Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Moi aussi j’étais à Walata (troisième partie)/Par le colonel (E/R) Oumar Ould Beibacar

Moi aussi j’étais à Walata (troisième partie)/Par le colonel (E/R) Oumar Ould BeibacarArrivés des Walis sortants et entrants

Le samedi 3 septembre 1988 à 11h, arrivée des capitaines Ainina ould Eyih, le wali sortant, nommé directeur général de la Sonelec, et le capitaine Wellad Ould Haimdoune, nouveau wali de Néma. Vers 14h, j’étais convoqué par le capitaine Ainina dans le domicile du wali, on lui aurait remonté les bretelles au ministère de l’Intérieur, au sujet de la situation catastrophique des prisonniers dénoncés par mon chiffré.

Il m’avait dit : “quel est ce tintamarre que tu as provoqué depuis ton arrivée, et pourquoi tu n’as pas attendu notre arrivée pour nous faire les comptes-rendus nécessaires ? Tu as rendu compte à Guèye Elhadj qui est peut-être un flamiste. Ces gens là sont des éléments dangereux, ils voulaient mettre le pays à feu et à sang, soutenus par Israël et le Zaïre”.

Je lui ai répondu : “mon capitaine, Israël et le Zaïre ne me concernent pas, moi je suis responsable de la prison qui est régie par une loi. Pour le cas de Tène Youssouf Guèye, c’était très urgent, et il souffrait du foie. Sa maladie était en phase terminale et il était trop faible à cause du mauvais traitement et de la malnutrition.

Au sujet de votre adjoint, ces opinions politiques ne me concernent pas non plus, l’administration est une continuité, et lui il est le wali adjoint, votre absence m’impose de m’adresser à lui, pour lui faire les comptes-rendus au sujet de la situation catastrophique des prisonniers et de l’urgence du cas de Tène. Et il avait agi correctement et rapidement en mettant à notre disposition un médecin pour faire accélérer l’évacuation de Tène et voir l’état de la situation des autres prisonniers.”

Pour toute réponse, le wali rétorqua : “toi tu es bizarre et tu le regretteras, tu peux disposer”, et depuis lors il ne me porte plus dans son cœur. Plus tard, j’avais reçu l’information bien recoupée, que les deux walis sortant et entrant faisaient partie des dizaines d’officiers baathistes, parmi les meilleurs des forces armées, majoritairement originaires des régions de l’Est et du Sud qui avaient été tous révoqués sauf cinq, que le chef de l’Etat avaient maintenus en activité, et sur lesquels il avait fondé son pouvoir, il s’agit des colonels Ely ould Mohamed Vall, Sidi Mohamed Ould El Alem, Wellad Ould Haimdoune, Ainina Ould Eyih et Mohamed Cheikh Ould Elhady. C’était la première connerie du président du CMSN.

Le lundi 5 septembre, on m’annonce une mission de l’état-major conduite par l’officier adjoint, le commandant Ndiaye Ndianko, par le vol d’Air Mauritanie à Nema. Arrivé à l’aéroport, le chef d’agence me confirme que l’avion n’avait pas pu atterrir à cause du mauvais temps et a fait demi-tour sur Nouakchott. Après contact avec l’état-major, on me confirme que la mission rejoindra Néma dès le lendemain, par voie terrestre.

Le jeudi 7 septembre, la mission est arrivée à Néma et m’a demandé de lui chercher un chauffeur maure avec la région militaire, pour remplacer leur excellent chauffeur Ba Aly, un peul, qui ne peut pas voir la prison de Walata. Je suis allé voir le commandant de la 5ème région militaire, un ami qui a aussitôt mis à ma disposition un chauffeur maure que j’ai envoyé à l’officier adjoint. J’ai aussitôt proposé au Wali de nous accompagner avec le médecin chef Mohamed Ould Menou, car leur présence est très utile. Ce que le wali a accepté.

Le lieutenant Mohamed Lemine Ould Ahmedou

L’officier adjoint était accompagné par deux officiers, dont le lieutenant Mohamed Lemine Ould Ahmedou, originaire comme moi de la région de l’Assaba, qui était commandant de l’escadron de sécurité de la prison de Walata avant d’être muté chef du deuxième bureau en juillet 88. A son arrivée a Walata en avril 1988, quand il a vu la situation catastrophique des prisonniers, il a beaucoup pleuré et a même pensé à démissionner.

Il avait réussi à ouvrir quelques fenêtres de la grande salle, améliorer un peu l`alimentation, et avait rendu compte de la mauvaise nutrition et du mauvais traitement des prisonniers à sa hiérarchie, avant d’être muté à l’état-major comme chef du 2ème bureau en juillet 1988. En cette qualité, il avait aussi rendu compte au chef d’état-major de la situation des prisonniers et avait cherché vainement à mettre fin à leur calvaire.

Certains prisonniers pensaient qu’il ne pouvait faire plus par manque de personnalité. Or il était un simple commandant d’escadron chargé de la sécurité de la prison, cependant la situation des prisonniers et leur alimentation relevaient directement de l’adjudant Bobaly régisseur de la prison et qui était lui aussi soumis à l’autorité du commandant du groupement, qui est le premier responsable.

Arrivée de la mission à Walata

A 13h 30 départ de la mission pour Walata, arrivée à 17h30, consultation, médicale à tous prisonniers et à quelques gardes de l’escadron. A la fin de la consultation, j’ai contrôlé comme d’habitude la liste des consultants et j’ai constaté l’absence de deux prisonniers, le lieutenant Bâ Abdoulghoudouss et le professeur Sarr Abdoulaye, je les ai convoqués pour leur demander les raisons pour lesquelles ils ne se sont pas fait consulter, ils m’ont répondu : On n’est pas malade.

J’ai répliqué que la consultation est obligatoire pour tous les prisonniers, ils se sont alors fait consulter immédiatement par le docteur Mohamed Ould Menou. Six jours après le lieutenant Bâ Abdoulghoudouss trouvera la mort. Auparavant le 9 septembre à 18h j’avais trouvé mon frère et ami Bâ Abdoulghoudouss, d’apparence en pleine forme, un peu plus gros que d’habitude, devant une chambre à coté du poste de police. Le médecin me dira plus tard, qu’il était atteint de béribéri, c’est pour cela qu`il donne l`impression d`être en pleine forme.

Je lui ai demandé qu’est ce qu’il faisait là bas, il m’a répondu qu’il était avec les ‘’anciens’’, le commissaire Ly Mamadou, le capitaine Diop Jibril et un civil portant le nom de Ly Moussa Hamet, qui se trouvaient dans des meilleures conditions. Je lui ai proposé de regagner la grande salle avec ses collègues, en précisant que maintenant les choses vont s’améliorer, que je vais le faire remplacer par Djigo Tafssirou, un vieux malade, et un ancien ministre, et que sa place doit être avec ses compagnons. Il m’a répondu : “tu as parfaitement raison, et je suis parfaitement d’accord pour être remplacé par notre imam”, avant de regagner ses collègues.

La mission a regagné le domicile du préfet et nous a conviés, le médecin et moi, pour une réunion. Au cours de cette réunion, il a été décidé d’améliorer la sécurité et l’alimentation des prisonniers, de mettre en place les moyens sanitaires nécessaires pour assurer une bonne santé et une bonne hygiène pour les prisonniers et les gardes, et d’améliorer l’habillement des prisonniers.

En fin de réunion, j’ai dit que les prisonniers avaient d’autres doléances, notamment le problème des chaines, certains d’entre eux sont encore enchainés, ils cherchent aussi le contact avec leurs familles, de la lecture et des radios pour écouter les informations. On m’a répondu : on verra cela plus tard. Nous avons passé la nuit à Walata, que nous avions quitté le lendemain à 9h45 à destination de l’Azib, le troupeau de chameaux de la garde que l’officier adjoint voudrait contrôler.

Décès de Bâ Abdelghoudouss

Nous avons passé une très belle nuit à l’Azib, que nous avions quitté le 9 septembre à 8h, pour Néma ou nous sommes arrivés à 10h. Après la sieste, la mission de la garde a quitté Néma pour Nouakchott à 16h. Cette mission a sans doute amélioré les conditions des prisonniers. Auparavant, Il y avait eu deux missions, la première était dirigée par le lieutenant Mohamedou Ould Sid’Ahmed, chef du B2.

Cette mission, venue le 23 janvier 1988 à 13h à Walata, soit 13 jours après l`arrivée des prisonniers, avait pour objectif d`enquêter au sujet de la torture et de l`humiliation d’un prisonnier ainsi que d’un nomade, par le commandant du peloton, dénoncée par le préfet.

Le chef du B2 avait fait un tour au fort pour voir l`état des prisonniers. Constatant qu’il y avait quatre prisonniers politiques qui étaient plus privilégiés que les autres, il avait posé la question au chef de peloton qui lui a répondu qu’ils étaient ses agents de renseignement, indispensables en pareille circonstance.

Le chef du B2 lui a répliqué : “comment peuvent-ils te renseigner alors qu’ils n’ont aucun contact avec les autres prisonniers, ils doivent nécessairement rejoindre leurs collègues dans la grande salle, je donnerai des instructions les concernant, au commandant du groupement”. La deuxième mission était venue à Walata le 9 février 1988, elle était dirigée par le commandant Frank Guerlain intendant de la garde et concernait exclusivement l’alimentation des prisonniers et des gardes.

Le lendemain 10 septembre, je continue ma passation de service pour Amourj, Adelbegrou, Bassiknou et Fassala. Départ pour Amourj à 12h, arrivé à 14h. Vers 15h à Amourj, on me signale que mon frère et ami le lieutenant Bâ Abelghoudouss avait une forte fièvre, et que l’infirmier l’avait soumis à l`aspirine et la Tétracycline, j’ai alors demandé à l`infirmier de m’informer de l’évolution de sa maladie.

A 17h, arrivée à Adelbegrou, départ à 19h30 pour Bassiknou, à ce moment on me signale que Abdoulghoudouss va mieux et qu’il avait une toux banale. Arrivés à Bassiknou à 23h45, le lendemain dimanche 11 septembre vers 8h, l’infirmier m`annonce, entre Bassiknou et Vassala, qu`il l’a soumis au charbon, à l’aspirine et la Tétracycline mais la fièvre persiste avec un ballonnement abdominal périodique, selon lui. Je lui ai dit que si son état de santé nécessite une évacuation sanitaire sur Néma, il ne doit pas hésiter pas à m`en informer.

A 5h30 départ pour Vassala, arrivés à 12h, retour sur Bassiknou à 18h, pour y passer la nuit. Le lendemain, mardi 13 septembre à 10h, l` infirmier m’annonce qu’il l’a mis sous perfusion et qu’il y a une amélioration dans la santé du lieutenant, malgré des battements de cœur importants. Compte tenu de l`amélioration de la santé du lieutenant, et de la fin de la passation de service, et étant complètement épuisé, j’ai décidé de passer la journée à Bassiknou pour repartir en fin d`après midi à Néma.

A 17h, nous avons fait mouvement sur Néma, et à 17h45, l`infirmier m’annonce malheureusement la dégradation subite de la santé du lieutenant qui nécessite une évacuation sanitaire sur Néma. Le temps de prendre contact avec mon adjoint pour en informer le Wali, à 18h50, l’infirmier m’annonce la perte de connaissance du lieutenant avec des difficultés respiratoires, le temps d’en rendre compte à mes chefs hiérarchiques, l`infirmier me confirme malheureusement le décès du lieutenant Bâ Abdoulghoudouss à 19h d’un neuropaludisme.

(A suivre)

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Moi aussi j’étais à Oualata (Deuxième partie)/Par Oumar Ould Beibacar

alt[…] Pendant l’hivernage, l’administration de M’Bagne se déplaçait de M’Bagne à l’école de Niabina, à quinze kilomètres, au Nord, sur l’axe Boghé-Kaédi. Quand on vint à Niabina, je demandai à maman si l’on pouvait dire : Do weni Niabina (ici c’est Niabina), Do weni Bagodine (ici c’est Bagodine) situé à l’Est de Niabina, Bagodine dont on voyait la mosquée, à partir de Niabina. Elle me répondit : « vous pouvez dire tout ce que vous voulez. L’interdit, c’est Do weni Mbagne (ici c’est M’Bagne).

Le mardi 15 Août 1972, le Conseil des ministres annonçait la mutation de mon père comme chef d’arrondissement de Lixeiba 2 Podor Mauritanie, dans la région du Trarza. Consternation et tristesse de toute notre famille, tant la communauté peule avait conquis nos cœurs. Depuis, nous aimons la communauté peule du monde entier et, particulièrement, celle de Mauritanie, surtout celle du département de M’Bagne. Lorsqu’advint l’électrification des départements de l’intérieur, notre maman n’eut de cesse de demander si  M’Bagne l’avait obtenue et si le tronçon Niabina-M’Bagne,  d’une quinzaine de kilomètres, avait été goudronné. A chaque fois, je me renseignais et l’on me confirmait que M’Bagne, malgré son soutien indéfectible au pouvoir, n’avait encore obtenu ni l’électrification ni le goudron. Quand elle me posa la même question, en 2003-2004, je me suis encore renseigné et appris, ainsi, que pour l’électricité il n’y avait rien de neuf, mais que, pour le goudron, ils espéraient l’obtenir dans les meilleurs délais, puisque le ministre des Transports était un m’bagnois.

Un jour, je trouvai maman particulièrement émue et radieuse. Je lui demandai pourquoi. « Je viens d’apprendre », me répondit-elle, « que la fille de Tijani Kane a donné mon nom à sa fille qui vient de naître. »  A son décès, le 18 Octobre 2007, M’Bagne n’avait toujours obtenu ni électrification ni goudron.

Commandant du GR1 Néma

Avant ma mutation à Néma, j’étais en stage de capitanat à l’EMIA d’Atar. Prévue du 23 Octobre 1987 au 23 Avril 1988, la session fut prolongée de vingt-deux jours et ne donc prit fin que le 15 Mai 1988. A son issue, treize des vingt stagiaires furent déclarés admis, les sept autres se retrouvant ajournés arbitrairement. Quoique tous libérés le 16 Mai, seuls les militaires et les gendarmes bénéficièrent, le jour même, de leur retour à Nouakchott, assuré par leur corps respectif, alors que les gardes durent patienter une semaine à Atar, le chef de corps refusant de leur fournir un moyen de transport. C’est donc le lundi 23 Mai que nous arrivâmes à l’état-major de la Garde. On nous y ordonna de présenter un rapport de fin de stage que nous remîmes au chef secrétariat du corps, puis l’on nous demanda de revenir le lendemain.

Quand nous revînmes, le lendemain vers 9h, le chef secrétariat me dit de me présenter au chef d’état-major, dès son arrivée au bureau, et qu’il m’en informerait. En attendant, je rendis visite de courtoisie au commandant Guérardi, nouveau conseiller du chef de corps qui avait pris service pendant notre stage. J’entrai dans son bureau et me présentai. « Ah, c’est toi, le lieutenant Beibacar », me dit-il, « tu seras muté le plus loin possible de Nouakchott. – Pourquoi donc ? – Il paraît que tu es une grande gueule. – Merci du compliment », rétorquai-je, avant de l’entendre conclure, sibyllin : « le plus loin de Nouakchott, c’est Néma et Néma, c’est toujours la Mauritanie ».

A ma sortie du bureau du conseiller, le chef secrétariat m’informa que le chef m’attendait dans le sien. Je m’y rendis aussitôt pour y trouver un chef de fort mauvaise humeur. « Tu nous as pondu le plus long rapport de fin de stage », me lança-t-il, « et tu y parles d’injustice. De quoi s’agit-il ? – J’ai compté trois injustices », expliquai-je, « la première me concerne personnellement, il s’agit de mon logement de sous-officier où j’avais laissé ma mère et mes frères et dont vous les avez virés, manu militari, sous prétexte que j’avais obtenu un logement de la SOCOGIM, une chambre avec douche et toilettes, à  8 500 ouguiyas par mois, pendant 15 ans.

Mais le règlement prévoit que lorsque le stage est inférieur ou égal à six mois, le stagiaire garde son logement. Ce n’est que lorsque le  stage est supérieur à six mois que son logement peut être affecté un autre officier. Le capitaine Sy Moulaye, ordonnateur du budget au ministère de l’Intérieur, a obtenu un même logement de la SOCOGIM mais occupe toujours son logement d’officier, sans être inquiété. Ça, mon colonel, c’est de l’injustice ». Le chef me demanda de continuer. « La seconde injustice concerne l’état- major de l’armée nationale et l’ajournement arbitraire de sept de nos promotionnaires, pourtant parmi  les meilleurs. La troisième concerne la Garde nationale. A l’issue de notre stage, on nous a annoncé le concours du CPOS. Les ajournés de la gendarmerie et de l’armée ont été autorisés à s’y présenter mais pas ceux de la Garde, exclus sur instructions de son chef d’état-major. Ils avaient déjà perdu une année, à cause de leur ajournement arbitraire, et vous leur en avez donc fait perdre une seconde, tout aussi injustement. J’ai aussi relaté votre refus de nous envoyer un véhicule, après la fin de notre stage, ce qui nous a obligés de rester à Atar une semaine, avant de trouver les moyens de rentrer à Nouakchott ».

« Je peux comprendre ta réaction », me répondit le chef, « au sujet du logement où habitaient tes parents, ainsi que celle concernant l’ajournement de tes collègues. Mais je ne peux pas admettre ta réaction au sujet de tes deux collègues ajournés et empêchés de se représenter au concours. Eux-mêmes n’ont en pas fait problème, dans leur rapport de fin de stage.  – Peut-être ont-ils peur. – Et toi non ? », me rétorqua-t-il. « Je n’ai pas peur de dire la vérité », répliquai-je tout de go, « surtout quand on me le demande, et quelles qu’en soient les conséquences. « Enfantillages ! », conclut le chef, « tu peux disposer ». Je sortis du bureau. Une heure plus tard, le chef du bureau personnel nous remit des titres de permission de trois mois. Cela signifiait qu’on n’était pas les bienvenus.

A l’issue de cette permission, le jeudi 24 Août, le chef du bureau personnel nous notifia nos mutations. J’étais, moi, nommé commandant groupement régional numéro 1, à Néma, comme me l’avait prédit le commandant Guérardi. J’annonçai la nouvelle à ma maman. « Tu ne peux pas nous laisser seuls, moi, tes petits frères et sœurs », réagit-elle, « je vais voir mon fils Bibi » – c’est le surnom de Jibril ould Abdallahi, son beau-fils, alors ministre de l’Intérieur – « pour lui demander de te muter à Nouakchott. – Il ne pourra pas annuler une décision qu’il a déjà prise », expliquai-je, « le commandant de la Garde propose la mutation des officiers au ministre de l’Intérieur qui l’entérine et en informe le président de la République qui l’approuve. La mutation devient alors irrévocable, jusqu’au mouvement prochain, un an ou deux plus tard.  Et puis, ton fils Bibi n’a rien fait pour vous maintenir dans votre logement de la Garde, alors qu’il a épargné, à son collaborateur, le capitaine Sy Moulaye, de subir le même sort ». Résignée, maman répondit : « Le Hodh est une très belle région, ton père fut lui-même muté à Néma, dans les années 50, comme commandant de la brigade de la Garde, en remplacement de Hamma, le matricule 001 de la Garde nationale, et tu as beaucoup de parents là-bas. Puisse donc Le Tout Puissant t’y accorder bonheur et prospérité. »

               

Cap sur Walata

Arrivé à Néma le lundi 29 Août 1988 à 8h30, par le vol d’Air-Mauritanie, je fus accueilli par le lieutenant Dahi ould El Mamy, commandant du groupement sortant, qui m’annonça immédiatement le décès de l’adjudant-chef Ba Alassane Oumar, le vendredi précédent. Je lui en demandai les causes, il me répondit qu’il était venu malade et qu’il en avait succombé. J’étais étonné que l’état-major ne m’en ait pas informé. De 10 à 13h, nous entamâmes la passation de service, au poste de commandement, puis je demandai à Dahi de m’en détailler le programme. « Après le déjeuner », me dit-il, « nous allons commencer par Timbedra puis Aouweinatt Ezbel, Djigueni, Bousteila, Adelbegrou, Amourj, Bassiknou, Vassala et Walata, ça prendra au moins une semaine ». Je lui proposai alors d’inverser le circuit et de commencer par Walata car je voulais d’abord voir la situation des prisonniers. Il acquiesça et, partis à 14h pour Walata, nous y arrivâmes à 18h.

Il y avait, au fort, deux compartiments. A gauche, plusieurs dizaines de prisonniers maures, blancs et noirs, très bien portants. Bien habillés, bien nourris et logés dans des chambres propres et meublées certains tenaient même commerce florissant. A droite, une très grande chambre de plus de 100 m², avec, à l’intérieur, des toilettes exposées, toutes fenêtres fermées avec du banco, sans donc aucune aération et beaucoup de pestilences : y étaient détenus, disait le commandant du groupement régional sortant, « les prisonniers les plus dangereux ». En entrant dans ce local infect, je fus complètement consterné : l’image de dizaines d’hommes, tous noirs et enchaînés, vêtus de haillons, à même le sol, me rappela la traite négrière, telle que j’avais découverte au cinéma. A ceci près, cependant, que les esclaves de la traite étaient fort gros et bien portants, puisque, pour les vendre il fallait qu’ils soient en très bon état. Alors que les prisonniers que je découvrais maintenant étaient très maigres et en très mauvais état ; de véritables squelettes vivants ; avec, malgré tout, dans leur regard, beaucoup de dignité et de responsabilité, et dans leur comportement, une tout aussi respectable attitude.

Je reconnus, en cette assemblée déshéritée, plusieurs officiers de ma promotion, mes frères les lieutenants Ba Abdoul Khoudouss et Barro Moussa Gomel, ainsi que d’autres de la promotion des officiers de réserve en situation d’active – il y eut deux promotions : 80/81 et 82/83 – dont Ngayde Aliou Moctar et Yongane Alassane. A notre sortie de cette horrible cellule, je suis allé voir l’ordinaire. C’était l’heure du dîner : deux marmites ; une pour les prisonniers maures, un bon repas ; quant à la marmite des noirs, juste du riz de mauvaise qualité, fade, sans viande ni épices, vraiment immangeable. 

A notre sortie du fort, je demandai, à Dahi, pourquoi les prisonniers étaient-ils enchaînés, en tel pitoyable état.           « Ce sont les consignes du commandement », me répondit-il, « il a lui-même fait fabriquer les chaînes – Des ordres écrits ? – Non.  – A moi, par contre », commentais-je, « on ne m’a  donné aucune consigne de maltraiter des prisonniers. M’en aurait-on donné que je n’allais, d’ailleurs, jamais les exécuter : elles sont hors-la-loi. Car il y a une loi qui régit les établissements pénitentiaires et j’entends bien la respecter ».

J’interrogeai encore : « Le wali, qui est aussi le directeur de la prison, a-t-il rendu visite aux prisonniers ? – Non mais je lui rends compte régulièrement de la situation ». Nous nous rendîmes alors chez le préfet de Walata et je lui fis mon rapport. Il m’affirma qu’il n’avait jamais été informé officiellement de ce qui se passait dans la prison. Seuls des civils lui avaient parlé de noirs enchaînés qui transportaient des bidons sur une distance de plus de deux kilomètres, cela les avait beaucoup surpris et  tous condamnaient cet inhumain traitement.

Nous passâmes la nuit à Walata et revînmes au fort, le lendemain 30 Août, pour mieux examiner l’état de Tène Youssouf Guèye, les conditions de sécurité et les problèmes des prisonniers de droit commun. Je demandai à Tène comment se sentait-il. « Mon lieutenant », répondit-il,  allez-vous laisser mourir, comme un chien, un des hommes de culture de ce pays ? – Tranquillisez-vous », le rassurai-je, « tout sera fait pour vous évacuer rapidement et vous prodiguer des soins appropriés, incha Allah ».

A 13h30, nous repartîmes de Walata pour Néma où nous arrivâmes à 20h. J’envoyai, immédiatement,  un message chiffré et un rapport à l’état-major sur la situation catastrophique des prisonniers. Dès 8 h du lendemain 31 Août, j’en rendis également compte à  monsieur Guèye El Hadj, l’adjoint du wali, le titulaire  étant absent. Il s’en déclara abasourdi, affirmant n’avoir jamais été informé de ce drame. Je lui proposai alors de saisir, d’urgence, le ministère de l’Intérieur, surtout au sujet de la santé de Tène ; de mettre, à ma disposition, un médecin  pour consulter les prisonniers ; et me permettre ainsi de poursuivre tranquillement ma passation de service. Le wali-adjoint me dépêcha aussitôt le médecin-chef directeur de l’hôpital, Mohamed ould Menou, avec qui je repartis, à 17h 40, pour Walata. Arrivée vers 22h, consultation rapide de tous les prisonniers, jusqu’à 2h30 du matin. Après avoir laissé, au fort, un véhicule, son conducteur et un infirmier, pour assurer le transfert, aux aurores, de Tène à Néma,  nous repartîmes, dès la fin de la consultation, vers Néma où nous arrivâmes, le 1erSeptembre à 6h, pour y rendre compte au wali-adjoint, à 8h 45. Le médecin-chef insista sur l’extrême gravité de l’état de santé de Tène qui nécessitait, s’alarmait-il, « une évacuation d’urgence à Nouakchott ».

Le wali-adjoint nous informa, en réponse, que le ministre de l’lntérieur l’avait saisi au téléphone au sujet de Tène, demandant s’il était possible qu’un avion atterrisse à Walata. « Le préfet m’a dit qu’il n’y a pas de terrain d’aviation à Walata », ajouta le wali-adjoint, « j’en ai informé le ministre, il a décidé d’envoyer un avion sur Néma, pour assurer l’évacuation de Tène ». J’avais donc un peu de temps pour reprendre ma passation de service et, après accord avec le wali-adjoint, je me rendis avec mon prédécesseur à Timbedra. C’est ici qu’on m’annonça, à 10h, l’arrivée de Tène à Néma. Le chef de poste de la prison civile me fit savoir, par radio, que Tène avait été installé dans sa prison, sur ordre du ministre de l’Intérieur, mais qu’il était suivi par le médecin-chef de l’hôpital de Néma, en attendant l’avion médical. Un isolement censé lui interdire tout contact avec des infirmiers négro-africains à l’hôpital, dont le frère du prisonnier Ngaide Aliou Moctar, un activiste du MND, auxquels il pourrait rapporter la situation catastrophique des prisonniers. Mais une mesure d’autant plus ridicule que le poste de garde de la prison était entièrement composé de toucouleurs, qui y avaient été mutés suite à la tentative de putsch de 1987.

Je poursuivis ma passation. Le vendredi 2 Septembre, c’est pendant notre sieste à Djigueni, qu’on m’annonça le décès de Tène, survenu, très exactement, à 13h56. Je partis de Djigueni à 15h30, pour arriver à Bousteila trois heures plus tard. J’en repartais à 20h, pour Timbedra où je passai la nuit. Le 3 Septembre à 6h30, je reprenais la route de Néma. Trois heures plus tard, j’étais devant la tombe de Tène où j’inscrivis ses initiales, TYG, en grattant avec une pierre sur son épitaphe. (A suivre).

le calame

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Moi aussi j’étais à Oualata – 1 : Mes liens avec les Peuls/Par Oumar Ould Beibacar

altLe 7 Mars 1969, mon père, alors chef d’arrondissement d’El Ghabra, actuel Barkéol, fut affecté, au titre  de chef d’arrondissement, à M’bagne, donnant l’occasion, à notre famille, de cohabiter, pour la première fois, avec la communauté peule.  Originaire du Fouta Toro qui fonda le royaume du Tekrour, au milieu du 19èmesiècle, dans la basse et moyenne vallée du fleuve Sénégal, cette communauté avait été la première négro-africaine à se convertir à l’islam, au début du 11ème siècle, convaincue par les prêches d’Abdallah ibn Yacine.

En combattant aux côtés de l’almoravide Abou Bekr ibn Amer, des princes du Tekrour contribuèrent activement à la chute, en 1076, de l’Empire du Ghana composé de noirs majoritairement soninkés païens. On compte, dans la communauté peule, de grands savants prédicateurs et conquérants musulmans qui portèrent le flambeau de l’islam en Afrique noire. Citons, à titre d’exemple, Ousmane Dan Fodio, grand érudit inspirateur de Cheikou Amadou, fondateur de l’Empire peul du Macina, au 19ème  siècle, dans l’Est mauritanien et le Nord malien, ou El Hadj Oumar Tall, grand résistant djihadiste et fondateur de l’Empire Toucouleur.

Liens ancestraux avec les Peuls

Cette communauté a des liens, multiséculaires, d’alliance et de bon voisinage, avec les tribus arabo-berbères du Brakna, dont les plus célèbres sont ceux conclus entre les Oulad Abdallah et les Halaybes. Ma grand-mère paternelle, Khadijetou Yéro Kane, est d’origine peule Ehl Modi Nalla, la famille de son grand-père Oumar Yéro Kane s’était entièrement beydanisée et dissimulée, dans la tribu Ehl Sidi Mahmoud du Guidimakha, fraction Lemjachta Ehl El Keihil où elle est identifiée, aujourd’hui,  sous le nom de  Ehl Yerou. Elle est domiciliée à Taghada, dans le département d’Ould Yengé.

Après mon arrestation, le 28 Novembre 2015, je reçus la visite de quelques notables parents d’Ehl Yérou. L’un d’eux me dit : «Il paraît que tu as été arrêté parce que tu défendais les Peuls. Tu ne sais pas qu’ils sont nos plus grands adversaires à Taghada ? – Tout ce que je sais », lui répondis-je,  « c’est que vous êtes des peuls et devez profiter du nouvel état-civil pour reprendre votre nom, Kane, il est confirmé que les Ehl Modi Nalla sont des chérifs, plutôt que de vous  identifier à des berbères. – C’est vrai», reconnut-il, « mais, par les temps qui courent, il n’est pas bon de s’affirmer peul, ils sont persécutés par le pouvoir. Attendons des jours meilleurs. »

Après un court séjour à l’école coranique du campement, mon père, fils unique, fut confié, à l’âge de dix ans, en vue de l’inscrire à l’école coloniale, par mon grand-père à son grand ami Ngalam Traoré, un agriculteur soninké hors pair, résident à Bakel mais également propriétaire de champs au Guidimakha mauritanien et à Mbout. Bientôt titulaire du certificat  d’études primaires, mon père avait assimilé, au cours de sa scolarité, les quatre langues parlées à Bakel, à savoir le soninké, le pulaar, le wolof et le bambara. En plus de sa langue maternelle, le hassaniya, il savait écrire et parler l’arabe et le français.

Le témoignage de ma mère

Au début du mois de Juillet 1969, je suis venu à M’Bagne, pour la première fois en vacances. J’ai tout de suite constaté que mes petits frères commençaient à parler le pulaar sans accent et intégraient bien le milieu, alors que ma maman, une terrouzia intelligente, généreuse et cultivée, comprenait elle aussi quelques mots, communiquant, de temps en temps, avec les domestiques, avec, elle, beaucoup d’accent. Quand j’ai interrogé ma mère sur ses impressions, quant à ce séjour de quatre mois en village peul, elle m’en fit le résumé suivant.

« Mon fils, pour connaître les valeurs d’une communauté, il faut absolument vivre avec elle, en son milieu naturel. M’Bagne est la capitale du canton, une entité comparable à l’Emirat. Le chef de canton est Abdoul Aziz Kane, décédé en 1960, les deux maisons que tu vois, dans cette même enceinte, lui appartiennent. Dans celle à l’Est, avec cinq ou six pièces, habitent sa femme Hapsa Anne  et ses enfants. Celle à l’Ouest, forte de quatre pièces, là où nous sommes présentement, est prêtée et non louée à l’administration, c’est là que se trouvent le domicile et le bureau du chef d’arrondissement.

Les Peuls sont, généralement, des pasteurs nomades, leur histoire se confond avec celle des vaches, de couleur blanche qui produisent beaucoup de lait, symbole, à leurs yeux, de bonne santé, et présente à tous leurs repas, l’élevage bovin leur est sacré et leur confère un prestige social, ils se marient entre eux, pour éviter de disperser leur troupeau ». Mon père renchérit : « Le grand historien peul, Amadou Hampaté Ba, rapporte, dans ses livres, la légende suivante. Quand Dieu créa la vache, il créa le peul pour s’en occuper.  Les Peuls ne vendent pas leurs vaches mais les  laissent en héritage pour leurs enfants. Pour eux, la vache assure la continuité du peul ; sans vache, pas de peuls. »

« Ils disent aussi, reprit sa mère, « qu’en la vache il y a la baraka, barke nagge. Les Foulbés sont, habituellement, des nomades, spécialisés dans l’élevage bovin, les bergers peuls, comme ceux que tu connais à Touil Ehl Togba et à El Ghabra, suivent rarement leur troupeau. C’est leur troupeau qui les suit. On dirait qu’ils communiquent. Depuis l’avènement de la colonisation, les Foulbés se sont sédentarisés. Certains historiens disent que les Peuls sont d’origine himyarite, arabes du Yémen, d’autres disent que particulièrement les Kane, tes oncles, ainsi que la famille régnante, ici, sont des chérifs, descendants du prophète Mohamed (PBL). Aujourd’hui, les Peuls font partie intégrante de la société négro-africaine. C’est une communauté très nombreuse, s’étendant de la Mauritanie au Soudan, en passant par le Sénégal, le Mali, la Guinée, le Niger, le Nigéria, le Tchad, et le Cameroun, entre autres.

Tribus et castes

Comme nous, les Toucouleurs sont formés de tribus. A M’Bagne, il y en a deux grandes : les Hirlabés qui se trouvent à Mbagne, Niabina, Dabbé, le village du professeur Oumar Ba, Ndiawaldi, Sorimalé et Garalol. La deuxième tribu, les Hébiabés, habite à Bagodine, Dawlel, Ferrallo, Mbohé et Foundou Djéri. Contrairement aux Maures, le sommet de la hiérarchie, chez les Peuls, est occupé par les marabouts qu’on appelle Torodos, puis suivent les guerriers, appelés les Théddos ; les pêcheurs, les Thuballos ; puis les autres, griots, forgerons, tisserands et esclaves. Ils vivent tous en très grande harmonie, dans un respect mutuel extraordinaire. Les Peuls sont un peuple fier, doté d’une rigueur morale à toute épreuve.

Les castes étant fondées sur les métiers, on peut, parfois, changer de caste, en changeant de métier. Par exemple, un thuballo qui abandonne le filet pour le livre devient torodo ; un torodo abandonne le livre pour le filet ou le fusil et devient thuballo  ou theddo. A l’exception des esclaves, toutes les autres castes font partie de la noblesse. Mais ce qui m’a le plus impressionné, chez les Toucouleurs, c’est surtout la rigueur de leur discipline et leur solidarité  sans faille. Les plus âgés, quelle que soit leur caste, sont obligatoirement respectés par les plus jeunes. Même pendant les repas : personne ne peut manger avant quiconque de plus âgé que lui et le plus jeune maintient le plat avec sa main gauche. Quand ils te croisent, ils te saluent toujours les premiers. Le salut est la plus grande marque de respect. Et plus la personne est âgée et plus elle est respectée, quelle que soit sa caste.

M’Bagne est une ville des Thouballo, les plus nombreux et généreux. Ils passent la majeure partie de leur temps à distribuer le produit de leur pêche aux plus nécessiteux, dans la plus grande discrétion. Les cultivateurs font la même chose, pendant la période de cueillette. Ainsi que les éleveurs. Al Hadji Samba Baidi Diop, dit El Hadji Sa – décédé en Juillet dernier, paix à son âme !  –  est un thouballo très grand bienfaiteur. Grand commerçant de  M’Bagne, un des plus grands, il passe tout son temps à prêter son argent aux voyageurs nécessiteux au Sénégal ou qui ont de petits étudiants à prendre en charge. Ainsi qu’aux cordonniers, pêcheurs ou forgerons démunis, en  attendant des jours meilleurs. On dirait que les commerçants de M’Bagne ne cherchent  pas le profit mais, plutôt, la bienfaisance et la solidarité.

Foi et convenances

Les Peuls du département de M’Bagne sont de vrais croyants. Des trente-cinq villages que compte le département, très rares sont ceux qui ne sont pas dotés de mosquées construites par les villageois eux-mêmes. Celle de M’Bagne est très bien entretenue, les prières y sont régulièrement  et correctement accomplies, à bonne heure. Le département avait un ministre dans le gouvernement, Diop Mamadou Amadou, du temps de Moktar Ould Daddah c’est un thiouballo, un homme exceptionnel. Il vint ici en permission et rendit visite à toutes les familles dont les pères étaient plus âgés que lui, à commencer par la famille du chef de canton. Il en fit ainsi, chez nous, avec beaucoup de courtoisie et de modestie. Tu vois cette femme assise sur sa chaise ? C’est Habsa Anne, une femme âgée mais très lucide et de forte personnalité. Elle se lève au petit matin, accomplit ses prières, puis commence à réveiller tous les enfants et étrangers majeurs, pour en faire de même et petit déjeuner. 

Mais attention ! Ici, il y a des choses interdites : il ne faut jamais dire Do weni M’Bagne. Ici, c’est Mbagne.  – Pourquoi ? », quémandai-je. Elle me répondit : « Au cours d’un des nombreux combats que menèrent les M’Bagnois contre leurs voisins, leur chef aurait été gravement blessé et à son retour à cheval, il aurait demandé aux populations qui l’avaient accueilli, « Do weni Bagne? » (C’est ici, M’Bagne ?). Depuis, prononcer cette interrogation est perçu, par les M’Bagnois, comme une provocation. »

« D’où tiens-tu toutes ses informations ? », lui demandai-je enfin. « Je me renseigne », me confia-t-elle en guise de conclusion, « auprès des arabophones m’bagnois ; surtout de Thierno Samba Tafsirou Ba, décédé en 1977, cadi du département  de Mbagne et imam de la mosquée. Un homme très cultivé et  courtois, puisse le Tout-Puissant l’accueillir en Son paradis. » (A suivre)

 

Le calame

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FLAMNET-AGORA: Marche forcée du 09 janvier 2019 : Ils ont marché…sur quelque chose | Pr ELY Mustapha

Marche forcée du 09 janvier 2019 : Ils ont marché…sur quelque chose | Pr ELY MustaphaPr ELY Mustapha – Quand on marche contre soi, on marche sur soi et celui qui marche sur lui-même trébuche.

C’est ainsi qu’ils ont marché ce 09 janvier 2019, pensant avoir marché contre ce qu’ils considèrent comme leur étant extérieur (la haine, le racisme et la discrimination), alors qu’ils ne font que marcher contre leur propre turpitude. Et nul, en fait ou en droit, ne peut se faire prévaloir de sa propre turpitude.

Ont-ils marché contre les putschistes qui depuis des décennies confisquent le pouvoir et les avilissent ? Ont-ils marché contre l’accaparation du pouvoir par une classe corrompue et siphonnant les ressources du pays ?

Ont-ils marché contre l’injustice de tous les jours ?

Ont-ils marché contre la détention abusive d’un citoyen libéré par la justice et incarcéré par un potentat au pouvoir : Ould Mkheytir ?

Ont-ils marché contre le bradage des écoles publiques au profit de commerçants véreux acoquinés au pouvoir maintenant l’éducation dans de piteux états ?

Ont-ils marché contre le bradage du domaine public (Ecole de Police etc…) au profit d’une courtisanerie présidentielle vorace ?

Ont-ils marché contre l’enrichissement illicite et le détournement des biens publics par fonctionnaires, autres hauts commis de l’Etat et par personnes interposées ?

Ont-ils marché contre la destruction des monuments historiques (Sénat/blocs rouges) et des emblèmes de la nation (drapeau, hymne et armoiries nationaux) ?

Ont-ils marché pour dénoncer la cession des ressources naturelles au profit de compagnies véreuses profitant à la gente corrompue au pouvoir ?

Ont-ils marché contre la criminalité, les viols, les meurtres et l’insécurité qu’entretient l’Etat pour justifier son existence.

Ont-ils marché lorsque contre la misère qui sévit et jette des milliers de familles dans le dénuement, la dépendance et la prostitution ?

Ont-ils marché contre les immondices qui ont fait de leur capitale un dépotoir à ciel ouvert ?

Ont-ils marché contre les maladies qui sévissent, l’insalubrité et les hôpitaux-mouroir ?

Ont-ils marché contre les médicaments trafiqués, importés par des criminels-commerçant-pseudo-pharmaciens avec la bénédiction de l’Etat et qui tuent tous les jours des milliers d’innocents ?

Ont-ils marché contre les détériorations des valeurs sociales sous l’impact d’un régime politique qui utilise le mensonge, la falsification et la corruption comme moyen de maintien au pouvoir ?

Ont-ils marché contre la détérioration et la falsification de tout le système éducatif à ses différents stades faisant de l’enseignement et des diplômes mauritaniens, une non-valeur scientifique.

Ont-ils marché contre le bradage des cerveaux de nos enfants à des écoles primaires commerciales qui en font les incultes de demain et le malheur de la Nation ? Non ! Contre tant de violence et de crimes contre tout un peuple, ils n’ont pas marché !

Mais pour quoi, donc, ont-ils marché ce 09 janvier 2019 ?

Certains ont marché parce qu’il fallait au nom de leur administration, et pour garder leur emploi, marcher ; il y a ceux qui ont marché parce que qu’ils pensent servir un idéal matérialisé en slogans et autres partis pris.

Mais tout ce monde a bien moins marché qu’on ne l’a fait …marcher. Au sens propre et figuré. Une marche à pas forcé…sur lui-même.

Car la haine, le racisme…viennent justement de ceux qui ont marché.

Pour que la haine et le racisme et la division disparaissent, et pour que la tolérance s’installe, c’est une autre marche qu’ils faut faire. Pas cette marche de ce 09 janvier 2019, qui n’est que l’expression de la combine d’un pouvoir qui cherche un terrain pour s’affirmer face à des échéances électorales, qu’il sait cruciales pour son devenir. Alors, il réveille les vieux démons, car quoi de plus machiavélique pour continuer à gouverner que de créer des ennemis intérieurs-extérieurs pour générer la peur et la crainte afin de rendre l’existence de ce pouvoir, aux yeux du citoyen, indispensable.

La marche du 09 janvier 2019, c’est, pour le pouvoir en place, se faire une légitimité en opposant le citoyen à ce qu’il craint lui-même, la haine, le racisme et la discrimination qu’il a lui-même contribué durant des décennies à cultiver dans la société mauritanienne.

Il a encouragé le tribalisme et en a même fait même une institution qu’il utilise et manipule au gré de ses intérêts (électoraux, politique, économiques et sociaux.) Il a réduit le citoyen à une collection de tribus et d’ethnies corvéables à merci.

Il a encouragé la destruction du système éducatif, et corrompu l’intelligentsia dont une partie lui sert de bouc-émissaire et de conseillers dans son immonde projet de sape de la nation et de ses fondements. On le sait, le déclin des peuples et des nations nait de la destruction du tissu éducatif, scientifique et culturel…en somme leur âme.

Si ce régime a commandé et organisé la marche du 09 janvier 2019, c’est uniquement pour distraire le peuple des véritables marches qu’il doit, et aurait dû, faire et l’orienter vers celle qu’il pense lui servir contre des individus qui au nom de leur communauté dénoncent le racisme et l’esclavage comme Biram et autres…

Mais Biram est éphémère, et la violence, le racisme et le tribalisme en Mauritanie ne sont pas nés avec lui, c’est le pouvoir violent et putschiste depuis 1978 qui les a exacerbés et en a fait une arme pour son maintien et sa pérennité (déportation et assassinats des années 80 et 90, haine et emprisonnement d’opposants et de sénateurs ces dernières années etc. etc.)

Si une marche devait se faire, c’est bien une marche contre le pouvoir militaro-politique, lui-même, qui est la source de la haine, et de la division qui secoue la Mauritanie. Une division qui prend sa source dans le tribalisme mesquin qu’il a consolidé et utilisé ; une marche contre la misère qu’il a créée et qui engendre la haine du démuni et dont nait la violence…

Marcher contre autre chose c’est marcher contre soi-même, c’est même « marcher dans quelque chose » (au sens littéral et en hassanya) …

Peut-on dénoncer et marcher contre ce que nous savons être de notre propre fait ? Si cela est, alors cette marche est l’expression la plus élaborée du cynisme des gouvernants mauritaniens et l’asservissement de tout un peuple que l’on fait marcher.

Quand on marche contre soi, on marche sur soi et celui quimarche sur lui-même trébuche. En somme, un peuple qui s’est trompé de marche. Une Nation prise dans la turpitude de ses gouvernants.

Pr ELY Mustapha

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Réponse de Hamadi Sow au livre d’ABDOUL BIRANE WANE.

altDans son livre intitulé Les Noirs de Mauritanie, entre résistance et résignation publié aux Editions Continentales, monsieur Abdoul Birane WANE, a livré une attaque inouïe contre notre organisation les FPC, jadis FLAM avec une désinvolture et des vues de l’esprit déconcertantes. Il balaie d’un revers de la main les sacrifices militants consentis par les aînés qui ont livré des luttes, certes jalonnées de hauts et de bas, mais qui ont tout de même coûté la vie à nombre d’entre eux.  J’avoue c’est une curieuse impression d’incompréhension, d’étonnement et de surprise qui s’est dégagée en moi après la lecture de ce chapitre (8) où les approximations se le disputent aux contrevérités insultants ainsi la mémoire des vaillants et courageux camarades aînés, comme s’ils sont indignes d’être considérés comme des résistants à ses yeux.

Tout en laissant à monsieur Abdoul Birane WANE l’entière responsabilité de ses propos blessants parce que mensongers et irrespectueux par déni et la falsification de l’histoire, je ne saurais passer sous silence ses incongruités négationnistes et fantaisistes. 

 

Manque d’humilité ou mépris des sacrifices des aînés ?

 

Loin de moi l’idée de passer en revue toutes les étapes de la résistance allant de l’indépendance en 1960 jusqu’aux années 1989 / 1990, ce n’est pas le propos, mais je vais tout de même rappeler, en guise d’illustration, quelques faits majeurs dans l’histoire politique mauritanienne pour rafraîchir la mémoire des négationnistes et des ingrats de tous acabits. 

En effet, dès l’entame de son chapitre 8, A. B. WANE insulte la mémoire de la résistance à travers les suivants :

« Peut-on parler de résistance en dehors de la période située entre 1989 et 1990 » », s’interroge-t-il (P 141).

D’un point de vue historique, il est important de ne pas occulter le rôle des générations qui ont participé à leur manière au combat que nous poursuivons. Les faits sont là !

 

Le Manifeste des 19” 

Le 04 janvier 1966 les élèves noirs du lycée de Nouakchott déclenchent une grève qu’ils déclarent illimitée en vue de faire supprimer la mesure rendant obligatoire la langue arabe dans l’enseignement du second degré. Par cet acte militant, ils ont déjà posé les jalons de la résistance qui sera incarnée par plusieurs autres générations par la suite. Ceci est une forme de résistance valeureuse et éloquente. De par leur détermination et courage ces aînés ont transmis aux générations futures le devoir de répondre à l’appel du peuple opprimé.

Ça s’en est de la résistance !

Aux survivants, notre respect et notre considération, aux disparus, nous prions pour le repos de leurs âmes !

 

 

Reserved: 2EL Hor

Le mouvement d’émancipation des Haratine, dont les premières bases seraient jetées dès 1974 et qui finira de se structurer en 1978 pour prendre sa véritable dimension. Il est le fruit d’un travail collectif de plusieurs cadres haratine prenant leur destin en main le combat contre l’esclavage dont leur communauté est la principale victime.

Cette prise de conscience matérialisée par la mise en place d’El Hor est une résistance historique qui a défriché le chemin aux générations futures haratine faisant de la lutte contre l’esclavage leur credo.

Ça s’en est de la résistance !

Aux survivants, notre respect et notre considération, aux disparus, Paix à leurs âmes !

 

FLAM

La création des FLAM en mars 1983 à Nouakchott chez feu le doyen Aboubacry Kalidou BA est une résistance et espérance pour certains. La production du Manifeste du Négro-Mauritanie Opprimé, digne héritier de celui de 1966, en le réactualisant et l’enrichissant avec des données et statistiques à l’appui, est une suite logique de la résistance.

Sans la création des FLAM, la production du « manifeste du Négro-mauritanien opprimé », sa publication et sa large diffusion clandestine auprès des chancelleries internationales et auprès de l’OUA, il n’y aurait pas d’arrestations et des emprisonnements qui aboutissent à la mort parmi les pères fondateurs à Oualata. 

Ça s’en est de la résistance !

Aux survivants, notre respect et notre considération, aux disparus, Paix à leurs âmes !

 

TENTATIVE DE COUP D’ETAT

La tentative de coup d’État militaire des jeunes officiers Negro-Mauritaniens (SY Saidou, BA Seydi et SARR Amadou), du 22 octobre 1987 est plus qu’une résistance. Leur témérité, et leur sacrifice pour une autre Mauritanie démocratique, juste et égalitaire, ne seront pas oubliés et ne resteront pas vains. 

Une telle audace, assumée avec dignité jusque devant le peloton d’exécution le 06 décembre de la même année, ne saurait être oubliée ; ce n’est pas le groupe Bolumbal et Abdoul Aziz dit Tazi BA qui vont me démentir !!!

Ça s’en est de la résistance !

Aux survivants, notre respect et notre considération, aux disparus, Paix à leurs âmes !

 

La Régénération des FLAM

C’est cette jeunesse consciente et courageuse, je veux nommer- les camarades Kaaw Touré, Ciré Ba, Amadou Alpha Ba, Mamadou Kane dit Thiernel, Almamy Mamadou Lamine Sackho, Amar Abdoulaye Ba, Alassane Aly Dia dit Diaz, Elhadj NGaide Chérif Ba – qui avaient échappé aux mailles des filets de la police politique après la décapitation de la direction des FLAM suite aux arrestations de septembre 1986, a pris la relève hors de nos frontières, au Sénégal non sans difficultés. Parallèlement au Sénégal, en France d’autres camarades courageux et déterminés portaient l’écho et le flambeau notamment Hammeyel Barry, Ousmane Diagana pour ne citer qu’eux. Grace aux efforts conjugués de cette jeunesse, les FLAM vont renaître de leur cendre. 

En si peu de temps avec des moyens quasi-nuls à leur disposition, ils ont su s’adapter à l’extérieur pour y continuer la lutte et porter la résistance à la face du monde à partir du Sénégal et en France. N’eût été leur campagne de sensibilisation auprès de l’opinion publique nationale et internationale notamment auprès d’Amnesty international il y’aurait sans doute eu plus de morts dans la prison mouroir de Oualata parmi les pères fondateurs des FLAM. Ces jeunes loups, précoces, très déterminés, et combien courageux loin de leur base naturelle, ont opposé une résistance historique et titanesque au régime de Maouya Ould Sidi Ahmed Taya avant la libération des prisonniers de Oualata.

 Ça s’en est de la résistance !

Aux survivants, notre respect et notre considération, aux disparus, Paix à leurs âmes !

 

Si l’ancien coordinateur du mouvement TPMN ignore royalement toutes ces luttes et résistances ayant engendré des morts et toutes autres formes d’indignité et d’humiliation pour ceux qui les ont initiées, cela devient pathétique et même très préoccupant. Ce n’est pas une posture digne d’un responsable politique qui, de surcroît veut se positionner en grand leader de sa génération. Agir ainsi, c’est faire offense et injure aux combattants parmi les plus dévoués dont la loyauté et le sacrifice ne sont plus à démontrer.

 

Accusation de complot : Il faut avoir le cuir épais pour les FLAM-FPC !!! 

 

Dans son réquisitoire diffamatoire contre les FLAM/FPC où le sordide se le dispute à l’insensé, il dit : « Pour l’histoire, je dois citer le rôle que les FLAM ont joué dans cette affaire – la crise ayant conduit à la scission de TPMN – en s’appuyant sur des hommes comme Gando Dia, Malick Sall de la Belgique et Djibril Sanghott du Canada ». PP144 / 145.

Premier mensonge grossier : les camarades Gando DIA et Malick Sall malgré tout le respect que j’éprouve pour eux – ils sont très engagés et bien investis dans le même combat que nous –  ne sont pas des militants de notre organisation, ils ne l’ont jamais été. A titre personnel, j’aurais bien souhaité les compter parmi nous en tant que militants affiliés à notre mouvement. Quels intérêts auraient les FLAM/FPC à s’aventurer à affaiblir le TPMN ? Pourquoi le faire par procuration ? Quel intérêt messieurs Gando DIA et Malick SALL ont-ils à faire cette sale besogne ? Qu’y gagneraient-ils ?

Tout cela est plus que ridicule, invraisemblable et sans aucune consistance. Qui peut croire un instant et donner du crédit à cette allégation mensongère que les FLAM/FPC déstabiliseraient TPMN par des personnes en dehors de leur structure sur lesquelles elles n’ont aucune influence ni pouvoir de contrôle ? Dans sa fuite en avant et sa volonté de nous dénigrer à tout prix il mélange les pinceaux en liant honteusement ces militants à notre organisation afin de noyer le poisson.

 Quant au camarade Djibril SANGHOTT, il est bien un militant de notre organisation et, par ailleurs, le coordinateur de TPMN au Canada. En effet, l’émergence de TPMN en Mauritanie avait spontanément suscité l’intérêt et la sympathie de la diaspora noire mauritanienne qui s’est organisée en coordinations notamment au Canada, en France et en Belgique. Il y avait ainsi trois autres coordinateurs en plus de celui de Nouakchott. Il s’agissait donc de SANGHOTT pour le Canada, Malick SALL pour la Belgique et moi-même pour la France.  Tous ces camarades qu’il diffame, salit, à la dignité desquels il porte atteinte et dont il bafoue l’honneur étaient engagés et dévoués  pour la cause bien avant l’apparition de TPMN.

Pour donner plus de lisibilité à nos mobilisations et les rendre plus homogènes, plus structurées et plus cohérentes au Canada, en Belgique et en France – nous, coordinateurs de ces pays, nous concertions par conférence call (Skype). Nous discutions entre autres des modalités pratiques pour maintenir la pression sur les autorités chancelières de notre pays à l’étranger et sur certaines institutions internationales notamment l’Union Européenne, mais aussi et surtout des voies et moyens susceptibles de nous aider à trouver de l’argent pour venir en aide financièrement à TPMN en Mauritanie.

Ces vidéos conférences n’étaient qu’une plate-forme où nous échangions nos expériences en vue de mutualiser nos efforts afin de rendre le mouvement plus dynamique et efficient. Nous avions donc à discuter de choses utiles plutôt qu’à nous attarder sur sa personne, qu’il confond délibérément avec le mouvement. Nous n’étions que des partenaires et alliés naturels que la gravité de la question du recensement biométrique obligeait à se transcender en mettant de côté nos différentes chapelles pour ne pas dire divergences pour y faire face.

Monsieur Abdoul Birane WANE, après la crise qu’il a lui-même créée du fait de son égo surdimensionné et paranoïaque pense naïvement que ceux et celles qui désapprouvent voire dénoncent son leadership sont des ennemis et les place de fait dans l’autre camp. Pour lui dans sa mégalomanie nous, alliés de l’étranger (France, Belgique et Canada/USA), devrions nous aligner comme si nous étions adhérents de sa structure car il ne connait pas la différence entre alliance et adhésion, s’il ne confond pas les deux à la soumission ! 

Ma rencontre avec monsieur Abdoul Birane WANE.

 

Le recensement biométrique mis en place par le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz a, de par sa nature et les conditions très humiliantes voire indignes qui le caractérisent, suscité le mécontentement et la peur au sein de la communauté Négro – mauritanienne. A Nouakchott à la veille des états-généraux de l’éducation, quatre organisations se coalisaient (Initiative Mauritanienne pour l’Egalité et la Justice : IMEJ, Conscience Citoyenne, Kawtal et Fede Diokere Endam Thierno Yaya Bass), pour réfléchir ensemble à une contribution collective relative à la prise en compte et à l’officialisation des langues nationales. Entre temps, l’urgence de faire face au dit recensement qui s’est révélé dans son exécution raciste et discriminatoire vis-à-vis de la communauté noire, ces organisations prennent les devants en organisant des sit-in et marches pour dénoncer la volonté inavouée du régime de poursuivre le génocide, entamé à la fin des années 1980, à travers l’exclusion des Noirs de l’état civil. Ainsi, le slogan ” Touche pas à Ma Nationalité”, devient le nom du collectif et monsieur Abdoul Birane WANE, qui y représentait l’IMEJ, son premier coordinateur.

En France, comme à l’accoutumée, c’est le collectif des organisations mauritaniennes (regroupement d’associations, de mouvements, de partis politiques et de syndicats), qui a pris en charge la question. J’ai eu l’honneur d’être choisi   comme coordinateur. Étant tous les deux coordonnateurs, nous avons noué une relation privilégiée pour synchroniser nos actions militantes, échanger des informations au profit de nos deux structures sœurs et partenaires dans le but d’intensifier et mobiliser davantage nos concitoyens.

Nous échangions très fréquemment pour faire le point sur nos différentes mobilisations et tirions les enseignements pour aller de l’avant. Ainsi est née notre collaboration voire une certaine complicité et de la considération. Je l’appelais « Tokara baba », homonyme de mon père !

 

 En France, et en Belgique, la mobilisation des diasporas de TPMN est forte et attire les mauritaniens établis en provinces des deux pays, d’où une forte affluence dans les manifestations grâce à l’abnégation et aux efforts conjugués de tous les membres du collectif.  La problématique du recensement biométrique est une des rares causes qui ont véritablement fédéré la diaspora Mauritanienne. A Nouakchott, sous l’égide et la coordination de monsieur Abdoul Birane WANE le mouvement TPMN connait un grand engouement et une forte mobilisation.

Pour accentuer et étendre la pression sur les autorités nationales, mener à bien la sensibilisation à l’intérieur du pays et faire face aux frais liés à l’impression des tracts, des banderoles, au transport et à l’assistance aux nombreux blessés suite à la répression de la police politique sur les manifestants, notre collectif venait en aide financièrement à nos camarades de TPMN Mauritanie. Parallèlement, notre organisation, les FLAM/FPC, de son côté, le conseillait, l’accompagnait et le soutenait financièrement. Cette collaboration souterraine faisait de monsieur Abdoul Birane WANE le principal et seul interlocuteur de son mouvement auprès de notre organisation et du collectif de la diaspora mauritanienne en Europe.

Il bénéficiait ainsi d’une forte sympathie auprès des plus hauts responsables de notre organisation (le président, le porte-parole et moi-même secrétaire national aux relations extérieures), avec qui il discutait et entretenait une relation privilégiée. La déception n’en est que plus grande pour nous car au vu des rapports que nous entretenions il aurait dû prendre son courage à deux mains et assumer ses responsabilités pour s’expliquer avec nous de vive voix sur ce prétendu complot au lieu d’alimenter cette fausse et dangereuse idée qui n’a jamais existée et qui relève du pur fantasme d’un individu qu’une estime démesurée de soi détache du réel!

 

Le redéploiement des FLAM

Dans le cadre du redéploiement de notre organisation en Mauritanie, en ma qualité de secrétaire national aux relations extérieures, j’ai effectué une mission de sensibilisation et d’information auprès de certains responsables politiques à Nouakchott en avril 2012. 

Dans ce cadre, j’ai rencontré monsieur Abdoul Birane WANE le 06 avril à son domicile à Nouakchott de 18h à 19h45. A l’instar des autres acteurs politiques, je lui ai fait part de notre redéploiement prochain afin qu’il en soit informé officiellement en sa qualité de coordinateur du mouvement TPMN. A l’époque la relation que nous avions m’autorisait à penser qu’il serait un allié objectif sur le train avec qui notre mouvement pourrait mettre en place le pôle d’opposition au système ; mais aussi et surtout, à moyen terme, envisager une éventuelle fusion de nos organisations pour optimiser et capitaliser nos énergies militantes au sein d’une seule organisation dans laquelle lui et son équipe pourraient jouer un rôle prépondérant comme acteurs de premier plan.

Il semblait apprécier ma démarche et partager mon souhait. Tout de même, au moment où nous échangions, rien n’était formalisé ni acté, juste des pistes de réflexions, des souhaits d’unité de notre part.

Les FLAM, dans la perspective de leur retour au pays, s’étaient fixées une feuille de route où figurait en bonne place cette idée forte de réunir toutes les oppositions au système en un seul regroupement (les forces d’obédience négro-africaine et les progressistes et démocrates arabo-berbères), pour rendre leur action plus énergique et audible en mettant en relief ce qu’elles ont en commun. Il m’avait promis de faire un compte rendu de notre entretien à son bureau et me ferait part de la suite que je n’ai jamais eue.

A mon retour en France, comme il est de vigueur, j’ai fait un rapport pour rendre compte à notre bureau de l’ensemble des rencontres que j’ai eues à faire dans le cadre de la mission qui m’était confiée. Ce rapport est envoyé le 28 mai 2012 à 16h17. En plus des éléments cités plus haut, il y est fait mention de la démission du camarade Mamadou Kalidou BA de TPMN Mauritanie suite à des divergences avec lui, démission que nous déplorions, et le souhait de notre côté de formaliser la collaboration entre nos organisations. Ayant fait état de tous ces éléments d’information dans ce rapport- écrit noir sur blanc détaillant tous les points abordés, je ne saurais dire qu’il était injoignable, contrairement à ce qu’il a affirmé faussement, je cite : ” je l’ai (Hamadi SOH, moi), reçu chez moi et nous sommes entretenus pourtant pendant des heures, mais une fois de retour en France, il a tout simplement laissé entendre que j’étais injoignable ». PP/146. Ceci est la deuxième accusation farfelue, mensongère et grotesque une nouvelle fois. 

Toujours emmuré dans sa posture mensongère et fantaisiste, monsieur Abdoul Birane WANE continue d’égrener son chapelet de contrevérités à travers des raisonnements totalement fallacieux. Les FLAM, à défaut de pouvoir instrumentaliser son mouvement vont s’attacher à le déstabiliser pour s’imposer plus facilement en Mauritanie : “Pour mieux se positionner ; il leur (FLAM/FPC), fallait un terrain vierge pour pouvoir s’imposer plus facilement. Donc un mouvement fort comme Touche pas à ma nationalité, actif sur le terrain et qui ne voulait pas être leur instrument, ne les arrangeait pas. Ces éléments expliquent pourquoi nous pensons que ces hommes ont œuvré dans l’ombre pour déstabiliser notre organisation.” PP/ 146.

Que retenir de cette déduction honteuse et immonde si ce n’est une troisième contre vérité encore plus nauséeuse qui en dit long sur l’homme et qui montre combien il est borné et fait preuve de malhonnêteté caractérisée indigne d’un responsable.  Monsieur Abdoul Birane WANE se fait beaucoup de fausses illusions en se posant comme une éternelle victime de complots ourdis par des ennemis tapis dans l’ombre. Serait-ce un contre feu pour détourner l’attention, camoufler son forfait ? Visiblement, il rêve plus grand que ses capacités.

 

Quand on est responsable et surtout d’un mouvement citoyen comme TPMN, il ne faut pas faire de raccourcis douteux et fallacieux. Il faut se montrer un peu plus à la hauteur du devoir et des responsabilités ; cela suppose parler en connaissance de cause et donc soumettre à l’examen des arguments clairs et leur source, sous-peine de tomber dans le simplisme et le ridicule !  

 

La crise de Touche Pas à Ma Nationalité : TPMN

 

A l’instar de toutes les organisations sincères et dynamiques, TPMN a connu son lot de difficultés inhérentes à son fonctionnement. Certains cadres du mouvement notamment docteur Alassane DIA, porte-parole, Housseynou DIALLO, chargé de relations extérieures, Abasse DIAGANA et Youssouf SYLLA chargés de la communication, entre autres dénonçaient l’accaparement et la monopolisation quasi exclusive de toutes les instances de l’organisation au profil du seul et puissant coordinateur monsieur Abdoul Birane WANE. Ils se sentaient isolés et dépouillés de leurs responsabilités par lui. Quant à lui, il reprochait aux autres d’être des pions : « Nous sommes victimes de notre propre succès. Après de nombreuses et infructueuses tentatives de récupération de notre mouvement, les dinosaures tapis dans l’ombre ont décidé de détruite notre organisation”. Plus loin, il dit : « Notre structure dirigeante s’est trouvée infectée de leurs pions dont la seule mission consistait à semer la zizanie parmi nous afin de faire éclater plus tard le mouvement. », PP 141, 142. Comme le dit l’adage populaire, qui veut tuer son chien on l’accuse de rage.

Monsieur WANE qualifie tous ces militants d’ « infiltrés » depuis le début de la crise en mai 2012, jusqu’à la parution de son livre cette année, sans jamais apporter une seule preuve pour étayer ses affirmations. Comment peut-on porter et attribuer de telles accusations très graves dans un livre, de surcroit, sans se soucier une seule fois d’y joindre des éléments de preuve ? En réalité ces militants auxquels l’Histoire aura finalement donné raison n’étaient ni infiltrés par quelque organisation que ce soit, ni, encore moins, des pions de l’Etat mauritanien ; leur seul tort était de s’opposer à votre autoritarisme et à l’irrespect avec lequel vous les traiter. L’Histoire aura démontré que monsieur Alassane Dia, le leader de TPMN et ses camardes n’ont jamais roulé en réalité pour le pouvoir en place. Monsieur Abdoul Birane WANE, n’êtes-vous pas impliqué dans la campagne de Mohamed Ould Abdel Aziz pour la présidentielle de 2014 ? La réponse semble aujourd’hui un secret de polichinelle. Avez-vous pas introduit les jeunes du Mouvement Y’en a marre de Boghé auprès du Président Mohamed Ould Abdel Aziz pendant la même campagne présidentielle ? Pour avoir osé dénoncer la non tenue des promesses que Mohamed Ould Abdel Aziz leur avait faites à cette occasion, ils ont dû payer très cher ; leurs leaders ont été passés à tabac et laissés pour morts lors d’une visite du Président à Boghé.

 

Au lieu de faire face à une fronde ouverte au sommet remettant en cause ses méthodes et son leadership en écoutant attentivement les critiques et dénonciations formulées par les membres de son bureau et répondre de ses actes, monsieur Abdoul Birane WANE a préféré regarder ailleurs en accusant tantôt le pouvoir, tantôt notre organisation d’être derrière ce soulèvement : “notre maison brûle, nous regardons ailleurs !”.

N’est-ce pas lui qui, au début de la crise, accusait le régime en place de détruire le mouvement, (voir le communiqué qu’il a publié le 25 mai 2012 : “Après une année d’existence, de lutte acharnée et de contestation sur le terrain, Touche Pas à Ma Nationalité réaffirmait sa volonté de lutter pour la dignité des noirs opprimés… C’est dans ces conditions que le régime s’est attelé à détruire TPMN, en semant la zizanie par l’intermédiaire d’élément infiltrés pour faire éclater le mouvement de l’intérieur.” Il faudrait tout de même choisir qui des FLAM / FPC ou du pouvoir voulait détruire son mouvement pour se donner un tant soit peu de crédit.

 

Face donc à cette nébuleuse interne, au lieu de s’armer de courage et de responsabilité comme un bon leader en difficulté, en réunissant son bureau – même si l’écrasante majorité rejette et condamne ses méthodes de cavalier seul, monsieur Abdoul Birane WANE publie sur les réseaux sociaux un communiqué le 25 mai 2012 dans lequel il est question de la création d’un nouveau bureau débarrassé de tous ceux qui lui tiennent tête. Ce faisant, il porte la responsabilité historique de la destruction de l’élan et de l’espoir sans commune mesure qu’avait su susciter TPMN au sein de la communauté noire. Par ses agissements et ses mensonges éhontés il a provoqué le découragement et la démobilisation de nombreux militants qui ne savaient plus à qui se vouer. 

Les camarades bannis par monsieur Abdoul Birane WANE qui a ainsi « court-circuité le mouvement en créant un bureau sorti de nulle part » ont mis en place leur propre bureau dont docteur Alassane DIA est le coordinateur. Voilà la réalité amère et triste avec des conséquences négatives sur la suite de la marche mouvement que l’on connaît.

 

Au regard de ce que notre organisation partage avec TPMN (des militants communs, des luttes menées ensemble sur le terrain à l’intérieur et à l’extérieur), cette accusation incongrue de Monsieur Abdoul Birane WANE peut apparaître une surprise bien déplaisante. Ce déchaînement de haine envers les FLAM/FPC devenues subitement la cible passionnelle pour ceux qui sont censés être ses alliés naturels et auxquels elles ont apporté aides et soutiens interroge bien sûr. Qu’ont – elles (FLAM/FPC), fait pour mériter une telle lâcheté ? Plusieurs explications peuvent être envisagées, mais en âme et conscience j’écarte sans aucun doute et en connaissance de cause tout complot à l’initiative directe ou indirecte de notre direction nationale ou de nos directions régionales. Je déclare avec force que les FLAM / FPC n’ont jamais, vraiment jamais, cherché à déstabiliser TPMN encore moins à comploter contre lui. Ce soi-disant « complot » n’est qu’une pire invention de monsieur Abdoul Birane WANE !

 

Il est connu de tous les observateurs et de tous ceux et celles avec qui nous partageons l’arène politique que les FLAM/FPC ont toujours nommé et ciblé clairement leur ennemi. Seul le système raciste et esclavagiste incarné par les différents régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat – à l’exception de la courte période du régime du président déchu Sidi Ould Cheikh Abdallah – et ses partis satellites sont nos ennemis. Il est également connu de tous que nous avons toujours fait le distinguo entre notre ennemi – le système – et nos adversaires et concurrents politiques. TPMN de par son credo – dénoncer le génocide biométrique – et de par la composition de ses leaders dont certains sont des camarades, d’autres des sympathisants, ne pouvait attendre de nous que l’aide, le soutien et l’accompagnement. C’est précisément ce qui a été fait avec beaucoup de générosité et de solidarité. Nous n’avons jamais hésité à répondre promptement et positivement aux diverses sollicitations que nous avons honorées avec fierté et responsabilité.

 

Ces accusations très graves ne reposent sur rien. Aucune argumentation ni preuve plausible ne sont fournies pour donner de la crédibilité à ses affirmations si ce n’est que certains camarades l’ont exclu de leurs pages privées Facebook : « Ils nous ont supprimé des groupes Facebook qu’ils administraient, même Libérez Abboul Birane Wane ». PP 146.  Quelle légèreté ! A ce jour, notre organisation n’a jamais disposé de page officielle Facebook. Les militants sont libres de soutenir, ou pas d’ailleurs, qui ils veulent sur leurs pages et groupes privés Facebook. Ceci n’engage nullement notre organisation même s’ils sont des militants de notre mouvement.

Je ne sais qui il veut incriminer parmi nos camarades qu’il confond délibérément avec notre organisation : ce n’est pas parce qu’un militant affilié à une organisation vous critique, vous dénonce et/ou partage les avis de vos ex-camarades qu’il devient ipso-facto votre ennemi ou bien un adversaire. Un militant existe en tant qu’un individu qui a une certaine liberté de penser qui peut aller dans le sens que vous souhaiteriez comme dans le sens contraire. Ainsi, il peut en toute liberté apprécier, prendre position et juger un ou des faits qui n’engagent que lui-même, même s’il est affilié à un parti ou mouvement. Prendre les points de vue des uns et des autres en faire la somme pour en déduire la position de leur parti, c’est faire preuve d’une sérieuse incompréhension de ce qui différencie la position officielle de ce dernier et de ceux qui y adhèrent.

Monsieur Abdoul Birane WANE brille par son esprit paranoïaque qui consiste à ne voir que du mal partout. Un esprit malsain qui procède par des déductions et des raccourcis farfelus au lieu de chercher à trouver des éléments objectifs pour fonder ses positions.

En balayant d’un revers de main, par la dénégation, tous les sacrifices et combats menés d’avant 1989, en diffamant notre organisation sans scrupules, en calomniant ses propres camarades avec beaucoup de légèreté et de mensonges grossiers, sans relever l’indignité voire l’irrespect avec lequel il blesse et bafoue l’honneur de quelques autres personnes qu’il vilipende et agresse honteusement dans ce calamiteux chapitre (8), M. WANE a montré combien il est malhonnête, fait preuve de manque d’humilité et de lucidité à cause de sa propension à mentir, à calomnier à agir par des fantasmes et falsification de l’histoire. Un responsable politique se doit de s’attacher à l’éthique et aux rigueurs du combat, il n’a pas le droit en tant que patriote témoin et acteur de la lutte de libération du peuple de mentir et calomnier sciemment pour affaiblir les adversaires et surtout ne pas confondre le fait et le rêve pour ne pas dire le fantasme. Le fait que vous calomniez des personnes, je dirais des camarades, que vous jetez en pâture en les dénigrant gratuitement et en les accusant publiquement sans fournir aucune preuve avec une telle indignité et ignominie en dit long sur votre cruauté, irresponsabilité et lâcheté.

 

J’invite monsieur Abdoul Birane WANE à prouver ce qu’il a publié dans le chapitre 8, il ne suffit pas de dire, encore faudrait-il prouver vos affirmations. Autrement dit, soyez un peu courageux : au lieu de se poser en victime, donnez la preuve de votre victimisation, des complots que vous prêtiez aux FLAM / FPC. A moins qu’il nous dise, comme dirait l’autre, “A ce niveau de diffamations et d’ignominie, il n’y a plus besoin d’argumentation”.

 

Au vu de l’extrême gravité et de l’énormité des mensonges nauséabonds étalés dans ce chapitre 8, contre notre organisation, contre certains camarades et l’insulte insupportable et infamante contre les sacrifices consentis par les générations précédentes, je m’indigne foncièrement et tiens par ces mots à dire ma forte et sincère désapprobation contre ce torchon. N’est-ce pas Jaurès qui disait: « Le courage c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux hués fanatiques ».

 

Manchecourt, le10 décembre 2018

Hamadi SOH

 

 

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