Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Category Archives: Agora

FLAMNET-AGORA: L’Unité questionnée …Par Samba Thiam

alt L’arrestation à Dakar, récemment, de l’aide de camp du capitaine Dadis Kamara après sept (7ans) de cavale,  va redonner espoir aux victimes guinéennes de voir enfin leurs bourreaux derrière les barreaux.  

L’évènement réveille ou relance d’une certaine façon, par effet- miroir, la question du ‘’passif humanitaire’’ et par delà, celle même de notre Unité nationale avec du plomb dans l’aile , bien mal en point…

En effet l’esclavage -par-dessus tout-, la question culturelle et celle du ‘’passif humanitaire’’ constitueront des boulets à nos pieds, un obstacle  majeur à notre cohésion et à toute réconciliation nationale, si elles ne sont pas correctement résolues .

La question du passif

L’on se souvient il y a quelques années le Maroc  entamait sa réconciliation nationale par la justice transitionnelle…

La Tunisie et la Guinée Conakry , à leur tour , viennent de s’engager dans cette voie .

Si la Tunisie remonte à plus haut dans l’histoire et traite  la période comprise entre 1955 à 2016, la Guinée, elle, se limite pour l’instant, à  ‘’ l’évènement du 28 septembre ’’, survenu en 2009  sous Dadis Kamara Président de la junte militaire putschiste. 

Nous avons encore en mémoire la commission Vérité et Réconciliation de l’Afrique du Sud post- apartheid , puis les  cas du Chili  et de l’Argentine derrière nous , et  pour l’essentiel  résolus…

Nous le constatons , ces pays ont tenté , chacun à sa manière, de panser leurs blessures, de trouver la catharsis nécessaire pour ressouder le lien déchiré entre citoyens .

 Partout  il souffle un vent du changement, de réconciliation, partout sauf chez nous où l’on s’enfonce  dans la  fuite en avant, à travers dénis,  dénégations et négation …

Pendant qu’ailleurs on tente de retracer  le cours du passé douloureux , de retrouver les places où sont ensevelies à la sauvette les dépouilles des victimes, notre chef de l’Etat, lui, choisit de rouler des veuves, de barrer la route à toute investigation, d’effacer toutes traces de fosses communes en rasant les repères, d’intimider ou interdire toute  manifestation ou acte de souvenir de ces évènements. Aussi croit- il , ainsi , naïvement, gommer des  mémoires, ces tragédies de 1986 à 1992 . C’est peine perdue car elles resteront à  jamais gravées dans nos mémoires. Si en Guinée on parle de 150 morts dans un stade, de dizaines de femmes violées et de disparues, ce qui s’est produit en Mauritanie pendant cette terrible période est sans commune mesure… Ce fut un véritable génocide,  planifié !

 

La question culturelle

Aujourd’hui chez nos voisins du Maghreb l’élite arabe au pouvoir, après des années de crispation , a décidé de reconnaître l’existence du peuple berbère par l’officialisation de la langue et culture berbère. Le Maroc en fut  le pionnier, l’Algérie, pétrie de nationalisme à fleur de peau, après moult hésitations, vient de suivre . Elle s’ouvre même, en ce moment , à un débat entrain de prendre corps  qui porte à la fois et sur le rôle et la place de la langue Française dans le système éducatif algérien et sur la nécessité de‘’ découpler la  langue arabe du conservatisme religieux ’’( A Dourari) pour lui restituer sa capacité, autrefois, à produire le savoir –aujourd’hui perdue-.

Chez nos voisins tunisiens le débat va plus loin ; il questionne voire remet en cause  l’identité arabe du peuple tunisien, à l’origine  un melting-pot constitué de grecs,  de romains, de Turcs , de Français , de  berbères, de Noirs  et d’arabes .

Là où, pour baliser l’avenir, nos voisins maghrébins marquent un temps de pause pour évaluer et réfléchir, les mauritaniens, à travers l’aile la plus chauvine,’’ hystérisent’’ le débat dès que les  questions sérieuses  sont abordées…

  Plutôt que de s’attaquer aux problèmes de fond on nous distrait avec des broutilles comme le bricolage du drapeau ou les chansonnettes sur la résistance…

Pendant que d’autres se penchent sur la revalorisation et le développement des langues maternelles en vue de l’apaisement identitaire, notre élite et nos gouvernants se refusent à toute évaluation, à tout examen sérieux et lucide de la situation passée et présente pour, obstinément, poursuivre le projet d’assimilation de la composante non arabe du pays, perçue comme une menace à la pérennité du caractère arabe (décrété) de la Mauritanie !

Les désastreuses et dangereuses pratiques politiques au plus haut niveau de l’Etat, le silence général de l’élite sur ces questions de fond, l’inaction déroutante des plus concernés , tout porte à croire que nous agissons comme  si nous ne  voulions pas que ce pays change, positivement ; comme si  nous refusions d’avancer pour entrer de plain pied dans le concert des nations modernes !

Enfin , un dernier paramètre, sous-jacent, qui entrait en jeu et constituait  l’obstacle le plus sérieux  à la cohésion nationale et au changement – à la base même de tous les autres  facteurs- : le complexe aryen , inavoué, de race supérieure qui sous-tend sournoisement nos rapports inter-communautaires Il nous faut revenir aux fondamentaux du vivre-ensemble qui suppose le respect de la diversité, culturelle , ethnique, religieuse ! ‘’Si l’on ne peut vivre ensemble qu’au prix de l’oppression à l’égard d’une composante, c’est une position pas raisonnable et qui , surtout , n’est pas tenable ‘’.

 

Pouvons nous continuer dans cette voie sans risquer grandement de mettre en péril notre devenir en commun, si toutefois ce  ‘’devenir en commun’’ – ou volonté de vivre ensemble- est  partagé ?

 

C’est toute la question qui interpelle chacun de nous et à laquelle nous sommes tenus de répondre …

 

Samba Thiam  

 

Partagez

Mauritanie : Un génocide qui ne dit pas son nom ! Par Ciré Ba et Boubacar Diagana

Mauritanie : Un génocide qui ne dit pas son nom ! Par Ciré Ba et Boubacar DiaganaDepuis son accession à l’indépendance, le 28 novembre 1960, la Mauritanie a mis en place un système d’exclusion de sa composante noire tendant à l’affirmation d’une identité exclusive arabe et la négation de tout soubassement africain à travers la mise en place d’une série de reformes politiques.

Le pouvoir militaire a procédé, au détour d’un conflit banal à l’origine, entre éleveurs mauritaniens et agriculteurs sénégalais en avril 1989, à des déportations massives de plusieurs dizaines de milliers de noirs mauritaniens vers le Sénégal et le Mali.

Entre 1989 et 1992, sous le régime du Colonel Maawiya Ould Sid’Ahmed Taya, des milliers de civils et militaires noirs mauritaniens furent tués selon un mode opératoire présentant toutes les caractéristiques d’un génocide au sens retenu par les Nations Unies en 1948, dont une des conventions reconnait comme tel tout acte « commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux».

Le général président Mohamed Ould Abdel Aziz a lancé depuis 2011 une opération dite d’ «enrôlement des populations» visant officiellement à doter la Mauritanie d’un état civil fiable et sécurisé, comme dans tous les pays. Cet enrôlement s’est révélé dans son application être une opération d’exclusion et de bannissement des noirs, suspectés d’être sénégalais ou maliens, ou d’avoir acquis frauduleusement les états civils en leur possession.

Nombre d’entre eux qui se sont vu refuser l’enregistrement, deviennent donc apatrides dans leur (propre) pays, d’autres l’ont été au prix d’humiliations de toutes sortes. Même de hautes personnalités civiles et militaires, ayant servi le pays pendant des décennies, se sont dans un premier temps fait exclure de l’enrôlement. Dans le même temps, échappent à ces exactions, des étrangers, originaires de pays arabes, installés parfois depuis peu en Mauritanie. Parmi eux, des Libanais, des Maghrébins, et … des Touareg maliens ou nigériens. Aujourd’hui, cette opération se poursuit dans une relative opacité après de violentes manifestations encadrées par un mouvement de défense des droits civiques dénommé « Touche Pas à Ma Nationalité » et une partie de l’opposition.

La deuxième phase de cet enrôlement réservée aux étrangers vivant en Mauritanie a commencé, brutalement imposée par les autorités depuis mai 2012, sans en avoir précisé les modalités, par la traque de ressortissants d’Afrique noire donc majoritairement des sénégalais et des maliens. Des expulsions (comme en 1989) ont suivi vers le Sénégal, puis des tractations avec certains pays ont donné un répit à ces étrangers auxquels l’Etat mauritanien impose de se munir de carte de séjour dans un délai très court.

La troisième phase réservée aux mauritaniens établis à l’étranger met à nu les intentions et la ferme volonté du régime actuel de retirer la nationalité à la majorité des mauritaniens établis en France et en Europe. Pour parvenir à cette fin, les autorités de Nouakchott qui clament sous tous les cieux leur attachement à la souveraineté nationale, exigent pourtant à leurs citoyens la présentation d’une carte de séjour délivrée par le pays hôte pour mériter de rester mauritaniens.

Une immersion dans l’histoire de création récente de notre pays nous invite pourtant à la tolérance, à la mesure et à l’acceptation de notre diversité pour construire la nation et entretenir des relations apaisées avec nos voisins.

La frontière avec le Sénégal, un enjeu humain d’abord

Le nom de la Mauritanie n’apparait officiellement que le 27 décembre 1899 par décision ministérielle qui délimitait un territoire qui englobe les régions s’étendant de la rive droite du fleuve Sénégal et de la ligne entre Kayes et Tombouctou, jusqu’aux confins du Maroc et de l’Algérie. Cette décision ministérielle et le choix du nom ont été inspirés par Xavier Coppolani.

En 1900, la première limite du Territoire fut fixée à travers un tracé théorique délimitant les zones d’influences franco – espagnoles au Nord. Le 10 avril 1904, par arrêté, tous les territoires situés sur la rive droite du fleuve Sénégal sont rattachés aux protectorats des pays Maures. Le 25 février 1905, un décret précise et fixe la frontière au milieu du fleuve Sénégal puis le 8 décembre 1933, un autre décret repousse la frontière sur la limite du lit majeur du fleuve, c’est-à-dire sur la rive droite englobant le sud de la Mauritanie. En 1975 puis en 1989 surtout, l’internationalisation des eaux du fleuve dans le cadre de l’Organisation de Mise en Valeur du fleuve Sénégal a permis d’éviter le pire entre les deux pays mais jusqu’à quand ?

A chaque crise majeure, chaque partie brandit « son décret », à ce jeu dangereux la Mauritanie donne plus l’impression de vouloir en découdre militairement. Les deux pays ont tout intérêt à trancher ce flou juridique au grand bonheur des populations riveraines. Enfin, le décret du 5 juillet 1944 rattache la région du Hodh, jusqu’alors sous dépendance du Soudan (actuel Mali), à la Mauritanie. Ce rattachement revêt un cachet sécuritaire, l’administration cherchant à neutraliser le mouvement Hamalliste (Cheikh Hamahoullah) dans cette région.

En lieu et place des Émirats (Adrar, Trarza, Brakna, Tagant) et des États du Sud (Guidimakha, Waalo, Fouta Tooro) se substitue et se superpose le futur État de Mauritanie. Jusqu’au 2 juin 1946, le nom de la Mauritanie continuera d’être associé, jumelé avec celui du Sénégal sous l’appellation de « Circonscription Mauritanie – Sénégal » et Saint Louis du Sénégal restera capitale de la Mauritanie jusqu’à la veille de l’indépendance. On comprend dès lors que bon nombre de Mauritaniens soient nés au Sénégal.

Tel est le contexte historique et politique dans lequel a été enfantée la Mauritanie actuelle, regroupant Sooninko, Wolofs, Maures, Bambaras, Haratines et Haal Pulaaren qui vont devoir désormais vivre sur un même territoire unifié et placés sous une même autorité. Il va s’en dire que pour présider aux destinées de notre pays, il vaut mieux connaître ce contexte et tenir compte de toutes les pièces du puzzle. Le prix à payer pour les fils de notre pays, maures comme noirs, sera énorme.

Dès 1946 lors des premières élections législatives dans le cadre de l’Union Française, la question était déjà posée. En 1945, en prévision de ces élections, deux tendances s’étaient dessinées : Chez les maures « le représentant de la Mauritanie ne saurait être un noir » tandis que les notables noirs, inquiets, font appel à une candidature européenne (source : Sous – série : 2G45 : 134, Archives Nationales du Sénégal).

Un territoire, deux administrations et un système éducatif différencié

Paradoxalement, la fracture entre maures et noirs de la vallée du Fleuve était déjà « officialisée » par les arrêtés n°469 et 470 du 20 août 1936 qui organisaient séparément les commandements et administrations : une administration indirecte chez les « indigènes maures », avec des émirs dépendant désormais de l’administration coloniale ; et une administration directe chez les populations sédentaires noires, avec la création de cantons dont les chefs étaient auxiliaires de police judiciaire et percepteurs des impôts.

Ce mode de gestion séparée est renforcé par la mise en place d’un système éducatif différencié. En effet l’administration coloniale, pour asseoir son autorité, affirme son intérêt pour l’école en vue d’une plus grande emprise sur les populations autochtones. Dans sa circulaire du 22 juin 1897, le Gouverneur Général E. Chaude écrit : « l’école est le moyen le plus sûr qu’une nation civilisatrice ait d’acquérir à ses idées les populations encore primitives». « C’est elle (l’école) qui sert le mieux les intérêts de la cause française » ajoutera le Gouverneur Général William Ponty dans une circulaire du 30 août 1910, comme pour confirmer les propos de son prédécesseur.

Simplement, l’implantation de cette école en Mauritanie se fera, et pendant longtemps, dans le Sud : Kaédi en 1898, Boghé en 1912…. alors que les Médersas le seront seulement à partir de 1916 à Boutilimit, puis à Atar en 1936…., en raison notamment de l’hostilité affichée en pays Maures. C’est ce qui explique qu’à l’accession de notre pays à sa souveraineté le 28 novembre 1960, l’essentiel des cadres et des lettrés en langue française sont du Sud.

Du non règlement de la question nationale à la reconnaissance du génocide

Plus de cinquante deux ans de vie commune, d’oppression, d’injustices, de domination, de persistance de l’esclavage, de déportation, de luttes et …. un pays à reconstruire. Pourtant, à la veille de l’accession du pays à la souveraineté internationale des signaux clairs avaient été lancés de part et d’autre.

Mais celui qui présidait aux destinées du pays, croyant en sa bonne étoile, s’est lancé comme si de rien n’était dans la construction « d’un Etat moderne, trait d’union entre l’Afrique Noire et le Maghreb » dans lequel devraient disparaitre tous les particularismes. Cet équilibre affiché sera foulé dès les premières années de l’indépendance à travers une série de politiques préparant l’ancrage de la Mauritanie à l’ensemble maghrébin et arabe. Les clefs de ce nouvel ensemble, fraichement créé, encore fragile, ont été confiées à Mokhtar Ould Daddah. Si celui-ci appelait à construire ensemble la nation mauritanienne, sa conduite des affaires sera très tôt considérée comme partisane :

– Une conduite tendancieuse des affaires de l’Etat visant à donner une image exclusivement arabe du pays à l’étranger. Cette diplomatie a tellement réussi que bon nombre de Noirs Mauritaniens sont régulièrement suspectés de mentir sur leur nationalité ; pour cause « la carte postale Mauritanie » est autre. Il n’est pas rare de voir des compatriotes mondialement connus par leurs talents, par honte ou par facilité, être catalogués originaires du Mali ou du Sénégal.

– l’imposition de la langue l’arabe dans le système éducatif s’avèrera être un subtil moyen de sélection par l’école : en quelques années les résultats des examens de l’entrée en sixième et au baccalauréat, jusque là marqués par un fort taux de réussite d’élèves francophones, majoritairement Noirs, vont s’inverser en faveur des élèves arabophones. Comme langue de travail, le rôle de l’arabe va être déterminant dans la réussite aux examens et concours, notamment d’accès à la fonction publique. En tant qu’unique langue officielle à travers la politique d’« arabisation des ministères qui n’ont pas un caractère technique et qui sont en relation directe avec l’ensemble de la population comme la Justice et l’Intérieur », l’utilisation de l’arabe dans la sphère administrative se révèlera comme un puissant outil de domination et d’exclusion : l’Etat laisse entendre sa volonté de s’adresser à toute la population mauritanienne au moyen de la seule langue arabe.

– la concentration de l’essentiel des pouvoirs économiques, politiques et militaires depuis le coup d’Etat de Juillet 1978 entre les mains d’une partie de la composante maure. Cette armée budgétivore, véritable fonction publique parallèle, qui dirige le pays depuis, a trouvé le moyen de se débarrasser de sa composante noire ou de l’écarter des centres de décisions.

– l’entrée en vigueur brutale à partir de 1983 d’une réforme foncière mal préparée et dont le seul objectif est l’expropriation, eut pour conséquence l’accentuation de la pression sur les terres agricoles de la vallée du Fleuve Sénégal d’investisseurs privés maures, bénéficiant de largesses de bailleurs arabes, et plus récemment d’investisseurs étrangers.

– Plus généralement, les frustrations et les injustices ressenties par les Noirs, nées des traitements différenciés qui leur sont réservés et autrement plus sévères que ceux rendus pour les maures. L’opinion publique noire a souvent du mal à comprendre que les auteurs du dernier coup d’Etat manqué en Mauritanie, (appelé « coup d’Etat de Hannana », en juin 2003, certainement le plus violent du genre), n’aient été condamnés qu’à des peines d’emprisonnement de quelques mois. Moins compréhensible encore la reconversion de deux des présumés auteurs qui se sont présentés à leur libération aux suffrages de nos compatriotes et réussi à se faire élire à la représentation nationale.

Leur mandat court toujours. Alors que quatorze années plus tôt, en 1987, pour une tentative de coup d’Etat qui n’a jamais connu de début d’exécution, le régime d’alors, a, au terme d’une procédure expéditive, jugé, condamné et exécuté trois officiers Noirs. S’en est suivie une purge au sein de la grande muette qui a laissé dans le secret des tombes hâtivement creusées à Inal, Jreida, Akjoujt, Azlat, … des dizaines d’hommes qui s’étaient engagés au service de leur pays.

Les effets cumulés de tous ces facteurs présageaient d’une explosion de conflits. Une partie des maures, embrigadés par les mouvances pan arabistes et ayant le sentiment de plus en plus renforcé, et le disent, d’être chez eux, le seul chez qui leur soit propre (ça rappelle quelque chose), où l’Etat leur garantit tout : sécurité, impunité. La majorité des Noirs vivent cette condition comme un non choix, une condamnation à cohabiter, avec le recensement discriminatoire (enrôlement) en cours, ils ont fini par se dire qu’ils ne sont que tolérés ? Leurs revendications ont toutes été réprimées dans le sang ; sans qu’à aucun moment le régime en place ne prenne le temps de réfléchir sur les motivations réelles de ces crises à répétition, et ne propose des solutions qui aillent dans le sens du maintien de l’unité nationale.

Le calcul politique qui sous-tendait ces mesures, les conditions de leurs applications, la mauvaise gestion des conséquences de ces applications en termes de contestations cristalliseront toutes les frustrations et « pollueront » pour ainsi dire le climat politique de notre pays. La brèche ouverte depuis est devenue un fossé, si grand aujourd’hui qu’il fait courir à notre pays le risque de conflits à répétitions.

L’exclusion peut-elle durer encore ? Combien de temps ?

Les gouvernants, tous régimes confondus – exception faite des parenthèses Ould Haidalla et Sidi Ould Cheikh Abdallah – ont invariablement œuvré au maintien et au renforcement de l’option arabe irréversible de la Mauritanie. Une option que même l’opposition dans son écrasante majorité ne remet pas en cause, en dépit des conflits et les risques d’explosion auxquels elle a exposé notre pays en cinquante et une années de vie commune.

L’exacerbation de cette politique raciste, injuste et d’exclusion donnera naissance aux évènements de 1989 et suivants, avec des massacres massifs des populations noires du Sud. Des actes que l’on peine encore à qualifier avec les mots qui conviennent.

La victoire a beaucoup de pères : Génocides reconnus

Historiquement, ce sont les vainqueurs qui ont imposé leur volonté quand il s’est agi de qualifier les faits. Leur camp ayant eu le soutien des instances internationales, quand il ne les a pas créées, pour traduire les bourreaux : le Tribunal de Nuremberg pour qualifier le traitement réservé aux Juifs lors des deux grandes guerres de crime contre l’Humanité, ceux d’Arusha pour le génocide des Tutsi au Rwanda et de la Haye pour le génocide des Musulmans de Bosnie-Herzégovine. La Cour Pénale Internationale pour Charles Taylor et récemment Laurent Gbagbo pour les crimes commis contre les peuples Sierra Léonais et Ivoirien respectifs.

La défaite est hélas orpheline : Génocide voilé

Ce qui s’est passé en Mauritanie entre 1989 et 1992 présente toutes les caractéristiques d’un génocide au sens retenu par les Nations Unies en 1948 dont une des conventions reconnait comme tel tout acte « commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Abstraction faite du débat que peut soulever l’usage des concepts renvoyant au nombre de victimes, à l’ethnie, à la race, voire à la religion notamment chez certains scientifiques puristes, cette définition lève toute ambiguïté sur le caractère des massacres commis lors de la période référencée.

Trois facteurs accablants sont à considérer ici, pris séparément ou mis ensemble.

Premier facteur : l’intention (de détruire tout ou partie d’un groupe national). Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle y était, on est allé les chercher là ils se trouvaient : villages, lieux de travail (bureaux, écoles et marchés), au sein des forces armées et de sécurité.

Deuxième facteur : le motif apparent pour désigner puis massacrer les cibles, était leur appartenance à une ethnie. A l’exclusion des exécutions au sein de l’armée, les pogroms le long de la vallée ont ciblé les peulhs. La population victime a donc délibérément été sélectionnée (tous ceux qui ont été massacrés avaient la particularité d’être Noirs).

Troisième facteur : ces massacres ont été pensés, planifiés, et exécutés au nom d’une idéologie raciste dont l’objectif était la purification ethnique. Le maître d’œuvre en était le Colonel Ould Taya, conseillé par des idéologues civils se réclamant du Baathisme.

Il en découle que les crimes commis l’ont été sur la base d’une sélection, un tri. Une effroyable opération qui a précédé l’exécution collective des victimes. La sélection confère donc à ces crimes la condition nécessaire de leur qualification en génocide, tandis que le caractère collectif érige le mal en crime d’Etat. Faut-il encore un argument supplémentaire pour convaincre qu’il s’agit bien là d’un génocide. La réponse est assurément NON.

A l’évidence, ce drame est bien issu d’une volonté systématique et planifiée d’extermination. La Mauritanie doit porter un regard apaisé sur son passé d’autant que certaines franges pan arabistes n’hésitent pas à accuser les exilés et déportés Mauritaniens au Sénégal d’avoir participé aux massacres de leurs compatriotes en 1989 dans ce pays, telle la réplique de l’Etat Turc accusant la France de génocide en Algérie en réponse au vote par le Parlement Français, le 22 décembre 2011, de la proposition de loi pénalisant la contestation du génocide Arménien.

Pourquoi alors s’obstine-t-on à utiliser d’autres qualificatifs ?

D’abord parce que les bourreaux sont encore en activité, dans les premiers cercles du pouvoir. Conscients de leur responsabilité certainement directe dans les forfaits commis, ils font tout pour retarder ou empêcher la manifestation de la vérité.

Ensuite, la majorité des partis politiques ont préféré laisser les ONG sous-traiter la question, désertant ainsi cet épineux terrain rendu glissant par sa connexion avec la question nationale. Le débit des autres partis est faible, presqu’inaudible, en raison d’un réseau saturé par des dissensions des associations des victimes.

Enfin les divisions au sein des associations de victimes elles mêmes, liées peut être aux traumatismes subis, sont un pain béni pour les présumés coupables, pourtant répertoriés, qui n’ont eu aucun mal à surfer sur ces divergences pour essayer de passer la solution de cette question par pertes et profits. Victimes et ayants droit s’accommoderont du discours édulcorant les crimes en « passif humanitaire ». En acceptant ainsi de suivre les autorités dans cette démarche, ils espéraient peut-être donner une chance à ces dernières de cheminer vers une véritable réconciliation, impliquant réparations et pardon.

Mohamed Ould Abdel Aziz, qui fut aide de camp du président Ould Taya et commandant du Bataillon de Sécurité de la Présidence de la République (BASEP) de 1987 à 1991 puis commandant du bataillon de commandement et des services à l’Etat Major national d’août 1991 à juillet 1993 selon son cv, aurait été épargné pour accorder une chance supplémentaire à la chance de réconcilier la Mauritanie avec elle-même. Ce fut un coup de poker perdant.

La « prière aux morts » qu’il a orchestrée en grande pompe, n’avait d’autres motivations que mystiques. La campagne qui l’a suivie, autour du pardon participait à une démarche de diversion, visant à faire passer les victimes pour des haineux, des rancuniers qui ne pouvaient pardonner. N’entendions-nous pas les chantres de cette campagne répéter à qui voulait l’entendre que « Allah, dans Son infinie bonté, accordait Son pardon à Ses créatures (fautives) qui le Lui demandaient ».

Ce qu’ils omettaient de dire, c’est qu’Allah n’a jamais fait de mal à personne. Les victimes des exactions n’ont pas de contentieux avec Allah, mais bien avec des créatures comme elles qui se sont adonnées à des abominations, dont elles doivent répondre ici bas, avant de devoir en rendre compte devant notre Créateur et Ses Anges. Ils semblent être frappés d’amnésie, oubliant que certains de ces crimes ont été commis pendant le mois de Ramadan.

Faute d’avoir pu l’empêcher de se produire, nous n’avons pas le droit de laisser les autorités ajouter au crime la bêtise de le minimiser. En effet, les expressions utilisées pour qualifier ces faits de « passif humanitaire », l’ont été, parfois sous la pression des bourreaux et de leurs amis au pouvoir. Comme si ce qui s’est passé n’était pas suffisamment grave pour mériter d’être qualifié autrement.

Le « passif » (et l’ « actif »), usité en comptabilité ou en grammaire, ne peut ni ne doit en aucun cas être employé pour parler de cette abomination. On est en politique. En politique, comme en tout autre domaine, il est préférable d’utiliser les mots qui conviennent pour désigner les maux causés au risque de tomber dans le négationnisme. Les propos tenus récemment par le Général Meguett en constituent un début de commencement.

Souvenons nous qu’Hitler, tirant la leçon de la non application des résolutions du traité de Sèvres, signé le 10 août 1920 entre les Alliés et l’empire Ottoman, qui prévoit la mise en jugement des responsables du génocide arménien, aurait lancé en 1939 « Qui se souvient des massacres des Arméniens » à la veille de massacrer les handicapés, l’extermination des Juifs viendra deux ans plus tard.

Rappelons aussi que le général père de la nation Turque, Moustapha Kemal avait pris soin de faire voter une amnistie générale des dits crimes le 31 mars 1929. En Mauritanie le colonel Maawiya Ould Sid’Ahmed Taya a fait voter une loi d’Amnistie de ses crimes, adoptée en 1993 par une Assemblée à ses ordres. La tentation de tracer un trait sur les faits était déjà là. Le temps ne doit donc pas avoir de prise sur notre détermination et notre volonté à œuvrer pour la reconnaissance de ces crimes en génocide et la traduction pendant qu’il encore temps de leurs commanditaires devant la Cour Pénale Internationale.

Est-il possible d’éviter à notre pays un futur incertain?

Les Mauritaniens peuvent-ils s’arrêter un instant pour s’accorder sur l’essentiel en vue de construire un destin commun ? Quel modèle pour la Mauritanie : Etat unitaire, Etat fédéral ? Ancrage dans le monde Arabe ou dans l’Afrique noire ? Trait d’union ?

Quoi qu’il en soit, nul ne peut gouverner paisiblement notre pays en méconnaissance totale de son histoire ou au mépris de celle-ci, faite de recompositions, de brassages, de mélanges de sociétés si différentes que tout éloignait au début, mais qu’il faut désormais administrer harmonieusement selon un principe si simple de justice et d’égalité, non pas de principe, mais d’égalité effective. Pour cela l’armée au pouvoir depuis 1978, n’ayant pas vocation à faire de la politique et considérée comme comptable et responsable de ce génocide, n’est pas qualifiée à diriger la Mauritanie.

Ciré Ba et Boubacar Diagana, Paris

Partagez

Langues africaines: quelques aspects du problème et esquisse de quelques solutions

Langues africaines: quelques aspects du problème et esquisse de quelques solutionsRMI Info – Dans ce qui suit nous menons une réflexion sur la question des langues africaines dans son volet pragmatique. Nous nous intéressons, en effet, à la question de leur institution en tant que langues d’enseignement et d’administration, et notre réflexion se situe au niveau de la recherche d’une méthode qui puisse aboutir à une telle politique linguistique.

Nous savons que les sociétés africaines d’aujourd’hui sont découplées de leurs langues, et que cela a occasionné des contradictions fondamentales dans les institutions principales du continent. Il s’en est suivi un ralentissement évident dans le développement de ce dernier.

La question du re-couplage a été posée par des penseurs africains et abordée par des institutions nationales ou continentales. Toujours est-il que, malgré des décisions politiques qui commencent à émerger dans certains pays (Tanzanie, Kenya, Rwanda,..), beaucoup de décideurs politiques sont encore hésitants.

Nous essayons d’y voir un peu plus clair dans ces pages et proposons une esquisse de quelques méthodes ou solutions à certains des problèmes soulevés.

Jusque là, à l’intérieur des états africains, la politique linguistique est posée dans un cadre strictement national. Elle s’est vite confrontée à un problème éminemment conflictuel: le choix d’une langue ‘majoritaire’ face à la sensibilité des ‘minorités’.

Ici, nous examinons ce problème auquel nous proposons un remède (pour éviter de dire solution) théorique issu des mathématiques. Par suite, nous décrivons une option différente de la précédente, une nouvelle option qui arrive à résoudre cette-fois ci, de manière ‘pratique’, le problème conflictuel cité ci-dessus.

Incomplétude oblige, cette option posera quand même des questions politiques qui existent déjà, sous une forme différente, dans la première option. Mais mieux qu’une transformation simplificatrice d’un problème à un autre, nous verrons qu’il s’agit d’un saut qualitatif qui, par son aspect fondamental et pratique, pourra comprendre des aptitudes transversales destinées à résoudre d’autres problèmes qui se posent au continent africain.

La solution nationale

La solution nationale Elle consiste à ce que chaque pays choisisse une langue qu’il va élever au niveau d’une langue administrative et d’enseignement, le choix se faisant suivant un critère de représentativité.

Cette solution n’est, a priori, pas sans obstacle puisqu’il faudrait composer avec les sensibilités ethniques, et là est un problème de taille à ne surtout pas négliger. Le repli sur soi que l’on retrouve en permanence dans ces sociétés insistant sur leurs particularités respectives, est une barrière incommensurable. Pire, c’est même une tension somnolente qui pourrait basculer, par l’occasion, vers une véritable déchirure nationale.

Il va sans dire que dans cette solution, une simple décision politique est loin d’être suffisante dans la mesure où elle sera, potentiellement, en face de réactions évidentes.

C’est, sans doute, là une crainte qui retient le peu de décideurs sensibles à cette question vis à vis de l’ouverture d’un tel dossier. Mais qu’ils se rassurent, nous allons, en fait, leur proposer une deuxième option qui, elle, est sans tension. Néanmoins, avant de nous pencher sur cette deuxième option, présentons ici une résolution théorique du problème soulevé par la première solution.

Le modèle est celui du dilemme du prisonnier, un phénomène de la théorie des jeux qui semble dire un mot dans notre contexte. Ce dilemme a été énoncé en 1950 par le mathématicien américain Albert William Tucker, en voici une présentation:

Dilemme du prisonnier:

Deux individus sont arrêtés pour un crime et placés dans deux cellules séparées en attente de leur inculpation. La justice n’ayant pas assez d’éléments pour les inculper, procède à une stratégie. On envoie, simultanément, deux agents leur présenter une même offre:

D’abord on fait savoir à chacun des deux individus arrêtés que l’autre est en même temps entrain de traiter la même offre qu’on est entrain de lui soumettre. L’offre est la suivante:

Si à l’issu de l’expérience, tu acceptes de témoigner contre l’autre et que celui-ci refuse de te dénoncer, alors tu seras libre tandis que, lui, il fera 15 ans de prison.

Si vous vous dénoncez mutuellement, alors, tous les deux, vous ferez 10 ans de prison.

Si personne ne dénonce personne, alors, tous les deux, vous ferez 1 an de prison.

On rappelle que chacun doit faire son choix dans sa cellule sans aucune connaissance du choix de l’autre.

Procédons maintenant à l’analyse de ce dilemme. Un suspect qui cherche à minimiser son temps de prison raisonnera comme suit:

Il se dira que dans le cas où l’autre le dénonce, les deux issues sont:

– 15 ans de prison (s’il se tait),

– 10 ans de prison (s’il le dénonce également).

Et que dans le cas où l’autre refuse de témoigner contre lui, les deux issues sont désormais:

– 1 an de prison (s’il refuse, lui aussi, de le dénoncer),

– relaxation (s’il accepte de le dénoncer).

Donc dans cette stratégie, en toute logique, il a plus intérêt à dénoncer son camarade.

Maintenant, si les deux tiennent le même raisonnement, c’est à dire si chacun ne pense qu’à son sort, alors tous les deux choisiront la dénonciation de l’autre et feront donc, chacun, 10 ans de prison.

Si à la place de la démarche égoïste, les deux individus choisissent la convivialité en même temps, c’est à dire celle qui consiste à prendre soin du sort de l’autre, ils choisiront alors de se taire en même temps et le résultat serait 1 an de prison pour chacun.

Conclusion: La solution de convivialité est plus bénéfique aux deux (1 an de prison) que la solution de l’égoïsme (10 ans de prison). C’est un peu une loi de «On gagne tous ensemble, ou chacun perd de son côté».
Transcrivons maintenant le problème de choix soulevé par l’approche «solution nationale». Pour simplifier, supposons que deux langues africaines disputent la place de langue officielle dans un pays africain (post-colonial) donné, et qu’à l’affût, une langue étrangère tente de maintenir sa place.

Il est clair que le choix égoïste est conflictuel, et que la langue étrangère a de grandes chances de se maintenir dans ces conditions. Bien que nous sommes ici dans un contexte où nos protagonistes ne sont pas, l’un de l’autre, aussi isolés que les prisonniers l’étaient, l’analyse du dilemme du prisonnier nous enseigne que la meilleure solution pour eux est la convivialité.

Dans le contexte des langues africaines, cette convivialité peut puiser ses fondements dans la parenté qui existe entre elles et dans leur longue histoire commune riche d’interactions.

La solution partenariale:

Elle est plus fondamentale et se conforme avec la configuration endogène africaine. Elle consiste à tenir en compte de la répartition des masses ethniques, donc des langues, et à moins réfléchir en terme des frontières post-coloniales.

On part du constat évident selon lequel les frontières actuelles qui définissent géographiquement les pays africains sont trop artificielles, et surtout qu’elles sont au cœur du problème linguistique. Par exemple, beaucoup de fois on dit que dans un pays A, il y a n langues nationales, et qu’il y en m dans B, r dans C, sans pour autant garder en vue que dans A, B et C réunis il n’y a pas n+m+r langues! Il y a dans tous les pays africains d’une même zone de fortes répétitions d’une présence ethnique.

Ce fait est un point important si on l’analyse dans ses détails. Il permet, après analyse, de s’accorder sur le fait que la question de la politique linguistique en Afrique est plus enclin à se résoudre dans une collaboration interétatique que dans une action isolée d’un seul pays.

Ainsi un pays comme le Sénégal aura une collaboration avec la Mauritanie et la Gambie pour mettre en place l’enseignement en langue Wolof, il fera de même avec la Mauritanie, la Gambie, le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, le Cameroun, le Niger, le Nigeria et beaucoup d’autres pays encore pour un enseignement en langue Pulaar/Fulfulde, il collaborera avec le Mali, la Guinée, la côte d’ivoire, le Burkina Faso et d’autres encore pour le Mandinkan… etc.

Un pays s’inscrira dans cette démarche de collaboration pour toutes ses langues principales. Ces collaborations se feront à travers des services partagés par les ministères de l’éducation des pays considérés et une commission régionale de l’éducation.

La structure générale reste à être organisée proprement, mais, étant de l’ordre de l’organisationnel, sa difficulté sera dérisoire devant celle qu’on aurait eu dans une résolution des conflits interethniques. Cette solution a, on l’aura compris, comme défi principal d’emmener un certain nombre d’états, pour commencer, à mettre en place une coopération.

Par ailleurs, ces états ne tarderont pas à comprendre qu’il s’agit là d’une solution non conflictuelle et que, finalement pour peu qu’ils soient déterminés à le faire, la mise en place d’une telle réforme se fera en douceur. Dans cette perspective, loin d’inciter au repli sur soi identitaire ethnique, nous convertissons toute aspiration au nationalisme ethnique en une activité culturelle, scientifique et intellectuelle proposée à travers l’éducation en la langue ciblée.

En effet, c’est l’ignorance occasionnée par les systèmes inadaptés qui, contrairement à un système répondant à la réalité du terroir, encourage l’ethnicisme. Une fois l’indépendance linguistique assurée, de façon dialectique le système éducationnel deviendra libre, la culture prospérera et la recherche pourra alors se fonder sur des bases solides.

C’est ainsi que l’Afrique profitera du bon côté de sa situation actuelle, car il y en a bien une; des systèmes éducatifs et culturels transfrontaliers solidifiés, additionnés à des connexions interethniques statuées par les structures étatiques post-coloniales ne pourront qu’être fructueux et conduire à l’indépendance véritable du continent.

Sans ce type de programme éducationnel, l’Afrique restera avec ses fragments d’ethnies affaiblies, parce que morcelées, enfermés dans des cellules et se disputant éternellement un pouvoir qui n’en est pas un. Ce n’est pas par hasard si on compte autant de guerres ethniques, de rebellions à caractère ethnique et de tensions toujours ethniques sur ce continent.

Il n’y a pas un moyen plus sûr pour maintenir tout un continent dans un chaos durable que d’opposer, dans un jeu, ses composantes essentielles après les avoir affaiblies.

Cette solution aura donc pour conséquence de rétablir l’intégrité des atomes du matériau Afrique que sont ses ethnies, d’assurer leur stabilité, et ça n’est qu’ensuite que les nouvelles structures étatiques pourront relier ces morceaux reconstitués et assurer leur cohésion dans une Afrique solide, stable, et surtout intègre à tous les niveaux.

Mouhamadou Sy

Mathématicien

Laboratoire Analyse-Géométrie-Modélisation

Université de Cergy-Pontoise, CNRS

mouhamadou.sy@u-cergy.fr

 

 http://rmi-info.com/langues-africaines-quelques-aspects-probleme-esquisse-de-quelques-solutions/

Partagez

FLAMNET- AGORA : Portait d’un grand combattant de la liberté ( Deuxieme Jet)

altkaaw

Kaaw Tokossel  l’Homme

 

Kaaw Tokossel est courtois, affable et de commerce facile; le sourire toujours en bandoulière. De son allure débonnaire se dégage une bonne humeur contagieuse. Il lui arrive de piquer des crises de rire qui peuvent  durer des heures et des heures, ce rire si caractéristique; mi-gémissements, mi-gazouillements. Comme ce jour où je lui raconta l’histoire de ce vieux peul qui vivait à Marseille dans les années 50 et qui était de passage au siège des FLAM à Ouagou Niayes. Ce vieux nous raconta, camarade Thilo Niang(épouse du président Samba Thiam) et moi: qu’un jour revenant de Marseille, leur avion tomba en panne en plein vol et ils étaient suspendus dans les airs pendant plus de 2 heures en attendant l’arrivée des secours de Dakar. Thilo lui lançait de temps à autre des ” Alaa Baaba…”, le vieux renchérissait de plus belle : ”Arrivé sur les lieux, l’avion de secours nous jetta des cordes, accrocha notre avion nous tira jusqu’à Dakar…”.  Le jour je lui rendu compte de cette  conversation, Kaaw rit jusqu’aux larmes; il en riait des semaines durant de cette prouesse des secouristes de cet avion particulier.  

 

Kaaw est un pur Torodo, pas dans le sens peul ou féodal du terme, très vague a mon sens; mais plutôt dans le sens maure du terme ; un Zwaya, c’est a dire un noble (Dimo), humble et généreux au service des petites gens ( excusez l’expression). Je ne l’ai jamais entendu “crier sa torodité” on dirai qu’il s’en veut d’avoir naquit dans une grande famille des ”Elimane Jowol” ou Almamy, tellement il est modeste. N’GUZ est très généreux, une générosité spontanée, naturelle, et désintéressée. Il donne tant en période de vaches grasses qu’en période de vaches maigres. Il n’est pas de ceux, nombreux qui ne donnent que le trop plein; mais partage tout le temps car c’est sa nature. Les rares moments ou il lui arrivait de ” ramasser le calepin d’un blanc”, il attendait des jours et des jours de voir l’un de nous, camarade Ousmane Amadou Diallo ou moi et nous lancait: ”Sehilam ar nyamoyen gertoode”. Toujours l’esprit de partage, c’est comme ca qu’il est.

 

 Le plus étonnant chez Kaaw est l’évantail de gens qu’il connait. Des personnes de toute condition sociale. Des quartiers populaires, à la bourgeoisie en passant par la banlieue.

Le landerneau politique sénégalais est son terrain de prédilection, la lutte oblige. Il s’y sent à l’aise jusqu’en devenir le chouchou. Kaaw peut causer avec Talla Sylla, plaisanter avec Abdou Fall ou débattre avec feu Pr Sémou Pathé. Son rôle de porte-parole des ex-FLAM qu’il a si bien rempli a fait de lui une sorte de mascotte des organes de presse au Sénégal avant son expulsion de ce pays frère en 1999 suite aux pressions diplomatique de la Mauritanie. Ces relations avec les médias? Je ne vais même pas m’y attarder; ” It’s very simple” come on dit ici: Kaaw connait tous les journalistes et touts les journalistes connaissaient Kaaw. Il va de soit que le milieu Haal pulaaren ne saurait demeurer en reste. En vrai Fuutanke enraciné, Elimane Bilbassi a su y cultive des relations solides et diversifiées avec les différentes associations culturelles. Il est l’ami du vendeur de lait du coin, du vendeur du journal de la rue, du cireur des chaussures, prend le thé avec Ngaari Laaw et peut tapper à la porte de Samba Diouldé Thiam ou d´Alioune Tine de la Raddho à n’importe quel moment. C’est ce substrat de qualites humaines qui font de Kaaw le grand militant qu’il a toujours été.

 

Kaaw Toure le militant

 

Kaaw est un vrai militant, un militantisme sincère et dévoué. Loin de cet activisme mégalomaniaque oh combien fréquent chez nous, des “militants” qui viennent à la cause juste pour pavaner leur petite personne. Toutes nos organisations ont connu ces fanfarons avec leurs phraséologie sans tête ni queue qui accourent en masse au début, mais ne tardent pas à se dérober dès que les choses sérieuses commencent. Et ceux nombreux qui ne cherchent qu’à se faire un nom dans lutte avant d’aller vendre leur âme au diable pour quelques strapontins.

En vérité,  il n’est pas facile de militer; en dehors des obstacles inhérents à toutes lutte de libération; longue durée, déséquilibre des moyens, dissentions…, la notre est plombée par des facteurs intrinsèques uniques à la societé négro-mauritanienne. En effet, nos normes sociales font qu’il y a un âge pour tout; un âge pour s’amuser, apprendre, travailler, fonder une famille et aller à la mosquée. La lutte, tant et si bien qu’elle soit nécesaire parfois, ne saurait être qu’une étape de la vie située probablement entre s’amuser et apprendre. La preuve, touts nos combats sont en majorité portés par les élèves, étudiants ou chômeurs contrairement a beaucoup de societés ou il y a une adhésion totale à la cause et une distribution des rôles en fonction des capacités de chaque groupe d’âges. Dans notre société, les pressions sociales opèrent  une espèce de séléction naturelle qui ne présérve que les individus résistants.  

Il y a ceux, qui, à la moindre pression, cédent et ne résistent  pas; il y a ceux qui plient et ne rompent pas, mais il y a surtout ceux qui tiennent ferme et ne vacillent pas. Kaaw fait partie de cette poignée de militants qui ont mis leurs vies entre parenthèses le temps de la lutte. Il n’a jamais cherché à se caser dans un travail bien rémuneré pour oublier la lutte ou à s’émigrer. Il n’a fondé de famille que tard dans la vie. Comme ces nombreux rebelles qui ont juré de ne se jamais raser la barbe avant la victoire.

Elimane Bilbassi saisi chaque occasion pour faire avancer la cause, comme le jour ou il faillit transformer sa soutenance en réquisitoire contre Taya et son régime. L’un des membres du jury n’ayant rien touver à lui reprocher, lui lanca ceci:”…je ne sais pas qu’est ce que la lutte contre le racisme en Mauritanie vient faire dans un mémoire de l’ENEA où vous parlez de l´économie>>. Kaaw lui rétroqua alors à peu prés ceci: ”Les noirs sont opprimés en Mauritanie par un régime raciste, qui nous a jété sur le chemin de l´exil et dont le but était de nous ”clochardiser” et de nous fermer toutes les portes de réussite. Ce travail est aussi le fruit de notre lutte, de notre résistane donc je n’ai fait que dédier mon travail à mon peuple opprimé…”. C’est comme ca qu’il est mon ami, la lutte est l’épicentre de sa vie et toutes les occasions sont bonnes pour livrer le message. Bien sûre que je vais paraphraser Samba Diallo de l´aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane: ” Kaaw ne vit pas, il milite”.

D’aucuns le comparent à Biko ou Madiba, quelle abérration, comme s’il pouvait être l’un ou l’autre. Il est la synthèse des deux, il la détérmination du premier et la clairvoyance du second. Il resemblerait plutôt à Ahmed Kathrada dans son rôle de conseiller efficace et confident discret du président Samba Thiam. Je ne lui ai jamais connu une idôle particulière, même si on le soupconnait d’un brin de Sankarisme, mais c’était tendance à l’époque. Il  pouvait admirer Ghandi, Malcom X ou le Dalai Lama… Il est défenseur de toutes les causes justes. Je me souviens encore de nos longues conversations pendant les intérminables conférences nationales africaines au début des années 90, nous étions tous excités car persuadés que nous étions, que cette vague de démocratisation atteindrait un jour les rivages de notre pays.

Nous étions tous derrière les leaders des oppositions africaines qui allaient, pensions nous, débarrasser l’Afrique de cette vieille garde corrompue. Tshisékédi, Agbayibor, Koléla, Albert Zafy, Gbagbo, Sogolo, et même Jean Nguza Karl-I-Bond… tels étaient nos nouveaux héros.

 

L’une de nos rares pierres d’achoppement était sa  farouche opposition aux tribunaux internationaux qui  ne jugeaient à son avis que les africains, moi plutôt libéral, j’étais pour le droit d’ingérence. Mon avis était et demeure que c’est par ce que les africains ne montrent aucune volonté de prendre en charge leurs problèmes qu’ils se font dicter les solutions.

 

Je m’en voudrait de terminer cet article sans répondre à tous ceux qui l’accusent parfois de militer derrière le clavier; laissez moi vous dire, Elimane Bilbassi a milité avant l’avènement du clavier ou de la démocratisation de la parole en Mauritanie. C’est à pieds qu’il distribuait des tracts et nuitamment sous le couvre feu écrivait sur les murs sous le régime militaire à l´intérieur du pays, redigeait et distribuait notre journal “Le Flambeau”(journal interdit en Mauritanie) dans toutes les rédactions dakaroises et internationales et les représentations diplomatiques au Sénégal. Pendant que certains bavardaient, il faisait les cents pas devant les bureaux dans l’espoir d’apercevoir une autorité à sensibiliser sur la situation en Mauritanie. Pendant que d’autres théorisaient, il faisait le pied de grue devant les hôtels pour alerter les hôtes de passage sûr les dérives de Mouawiya. Bien avant l’Internet il a porté la parole partout en Afrique et dans le monde; au pays Mossi, au Kunaari, jusqu’au désert du Kalahari et en Scandinavie.

Il avait tissé son propre réseau social, réel celui là; pas virtuel, avec la création de Flamnet qui était devenu le premier forum libre et d´échanges entre exilés mauritaniens et compatriotes de l´intérieur. Ceci bien avant Twitter et WhatsApp, bien avant que la mère de Marck Zuckerberg, le fondateur de Facebook ne montre les premiers signes de grossesse pour paraphraser celui que vous savez. 

Mais ne dit on pas que derrière chaque grand Homme il y a une grande Dame, si Kaaw s’est encore bonifié c’est grâce à ma très chère cousine Arwa Dieng qui non seulement a réussi la prouesse de cultiver le haricot tropical en plein climat boréal mais a su s’occuper de mon très cher ami.

 

Voila N’Guza, mon “serpent est descendu” comme on dit chez nos cousins et voisins Wolofs, j’ai dit tout ce qui était “écrivable”.

  Andi fof haali fof, bonni fof . J’ai passé sous silence les nombreuses tentatives de corruption, des propositions mirobilantes pour des retournements de veste dont tu as été l’objet et tous les trucs que tu utilisais pour tromper et déjouer la vigilance des forces de sécurité et agents de renseignements qui étaient à tes trousses et qui te voulaient du mal pendant ton exil sénégalais.

Que Dieu te donne longue vie et protège ta petite famille pour que la lutte continue jusqu’au dernier souffle.

  

La lutte continue!

 

Abou Hamidou Sy- FPC-Amérique du Nord.

 

 

 

Partagez

FLAMNET- AGORA : Portait d’un grand combattant de la liberté

altkaawIl y a longtemps que ce projet me taraudait l’esprit, rendre hommage à ce camarade convaincu, cet ami fidèle et ce confident muet comme une tombe. Mais en réalité, je ne savais ni sous quel format, ni quand entamer cette tâche, encore moins par quel bout commencer, tellement l’Homme est multidimensionnel. Fallait-il écrire sa biographie? N’était-il pas très tôt de parler de quelqu’un qui n’était qu’au zénith de sa vie? Me disais-je parfois. Fallait-il  parler de l’Homme de culture? Du technocrate? (Vous avez bien lu technocrate) ou tout simplement du militant invétéré?

 

Mais assez d’excuses, lasse que je suis de voir des ” portraits” de ce grand combattant de la liberté qui, même mis  bout à bout ne capturent pas toute la dimension de l’homme. Au risque de l’indisposer, connaissant son humilité naturelle, sa modestie sincère et sa sobriété légendaire; j’ai décidé aujourd’hui de me jeter à l’eau, il aurait certainement préféré l’expression ” franchir le Rubicon” eu égard à son raffinement culturel.

 

Je vais vous raconter mon très cher ami Mouhamadou Touré dit Kaaw ou tout simplement Elimane Bilbassi comme il a fini par être connu dans le monde virtuel; Kaaw Tokossel pour la famille et les intimes. L’inamovible chargé de communication et porte-parole des FLAM et des FPC. Mais je préfère l’appeler par son sobriquet peu connu de N’GUZ.

J’ai connu Kaaw pendant les années de braises; lorsque nous étions tous deux très jeunes, mais ” il mangeait déjà avec les grands” tellement ” ses mains étaient propres”. Ceux qui l’ont côtoyé peu avant moi m’ont rapporté un militantisme précoce. Pouvait-il en être autrement pour cet enfant à quelques jets de pierres de la mythique

” Ceenal Bilbassi”?  Kaaw a commencé à militer dans les langes, j’allais dire dans le berceau mais ceux-ci sont inconnus dans sa contrée; Diowol Saaree Sebbee; car confronté comme tout enfant negro-mauritanien au racisme brut, presque normal de l’Etat. Mais n’étant pas un enfant comme les autres, il n’a pas passé longtemps à chercher la réponse. Il a vite compris, il fallait résister. C’est pourquoi il s’engagea très tôt dans la résistance culturelle, à travers la légendaire association ” Jaalo Wali”. Il était  loin de savoir en ce moment-là, que le régime lâche de Taya l’avait déjà dans la visée. 1986 publication du manifeste du négro-mauritanien opprimé, l´arrestation de tous les leaders de l´organisation. Manifestation et protestation à Nouakchott. Kaaw et quelques jeunes de Jowol organisèrent la première manifestation publique et ouverte contre le régime militaire de Taya à l´intérieur du pays. Le village des guerriers de Bilbassi fut encerclé et mis sous un état de siége, arrestation d´une cinquantaine de jeunes du village, Kaaw faisait partie du lot des détenus. De guerre lasse, les forces de sécurité finirent par le jeter en prison et il avait à peine ses 18 ans et qui faisait de lui le premier plus jeune prisonnier politique du colonel sanguinaire Ould Taya. Voulait-on les humilier ou les dompter? Mais c’était sans compter avec la témérité de ce descendant des seigneurs du Mandé.

 

La bienveillance de Dieu, la protection de ses ancêtres et les bénédictions de ses parents finirent par le faire traverser le fleuve en décembre 1987 et d´échapper à la chasse des hommes du redoutable tortionnaire, le commissaire Cheikh qui semait à l´époque la terreur dans la vallée. Il lui est reproché d´avoir initié et dirigé encore une fois avec quelques jeunes lycéens de Kaëdi une grève de protestation contre l´exécution des premiers martyrs de la cause négro-africaine, les jeunes officiers Ba Seydi, Sy Saidou et Sarr Amadou. Et c’est au pays de la Teranga qu’Elimane Bilbassi fourbit ses armes pour aller à l’assaut de l’Etat raciste mauritanien. 

Prêtez moi alors vos oreilles (vos yeux dans ce cas), je vais vous narrer dans mon style droit, (celui qu’il me connait bien) c’est à dire venant droit du Cœur, que la raison n’a pas encore enjolivé. Cette curieuse raison qui a toujours tendance à peser et à sous-peser toute parole contre les normes sociales quitte à en faire souffrir la vérité.
Assurément un seul jet ne suffirait pas à appréhender N’GUZ car sa vie est …toute une vie.

 

Kaaw Toure l’intellectuel:
Ce qui frappe de prime abord chez Kaaw est sa maitrise de la langue de Molière et sa très vaste culture littéraire. C’est de loin l’un des meilleurs de notre génération, celle des 88ards. Je peux même affirmer sans ambages que “c’est le meilleur parmi eux” comme dirait sa favorite tante Viviane Wade. En effet, dans le même texte, il peut convoquer la mythologie grecque, citer un auteur de la pléiade et décrire une fresque orientale.
Surprenant pour quelqu’un qui a connu l’école formelle dans la deuxième décennie après les indépendances ou tout foutait le camp en Mauritanie, au moment où la médiocrité et le desordre généralisé s’installait avec l’arabisation des premières années de l’enseignement fundamental.

Il n’était pas non plus bien loti au lycée Limamoulaye, qui était bien loin de l’excellence qu’il connait aujourd’hui, mais comme à son habitude, il a su tiré son épingle du jeu et passé son bac avec brio au-dessus de la mêlée.

C’est à la prestigieuse Ecole nationale d’Economie Appliquée (ENEA) qu’il a fait ses  humanités, ou il a côtoyé de nombreux cadres africains: des maliens, des béninois, nigériens, tchadiens, malgaches, camerounais, des comoriens… qui sont retournés occuper de hautes fonctions dans leurs pays ou dans des organisations internationales.

Que de ministres ou de directeurs que Kaaw connait, personnalités qui ont lui offert de nombreuses opportunités qu’il a toutes déclinées préférant continuer la lutte. “La lutte continue” qui ne lui connait pas ce slogan?

Il aurait pu être un Enarque, personne n’aurait rien à y redire car c’est un prodige. Ce littéraire reconverti est en réalité un ingénieur de formation, qui l’aurait cru. Ne vous y trompez guère, son éternel béret français ne cache pas seulement une grosse tète, mais une tête bien pleine, celle d’un planificateur doublé d’un démographe. Quel gâchis pour la Mauritanie!

Mon ami est un artiste accompli, je dirai presque complet. En effect, Kaaw est un chanteur, compositeur, poète, parolier, écrivain, dramaturge… Les seules formes d’art qu’il n’a pas taquiné sont le 7eme ou peut être les arts plastiques, encore que ça ne serait pas surprenant s’il s’y aventure de temps à autres, lui qui fréquentait la même gargote que Joe Ouakam.
N’GUZ est un polyglotte; il comprend l’arabe, s’exprime très bien dans la langue de Shakespeare, maitrise le suédois… Curieusement  la seule langue qui semble  lui échapper est celle de Kooc Barma, même Lobbatt Fall la parle mieux que lui.

Fin du premier jet

La lutte continue!

 

Abou Hamidou Sy – FPC Amérique du Nord

Partagez