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Problématique du Système Educatif National: contribution de SAMB THIAM ( 2eme partie).
Notre système éducatif est donc à genoux. Des générations d’écoliers issus des milieux défavorisés ont été sacrifiées sous l’autel du slogan de la “repersonnalisation” factice et démagogique.
Pour changer les choses il nous faut, si nous sommes sincères, procéder à une véritable réforme structurelle qui conduise à une Ecole moderne, efficiente, avec comme préalable le renoncement à toute idée, à tout projet assimilationniste et hégémonique, sous-jacent.
*Il nous faudra , après cela, articuler certains facteurs :
-Adaptation de l’output aux besoins nationaux et du marché en général ( adéquation formation /emploi )
-Association des communautés villageoises à la prise en charge partagée de l’Ecole,
-Instauration d’une continuité entre formation initiale et formation continue, en paliers
-Adoption de certaines mesures d’accompagnement : (régulation du mouvement des Enseignants du public vers le privé à réorganiser et responsabiliser ; lutte ferme contre le désordre général qui prévaut – à supposer qu’on puisse le faire dans une Administration générale où le désordre et l’absence quasi systématique de suivi sont érigés en norme – , respect de la hiérarchie, de l’ancienneté, restauration de la promotion et du contrôle rigoureux des Enseignants, régulation des détachements abusifs et anarchiques, sanction sévère des absences fantaisistes, rationalisation des moyens etc ).
-Vigilance sur le corps de contrôle ( contrôle, fiche de suivi , formation du personnel , identification des Enseignants fictifs … )
-Mais surtout, procéder au rétablissement des bases de justice à l’école en supprimant l’iniquité actuellement en cours entre enfants dans l’acquisition du Savoir ; les Psycho-pédagogues s’accordent unanimement pour dire qu’un enfant qui commence par une langue étrangère accuse six (6) années de retard de scolarité. Les Ecoliers négro-africains faisant face à deux langues étrangères, au sens pédagogique terme, subissent donc un double handicap qui équivaut, logiquement, à 12 années de retard.
Il faut corriger ça !
*-Il nous faut, par ailleurs, clarifier le statut et le rôle attendu de chaque langue dans notre Ecole, à court, moyen et long terme. Pour ma part, je suis pour une Ecole qui parle plusieurs langues, comme la nation mauritanienne – pour un Etat multi-nations fédérateur des langues et cultures- . Les langues maternelles, toutes les langues maternelles, comme facteur d’apaisement des frustrations et tensions, et aussi comme facteur de développement ; le Français ou/et l’Anglais – comme porteur de pensée scientifique –( à un certain niveau), le chinois… Mohamed ould Abdalhaye disait que “la langue maternelle constitue pour tout un chacun l’outil irremplaçable de toute production scientifique effective et le socle de tout esprit créatif”.
-Je suis de ceux qui proposent que chaque enfant commence sa scolarité dans sa langue maternelle, pour aborder dans un 2eme temps une langue nationale seconde, qui serait enseignée comme langue de communication tout court ; L’arabe pour les Ecoliers Negro-africains, le wolof ou le pulaar, ou le soninke, le bambara pour l’arabo- berbère. Cette seconde langue serait affectée d’un coefficient faible de manière à ne pas gêner ou compromettre la progression de l’enfant.
L’instruction civique, morale ou religieuse, l’histoire, seraient enseignées en langues nationales. La philosophie, apte à former la pensée critique, serait enseignée en Français ; Il ne serait pas sain, ni judicieux au regard de l’évolution actuelle des choses, de faire porter l’enseignement de cette discipline par la langue Arabe –tant que celle -ci “n’est pas réformée”, et parce qu’elle est en ce moment “récupérée par le courant dogmatique et conservateur en Islam qui rejette la pensée critique et privilégie la répétition à l’identique”, selon le linguiste Algérien A Dourari. En effet, ce qui se passe autour de nous et dans le monde actuellement, n’est pas pour rassurer et n’incline pas à la pensée libre, telle que nous la connaissons chez Al Kindi, Averroes, Mohamed Abdou, Mohamed Iqbal…
Il y aurait lieu de procéder également à des réaménagements pratiques, en supprimant certaines anomalies aberrantes qui ne répondent à aucune logique objective : qu’est-ce que, par exemple, l’instruction civique, morale et religieuse en arabe (coeff 4 ) vient chercher, objectivement, en classe terminale série D ou C, si ce n’est pour pénaliser les uns et constituer un bonus pour les autres ?
Si la baisse de niveau est un phénomène général, elle est davantage plus accusée chez nous, à cause de nos pesanteurs propres ; ce phénomène est davantage accentué, ces dernières années, à cause en particulier, de la dernière réforme porteuse de tous les maux et de toutes les anomalies, sur laquelle il nous faut revenir …
Sous le couvert d’uniformisation de l’Ecole mauritanienne “qui divise” disait-on ( système à filière -Arabe/bilingue -) , cette réforme fut conçue et mise en œuvre en 2000. Son objectif déclaré était “d’unir” les Ecoliers en leur faisant suivre une seule et même filière ; plus de filière arabe où se retrouvaient quasiment tous les écoliers arabo- berbères, plus de filière bilingue, fréquentée exclusivement par les enfants négro-africains …
Autre attente exprimée à travers cette réforme, la nouvelle Ecole favoriserait la rencontre d’enfants issus de milieu social ou ethnique différent, qui déboucherait sur l’esprit de solidarité, de camaraderie retrouvée, de gestation de la citoyenneté ou du sentiment d’appartenance commune à un même pays, comme par le passé …
Derrière ces ambitions nobles, mais combien trompeuses, se cachaient, en réalité, des considérations et préoccupations bassement partisanes et claniques. Le souci n’était pas de s’attaquer aux dysfonctionnements du Système en général, mais essentiellement, de trouver une solution, à l’impasse de la filière arabe : Il fallait sauver les Ecoliers, naufragés, de la filière arabe, sans issue ! Filière qui consacrait un échec massif des enfants, sans réels débouchés ni perspectives de réinsertion dans le tissu économique.
En effet, chez nous la langue française – à la vie dure- était loin d’être morte et ailleurs l’anglais et le Français étaient de rigueur. Pour un étudiant formé donc uniquement en arabe, l’horizon interne et externe était assez rétréci, le champ des possibilités fortement restreint…
Cet échec de la filière arabe – le seul à l’origine de la réforme scolaire actuelle-, s’est illustré, on s’en souvient, par le renvoi dans les années 2000 d’un bon nombre de Professeurs de Sciences et de Mathématique, arabophones, reversés dans la diplomatie, ou affectés à d’autres tâches et fonctions administratives. Soit donc le corps arabophone, soit le médium était mis en cause dans l’enseignement des sciences, soit dit en passant …
La solution choisie fut donc de revenir à l’enseignement de certaines matières de base en Français (sciences et Mathématique ), qui était, jusque- là, réservé à la filière bilingue où se retrouvaient les écoliers négro- africains. D’un coté on levait un écueil – retour du français -, de l’autre on en créait, délibérément, par l’imposition de la langue arabe aux écoliers non arabes, avec de surcroît une langue éclatée en matières multiples affectées de coefficients accrus, accentuant ainsi leur handicap et leur échec massif, à travers une série littéraire totalement arabisée ! L’histoire, la géographie, la philosophie, la langue, l’instruction civique, l’instruction morale religieuse sont dispensées en arabe ! Appliquée brutalement, cette réforme allait pousser des milliers d’enfants négro-africains, pris de court et désorientés, à abandonner massivement l’Ecole.
On a donc réformé, mais en veillant à préserver soigneusement la nature discriminatoire du système qui opérait comme un filtre…Faisant déjà face à deux langues étrangères, -double handicap à surmonter- voilà qu’on multipliait de nouveau les obstacles sur leur chemin, ce qui, nécessairement, affecte négativement, fortement et durablement leur réussite scolaire. Voilà pourquoi , à titre d’exemple, au baccalauréat 2016, niveau national, série C, sur 100 admis on compte deux (2) Négro –africains ! A Kaédi sur 1061 candidats au bac toutes séries confondues il y a 37 admis négro -africains …Djeol compte zéro admis ! Voilà pourquoi dans les examens et concours d’accès à l’emploi les enfants et jeunes négro-africains sont recalés. De 2000 à 2016 les résultats sont tous les ans plus catastrophiques que jamais. L’Equité a déserté notre Ecole dès notre accession à l’indépendance …
Enseigner nos langues négro- africaines -gage de l’équité et de l’égalité des chances à l’Ecole et en société – n’a jamais, réellement, effleuré l’esprit des réformateurs. Ce fut –et ça le demeure – le cadet des soucis de nos gouvernants ; Il ne le fallait surtout pas, car ce serait “ouvrir la boite de Pandore, affaiblir la suprématie consacrée de la langue arabe, remettre en cause l’arabité de la Mauritanie”, compromettre le “rééquilibrage” du rapport de force, en voie de parachèvement …
Tel est l’esprit qui nous gouverne toujours !
Cette actuelle réforme, sabordant au passage l’Institut –performant – des langues nationales, n’a pas moins divisé et l’Ecole et la société mauritanienne. Par ses conséquences directes, des Profs de fac francophones, négro- africains, sont entrain d’être poussés vers la sortie, en voie de chômage technique…Les Profs de Droit, et d’histoire sont actuellement touchés, demain ce sera au tour des Profs de lettres. On devine la suite logique du processus sur l’Université… (et lorsque je parle de l’autre Elite- qui a choisi , pour l’essentiel, de se coucher, je note des grincements de dents !!!
En conclusion, l’uniformisation du Système scolaire actuel, à travers cette réforme dernière, s’est faite au détriment des enfants négro africains, au détriment de l’Unité nationale. En lieu et place de la réconciliation, elle a reconduit et accentué la fracture entre Ecoliers et entre communautés, par ses inégalités. Peut –il, du reste, y avoir réconciliation, restauration de l’esprit de camaraderie sur le socle de l’injustice ?
La baisse de niveau est, il est vrai, à l’échelle régionale, africaine et mondiale, mais elle est particulièrement aiguë chez nous à cause de la série de réformes à caractère idéologique et partisan…
“Notre pays dont l’unité s’est forgée dans l’épreuve entend sauvegarder cette unité comme son patrimoine le plus précieux. La diversité est une source d’enrichissement, elle ne doit jamais devenir une source de division. Unité dans la diversité, sans doute, unité dans une stricte égalité, des droits de chacun, sans discrimination d’aucune sorte. C’est ce que nous commande une vision de la réalité, une analyse sans complaisance des faits”.
Ce sont là des propos que tenait M. ould Daddah, mais quel usage en fit-il ? Nous pouvons réussir si nous abordons notre problématique dans un esprit exempt de tout calcul, de tout esprit partisan ou hégémoniste. Nous réussirons à condition d’être mus par le seul désir de construire, une fois pour toute, un système éducatif performant, fonctionnel, efficient , qui servirait l’égalité des chances , offrirait les mêmes opportunités et assurerait au peuple , dans toute sa diversité, développement, bien-être, et harmonie.
Samba Thiam
Inspecteur de L’Enseignement Fondamental
4 Septembre 2016
Problématique du Système Educatif National: contribution de SAMB THIAM ( 1ere partie).
Voilà bien des années que l’Ecole mauritanienne est malade, secouée par des crises récurrentes. Au lieu de procéder à un diagnostique approfondi , sans complaisance du corps malade , l’on s’est contenté , à chaque fois , d’une auscultation superficielle pour lui administrer un traitement symptomatique . Six réformes successives qui ont toutes échoué ! Notre Ecole est malade , notre système éducatif en crise depuis 56 ans , tout le monde en convient !
Plus que sur des raisons de surface ( effectif pléthorique , manuels scolaires insuffisants ou désuets , mobilier brinquebalant, locaux vétustes et inéquipés ) nous nous attarderons plutôt sur les raisons de fond .
*Quel est le mal ?
Des élèves, des étudiants , des Enseignants sans niveau aucun , des élites francisantes ou arabisantes en extinction progressive, un produit inadapté…Un observateur, averti, ramassait la situation par cette formule : ’’En voulant rendre notre Enseignement authentique nous avons sacrifié l’essentiel: aucune considération pour la qualité, aucune pour la perspective d’emploi, aucune pour le développement’’.
* Quelle est la cause du mal ou quelles en sont les raisons ?
– Raison d’ordre psychologique, affectant le corps enseignant :
L’Enseignant a perdu son statut d’antan , par contagion du milieu social dans lequel il baigne , où les valeurs universelles de référence habituelle, telle l’honnêteté, le respect du travail –du travail bien fait-, la moralité, l’admiration pour le détenteur du Savoir , ont cédé la place à la course effrénée pour l’argent ; l’enrichissement à tout prix , tout de suite, a pris le pas sur la conscience professionnelle , d’où cette flopée d’Enseignants-boutiquiers ! Le terme ‘’ garraaye’’, devenu fortement connoté, négativement, suscite un demi-sourire pincé chez l’autre , au point qu’il devient gênant de se présenter comme tel…On est désormais Instituteur ou professeur à défaut de mieux, mais certainement pas par vocation .On est là, pour un temps provisoire , transitoire , en attendant de trouver mieux , de ‘’monter’’ sa boutique , ou de partir pour des cieux plus cléments.
Cette dévalorisation du métier d’enseignant s’explique (ou s’accompagne) aussi par la dépréciation du Savoir et/ou de la Culture, censé être un des attributs majeurs de l’Enseignant. Aller à l’école, accumuler des diplômes , lire, simplement , est perçu aujourd’hui dans la société mauritanienne au mieux , comme une perte de temps , au pire comme une absurdité ; avoir de l’argent c’est mieux !
Pour corriger cet état des choses il faudra rendre à l’Enseignant sa dignité et son auréole d’antan par la revalorisation du métier , et restituer au Savoir l’admiration qui lui était attachée .
*Notre Ecole souffre , par ailleurs, d’une crise d’orientation . Au lieu d’une orientation technique et pragmatique on a opté pour l’élitisme . A la place d’une Ecole qui produit des plombiers , des électriciens , des frigoristes , des maçons , des mécaniciens, des menuisiers , des agriculteurs modernes ,on a préféré celle qui fabrique des littéraires , des philosophes , c’est –à-dire des fonctionnaires aux mains propres, des ‘’cols blancs’’…
Il faut changer cet état de chose, en orientant les 60 % des cohortes vers la formation professionnelle et technique des cols bleus , et les 40% vers la formation de l’élite …
*Autre cause non moins importante, l’administration et la gestion chaotique du corps Enseignant , où l’on constate l’absence de rigueur dans la sélection et le recrutement des maîtres d’école, l’absence de contrôle sérieux et de suivi qui fait le lit du laxisme et de l’affairisme , l’absence d’émulation , de sanction et de récompense systématiques , l’absence d’ordre en un mot , qui ne se trouve pas, hélas, que dans l’Enseignement !
*Mais de toutes les causes à l’origine des crises de notre système éducatif, la plus fondamentale – entre toutes – d’ordre idéologique – demeure l’Arabisation à outrance, genèse véritable des problèmes !
Dès les années 50 les réformes débutèrent , en série , toutes à caractère linguistique ! Toutes les réformes opérées des années 50 aux années 80 portèrent sur la langue …l’objectif déclaré, hier et aujourd’hui , était et demeure de rendre notre enseignement ‘’national’’ , ‘’authentique’’…l’élite arabo-berbère ne pouvait accepter, disait-on , que son identité culturelle –dont la langue est un élément essentiel- fusse occultée au profit d’une langue et culture étrangère , de surcroît héritée du colonisateur…C’était l’argument de surface, classique… Si, en soi , cette aspiration semble juste et légitime, elle cesse cependant de l’être dès lors que cette même élite imposa, paradoxalement , sa langue et sa culture à des non arabes . N’était-ce pas reproduire à l’identique le comportement du colon ?
En réalité cette revendication, nationaliste en apparence, était un écran de fumée, une supercherie visant d’abord et surtout à renverser le rapport de force, hérité du legs colonial, entre arabo-berbères et Négro-africains. Sous le couvert de ‘’l’indépendance culturelle ’’on cherchait, en réalité, à créer un autre ‘’équilibre ‘’ …
L’argument ‘’authenticité ou repersonnalisation ‘’ ayant servi -pour masquer les choses- est fallacieux . Nous avions tous résisté au colon , nous nous sommes tous opposés à sa langue, à l’entrée . Elle nous a été imposée à tous … Dès lors qu’il s’est agi de réhabiliter langues et cultures pourquoi le fit-on de manière sélective ? Pourquoi n’avoir pas réhabilité et promu également les langues et culture négro-africaines ?
Repersonnalisation contre repersonnalisation , Identité contre Identité , pourquoi une réhabilitation pour les uns et pas pour les autres , étant entendu que chacun reste fier de ses racines et de sa culture ,et si tant est , comme le soutient Mohamed M Abdalhaye , ‘’ chaque individu est porteur d’une dignité inaliénable ’’ ?
Non, la motivation n’était pas que toute culturelle…
Je me permets ici une petite digression ; La thèse selon laquelle les Négro-africains seraient plus attachés à la langue française est spécieuse et de mauvaise foi . Ils ne sont, ni plus ni moins, attachés à cette langue que l’élite arabo-berbère francisante, qui joue et gagne sur les deux tableaux ! En effet, n’est-ce pas cette même élite qui envoyait en cachette ses enfants dans la filière bilingue des années 80 , et continue de le faire à l’Ecole Française, à nos jours ?
Non , encore une fois , la motivation n’était pas que toute culturelle…l’Arabe ne devait servir ,hier comme aujourd’hui ,de moyen de promotion et d’épanouissement pour tous , comme proclamé, mais de gangue protectrice, de garantie pour la préservation et la perpétuation du Système, dicté par des peurs enfouies et des complexes Aryens… Dans ‘’ crise mauritano-sénégalaise : la rupture d’une alliance inter- ethnique ‘’ de Marion Fresia, M Ould Bédredine confessait ceci :<< les Negro- africains représentaient 80% des cadres de l’Etat mauritanien naissant . Alors les maures ont voulu rétablir les rapports de force en leur faveur en utilisant deux instruments : la langue et l’Ecole >>.
C’est on ne peut plus clair !
La langue arabe a été, bel et bien , instrumentalisée à cette fin, et uniquement à cette fin. Un rééquilibrage des rapports de force, normal et légitime certes , mais qui versa hélas , dans l’excès, aboutissant, aujourd’hui à la liquidation totale de la communauté non arabe…( A suivre…)
Samba Thiam
Inspecteur de L’Enseignement Fondamental
Pourquoi rebaptiser l’avenue Hassan II, à la veille du premier sommet arabe dans notre pays ? Une décision irréfléchie et inamicale/Par le colonel (E/R) Oumar Ould Beibacar
Selon une dépêche de l’Agence Mauritanienne d’Information datée du mercredi 20 juillet 2016, ‘’une artère de Nouakchott a été officiellement dénommée ”avenue Al Qods”, lors d’une cérémonie présidée par le ministre de l’intérieur et de la décentralisation. Il s’agit de l’avenue reliant le carrefour communément appelé carrefour Ould Mah à celui de Nouadhibou. L’évènement a donné lieu à un mot de la présidente de la communauté urbaine de Nouakchott, dans lequel elle a souligné que cet acte illustre l’attachement fort que les mauritaniens portent pour Al Qods, en tant que lieu saint de l’Islam et capitale éternelle de l’Etat palestinien frère».
Cet axe, carrefour Ould Mah- carrefour Nouadhibou, avait été déjà attribué à de hautes personnalités. Le tronçon carrefour Ould Mah-angle nord-ouest de la SNDE porte le nom d’une haute personnalité anonyme suite à une délibération du conseil communal entre 1960 et 2008, qui lui attribue le code de rue 24001-23086.
Le second tronçon angle nord-ouest de la SNDE- carrefour Nouadhibou, porte le nom de Hassan Ibn Youssef El Alawi alias Hassan II, roi du Maroc, conformément aux délibérations du conseil communal entre 2008 et 2013 et qui concernent 484 rues dont voici les références: Délibérations N 21/CUN/2008, N13/CUN/2009, N15/CUN/2010, N 21/CUN2010, N 5/CUN/2011, N 11/CUN/2011, N 14/CUN/2011,N 5/CUN/2012 et N2/CUN/2013.
Ce tronçon, qui porte le code de rue 26002-42158-43002-44056, est composé de trois rues : La rue 26002, qui commence à l’angle nord-ouest de la SNDE jusqu’au carrefour Bana blanc, et traverse l’avenue Charles de Gaulle; la rue 42158-43002, qui commence au carrefour bana blanc, traverse l’avenue Yasser Arafat, passe au sud du chantier de l’ambassade du Maroc et du stade olympique, et traverse l’avenue Nelson Mandela et la rue 46056, qui commence au carrefour du stade et se termine au carrefour de Nouadhibou.
Al Qods violée et prise en otage depuis un demi-siècle
Al Qods est certes tout un symbole, elle constitue la première Qibla et le troisième lieu saint de l’Islam. Elle fut prise après la défaite arabe pendant la guerre des six jours qui se déroula du lundi 5 au samedi 10 juin 1967 et opposa Israël à l’Égypte, la Jordanie et la Syrie. « Cette guerre fut déclenchée comme une « attaque préventive » d’Israël contre ses voisins arabes, à la suite du blocus du détroit de Tiran aux navires israéliens par l’Égypte le 23 mai 1967. Le soir de la première journée de guerre, la moitié de l’aviation arabe était détruite ; le soir du sixième jour, les armées égyptiennes, syriennes et jordaniennes étaient défaites. Les chars de l’armée israélienne bousculèrent leurs adversaires sur tous les fronts. En moins d’une semaine, l’État hébreu tripla son emprise territoriale.
L’Egypte perdit la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï, la Syrie fut amputée du plateau du Golan et la Jordanie de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. » Depuis lors, le monde arabe est frustré et paniqué. Depuis cette date, les nationalistes arabes nasséristes et baathistes, au lieu de se mobiliser pour un sursaut national en vue de libérer la Palestine, cherchent par tous les moyens, à transformer cette cuisante défaite militaire en une victoire politique de leurs leaders respectifs.
La réaction des bâtisseurs après l’agression sioniste
Dès le mercredi 7 juin 1967, la Mauritanie naissante, le plus jeune des Etats arabes, que seule la Tunisie reconnaissait, apporta un soutien diplomatique déterminant à ses frères à l’occasion de cette guerre. Ce jour là, le père de la Nation téléphona à Wane Birane Mamadou, son ministre des Affaires étrangères, pour lui demander de lui proposer une conduite à tenir face à cette agression sioniste.
Celui-ci lui fit la proposition suivante: « Monsieur le Président, n’ayant pas d’armes ni d’armées à mettre à la disposition de nos frères arabes dans cette douloureuse épreuve, je vous propose la rupture des relations diplomatiques avec les Etats-Unis d’Amérique, qui soutiennent incontestablement l’entité sioniste. »
Monsieur Haiba Ould Hammody, se trouvait dans le bureau de Wane Birane Mamadou, au moment de son entretien téléphonique avec le président de la République. Le père fondateur, après avoir entendu la proposition de son ministre et après quelques minutes de réflexion, lui notifia l’approbation de sa proposition. Cependant, il chargera son ministre de l’intérieur Ahmed Ould Mohamed Saleh de notifier cette importante décision à l’ambassadeur des Etats-Unis avec fermeté et mépris.
Ce dernier convoqua l’ambassadeur US, le fit attendre pendant quelques heures, dans sa petite salle d’audience non climatisée en cette période de grande chaleur. Il prit le temps de libérer tous ses visiteurs, avant de notifier officiellement et fermement au diplomate américain la décision irrévocable de rupture des relations diplomatiques avec son pays qui soutient notre ennemi, Israël. Il lui demanda alors de quitter notre territoire dans les 24 heures. Ainsi, c’est bien un ministre noir qui est à l’origine de cette décision historique qui honore la Mauritanie. Comme quoi, il n’est pas nécessaire qu’un mauritanien soit un nationaliste arabe, pour prendre des grandes décisions dans l’intérêt supérieur des arabes.
Le 7 juillet, la Mauritanie apporte à l’Egypte une contribution de 21 millions de francs CFA pour l’effort de guerre. En 1969, le mouvement El Fath pour la libération de la Palestine ouvre une représentation à Nouakchott, son personnel est doté de passeports diplomatiques mauritaniens. Voilà la courageuse réaction des bâtisseurs devant cette agression qui avait démontré l’inefficacité des armées arabes qui, au lieu de s’unir pour reprendre l’offensive et tirer les leçons de leur cuisante défaite, continuent depuis un demi-siècle, de s’entretuer sur tous les fronts, dans des guerres fratricides incompréhensibles, de leadership.
Depuis plus de cinquante ans, Al Qods et toute la Palestine sont occupées par l’entité sioniste, sans que le monde arabe puisse obtenir ne serait-ce qu’une trêve pacifique offrant une vie décente aux palestiniens, en attendant des jours meilleurs, à défaut de libérer ces territoires par la force des armes.
Le plus grand soutien d’Al Qods.
Le roi Hassan II, que l’on veut rayer de la mémoire des mauritaniens pour faire plaisir sans doute aux ennemis du peuple mauritanien, les mercenaires du Polisario et leurs commanditaires, en rebaptisant son avenue au cœur de Nouakchott, est le chef de l’Etat arabe qui a le plus aidé Al Qods et les palestiniens.
En effet, c’est à son initiative qu’avait été créé en 1975, par l’organisation de la conférence islamique, le comité Al Qods pour mobiliser régulièrement la communauté internationale contre «la volonté d’Israël d’occuper, de judaïser et d’altérer les monuments de civilisation musulmans et chrétiens de la ville d’Al Qods, partie intégrante des territoires palestiniens occupés et capitale de l’Etat palestinien».
Le comité Al Qods, dont le siège se trouve à Rabat, dispose d’une agence financière, intitulée «Bayt Mal Al Qods Acharif». Cette agence, est un mécanisme institutionnel sous la supervision du Comité Al Qods, mis en place par l’OCI, qui a pour «but de sauver Al Qods-Est contre tout ce qui est de nature à altérer sa véritable identité, comme étant un symbole de cohabitation et de paix et apporter l’aide aux habitants et aux institutions palestiniennes dans la ville sainte».
Cette agence est alimentée par des fonds des Etats et des particuliers arabes. Le Maroc prend en charge plus de 85 % de son budget qui permet à cette Agence de continuer à exister et de poursuivre la réalisation d’un ensemble de projets concrets. Depuis l’avènement du pouvoir militaire, notre pays n’aurait jamais apporté une aide quelconque à Al Qods. Le roi Hassan II avait présidé le comité Al Qods depuis sa création en 1975 jusqu’à sa mort en 1999, son fils Mohammed VI lui a succédé et continue à porter ce flambeau pour le bien-être des palestiniens.
Un grand ami de la Mauritanie
Le roi Hassan II était un grand ami pour la Mauritanie, il avait créé avec le père fondateur l’agence mauritano-marocaine de coopération, AMAMCO qui avait formé des milliers de cadres mauritaniens de toutes les spécialités et qui continue d’en former, sous l’appellation de l’AMCI, Agence marocaine pour la coopération internationale, malgré les relations souvent conflictuelles avec le pouvoir militaire usurpateur.
Quand il était venu à Dakhla, pour recevoir l’allégeance des ressortissants sahraouis de notre Tiris Elgharbia, il leur aurait tenu les propos suivants : « J’accepte votre allégeance en tant que marocains, cependant je tiens à vous préciser que le Ouad Edheheb est un territoire mauritanien conformément à l’accord tripartite de Madrid entériné par le parlement marocain. Un jour la Mauritanie le réclamera et il lui sera restitué». Je reviendrai sur ce sujet ultérieurement pour plus de précision.
Face à la rupture des relations diplomatiques avec Rabat décidée unilatéralement par le pouvoir usurpateur, suite à la capitulation du 5 août 1979, qui avait poussé son arrogance jusqu’à inscrire sur les passeports mauritaniens établis après cette date, le royaume frère du Maroc à côté de l’Afrique du sud et d’Israël comme pays ennemis, interdits de séjour à nos ressortissants, le monarque avait réagi honorablement.
Allié indéfectible du peuple mauritanien, pour lequel il a beaucoup de considération et d’amour, le roi Hassan II, au lieu de se formaliser face à cette attitude belliqueuse du pouvoir militaire, avait donné immédiatement des instructions pour préserver coûte que coûte les intérêts de tous les mauritaniens étudiants, stagiaires ou autres, civils ou militaires, et de faire comme si de rien n’était, ignorant ainsi, les tergiversations d’un pouvoir capitulard, impopulaire et partisan.
Auparavant, lorsque les algériens avaient renvoyé plusieurs de nos étudiants et stagiaires civils et militaires qui se trouvaient dans leurs écoles au lendemain de leur agression contre notre pays, à travers leurs mercenaires sahraouis , le 9 décembre 1975, ils avaient tous été accueillis à bras ouverts par le gouvernement marocain et ont pu continuer normalement leurs formations.
La CUN minimise les 4 khalifes et les proches du Prophète PSL
Ce n’est pas en nommant ou en dénommant par opportunisme, des avenues anonymes, à la veille du sommet de la ligue arabe, qu’on peut aider Al Qods à se libérer. Une communauté urbaine qui minimise les compagnons du prophète Mohamed PSL et ses petits-enfants ne peut pas prétendre à glorifier l’Islam. La place réservée aux quatre Khalifes dans le plan urbain de Nouakchott, ainsi qu’aux deux petits-enfants du prophète Mohamed PSL démontre le peu d’intérêt que porte la municipalité à l’Islam et à son histoire.
L’avenue Aboubekr Essedigh, 1er khalife, passe entre la présidence et la BCM, traverse de Gaulle et Kennedy, passe entre les ambassades de France et de Libye pour se terminer à Monotel. L’avenue Omar Ibn Elkhattab, 2ème Khalife, quitte Nasser, passe entre Mauripost et le bloc UMA, passe devant le ministère de l’éducation nationale, à l’ouest de la GBM, de la direction du domaine et de la BCM, passe entre la présidence et les ambassades USA, Allemagne, Algérie, Russie et se termine à l’angle nord-est de l’ambassade russe, symbole de l’athéisme, au carrefour Hôtel Elkhater.
Les avenues Aboubekr et Omar se croisent à la BCM, centre des plus grandes opérations d’intérêts prohibés, le plus grand péché, comme pour témoigner des déviations de la République islamique. L’Avenue Ethmane Ibnou Affane, 3ème Khalife, quitte la mosquée saoudienne traverse de Gaulle, passe au nord de l’école Khayar, traverse Kennedy et se termine à l’ambassade de France.
L’avenue Ali Ibn Eby Taleb, 4ème Khalife, passe au nord de la nouvelle primature, au sud de la faculté des sciences, traverse Lamine Sakho et l’indépendance, passe au cœur de Noukta Sakhine, lieu de tous les interdits, traverse de Gaulle et Kennedy et se termine à l’hôpital national. Les deux petits- fils du prophète Mohamed PSL respectivement Hassen et Houssein se partagent la rue qui quitte le carrefour Mauricenter vers le nord et se termine au carrefour Soukouk.
Il est indécent de donner dans une République islamique, les noms de personnalités religieuses de la dimension des compagnons du prophète Mohamed PSL, à des espaces publiques exposés à toutes les dérives et à tous les péchés. Il serait plus convenable de donner leurs noms à des mosquées comme la mosquée saoudienne, la mosquée marocaine, la mosquée qatarie, la mosquée des chorfas, la nouvelle mosquée de Diaguili entres autres. Ou bien de donner leurs noms à des instituts islamiques comme l’Iseri, l’Université d’Aioun El Atrouss ou à des mahadras.
La communauté urbaine aurait pu rebaptiser l’avenue Jemal Abdelnasser la plus longue avenue (près de 5 km) et la plus belle, en lui donnant le nom d’Al Qods. Ce pionnier du nationalisme arabe, idée laïque et raciste portée par des chrétiens arabes du Cham depuis la fin du 19ème siècle, est l’un des plus grands ennemis de l’islam et des musulmans, il est responsable de la mort de plusieurs milliers de musulmans dont plusieurs centaines d’oulémas parmi la confrérie des frères musulmans, et qui n’a jamais gagné une bataille contre Israël, ni apporté un soutien quelconque à notre pays.
C’est pour la première fois dans l’histoire du monde arabe, qu’une avenue déjà attribuée à un chef d’Etat, est dénommée avec autant de médiatisation. Cette décision improvisée des autorités municipales, qui consiste à renommer l’avenue Hassan II, prise au plus mauvais moment, est inopportune et provocatrice et doit être rectifiée rapidement pour ne pas entacher les liens séculaires de fraternité, d’amitié et de bon voisinage entre le royaume chérifien et nous, indispensables au bien être de nos deux peuples.
le calame
La Mauritanie, mon pays, cet enfant métis arabisé Par Abdoulaye Oiga, ancien DG de la CNSS
Le Quotidien de Nouakchott – La Mauritanie est composée des trois types de populations :
1) Des noirs agriculteurs, chasseurs, autochtones qui étaient là au temps du néolithique vers 6000 ans avant-J-C au moment où le Sahara était humide. Ces populations sont des Soninké, des Sérères, Peuls, Wolof et Bambara. C’est de ces populations que sont issus les haratines.
2) Les berbères Sanhaja venus du Yemen aux environs de 380 avant J-C. composés de plusieurs tribus appelées Lemtoma en maure.
3) Des arabes qui ont rejoint ces berbères entre le 13ème et 14ème siècle qu’on appelle les béni-Hassan.
Ces trois groupes vivaient ensemble sur cette terre, des siècles durant. Ils formèrent des alliances et des contre-alliances, se combattirent et finissent par se marier et donner naissance au pays métis que nous sommes aujourd’hui.
La Mauritanie est donc un pays arabo-négro-berbère au lieu de pays arabo-africain. Le qualificatif arabo-africain est une manière subtile de faire disparaître de sa population la composante négro-mauritanienne parce que tous les pays arabes situés sur le continent africain, à commencer par le plus peuplé de tous l’Egypte, la Lybie, le Soudan, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc, le Djibouti, les Comores et la Somalie sont arabo-africains.
La Mauritanie est un enfant métis dont le père est le monde arabe et la mère l’Afrique noire. Ce métissage de la Mauritanie trouve sa justification dans le fait qu’il n’existe aucune tribu maure qui n’a de sang négro-mauritanien qui circule dans ses veines, et qu’il n’existe aucune communauté négro-mauritanienne qu’elle soit Peul, Soninké ou Wolof qui n’a de sang maure qui circule dans ces veines.
Je citerai entre autres exemples les cas suivants :
– Cheikh Mohamed Vadel, Cheikh El Aïnina ont pour mère une peule qui s’appelle Khadijetou Bal, petite fille du grand marabout peul Thierno Souleymane Bal qui instaura l’Etat théocratique du Fouta.
– Abderrahmane ould Cheine dit Deïba, chef général des Talaba a une mère soninké de la famille Soumaré.
– L’émir du Tagant Abderrahmane ould Bakar ould Sid’Ahmed a sa mère Tileïla qui est une négro-mauritanienne.
– L’émir du Trarza Mohamed El Habib a épousé la princesse du royaume wolof du Walo qui s’appelle N’Djimbott Mbodj avec laquelle il a eu Ely Njimbott.
– Mohamed El Bambari, quatrième khalif des Lemtouna, a épousé la princesse peule du Toro qui s’appelle Fatimata Sall. Il a eu avec elle un garçon nommé Ahmed qui est devenu le roi du walo que les Wolofs appellent N’Diadiane N’Diaye.
– L’émir du Brakna, Sidi Ely a sa grand-mère paternelle qui est la grande sœur du grand père de Dieng Boubou Farba ancien Président du Sénat.
– L’émir Ehel Heïba ont une parenté avec les négro-mauritaniens.
– Cheikh El Avia ould Mohamed Khouna, ancien premier ministre également Talaba est peul d’origine.
– Mohamed Khoulé, l’ancêtre de la tribu Lakhlal a une mère Soninké qui s’appelle Kounda Cissé de la ville de Chinguetti. Chinguetti est une déformation du nom soninké « si-nguédé » qui signifie le « puits du cheval ». La mosquée de Chinguetti qui fait la fierté de tous les mauritaniens a été construite par un Soninké nommé Cheikh Namou Camara. Il y fut Imam, il est mort et enterré dans la mosquée sur le côté gauche en entrant.
– La famille des chérifs Ould Moulaye Zeine, ont leur ancêtre El Ghassem qui a une mère negro-mauritaniennne (Bambara) qui s’appelle Mariam.
– La tribu des Oulad Beri ont une fraction les Takarir qui sont des négro-mauritaniens d’autres descendent de Biry Kaba Diakhité, un soninké.
– Dah ould Teiss, ancien président de l’assemblée nationale de Mauritanie a une mère peule nommée Tacko Kane.
– Sidi El Mokhtar NDiaye ancien président de l’Assemblée Nationale de Mauritanie a pour mère une Sbaï nommée Sokeïna mint kharchi.
– Mr Boudda ould Bousri et Ahmed Salem ould Adoud sont d’origine peule.
– La tribu des Deg-moli tous des peuls qui sont acculturés pour devenir des maures.
– Il y a des Kane, Ehel Modi Nalla qui sont d’origine maure, Lemtouna.
– La mère de Cheikhna Hamahoullah est une peule nommée Assa Diallo.
– Mohamed Lemine Tandia a épousé une peule Kaladio nommée Hawa Sy avec laquelle il a eu Tandia Cheikh Sidya actuel président de l’Association pour la Promotion et la Culture Soninké en Mauritanie. Ce même Mohamed Lemine Tandia a également épousé une Rgueïbatt qui s’appelle Boytir Mint Herbal.
– Monsieur Bouh El Moukdad Seck a épousé une femme de la tribu Oulad Ahmed Mine Demane.
– Cheikh Tourad Camara a épousé une femme de la tribu Idawaly etc.
Dans ce métissage, la composante haratine n’est pas en reste :
– Certains éléments sont des sérères faisant part des premières populations mauritaniennes qui ont été coupées de leur racine et sont devenues haratines.
– D’autres sont les victimes des razzias opérées par hordes de maure qui sont venus les voler au sud du pays pour en faire des captifs. Il faut ajouter à ceux-ci, les éléments qui ont été battus à la suite des guerres claniques et qui ont été vendus par les rois négro-mauritaniens.
– La dernière catégorie, ce sont les éléments des armées négro-mauritaniennes alliées de Bakar ould Sid’Ahmed. Ils étaient venus aider Bakar à conquérir le Tagant. Une fois la guerre achevée, ils se sont installés dans le milieu maure, et ces derniers les considèrent comme des haratines.
La composante haratine s’est métissée avec aussi bien les berbères Sanhaja qu’avec la communauté négro-mauritanienne dont elle est issue.
Par ailleurs, l’ardine, la Tidinite instruments de musique maure sont d’origine négro-mauritanienne. Le boubou, avec ses accessoires, le Tourqui, les babouches traditionnelles, ainsi que le dissa (Hawoli) est la tenue officielle que portent les ambassadeurs de Mauritanie pour la présentation de leurs lettres de créance. Cette tenue qui est fixée par décret comme tenue officielle est négro-mauritanienne. La structuration de la société maure en guerrier, marabout, forgeron, griot et captif vient de la société négro-mauritanienne puisqu’elle n’est pas arabe.
Vouloir gommer une telle réalité qui crève les yeux relève de la mauvaise foi.
Cet enfant métis qu’est la Mauritanie n’a pas été reconnu avant sa naissance par son père (monde arabe excepté la Tunisie du Président Bourguiba). Ce père a utilisé tous les moyens pour qu’il ne voit pas le jour, qu’il n’existe pas (revendications marocaines). Mais grâce à l’aide de ses oncles maternels (certains pays de l’Afrique noire en particulier le Sénégal) et l’appui de son tuteur (la France) l’enfant vit le jour. Il fit suivi, encadré puis accompagné jusqu’à son admission aux nations unies le 21 octobre 1961.
Les années passèrent, l’enfant grandit et prit de l’audience sur la scène internationale. Ses prises de positions en faveur des causes justes, la création de la monnaie nationale (l’Ouguiya), la nationalisation des mines de fer de Mauritanie (Miferma), la révision des accords avec la France lui valurent l’estime, la considération et le respect de la communauté internationale. C’est dans ce contexte que le père sentant son fils devenu un prodige, surgit pour enfin le reconnaître (1973).
La mère qui a tant souhaité cette reconnaissance, poussa un ouf de soulagement, mais s’inquiéta pour l’avenir de son fils dont le père avec cette reconnaissance risque d’être trop envahissant. Après une période courte de retrouvailles entre les deux parents où débuta l’épanouissement de l’enfant, commença la période de conflit dû au tiraillement entre les parents pour conserver l’enfant. L’enfant à qui il a manqué des années durant l’amour paternel, bascula dans le camp de son père pour combler son déficit en amour paternel mais sans renier sa mère.
Aussitôt après cette reconnaissance de l’enfant par son père, certains de ces oncles paternels (arabo-berbères) commencèrent à faire de lui un arabe et à le pousser à renier sa mère (les négros-mauritaniens).
Ses oncles paternels tenants de la thèse d’une Mauritanie où ne prévalent et ne prévaudront que la langue et la culture arabe à l’exclusion de celles des communautés Peul, Soninké et Wolof, sont une minorité d’idéologues civils et militaires de la composante arabo-berbère qui se sont imposés à l’ensemble du peuple mauritanien par la force des armes et qui se relaient au pouvoir depuis 1978.
Le refus par ces idéologues dont le cercle s’agrandit de jour en jour, du développement de la langue et de la culture des populations négro-mauritaniennes vient de ce complexe de vouloir être arabe qui est né à la suite de la défaite humiliante qui leur a été infligée par les Beni Hassan lors de la guerre Charbaba (1640-1666) à l’issue de laquelle il leur a été interdit le port du pantalon (Sirwal) tant qu’ils ne deviendront pas arabes et de ne plus parler berbère mais plutôt le Hassanya la langue dialectale des Béni Hassan.
Pour remplir les conditions imposées par les Beni-Hassan, nous constatons aujourd’hui que dans leur majorité ils ont honte de ce qu’ils sont (berbères) au point de supprimer de leur état-civil les mots Ould et Mint pour devenir arabe. Puisque tel est leur choix respectons-le. Mais nous espérons que ce choix ne changera en rien le caractère métissé et multiculturel du peuple mauritanien.
La situation des communautés négros-mauritaniennes a atteint un tel degré de gravité que ni les concertations du dialogue, ni le débat sur la cohabitation, l’exclusion et l’unité nationale ne serviront si ce n’est que de cautionner la politique d’extinction de ces communautés.
L’objectif affirmé de ces idéologues étant d’assimiler les populations peul, soninké et wolof à défaut les exterminer, pour ce faire ils devront déplacer le pays pour aller l’installer dans le Golf arabique et permettre ainsi à deux républiques sœurs l’une le Mali d’être désenclavée et avoir accès à la mer et l’autre l’Algérie d’avoir une ouverture sur l’Atlantique.
Au terme de cet article, je voudrais lancer un appel pressant aux forces militaires, politiques et aux acteurs de la société civile en particulier la jeunesse mauritanienne dans toutes ses composantes afin que cet enfant métis puisse réconcilier ses deux parents pour sa survie.
C’est l’aider à assumer cette responsabilité historique que j’invite l’ensemble de mes compatriotes.
Nouakchott, le 15/08/2016
Abdoulaye Ali OIGA
Ancien Directeur Général de la Caisse Nationale de sécurité sociale.
cridem
L’impossible unité nationale (Troisième partie)/Par le colonel (E/R) Oumar Ould Beibacar
Le remaniement de la détente.
Le 21 février 1966, c’est finalement un dénouement politique qui va faire baisser la tension, sans régler les problèmes de fonds. En effet, ce jour là, le père de la Nation se débarrasse de cinq de ses compagnons jugés extrémistes, dont les deux puissants ministres de son gouvernement, très bons amis, mais ayant deux visions antagonistes de la situation.
Il s’agit d’Ahmed Ould Mohamed Saleh, ministre de l’Intérieur qualifié de ministre des arabes, « conservateur mais pas réactionnaire », et de Mohamed Ould Cheikh, qualifié lui aussi de ministre des noirs, « progressiste voire révolutionnaire, trop en avance sur son temps ».
Deux autres ministres, Yahya Ould Menkous et Bamba Ould El Yezid ont été renvoyés « pour des motifs d’ordre technique et accessoirement politique », mais surtout pour leur soutien indéfectible aux idées progressistes de Mohamed Ould Cheikh relatives à la solution du problème linguistique pendant.
Quant au 5ème ministre, Kane Elimane Mamadou, bien qu’il soit très compétent, sa révocation était motivée par sa position de principe, que le père fondateur, qui avait refusé auparavant sa démission, lui reprochait : « Malheureusement, au lieu de se comporter en responsable national, devant toujours se placer au-dessus de la mêlée, surtout dans les moments difficiles, il adopta l’attitude d’un partisan, en prenant carrément faits et causes pour les compatriotes de son ethnie »
Ce même jour, lundi 21 février, le bureau politique national, data la démission à blanc de Ba Mamadou Sambouly, qui avait été, elle aussi, refusée antérieurement. N’étant plus député, il perd automatiquement son poste de président de l’assemblée nationale et sera remplacé par Cheikh Saadbouh Kane le 7 mars, avant d’être muté comme préfet de Chinghitty par mesure disciplinaire.
La démission en blanc est une pratique exclusive de la dictature du PPM. Tous les candidats à la députation sont obligés de signer leur démission en blanc, qui sera datée par le BPN à sa convenance dès qu’il juge que la conduite de l’intéressé contredit les orientations du parti. Souleymane Ould cheikh Sidiya et Sidel Mokhtar Ndiaye, sont les seuls à avoir refusé de signer cette démission en blanc. Pour cette raison, ils avaient été immédiatement révoqués du parti avant d’être réintégrés plus tard.
Après les avoir démis de leurs fonctions, le père de la Nation avait proposé aux cinq ministres, dans une réunion à huis clos, de choisir des postes dans la diplomatie ou l’administration territoriale. Ahmed Ould Mohamed Saleh avait laissé le choix au chef de l’Etat, qui le nomma inspecteur des affaires administratives. Yahya Ould Menkous opta pour la diplomatie et fut nommé ambassadeur à Paris. Mohamed Ould cheikh et bamba Ould El Yezid choisirent l’administration territoriale et furent nommés commandants de cercles.
Quant à Kane Mamadou Elimane, homme de principe, déçu sans doute par la suite donnée aux douloureux événements et la perspective de la politique autoritariste de l’arabisation à outrance, qui se fait au détriment d’une ethnie et au profit d’une autre, il opta pour l’enseignement et fut muté comme professeur d’histoire et de géographie au lycée de Nouakchott. Mine de rien, tous les maures sanctionnés, suite à cette première blessure intercommunautaire, ont été réhabilités immédiatement en occupant de hautes responsabilités, alors que tous les noirs punis pour les mêmes motifs ont été écartés ou mutés dans des postes lointains et minables.
L’entérinement de l’arabisation à outrance.
Le 4 avril, la rentrée des classes du secondaire se fait dans le calme, mais dès le 6 au lycée de Rosso et le 10 au lycée de Nouakchott, des heurts entre élèves maures et noirs vont conduire à la fermeture de ces deux établissements ainsi qu’à celui des jeunes filles.
Le 24, 25 et 26 juin 1966, la réforme de l’arabisation à outrance est entérinée par le congrès du PPM d’Aioun El Atrouss, cependant elle sera progressive et accompagnée d’un effort d’explication dans tout le pays. Mais les relations intercommunautaires vont s’aggraver sérieusement par la suite. Le congrès de l’arabisation fera d’Aioun El Atrouss le berceau du nassérisme.
Des anecdotes
On raconte à ce propos, que le 28 septembre 1970, à l’annonce de la mort de Nasser, beaucoup de notables ressortissants de la grande tribu guerrière des Oulad Nasser s’étaient regroupés dans la maison de leur chef général, au centre de la ville d’Aioun El Atrouss pour faire le deuil de l’illustre disparu. Voyant certains parmi les hommes en larmes, une femme s’approcha d’eux et leur demanda si leur chef Othmane ould Bakar était vivant !
L’un des hommes lui répondit qu’Othmane était bien vivant. Elle rétorqua : « Qu’est-ce qui vous fait pleurer alors et pourquoi tout ce monde ? il lui répondit : – Jemal Abdennasser est mort. Elle lui demanda, étonnée :- qui est-ce ? Il lui répondit : – c’est le chef de l’Etat égyptien. Encore plus perplexe, la femme lui dit : – en quoi cela concerne les Oulad Nasser !!!
Pendant l’année scolaire 1983-1984, des grèves avaient été déclenchées à Nouakchott à Atar, et à Aioun El Atrouss, suite à un tract intitulé « l’armée et le capitalisme », fabriqué de toutes pièces par la police politique, au nom des nasséristes, pour préparer, parait-il, la chute du pouvoir Haidalla, jugé fanatique et autoritariste. Les lycéens d’Aioun El Atrouss, majoritairement originaires d’authentiques tribus arabes, sont par excellence les plus grands activistes du nassérisme, non seulement, pour leur amour pour l’arabe et l’arabisme, mais surtout pour le lien de parenté qu’ils avaient trouvé, semble-t-il avec ce grand leader.
Cette année – là, je commandais le groupement de la garde d’Aioun El Atrouss. Dès les premiers jours de grève, la police avait identifié les meneurs et l’administration du lycée avait procédé à leur renvoi, avant de les mettre à la disposition de la police. Cette mesure avait aggravé la situation, occasionnant des manifestations des parents d’élèves devant le lycée, demandant la tête du proviseur accusé d’avoir tout fomenté.
Etant chargé de sécuriser le lycée, je suis allé à la rencontre des manifestants que j’ai pris le soin de faire encercler, au préalable, par des éléments de la Garde nationale. Ils étaient, en majorité, composés de femmes. Voulant comprendre l’objet de leur mobilisation, je leur demandai aussitôt : « Pourquoi vous mobilisez-vous avec autant d’enthousiasme pour défendre les idées laïques et racistes de Jemal Abdel Nasser ?». L’une d’elles, parmi les plus combatives, me répondit : « Jemal Abdel Nasser n’est-il pas de la tribu des Oulad Nasser ? Son père n’est-il pas Nasser ?». Je lui ai répondu: « Absolument pas, il n’a aucune relation avec Oulad Nasser, ni avec leurs ancêtres Béni Hassan.»
Déçue, elle s’adressa à son entourage pour leur lancer : « Il vous a dit que Jemal Abdel Nasser n’est pas de la tribu des Oulad Nasser ! » En effet, beaucoup de ressortissants de cette tribu, surtout parmi les illettrés font, l’amalgame entre Nassri qui veut dire ressortissant de la tribu Oulad Nasser et Nassiri qui veut dire nassériste et considèrent que le leader égyptien qui porte le même nom que leur grand père Nasser, est l’un des leurs, ce qui renforce incontestablement la propagande des défenseurs de cette cause, et leur facilite le recrutement de sympathisants.
Je pense que c’est pour cette raison, que cette tribu avait beaucoup de sympathie pour ce mouvement nationaliste arabe, contrairement à ses nombreuses cousines dans toutes les autres régions du pays. Sinon comment expliquer qu’il n’existe aucun baathiste dans cette tribu et aucun nassériste chez leurs cousins et voisins de l’Assaba et du Hodh Echarghi ? Comment comprendre surtout que leurs proches cousins Oulad Mbareck et Oulad Daoud qui sont, eux aussi très fiers de leur arabité ne comptent même pas un seul nassériste ?
Après le coup d’Etat du 10 juillet 1978, plusieurs jeunes bacheliers ressortissants de la tribu Oulad Nasser, d’obédience nassériste, se sont fait recruter dans l’armée nationale en vue de prendre le pouvoir par la force, afin de perpétuer l’idéologie de leur nouveau « cousin ». Car les nationalistes arabes ne pouvant jamais accéder au pouvoir par les urnes, cherchent toujours à le prendre par la force, en endoctrinant de jeunes recrues, ou des officiers parmi leurs proches haut placés dans le commandement des forces armées.
Et le forcing linguistique continu
En octobre1967, la première réforme de l’arabisation à outrance entre en vigueur, elle augmente le cycle primaire d’une septième classe appelée classe d’initiation à l’arabe (CIA), et augmente l’horaire de la langue arabe de 8h et 7h par semaine. Dans l’enseignement secondaire, l’horaire arabe est majorée de 9h dans le premier cycle et de 4h dans le second cycle. En 1971, une nouvelle réforme improvisée, intervient avant la fin du cycle primaire mis en œuvre par la première reforme.
En 1973 une troisième réforme voit le jour, avec un nouveau slogan : « un homme réconcilié avec la culture arabe et la civilisation islamique», motivée sans doute par notre adhésion à la ligue arabe. C’est le début de la montée en puissance du nationalisme arabe pour ne pas dire du chauvinisme arabe. Cette réforme entre en vigueur en octobre 1973 au fondamental et au secondaire et a pour but d’arabiser totalement la vie active et professionnelle et de se débarrasser progressivement de la langue du colon.
Les pétrodollars seront utilisés dans cette entreprise, un institut pédagogique doté d’importants moyens sera créé. Un lycée arabe entièrement financé par Kadhafi, le prince héritier de Nasser verra le jour à Nouakchott. Les dialectes négro-mauritaniens sont promus comme langues populaires par le rapport sur la réforme de 1973, elles « doivent être développées pour le folklore qu’elles véhiculent, folklore faisant partie de notre patrimoine culturel ».
Un petit espoir
L’avènement du pouvoir militaire le 10 juillet 1978 fait naitre une lueur d’espoir à travers le 1er discours du président du CMRN dans lequel il déclare : « Nous sommes arabes, nous sommes hall- poular, nous sommes soninkés, nous sommes wolofs. ». En effet, le président du CMRN avait la noblesse dans le cœur, il l’avait aussi dans son comportement. Il était l’homme de la situation, intelligent, d’une intégrité morale irréprochable, bon croyant, dépourvu de sentiment raciste quelconque, il pouvait trouver un terrain d’entente favorable à la réconciliation nationale.
Il connaissait parfaitement le contexte géopolitique mauritanien et particulièrement le problème linguistique, étant l’un des premiers instituteurs mauritaniens. Malheureusement, il sera très vite déstabilisé par les courants antagonistes internes au CMRN constitués de pro-marocains et de pro-algériens. Car il était l’un des rares membres du comité qui étaient pro-mauritaniens.
Pour contourner le comité militaire, devenu inefficace à cause des divergences importantes entre ses membres, le président du CMRN tenta de remplacer l’organe militaire par un organe civil, un conseil consultatif national le 29 mars 1979. Ce conseil de 98 membres composé d’éminentes personnalités de toutes les régions du pays dont 2 maures noirs et 21 négro-mauritaniens, avait été saboté par ces derniers sous prétexte d’être sous-représentés.
En effet, ces 21 membres auraient été manipulés par certains officiers du comité, qui leur auraient demandé de ne pas assister à ce conseil, signifiant pour certains d’entre eux, qu’ils seraient tous arrêtés pendant sa première réunion et l’ont ainsi boudé. Laissant penser que ce sont les noirs qui refusent le consensus. Et donnant aux militaires l’occasion d’écarter le président du CMRN, qu’ils jugent trop mou, incapable de se faire obéir par des civils qu’il avait lui-même choisis, mettant, selon eux le pays dans une situation ingouvernable,
Le 5 avril 1979, pendant la cérémonie d’ouverture du conseil consultatif boycotté par les noirs, l’apparition du Commandant Jiddou ould Saleck, bête noire des pro-marocains, qualifié d’homme fort du CMRN, fraichement limogé de son poste de ministre de l’intérieur, à la droite du président du CMRN, surprend tous les membres du comité. Et conduira le lendemain 6 avril 1979 à une révolution de palais, qui aboutira à la mise en place d’un nouveau Comité Militaire de Salut National qui consacre la victoire de l’aile pro-marocaine. Sa première décision fut de dissoudre le conseil consultatif national, éloignant définitivement du pouvoir, les civils jugés très indisciplinés, ainsi que l’encombrant commandant.
Les militaires renforcent la politique d’arabisation à outrance
Avec l’avènement du CMSN, les choses vont se compliquer. La circulaire 002 d’avril 1979 du ministre de l’Education nationale augmentant le taux de coefficient en arabe et créant une nouvelle épreuve d’instruction civique, morale et religieuse en arabe, provoquent la colère des élèves noirs qui se mettent en grève, soutenus par leur parents.
Ces grèves vont conduire à des émeutes qui provoqueront la mort d’un élève maure blanc au mois de mai, un promotionnaire à moi, nommé Yeslem ould Khaled, originaire de Tidjikdja, un brillant élève de terminale D, massacré dans la voiture de son oncle Khatri ould Dahoud, par des jets de briques d’un groupe de lycéens noirs aux environs du lycée de Nouakchott non loin du siège de l’assemblée nationale.
Les auteurs de ce crime odieux n’auraient pas été inquiétés et aucune réparation n’aurait été proposée aux parents de la victime. Comme au cours des événements de 1966, l’impunité est toujours en vigueur.
(A suivre)
le calame