ainsi , nous prouverons, à la face du monde, notre maturité politique et notre stoïcisme, de pouvoir aller directement à la table de négociations sans passer forcément par la désastreuse case de la confrontation . Mes chers compatriotes , je me veux lanceur d’alertes, et, Arc-en-ciel, le Pmc , notre rampe de lancement, le cap Canaveral de la Mauritanie. Désormais, avec Arc-en-ciel , le Pmc , le soleil brillera pour tous les mauritaniens. In Cha’Allah ! ! !

 

           http://www.youtube.com/watch?v=Xcg1WftOC7c

 

Balas

Président, Arc-en-ciel, Le Pmc .

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Un juste de moins: le doyen Aboubackry Kane n´est plus!

alt Nous venons encore d´apprendre avec une grande tristesse le décès du doyen Aboubakry Kane, ancien conseiller territorial avant l’indépendance, ancien député, qui fut aussi vice-président de l´Asemblée nationale du Sénégal et membre du Conseil des sages du parti socialiste sénégalais. Nous venons de perdre un de nos parrains et soutiens pendant nos premières années d´exil au Sénégal, qui nous a ouvert ses portes et ses réseaux pour soutenir notre lutte contre le régime dictatorial du colonel Ould Taya pendant les années de braise.
Le BEN des FLAM et à travers lui tous nos militants et sympathisants présente ses condoléances les plus attristées à la famille du défunt, à ses camarades du parti socialiste et au peuple sénégalais dans son ensemble. Qu´Allah l´accueille en son Saint paradis et que la terre lui soit légère. AMINE

 

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Figures historiques : Hommage à Mamadou Samba Boly Ba (1920-2012)

altLe dernier fondateur s’en est allé. Longtemps opposant, il fera partie de l’équipe des fondateurs puis sera une victime collatérale des événements de 1966, avant de se retirer de la vie politique.

Nous avons eu le privilège de le côtoyer, de travailler avec lui en coulisse et de recueillir ses confidences pour nos recherches et sa biographie. Mais au fond, que sait-on de cet homme qui fut  grand témoin de l’histoire de notre pays ?

Né en réalité le 8 janvier 1920, Mamoudou Samba Boly Ba a effectué sa scolarité à l’école élémentaire de Kaédi avant de rejoindre l’école supérieure Blanchot à Saint-Louis pour des études secondaires puis l’École Normale des Instituteurs de Sébikotane au Sénégal.

Il n’eut guère le temps d’exercer cette fonction, car il fut aussitôt enrôlé dans l’armée coloniale avec son ami de toujours le Professeur Assane Seck (Ministre à plusieurs reprises sous le régime socialiste) jusqu’en 1946. Une amitié qui remonte à leur scolarité à l’école Blanchot. L’homme s’est donc forgé dans le vrai sens du terme et son itinéraire présageait un avenir politique significatif pour son pays d’origine.

À la fin de la grande guerre, il rejoint Dakar, siège du gouvernement de l’Afrique de l’Ouest, entre dans l’administration coloniale en qualité de cadre au cabinet du Haut Commissaire, puis à la Mairie de Dakar, avant d’être affecté à la direction des Finances à Saint-Louis. Cette affectation prend l’allure d’une « sanction » que seule l’analyse historique nous permettra de démêler. Elle mérite d’être étudiée pour mieux comprendre les enjeux et les fondements des décisions que l’homme allait prendre par la suite. En attendant déclinons quelques éléments d’appréciation de son engagement politique.

Opposant, il choisira sa vraie patrie : 1948-1957

Son retour coïncide avec un moment où se joue le destin du futur territoire la Mauritanie : l’élection en 1946 à l’Assemblée nationale française du futur représentant de la Mauritanie. Il intègre dans cette perspective une association d’anciens élèves des écoles coloniales, sortants pour la plupart de William Ponty, tous originaires de la vallée, deux rives confondues pour « créer un climat familial ». C’est le point de départ de son engagement politique qui le situera d’entrée dans l’opposition.

En effet, membre de l’Union Générale des Originaires de la Vallée du Fleuve (UGOVAF), il contribuera avec d’autres à faire évoluer à partir de 1947 cette organisation vers la défense des intérêts de la communauté noire en territoire de Mauritanie. C’est ainsi que lors du renouvellement de ses instances en 1948, se dégageront deux tendances, dont une incarnée par les « futurs mauritaniens » qui finiront par la quitter pour créer l’Entente Mauritanienne.

C’est en compagnie de Samba Gandéga, avec qui il vient de quitter l’UGOVAF, qu’il rejoindra un groupe de Mauritaniens (NDiawar Sarr, Diéri Sidibé, Dey Ould Sidi Baba…) pour fonder en 1950 l’Entente Mauritanienne, présidée par Horma Ould Babana. Ce parti, qui n’avait pas les faveurs de l’administration coloniale, participera aux élections législatives de juin 1951 et janvier 1956 contre l’Union Progressiste Mauritanienne (UPM) de Sidi El Mokhtar NDiaye puis de Mokhtar Ould Daddah qui en prendra les commandes avec la bénédiction de la puissance coloniale. L’Entente perdra, bien sûr, ces élections.

Après sa défaite de janvier 1956, Horma Ould Babana s’en va de l’Entente, rejoint le Maroc et s’aligne sur les positions du parti marocain de l’Istiqlal puis officielles du Maroc qui avait des visées territoriales sur la Mauritanie. Mamoudou Samba Boly Ba pour sa part, quitte l’Entente et fonde le Bloc Démocratique du Gorgol (BDG) à Kaédi en 1956. 

Ce petit parti, sensible aux idées fédéralistes de Senghor, serait-il un des ancêtres de la mouvance négro–africaine actuelle ? Toujours est-il que, son fondateur ne sera que toléré dans la mouvance gouvernementale.

Expérience gouvernementale et parlementaire : 1959-1966

Fort de ses expériences successives à l’UGOVAF et à l’Entente puis de son ancrage au BDG, c’est en poids lourd qu’il arrive au Congrès d’Aleg, tenu du 2 au 5 mai 1958. Mokhtar Ould Daddah l’a bien compris, qui l’invita au dépassement des clivages pour la mise en place d’un regroupement des forces politiques au sein du Parti du Regroupement Mauritanien (PRM). Le PRM deviendra le Parti du Peuple Mauritanien (PPM – parti unique) qui dirigera notre pays jusqu’au coup d’État militaire du 10 juillet 1978.

À l’issue de ce congrès, la Mauritanie s’est dotée d’une Constitution dite du 22 mars 1959 et d’un deuxième gouvernement (de dix membres) dans lequel il fera son entrée pur occuper le portefeuille de l’Urbanisme et l’Habitat aux côtés d’Amadou Diadié Samba Diom Ba, seul Noir membre du premier Conseil de Gouvernement (qui en comptait cinq) et qui l’a parrainé : La cooptation et l’entrée de Dey Ould Sidi Baba, transfuge lui aussi de l’Entente Mauritanienne, dans le Conseil de Gouvernement furent ainsi compensées. Dey Ould Sidi Baba finit malgré tout par rejoindre Horma ould Babana au Maroc. Il deviendra Président de l’Assemblée Nationale Chérifienne.

Le 29 septembre 1961, avec la mise en place du troisième gouvernement (onze membres) qui a vu l’entrée du Docteur Bocar Alpha Ba comme Ministre de la Santé, Mamoudou Samba Boly est nommé Ministre des Finances. Il deviendra plus tard Président de l’Assemblée Nationale.

Parenthèse brutale d’une carrière politique : 1966

La création du PRM n’a pas dissipé pour autant les revendications des Noirs. Celles-ci passeront même de la représentativité proportionnelle à la remise en cause de la cohabitation.

Ainsi, en 1963, des dizaines de cadres Noirs, déçus de la suite réservée aux résolutions du Congrès d’Aleg et regroupés au sein de l’Union Générale des Originaires de la Mauritanie du Sud (UGOMS) expriment ceci, dans un document remis à Mokhtar Ould Daddah, Chef de l’Etat : « Nous ressortissants de la Mauritanie noire, adjurons le Congrès, le Parlement et le Chef de l’Etat de réviser immédiatement les structures de l’Etat, dans un sens Fédéral pour répondre à la volonté du pays ».

Dans le sillage de l’UGOMS, en février 1966, 19 cadres noirs (dont ses proches par la parenté) rédigent et publient le Manifeste dit des 19 dans lequel, ils dénoncent comme l’UGOMS la place réservée à leur communauté, tirent la sonnette d’alarme et demandent une meilleure répartition des pouvoirs. La sortie de ce Manifeste provoqua une guerre civile.

Mamoudou Samba Boly Ba prit sur lui l’initiative d’aller voir Mokhtar Ould Daddah  pour lui demander que les inquiétudes exprimées par les jeunes cadres puissent être entendues et prises en charge. Mais, Mokhtar Ould Daddah, qui le soupçonnait d’être en intelligence avec certains auteurs de ce Manifeste et qui n’a rien oublié à la fois de son passé d’opposant et de son penchant pour la création d’un État Fédéral, le démit de sa fonction de Président de l’Assemblée Nationale et le muta à Chinguetti comme Chef de Subdivision, sous les ordres de quelqu’un qu’il est amené à former.

Un communiqué laconique du Bureau Politique National (BPN) du parti unique, à l’issue de sa réunion du 21 février 1966, tente de maquiller cette éviction en ces termes : « le BNP constate la démission en blanc de Ba Mamoudou Samba Boly qui, n’étant plus Député, cesse d’être Président de l’Assemblée Nationale ». Quelques semaines plus tard, il sera mis fin à la fonction ministérielle (Développement) d’Elimane Kane. C’est la fin d’une carrière politique et le début d’une autre : les affaires. Mais la politique n’était jamais loin pour ce symbole respecté.

Avec son benjamin Bocar Alpha Ba, il a repris avec succès les établissements Lacombe et a créé la Société Mauritanienne du Bâtiment (Somabat) offrant ainsi des emplois à des dizaines de personnes. La gestion très sociale de ces entreprises a permis à de nombreuses familles de vivre dignement et à des jeunes d’avoir un métier.

Mythe et mérite

Le nom et l’image de Mamoudou Samba Boly Ba restent associés à la fondation de la Mauritanie et au Congrès d’Aleg. L’opinion publique Fuutanke, noire de façon générale traumatisée et qui avait besoin de fabriquer des héros historiques ou de trouver un bouc émissaire, parle de lui comme l’homme qui a refusé d’assumer la fonction de Président de la République qui lui était tout naturellement accessible, ouverte, donc comme responsable de la « souffrance de sa communauté ». En réalité, il n’en est rien.

Il est indispensable d’interroger l’histoire pour mieux saisir toutes les subtilités qui alimentent cette mise à l’écart et les supputations qui en découlent. Les enjeux et les intrigues, qu’elles alimentent pour les positionnements dans une Mauritanie encore fragile, en sont pour quelque chose.

En tout cas ce qui est sûr c’est que Mamoudou Samboly Ba ne peut être soupçonné de manque de patriotisme car quand le bruit de la défection de Horma Ould Babana commença à circuler, il n’hésita pas à dire à son désormais ex-camarade qu’il leur était impossible de continuer à le soutenir si son option pour rejoindre le Maroc au détriment de l’indépendance de la Mauritanie s’avère.

Il est d’ailleurs aberrant de continuer à penser à cette éventualité dans la mesure où déjà dans les années 1950 quand Mamoudou Samboly Ba rencontre Mokhtar Ould Daddah, sur la demande de ce dernier, à Saint-Louis, le destin du «père de la nation» était déjà scellé.

Dans son témoignage d’autres éléments permettront d’apprécier à sa juste valeur ce qui s’est passé au moment de sa mise à l’écart. De toute façon, l’administration coloniale avait choisi son homme, Mokhtar ould Daddah, et le pouvoir devait échoir à ce dernier comme si c’était naturel. 

La longévité de Mamoudou Samba Boly et son silence ont fini par créer un mythe. Dès 1985, nous avions engagé un travail d’approche, poursuivi sous une autre forme une fois en exil. L’un des coauteurs de ce témoignage, Abderrahmane Ngaïdé « Bassel », sur la demande pressante de notre Professeur Abdoulaye Bathily, avait entrepris des entretiens avec l’homme en juin 2008. Des circonstances particulières ont stoppé ces entretiens et d’autres en retardent la production.

Notre grand témoin rompra le silence une nouvelle fois en 2010, lors de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance nationale. Cette «confession» consignée sera publiée très prochainement dans un cadre scientifique. Il prend sur lui l’engagement ferme de réaliser ce début de travail historique que la génération d’historiens d’aujourd’hui doit entreprendre de manière impérative. L’objectif est de réaliser un livre d’entretiens avec le premier président de l’Assemblée Nationale mauritanienne.

Cet inlassable combattant, lutta de toutes ses forces pour empêcher la déportation en  1989 de nombreuses familles. Il a permis la restitution des biens confisqués de plusieurs autres. Ces évènements l’ont meurtri au point qu’il n’a pas hésité la même année, à sillonner avec d’autres, dont feux Aboubakry Kalidou Ba et Baba Gallé Wone la sous-région ouest africaine pour tenter de mettre fin à ce qui représentait à ses yeux une véritable catastrophe. Ils eurent la sagesse de nous y associer, ainsi que certains de nos camarades en exil forcé. C’est donc un des derniers témoins de la construction de notre pays, au parcours atypique qui disparait.

Sa mémoire – comme celles de tous les fondateurs – mérite d’être partagée, sauvegardée. Il importe pour cela que la jeunesse s’intéresse à ceux encore vivants qui peuvent témoigner sur le parcours d’hommes qui, par leur position et leur courage, ont vécu sous l’ombre de l’anonymat. Mamoudou Samboly Ba fait partie de ces hommes. Il est parti après avoir traversé presque un siècle, emportant avec lui des souvenirs inestimables.

Aujourd’hui, les enregistrements en possession d’Abderrahmane Ngaïdé seront exploités, dans les limites qu’exige la déontologie du chercheur, pour commémorer ce patriote que l’histoire mauritanienne doit célébrer.

Sur un plan symbolique, il serait presque exigé du patron de la Communauté Urbaine de Nouakchott, associé aux autorités centrales, de lui consacrer une artère à son nom, à l’instar de son alter égo Mokhtar Ould Daddah. Ce serait un hommage bien mérité pour un grand patriote, membre fondateur de la nation mauritanienne.

Réhabiliter toutes les figures historiques nationales, serait non seulement reconnaître leur mérite, mais inscrire dans notre mémoire collective le souvenir d’hommes et de femmes qui ont participé à la proclamation de notre souveraineté nationale à un moment crucial de notre histoire.

Que son âme repose en paix dans cette terre qui l’a vu naître et pour laquelle il s’est tant dépensé. Amine.

Boubacar Diagana, Ciré Ba & Abderrahmane Ngaïdé

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FLAMNET-RÉTRO-DEVOIR DE MÉMOIRE: INAL : Pour quelques nègres de plus Par Mourtada Ngaïdé dit Soulé

enfer d'inal “Entre deux pendaisons, Khattra s’assoit sur un cadavre pour siroter Son verre de Thé ou au pied d’un pendu en récitant des versets de Coran. Il va d’un pendu à l’autre, achevant ceux qui tardent à mourir à coup de barres de fer, s’appliquant à porter les coups dans La région du cou.

 

Mahamadou SY  (l´Enfer d´Inal).

 

Inal : Il faut sauver le soldat Dahirou !  était le premier titre de cet article ; finalement, pour faire un clin d’oeil à un pendu, j’ai changé le titre. Il m’a en effet été suggéré par le sergent chef Diallo Abdoulaye Demba, responsable de peloton du port de La Guerra et qui devait être pendu le premier pour commémorer le trentième anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie, version Inal. Celui qui devait lui passer la corde au cou, Jemal O/ Moïlid qui lui demandait s’il avait besoin de quelque chose avant d’être pendu, il répondit qu’il voulait une tabatière ( touuba ) comme il l’a vu faire dans les anciens films western, ” il en aspire goulûment la fumée comme pour conserver avec lui un dernier souffle d’énergie ” ; cela rappelle la dernière cigarette du condamné et je me suis souvenu du Film de Sergio Léone ( Pour quelques Dollars de Plus) sauf que cette fois, c’est Taya qui s’occupait de la réalisation, et que Ennio Morricone était remplacé par O/ Boïlil ; mais ce qui suit, n’est pas un Western, s’il en est un, ce n’est certainement pas un Western-spaghetti, mais un Western-zrig. Ce livre m’a véritablement secoué, il m’a fait froid dans le dos.

À sa lecture, je me suis remémoré les vagues souvenirs sur Auschwitz et Buchenwald, je me suis ressouvenu des reportages sur l’Holocauste, sur la ” Kristalnacht “, je me suis ressouvenu du dernier film de Roberto Benigni, ” La Vie est Belle ” ; mais à Inal (comme dans le film) la vie était loin d’être belle.

 

INAL, parlons-en :  base militaire ” .  coin perdu dans le nord de la Mauritanie, à 255 Km de Nouadhibou, le long de la voie ferrée. La ville d’Inal ou plus exactement le hameau, se situe à quelque huit cents mètres à l’Est de la base militaire.la base d’inal est construite dans cette une batha, une sorte de vallée “. C’est de cette façon que nous le situe géographiquement Sy Mahamadou, rescapé de ce camp et aujourd’hui réfugié politique en France.

Inal est donc avec Jreïda, Oualata, Nbeika, Azlatt notre Tazmamart, notre Auschwitz, notre Buchenwald à nous; le privilège d’y accéder (et de ne plus en sortir) est accordé aux seuls négro-mauritaniens ; on y brise les cous, on y étrangle, on y crève les yeux, on y égorge, on y brûle, on y creuse des fosses communes ; bref, une vraie boucherie quoi ! La seule différence est qu’il s’agit d’hommes de troupes, de soldats. On peut se demander pourquoi la Mauritanie se transforme en boucherie et que les seules bêtes qu’on y immole sont les taureaux noirs. Pour une bête, cela se justifie car pour survivre, nous devons égorger des moutons, des vaches, des poules et autres animaux en invoquant le nom de Dieu ; c’est de la viande ” Hallal ” appellation d’origine contrôlée ( par Dieu ).

 

Mais pourquoi égorger un homme ? Pourquoi pendre un homme ? Quel crime Gaye Dahirou a t’il commis pour se retrouver aujourd’hui à sept pieds sous terre, quel crime Diop Bocar Bayal a t’il commis pour être fusillé comme un chevreuil, quel crime Diallo Ibrahima demba a t’il commis pour être pendu ? Comment comprendre les motivations des autorités mauritaniennes ? Si crime il y a, je ne crois déceler, à la lumière de mon vécu et à la lecture du livre qu’un seul chef d’inculpation : l’appartenance à la culture négro-africaine ; Nous sommes nés coupables d’appartenir à une ethnie, coupables par préméditation de vouloir du mal au maure, coupables de comploter contre L’État. L’auteur nous raconte l’histoire du Vieux Dem ” .Quand je demande au vieux Dem, un septuagénaire tout édenté, pourquoi il a été arrêté, il me répond qu’on l’a ramassé au marché de la capitale où il vendait des cure-dent, conduit au commissariat et torturé puis fait signer des papiers avant d’être déposé à Jreïda. On lui a dit qu’il est impliqué dans une histoire de coup d’État. Cela le fait encore rire: moi faire un coup d’État ! Je n’ai plus qu’une seule dent et ne peux même plus faire peur à un morceau de pain”.; ce récit prouve l’absurdité de la situation, on se croirait en plein Kafka, c’est pourtant une scène qui n’a rien de surréaliste, rien de métaphysique donc rien de Kafkaïen.

 

L’auteur lui, un militaire doit quand même justifier son rang de prisonnier et se mettre à table pour avouer le crime pour lequel il est accusé ; les arrestations et les aveux en Mauritanie ont un caractère immuable, c’est la même chose à tous les endroits et à toutes les époques. Toujours arrêté pour les mêmes motifs et toujours avouer des choses qu’ils savent déjà mais qu’il faut quand même leur dire. L’auteur nous décrit la technique : ” le scénario se déroule toujours de la même façon, ils s’acharnent sur les prisonniers pendant une bonne dizaine de minutes à coup de rangers, de ceinturons, de lanières, de fils de fer, de bâton, de tout ce qui peut faire souffrir, ensuite vient l’inévitable question ” roud ” .on leur demande s’ils connaissent tel officier, tel sous-officier, telle personnalité peulhe, Soninké ou Ouolof.les prisonniers répondent oui à la citation d’un nom connu sans savoir que par ce oui ils signent l’arrêt de mort de la personne nommée.le sous-lieutenant Ely fort de cette moisson de noms se précipite à la salle des transmissions où se trouve le lieutenant Yézid pour lui présenter sa récolte.  Ce dernier transmet à son tour au colonel Boïlil l’information selon laquelle un tel à Inal a donné le nom d’un tel autre à un tel endroit “. Il suffit donc d’un peu pour se retrouver à Inal. Ici encore, c’est l’absurdité de la situation qui m’effraie. ” Amlouh “, ” roud “, ” vreïkh “, ” zrig “, ” jaguar ” on pourrait pendant qu’on y est inventer le ” lexique du parfait tortionnaire Mauritanien. “

 

Dans l’atmosphère nauséabonde de cet enfer, il y a ces moments, vécus par l’auteur et qui m’ont profondément attristé. Ce sont les dernières minutes qu’ils passent avec ses compagnons de cellule avant que ceux-la ne meurent entre ses bras ou devant ses yeux ” . Quant à Dahirou, il est à genoux. Il semble dormir paisiblement. Je regarde à nouveau Anne Dahirou. Un détail attire mon attention : son genou droit est à quelques centimètres du sol, il n’a tout de même pas pu dormir sur un seul genou .j’essaie de déceler un mouvement de sa part, je ne vois rien, pas même celui de sa respiration. Puis je comprends, sa tête est légèrement penchée sur le côté gauche au-dessus de la corde. Il a dû perdre connaissance et glisser et la corde s’est alors retrouvée au niveau de sa gorge et est restée coincée sous son menton. Il est mort étranglé. Le sergent chef Jemal O/ Moîlid passe devant lui, le regarde un peu, lui soulève les paupières puis le fait détacher. Anne Dahirou tombe en avant, ses jambes sont déjà rigides et repliées, un soldat tente vainement de les redresser en les tirant.. Ils tirent le corps par les pieds, le hissent dans un véhicule. Ils creusent un trou, descendent le corps et l’enterrent ” . Il y d’autres scènes toujours plus tristes à raconter, toujours plus révoltantes, toujours plus inhumaines, toujours plus insupportables.

 

Le jour du Trentième anniversaire de la Mauritanie n’est pas un jour comme les autres, pas une année comme les autres. L’auteur raconte : ” En temps normal, on devrait être en train de se préparer pour le défilé au flambeau .La Mauritanie aura trente ans demain, ce n’est pas un événement banal, nous sommes donc en droit d’espérer obtenir une solution favorable de la part de celui-là même qui est le principal responsable de nos malheurs ( le président ).Alors que les tortionnaires nous préparent leur plus sale coup depuis l’indépendance. Comme des bêtes donc, les prisonniers sont marqués ” d’une croix, avec un feutre bleu. A Un sous-officier de la marine, portant le numéro onze qui demande pourquoi on leur a attribué des numéros, le sergent-chef Jemal O/ Moïlid répond ”  c’est pour vous transférer ” ; dans la position du prisonnier, je devais savoir que ce n’était pas pour jouer ailier gauche dans une équipe de foot.

 

Le moment le plus pathétique, le plus triste de ses pendaisons reste à mon sens celui où arrive le tour de Diallo Oumar Demba et celui de Diallo Ibrahima Demba, sélectionnés tous deux pour la pendaison car ne voulant se séparer à aucun prix. ; chacun d’eux ne voulant pas assister à la pendaison de l’autre, demande à passer en premier ( les bourreaux tenaient absolument à ce que tous ceux qui devaient être pendus, regardent la pendaison des autres ; ainsi, le numéro vingt huit Samba Coulibaly a assisté à 27 pendaisons, en direct  Live. C’est au tirage au sort, organisé par les bourreaux comme dans les combats de coqs qu’ils ont été départagés ; et c’est l’aîné, celui des deux que la mère a enfanté dans la douleur le premier, qui a été pendu devant les yeux de son frère. Aucune mère, aucun père, aucun frère, aucune s?ur ne pourra pardonner cela.

 

Ce n’est pas de la démence ( comme à pu le souligner un moment l’auteur), ce n’est pas de la folie, car juridiquement un fou est irresponsable. C’est une politique délibérée de nettoyage ethnique ; et pour cela, il y a des responsables. Je me suis toujours demandé ce que nous autres nègres servons à la Mauritanie, et je crois, qu’après après avoir lu l’enfer d’Inal, trouver un semblant de réponse ; Nous ne sommes qu’un ” vulgum pecus “, qu’un troupeau vulgaire et servile qui attend fébrilement dans le ” Death Row ”  l’heure de notre mise à mort. Nous ne sommes que des bêtes (même pas des bêtes de sommes, privilège accordé aux seuls haratins.). Cela est notre tragédie, pire que la Cornélienne, qui rappelle à certains égards la Corrida espagnole et dont les acteurs sont toujours les mêmes : le Maure, le grand notable d’une certaine caste qui n’a aucun doute sur son humanité, sur sa supériorité, sur son destin ; Ces Taya, O / Boilil, Cheikh O/ Mohamed Saleh, Souleymane O/ Eleyatt, Mohamed O/ Sidi, Sidi O/ Néma qui, dans le luxe insolent de leurs résidences désignent entre un ” lowwol ” et un ” thaani ” la bête à abattre ; l’autre maure, le petit d’une autre caste et qui attend patiemment son heure joue déjà le jeu et fait le lien entre le grand Maure et le haratin, c’est entre eux que la manière de la mise à mort sera discutée ; ensuite nous avons le haratin, arabe de seconde zone, nervi, second-couteau qui doit encore psychologiquement se défaire d’un vieux complexe d’infériorité ; Ces, O/ Demba, Sid’ Ahmed, Oumar, Ely O/ Dah qui, entre deux séances de mise à mort tout en essuyant leur sueur avec leurs habits encore rouges de sang attendent le nom de la prochaine espèce à abattre. Ensuite ( enfin devrais-je dire) vient la bête, le ” vreikh “, moi, Anne Dahirou, Sall Abdoulaye Moussa, Lôme Abdoulaye, amoureux de son pays mais traîné à coups de crosses, étranglé au ceinturon, battu à coups de lanières.

 

Tout autour de ce décor dantesque, un fond sonore, des appels du muezzin, des chansons de Dimi Mint Abba, mais aussi les cris des veuves, les sanglots des orphelins ; Le sable fin du couloir est déjà tout noir de sang témoin du passage d’autres bêtes traînées ; la bête designée elle, bien avant d’entrer dans l’arène se vide déjà de son sang car certains Toreros s’ennuyaient et s’amusaient déjà à la taquiner en lui enfonçant dans la chair tout ce que sa pauvre peau laissait passer. Et c’est agonisante qu’elle est traînée jusqu’au centre de l’arène, et c’est agonisante quelle balance son cou, son fanon semble danser et semble s’offrir enfin en sacrifice pour le bonheur du Torero ; L’auteur, s’il n’en est pas arrivé là, s’en est approché et nous en donne son sentiment : ” ..Peu à peu, un détachement total à la vie s’installe en moi et une grande paix envahit mon c?ur.je décide de terminer ma vie dans le recueillement et la prière ; je récite à haute voix tous les versets de coran que je connais. Cela au moins, on ne peut m’en empêcher. Je me prépare à la mort, ils peuvent venir maintenant.” Et telles des hyènes assoiffées de sang les haratins et les autres maures se jettent sur la bête pour que la fête continuât. Mais la bête est presque morte et la fête ne fait que commencer.

Tambadou Abdoulaye et d’autres ont été sacrifiés sur l’autel de la bêtise et ils ne doivent pas être oubliés par les mauritaniens, de quelque bord que ce soit. Celui qui prendra le pouvoir, d’où qu’il vienne doit ne pas oublier l’essentiel, l’essence de la problématique mauritanienne, elle est ethnique ou elle n’est pas.

 

Mahamadou Sy ne termine pas sans rendre hommage à certains maures pour leur probité, leur honnêteté et leur courage ; il voudrait que l’amalgame qui pense que tout maure est un tortionnaire soit évité ; mais à mon sens, c’est une précision qu’il n’avait pas besoin d’apporter car nous savons, ” sans aucun doute “, ” qui est qui “.

 

Ce livre est merveilleusement écrit, c’est le témoignage écrit d’un homme qui a flirté avec la mort, le témoignage d’un responsable militaire qui a servi dignement son pays et qui se voit supplicier par des bourreaux qui étaient jadis à ses ordres ; à le lire, à l’entendre parler de ses compagnons d’infortune torturés jusqu’à la mort ou pendus, on croirait qu’il s’excuse presque d’être encore en vie, mais je crois, sans être ironique que ce livre (comme celui de Boye Alassane Harouna du reste et dont nous parlerons une autre fois) est un bon cru pour tous ceux et celles qui croient objectivement en la volonté du pouvoir de dénégrifier ( déjudaïser devrais-je dire) la Mauritanie et qui comptent prendre le mal par la racine pour une Mauritanie pacifiée, juste, égalitaire et.. ” dénazifiée. “

 

N’GAIDE MOURTADA- FLAM-Europe de l´Ouest.

www.flamonline.com

www.flamnet.info

 

 

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