Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Le devoir arabe : plus que jamais dans le soutien à Mohamed b. Salmane, Mohamed b. Zaîd et Sissi II/ Par Mohamed Yehdih O. Breideleil

altII  La tentation d’Ibn Al Alghami

Même Israël, la sentinelle de l’Occident chez nous, n’est pas le bénéficiaire de cette guerre multiforme que mène depuis si longtemps l’Occident et qu’il poursuit  contre les Arabes. Israël n’est pas en mesure ni matériellement ni démographiquement, ni politiquement, ni psychologiquement de remporter une victoire réelle. Les guerres depuis 1948 sont des attentats, des actes terroristes qui font certes mal, mais qui ne peuvent avoir l’envergure d’une guerre qui change fondamentalement les données dans la région. Et la faiblesse ne tient  pas au nombre  de sa population. L’invalidité qui l’enserre dans son ghetto tient au fait qu’il ne partage, et ne veut partager, aucun item minimal, aucun élément de cohésion avec l’océan arabe dans lequel il a été parachuté.

Israël ne s’est jamais donné la sagesse de nous expliquer son problème pour nous amener à le comprendre, à défaut de le partager. En temps normal, les Arabes ne sons pas particulièrement sectaires. Les Arabes d’Asie, si loin, ont été solidaires de la cause et du combat des noirs d’Afrique du Sud. Les Arabes ont été solidaires des grecs chrétiens  de Chypre opposés aux turcs musulmans de Chypre. Ils ont, au moment des grandes crises  entre l’Inde hindouiste et le Pakistan musulman, fréquemment  penché du côté de l’Inde.

Israël a préféré être venimeux, mais son venin sera plus  nocif à la longue pour lui-même que pour ses ennemis. S’il fait mal il ne tue pas. Même sa bombe atomique est plus encombrante  pour lui-même que dangereuse pour ses ennemis.

Israël aurait été dangereux dans quelques rares cas de figure : s’il avait mis en avant sa sémité, sa proximité avec les Arabes, rappelant que les hébreux sont un simple rameau des araméens ou alors s’il avait parié sur l’ouverture humaniste du type du mouvement : ‘’la paix maintenant’’.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que des vainqueurs militaires sont vaincus politiquement et c’est la défaite  la plus irrémédiable, la plus durable.

La Grande Bretagne est sortie au nombre des vainqueurs  de 1945 qui se sont arrogés le droit de membres permanents du Conseil de Sécurité mais il est bien difficile de distinguer aujourd’hui, si c’est bien elle qui était victorieuse ou si c’étaient le Japon et l’Allemagne.

Pathétique élan

Il y a deux façons d’être vaincu: par la force, la défaite militaire, et elle n’est pas mortelle pour les peuples puissants. On renaît, si la sève nourricière n’a pas tari, si elle persiste. C’est le cas du Japon et de l’Allemagne, peuples dans la force de l’âge, battus en plein élan. Il fallait plus que deux bombes atomiques pour anéantir leurs ressorts.

La défaite ne tue que des peuples qui étaient malades de leur civilisation, qui étaient cliniquement morts, même s’ils respirent encore  ou sont même debout, mais sont vermoulus, la vie ne les habite plus. Un coup de pied les transforme en poussière. C’est le cas de ces malheureux indiens d’Amérique lorsqu’ils ont reçu l’inopportune visite des Européens. Ils n’avaient plus en eux-mêmes de ressources pour organiser une résistance salutaire  et encore moins pour  découvrir une approche de long terme  permettant leur renaissance future. Ils se sont éteints.

C’est pratiquement la trappe  où est tombée Byzance, à la fin du Moyen-âge. L’ancienne colonie de Mégare  reculait depuis longtemps, sans se ressaisir. Elle a accepté, contrairement à la Chrétienté  d’Occident, la fatalité et a pris sa sous -vie pour un état normal, vivant sur son passé glorieux, ruminant ce qui n’a plus de tonus, répétant les idées, les mots et les gestes d’autrefois, veillant à leur pureté, à ne rien y ajouter, à ne rien y retrancher, se glorifiant même de cette stagnation.

Elle s’est fourvoyée dans une impasse  conceptuelle  où la pensée  est bannie et la spéculation cosmogonique et eschatologique est reine. La ’’discussion byzantine’’ est devenue depuis un adage. L’esprit a été donc prémuni, immunisé contre toute innovation, toute invention, toute création, tout renouveau, tout progrès. C’est ainsi que Byzance, qui a vécu deux mille ans, est morte.

Il faut dire que la stagnation de Byzance correspond à la pleine  décadence — Inhitat – du Monde arabe. Tous les deux n’ont pas  su prendre le chemin de la coupure épistémologique de la pensée qui a permis à l’Europe d’accéder à la renaissance et de prendre définitivement son envol.

Il n’est pas exagéré de dire que les deux voisins, Byzance et le Monde arabe, se sont contaminés de la même maladie du cerveau et se sont effondrés dans un pathétique élan commun.

La Grèce, pour dire les choses telles qu’elles sont, est orientale et les influx civilisateurs réciproques entre les Arabes et les Grecs sont bien plus anciens et plus suivis  que ce que connait tout le monde, c’est-à-dire les Phéniciens qui passent l’alphabet et certaines conceptions religieuses à la Grèce et à la Grèce qui passe aux Arabes la culture philosophique et certaines connaissances mathématiques.

Selon le philosophe  Zeki Al Ursuzi , l’un des théoriciens du Parti Baath avant 1970, ‘’ils se sont épaulés dans une double démarche : l’esprit sémitique arabe qui tend vers la réalité de l’âme idéale, contrairement à l’esprit grec qui tend vers la découverte de l’ordre de la nature.’’

Toujours est –il que l’ordre étrange des choses voulut que les héritiers de la culture grecque et les descendants d’Al Walid et de Rachid tombèrent sous la domination des Hordes du Mouton noir et du Mouton blanc, d’obscurs nomades descendus des confins de la Mongolie et du Tarim que l’histoire ignorait, et dont la langue est encore mal assurée : les Turcs.

Profonde amertume

Lorsque le tour de la Chine est venu, tardivement, au 19e siècle de faire face aux défis existentiels, la riposte nationale  a été différente de tout ce qu’on connaissait. Mais la Chine n’est pas un pays, c’est un monde et un monde qui a une brillante civilisation millénaire.

Quand maître Kong, Confucius, est né, la civilisation chinoise avait derrière elle au moins mille ans. La différence fondamentale avec le monde arabe, c’est que les chinois ont préservé leur unité étatique.

Si la révolte des Taïpings et celle des Boxers ont ouvert les yeux des Occidentaux sur l’impossibilité pour eux de gouverner la Chine, le sursaut national invincible a été mené seulement au début du 20e siècle par le Parti Communiste Chinois dirigé par Mao Tsé Toung. Ce ne fut pas pour prendre un pouvoir. Les communistes chinois sont partis de ce diagnostic : on ne peut plus rapiécer la Chine. Il faut une refondation totale et surtout une refonte                                                                  comme on refond un métal – de l’homme, avec cette soif insatiable de regagner le prestige perdu.

C’est avec ces hommes trempés, que la Chine, après l’orientation donnée par Deng Hsiao Ping, a pu accomplir son miracle, a réalisé en trois décennies les progrès économiques que les occidentaux ont mis trois siècles à accomplir.

Notre cas, celui des Arabes, est l’un des plus complexes, parce qu’il se révèle avec une acuité déconcertante, à ce stade troublé, en quelque sorte tardif, de l’histoire. La révolution culturelle dans les esprits, nous l’avons ratée à l’aube  des Temps Modernes  et nous n’avons pas su  muer au 20e siècle, politiquement et socialement, pour créer notre rêve de toujours d’un Etat unique ou, au moins, avoir un système socio- politique homogène et avançant au même rythme.

Les grandes nations ont, en règle générale, accompli leur unité et atteint un degré avancé de développement et de puissance. Nous ressentons avec une profonde amertume ce retard et nous nous débattons, de travers, pour refuser ce sort.  Beaucoup parmi nous et ailleurs pensent  que les jeux sont fait, que les positions sont réparties, que les meurtrières sont occupées, que la hiérarchie est établie une fois pour toutes. Francis Fukuyama a parlé même de ‘’fin de l’histoire’’. Cependant   Samuel Huntington constate, plus qu’il ne prédit, le choc des civilisations.

Il n’ya pas d’ère statique, une séquence calme de quelques années dans le rythme du mouvement peut seulement faire illusion. Même dans la respiration d’un individu, il y a de très brefs moments de suspension, des apnées.

Personne dans l’histoire n’a jamais trouvé un terrain vide, propice ou rarement en tout cas  au Proche-Orient et sur le pourtour de la Méditerranée où il pût s’installer à son aise, grandir et se développer et dire aux autres : nous sommes là, composez avec nous, faites-nous de la place. Si on est digne de respect et de considération, si on est déterminé à être un partenaire fiable, on impose sa place. Sur la tribune d’honneur des nations, il n’y a pas de tricherie, il n’y a pas de cadeau. Seul compte le mérite.

Une chose est certaine, nous n’obtiendrons nos droits qu’au prix d’efforts titanesques et en cessant de compter sur le hasard. Définir nos objectifs et travailler en conséquence : voilà la voie.

 La justesse de la stratégie, son audace et son réalisme aussi sont déterminants. L’audace est dictée par l’aspiration de notre peuple à rattraper le temps perdu, son refus, chaque jour  renouvelé, d’accepter la défaite, parce que sa sève nourricière est intacte. Ce refus permanent de reculer s’appuie sur nos points positifs, sur les avantages nombreux dont nous disposons. Nos faiblesses qu’il ne faut pas se cacher, nos points faibles qu’il ne faut pas sous-estimer, nous enjoignent d’accepter de possibles et sans doute de nombreux compromis.

Le compromis, quand on avance vers un objectif stratégique clair, est un pas en arrière qui facilite la réussite, quand on est sans objectif partagé par le peuple, il est désastreux, c’est au mieux, une marche à rebours, au pire une nage dans les ténèbres.

Compter sur ses propres forces

L’idéal eût été de trouver un dialogue avec ceux qui nous font perpétuellement la guerre, c’est –à-dire les occidentaux. Mais ces derniers, installés déjà sur leur piédestal, nous regardent de haut et refusent toute égalité, toute compréhension. Le goût et l’habitude de dominer, joints à un insatiable appétit de gain les rendent sourds et ils poursuivent une envolée qui ressemble beaucoup au drame des compagnons d’Ulysse enchaîné.

Dans ces conditions, il faut compter sur ses propres forces, car se sont les conditions  qui dictent le chemin, pas seulement l’objectif final. ‘’Compter sur ses propres forces’’, pas à la manière de Saloth Sar, qui avait sa notoriété sous le nom de Pol Pot, qui disait : ‘’jamais on ne demandera rien à personne, ne serait ce qu’un comprimé de quinine…      Il faut  travailler dur, il faut que les gens apprennent qu’ils naissent du grain de riz. En suant pour défricher, pour semer, planter, récolter, l’homme connaît la vraie valeur des choses’’. Ce n’est pas ce discours juste qu’il faut reprocher à Pol Pot, c’est la méthode désastreuse qu’il a suivi. Il n’a pas tenu compte des conditions de son peuple,  du contexte régional et international.

La première analyse à faire est de déterminer le danger immédiat, l’autre étant connu. La situation se résume en peu de mots : nous tentions de parer aux visites nocturnes du lion occidental, mais voilà qu’en plein jour un loup enragé pénètre dans notre tente. Quelle attitude prendre ?  Continuer à parer à la visite éventuelle du lion ou tenter d’échapper au loup qui veut nous dévorer ici et maintenant ? Il n’ ya pas de doute possible, il faut échapper au danger immédiat.

Le danger immédiat, ce sont les Perses et les Turcs, ces barbares haineux et mal dégrossis qui n’ont pas la profondeur  de notre civilisation  et qui, chaque fois que nous traversons un moment  d’assoupissement, nous surprennent pour semer la désolation et approfondir les sillons de l’arriération. Toutes les guerres et les défaites militaires que nous ont infligées les occidentaux ont été gagnées, politiquement, par les Perses et les Turcs. Leur aspiration à nous diriger  et à nous dominer provient de ce sentiment  et de cette réalité. Ils sont passés depuis   plusieurs années de la volonté aux actes.

Beaucoup d’entre nous sont incapables d’appréhender la situation où nous nous  trouvons et restent tétanisés, d’autres sont tentés par l’acte ignoble d’Ibn Al Alqami, le visir  qui livra Baghdad au 13e siècle aux Mongols.

Dans cet affrontement qui était inévitable, nous avons peu d’alliés. Les Européens parient sur l’Iran, la Russie et la Chine, avouons-le, n’arrivent  pas à nous situer  et donc à s’engager  stratégiquement avec nous.

Il faut plus que de bonnes paroles pour leur inspirer confiance. Seuls des actes spectaculaires de notre part sont susceptibles de faire bouger les lignes.

Le comportement des USA n’est  un mystère pour personne. Nous pouvons peut-être faire un bout de chemin avec eux, mais personne ne peut compter sur les Etats –Unis. La volte-face  aux moments difficiles, est leur habitude  sinon leur méthode. Ce n’est pas ou ce n’est plus un allié fiable  et il ne faut , en aucun cas, lier ce jugement  à Donald Tremp. Il est peut-être le meilleur président des Etats-Unis que nous ayons connu.

Il est même possible qu’il soit la concrétisation de l’idée de Goethe à propos de ‘’cette force qui veut toujours le mal et toujours fait le bien’’.

                                                                            – A suivre-

Le calame

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FLAMNET-AGORA: Après la déception, le temps de se remettre en cause

altLes résultats des élections locales, régionales et nationales en Mauritanie s’avèrent un échec pour les partis de la mouvance négro-mauritanienne. L’absence de voix autorisées à l‘assemblée nationale ou au niveau des conseils régionaux donne droit à deux interprétations possibles : les leaders négro-africains ne représentent pas les Noirs comme ils le prétendent, ou bien la population noire est insignifiante en Mauritanie. Évidemment, Ces deux assertions sont fausses. Dans les faits, les négro-mauritaniens forment un groupe important, si ce n’est le plus important dans le pays. Mais aussi les différentes formations négro-mauritaniennes ont des programmes qui militent pour le rétablissement de la justice et de l’égalité entre toutes les communautés mauritaniennes, de facto pour l’intérêt de la communauté négro-mauritanienne étant la plus lésée de toutes. Alors, qui en est responsable et quoi faire pour rétablir notre crédibilité ?

Objectivement, la responsabilité est partagée individuellement et collectivement entre les différents acteurs que sont la jeunesse, la diaspora et surtout les leaders de nos partis politiques. En effet, la jeunesse, celle-là même qui semble s’intéresser peu à la politique, privilégie la promotion personnelle sous prétexte que les leaders ne veulent pas s’entendre. Motivés essentiellement par des ambitions individuelles, et certainement aussi par une certaine suffisance, de jeunes gens démultiplient les candidatures sous le parrainage de partis marginaux. Le faisant, ils encouragent et accentuent, consciemment ou non la division entre les différentes formations politiques. Au lieu de choisir un des leaders le plus crédible pour le renforcer dans la sécurisation des votes, ils participent de fait au maintien de certains de nos ‘’partis cartables’’ pour favoriser la disqualification du plus crédible parmi les autres. Il apparaît donc que la priorité pour nos jeunes était de se ruer vers les différents partis qui assuraient le meilleur placement sur la liste. Naïvement, ils croyaient que leur participation régulière aux manifestations ou leur activisme dans les réseaux sociaux leur conférerait assez de visibilité pour garantir leur succès aux élections.

Pendant que notre jeunesse jouait au trouble-fête, la diaspora mauritanienne, elle, brillait dans l’ambiguïté. Elle, qui est supposée être la plus éduquée et avertie de la ‘’chose politique’’, s’est avérée la plus inconséquente entre les deux. J’ai été choqué de cette méconnaissance et/ou de la banalisation des différentes idéologies des partis politiques mauritaniens et leur incapacité dans l’appréciation des perspectives entre les élections locales d’une part et celles des régionales et nationales de l’autre. Ce flou artistique a donné lieu à des situations surréalistes telles que des campagnes électorales menées par des éléments issus de la mouvance négro-mauritanienne en faveur des ténors des Ex-MND a la députation contre les candidats de leur propre parti. Pour ceux de la diaspora qui possèdent encore un grain de lucidité dans leur esprit, ils réagissent toujours tardivement. Apparemment, nous sommes incapables d’être proactifs, nous ne faisons que réagir à des situations déjà matérialisées. La diaspora doit savoir qu’avec le développement des réseaux sociaux tout le monde a droit et peut participer aux discussions virtuelles, mais exercer ce droit doit avoir des limites. Avoir un droit à quelque chose ne vaut pas nécessairement son utilisation.

Enfin, la plus grande responsabilité est portée par nos organisations politiques. Pourquoi nos responsables n’ont pas pu prévoir cette probable débâcle électorale et pour la contrecarrer.  Franchement, ces résultats étaient prévisibles depuis un certain temps et rien n’a été apparemment fait pour les conjurer. Ce qui manque, entre autres, à nos dirigeants c’est une bonne stratégie de mobilisation des électeurs et une pédagogie adéquate de communication de leur discours.  Comment comprendre que l’AJD/MR soit incapable d’obtenir des candidats compétitifs à Kaédi, ou qu’un PLEJ ne puisse pas trouver des candidats à Maghama et qu’un Arc en Ciel ne peut placer un bon poulain à Selibaby ? L’explication est simple, nos partis politiques ignorent complétement leur base naturelle et se focalise sur Nouakchott. Depuis les dernières élections, qui peut dire qu’il a aperçu où rencontrer nos leaders ou leurs lieutenants dans nos villes et villages ? Par exemple un Ibrahima Moctar Sarr, ou Mamadou Alassane Ba, Alassane Soma Ba ou même un Samba Thiam a Teccaan, Koudel, Wali et autre localité de la vallée ? La réponse est simple, personne. En plus de ces manquements, nos dirigeants politiques doivent bannir un autre comportement contreproductif. Celui qui consiste à ignorer des dissidents à chaque fois qu’ils  manifestent le désir d’être entendus. L’épisode de l’UFP qui a tout fait pour maintenir en son sein  la tendance de Khadiata Malick devrait servir de leçon.

A la différence de beaucoup d’analystes ou de commentateurs, je ne vois pas cet échec comme une cause émanant des citoyens ordinaires de notre communauté. Si certains pensent que les Fuutanke sont achetables, pourquoi alors, ils (surtout ceux de la diaspora) n’ont pas mobilisé des fonds pour acheter leurs voix ? Je pense que le problème est ailleurs et il faut l’affronter avec courage et sincérité. Aujourd’hui, la stratégie de diversité des partis négro-mauritaniens a montré ses limites et cette thèse ne tient plus. Alors, sans plus tarder toutes nos organisations doivent s’auto-dissoudre pour former un seul grand bloc sous un titre expressif, par exemple : Bloc pour la défense et la promotion des droits et des intérêts des négro-mauritaniens. Etant donné que les maures ne voteront jamais pour un parti négro-mauritanien, il ne faut plus perdre du temps à vouloir donner à nos organisations des noms démagogiques qui voudraient ressortir l’union entre le maure et le noir.

Désormais, il est plus que clair que les intérêts des négros africains sont plus que jamais menacés en Mauritanie. Toute diplomatie ou politique politicienne pour plaire à la composante maure n’est que participation à la disparition politique de notre communauté. Alors tout complexe d’infériorité ou de crainte d’être taxé de raciste doit disparaître. Cette organisation serait de nature dualiste combinant les formes politiques et celle de la défense des droits civiques de la communauté négro-africaine.  Un des rôles de cette nouvelle organisation sera d’exercer des pressions sur les membres de notre communauté élus sur la liste des partis au pouvoir. L’organisation devra établir un bilan mensuel de chaque élu et l’accompagner de leurs appréciations à l’intention de notre communauté. Ainsi, dans notre action d’évaluation et de contrôle des alliés du pouvoir, nous les obligerons à travailler pour leur communauté ou à être désavoués par elle. Car le peuple sera capable de les juger régulièrement et il n’y aura plus de mensonge ou de confusion par rapport à leurs activités en tant que représentant de la communauté au sein du pouvoir.

 

Mamadou Barry dit Hammel

USA.

 

 

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Le devoir arabe : plus que jamais dans le soutien à Mohamed b. Salmane, Mohamed b. Zaîd et Sissi/ Par Mohamed Yehdih O. Breideleil

altTransformer le destin en conscience

Quelqu’un a posé dernièrement la question  à un sage qui observe avec détachement la société mauritanienne : quel est le problème des mauritaniens ? Ils n’ont jamais été, de leur vie, aussi nombreux, aussi instruits, aussi riches et pourtant ils n’ont jamais été aussi déprimés, aussi inquiets pour leur avenir, aussi insatisfaits de leur présent, aussi dépourvus de volonté pour affronter  leurs difficultés et leur sort.

Il a répondu : ‘’ils sont vaincus’’.

Vaincus, sans avoir livré bataille ?

‘’Oui, la plus sournoise des défaites c’est celle qui s’est infiltrée dans le moral, à force de déception, de tromperie, après mille espoirs miroités frauduleusement !

Il est à craindre que la situation de la Mauritanie ne soit qu’une miniature   du monde arabe.

L’extrapolation est tentante intellectuellement, comme approche heuristique, mais elle trouve rapidement  ses limites, si elle veut simplement élever la situation régionale à une puissance x, pour appréhender la situation arabe globale.

Si les arabes, eux aussi, n’ont jamais été aussi nombreux, aussi instruits, aussi riches, la mécanique et l’âme qui les meuvent sont fondamentalement différentes, non seulement de degré mais de nature de celles qui ont cours dans un pays particulier de nature de celles qui ont  cours dans un pays particulier et encore faut-il spécifier de quel pays il s’agit. Un pays du centre et un pays  de la périphérie ne sont pas représentatifs avec la même intensité, la même franchise, de l’ensemble arabe.

Un pays arabe particulier, disons –le,  peut se soustraire, être rayé de la carte officielle sans que le monde arabe , comme entité, soit entamé, affaibli, parce que sa force tient à une civilisation, à une volonté et non à une addition de parties.

Il peut même renaitre comme il ne l’a jamais été, redevenir créateur et s’imposer comme partenaire majeur de la scène internationale sans se souvenir de cette perte.

Certains Etats arabes sont en phase de marginalité. Il y règne le silence et le sommeil, l’unanimité autour du néant, la paix dans la malheur, l’incapacité acceptée face à tous les défis qui, pourtant, assaillent de partout. D’aucuns n’hésitent pas à considérer qu’ils sont dans un état nécrosique.

Le monde arabe, en tant qu’ensemble, est traversé par les contradictions   -la preuve réelle de vie, les luttes à mort. Il est vivant. Sans retrouver son unité, qui est la condition du recouvrement de sa dignité, il n’a pas le droit d’être tranquille et il n’en sera jamais ainsi. L’unité ne peut pas sortir de la paix des cimetières. Pourtant,  seule l’unité peut clore le cycle sismique actuel des contradictions.

La différence  essentielle entre Etats, au sein de l’ensemble, tient non pas à leur PIB, ni au chiffre de leur population mais à leur volonté de participer à l’action commune.

 

Déracinement et anomie

Un pays du centre se sent et est considéré comme investi d’une responsabilité arabe collective, alors que les pays de la périphérie  n’ont jamais assumé ce choix et de ce fait essentiel, personne à l’extérieur n’a jamais traité avec eux de problèmes arabes  globaux, sauf cas accidentels. A titre d’exemple, en 1965, lorsque les occidentaux avaient incité Bourguiba à casser l’unanimité  arabe à propos de la Palestine ou, lorsque un sommet arabe tenu à Rabat a été contraint  par complaisance diplomatique de confier la présidence du comité de Jérusalem au Roi du Maroc. L’idée viendrait difficilement  à une puissance ou un groupe de puissances étrangères  de traiter de problèmes arabes globaux avec le Maroc ou la Tunisie, pourtant ce ne serait pas  incongru s’il le faisaient avec le Koweït ou le Bahreïn. Pourquoi ?

La raison, on l’a dit, ne tient pas à un potentiel démographique ou économique, ni même à la centricité  géographique. C’est une question d’option politique, de choix culturel, de confiance en soi. Cette confiance en soi est déterminante. Or les gens de la périphérie  ne l’ont jamais cherché et ne l’ont jamais  acquise, sauf cas rares. Leur élite ayant été formée et parfois façonnée en dehors de sa langue et de sa culture, elle a été affectée, à un degré ou un autre, par le déracinement et du coup touchée par l’anomie.

Ils ont été désaxés par leur empathie à l’égard de leur culture, ce legs immatériel, qui vertèbre, donne la consistance  aux individus et aux Etats  et dont l’écrivain André Malraux disait : « La culture c’est ce qui répond  à l’homme quand il se demande ce qu’il fait sur terre ‘’  Et il ajoute : ‘’ ce que les hommes ont mis  sous le mot culture, tient en une seule idée : transformer le destin en conscience’’.

Seul, Boumediene n’avait pas ce complexe et il l’a prouvé plus d’une fois et notamment au lendemain de la catastrophe  de 1967, lorsqu’il s’est envolé pour Moscou sans que personne ne le délègue, délégué uniquement par son devoir et sa responsabilité  à l’égard de ses frères, par sa propre conscience personnelle. Boumediene avait tenu aux Soviétiques, qui étaient des amis des Arabes, l’âpre langage de la vérité qu’il savait tenir mieux que quiconque, et les Soviétiques avaient capté le message et  fourni à l’Egypte les armes sophistiquées avec lesquelles celle-ci allait pouvoir mener la «guerre d’usure », à partir de 1968, et finalement la guerre d’octobre 1973 qui libéra le Canal de Suez, ô combien symbolique  et cher aux cœurs des Arabes.

Occident belliqueux

Certes, les Arabes de la périphérie savent faire cas de leur arabité quand ils sont à court d’argent – et à la vérité, les Arabes du centre n’ont jamais louvoyé quand il faut aider leurs frères – ou s’ils sont en difficulté.

C’est précisément le cas du Maroc lorsqu’il s’est trouvé isolé lors de l’occupation du Sahara occidental. Il ne s’est  pas gêné de plaider sa cause au nom de l’unité  arabe – qui l’eût cru ?- auprès de l’Iraq d’Ahmed Hassan Al Bakr et de la Syrie  de Hafez Al Assad, arguant qu’on ne devrait pas ajouter aux frontières existantes, qui enserrent les Arabes de nouvelles. Mais l’annexion est contraire par essence  à l’unité arabe. L’unité arabe est volontaire. Toujours est-il que l’Iraq est tombé dans le panneau, à cause d’une casuistique, et la Syrie ébranlée, est restée partagée entre le principe absolu et élevé de l’unité et la méthode anti- unitaire. Ce que les théoriciens avertis  de l’unité ont dit est que toute unité, même réactionnaire, est supérieure à une division progressiste. Mais jamais d’unité par la force.

Le tour de la Mauritanie  est venu, en 1989, lors de la crise avec le Sénégal, de rappeler, elle aussi, son arabité, voire son arabisme, lorsqu’elle s’est sentie isolée et menacée. Partout, de ‘’l’Atlantique au Golfe’’, ses S.O.S suppliants tombaient dans les chancelleries et ses envoyés  désemparés développaient auprès des chefs d’Etats arabes un réquisitoire contre le Sénégal, à la limite de l’intelligible. Les responsables mauritaniens, habitués à travailler en Français, sont peu familiarisés avec la langue arabe orale normée différente du dialecte mais  inférieure à la langue littéraire, et ont toutes les peines  du monde à soutenir  un développement cohérent. Bien souvent   ils ont recours à des mots dialectaux incompréhensibles, ou plus grave, à des termes français  qui ajoutent à la confusion. On suppose leur message plus qu’on ne le comprend.

Quoiqu’il en soit, Saddam Hussein apporta son soutien à la Mauritanie et il faut bien croire qu’il s’est rappelé, en ce instant, le mot du notable Ghoraïchite,  Savouane Ibn Oumeyya , le jour de la bataille de Honeïn. Alors qu’il partageait encore l’idolâtrie avec la tribu des Hawazine lorsqu’on lui annonça la défaite  du Prophète Mohamed, qui était ce jour-là à la tête des musulmans, Savouane s’écria : « Malheur à vous qui m’annoncez le triomphe  des bédouins Hawazine!>>

Comme il n’a pas eu le temps d’écrire ses mémoires, on ne sut jamais quels sentiments ou quelles pensées traversaient  l’esprit de Saddam face à des envoyés qui ont eu le cynisme ou la détresse  de lui demander aide au moment où les baathistes étaient sous les verrous en Mauritanie. C’était, en tout cas, franchement aller à Canossa.

Les pays de la périphérie subissent au même titre que les autres Arabes les dégâts et les contre- coups de la guerre générale  et continuelle que livre l’Occident aux Arabes sans distinction.

Si certains dirigeants ponctuels ne savent pas qui ils sont, l’Occident sait qui sont leurs peuples.

Dans cette guerre, les Arabes dans leur ensemble, en sont les vaincus, pour le moment. Mais le paradoxe veut que l’Occident ne soit pas le vainqueur. Sans être vainqueur, l’Occident est capable de mener des guerres destructrices et il en mènera toujours d’aussi meurtrières, à l’avenir, ici ou ailleurs. Son bellicisme est structurel, substantiel.

Guerres ruineuses

Après avoir engagé le monde dans la ruineuse course  aux armements nucléaires, aux ICBM (missiles balistiques intercontinentaux) , aux ABM (missiles antibalistiques), à la ‘’ mirvisation ‘’ des missiles , autrement dit la substitution d’ogives nucléaires multiples aux têtes nucléaires uniques, à  la recherche de ‘’l’arme absolue’’, la fabrication de la bombe à neutrons, qui ‘’tue le bébé sans abîmer le landau’’, il engage le monde dans une nouvelle course aux missiles ‘’ intelligents ‘’ et autres armes télécommandées, sans parler des avions furtifs dont l’Américain  F-35, en cours de construction, a déjà coûté  400 milliards de dollars. Mais la dernière trouvaille  est l’armée de l’espace.

Pour la paix rien, pour le dialogue avec les autres rien, pour la concorde rien, pour soulager la misère de leurs ‘’amis’’ ou dédommager leurs victimes, rien.

Peu importe que le paradigme des guerres occidentales nous soit fourni par Marx et Lénine ou que par allergie  à l’idéologisation qui est un stade d’explication des faits sociaux complexes devant lequel nos esprits, depuis l’enfance tournés ailleurs, s’avouèrent incompétents, nous estimons simplement que c’est la nature  hostile de nos adversaires. De toute façon les deux visions convergent vers le même résultat concret, même si l’une est myope et l’autre lucide.

Ce qui ne peut pas faire de doute, c’est que plus la puissance économique et technique de l’Occident grandit, plus sa propension à la guerre augmente. Le paradoxe veut pourtant  qu’il ne soit plus en mesure de remporter des guerres et s’il les remporte militairement, il les perd politiquement. Pourquoi ?

Parce qu’il ne mène aucune guerre juste. Il ne fait plus de guerre à ses frontières, ni pour une rectification de frontières, ni pour l’adjonction d’une province perdue, ni pour répondre à une agression, ou un empiétement sur sa souveraineté, ou un droit spolié. Les guerres entreprises sont toujours des guerres lointaines dont la justification est douteuse, le motif peu transparent pour sa population, la localisation, pour elle, incertaine  sur une carte. Les populations des pays occidentaux sont sceptiques quant à la nécessité  et à l’utilité de ces interventions  contre d’autres peuples. En général, elles y sont hostiles et leur éducation  et leurs mœurs ont horreur du sang et des injustices.

De plus, la guerre n’est pas une partie de plaisir et elles y perdent des fils, sans raisons, et beaucoup d’argent  qui, à leurs  yeux, se soustrait aux possibilités d’amélioration de leur bien-être.

Les appelés eux-mêmes ne veulent pas mourir pour une cause obscure, et ne veulent pas mourir tout court, et les volontaires ne sont plus trouvables. Les citoyens  des pays occidentaux  veulent surtout vivre paisiblement en organisant une vie de bonheur.

Les premières ailes d’une guerre c’est son motif qui mène les gens soit par l’enthousiasme pour une cause, soit par la haine pour un ennemi. Les militaires occidentaux sont envoyés à la guerre  animés par aucun de ces sentiments.

Dans cette impasse, on supplée par des appareils, des engins, des techniques et un excès de dépenses. Or une guerre est menée par des hommes et non des engins et surtout par une société motivée et mobilisée, qui accepte les sacrifices requis, soutient ses fils et les pousse à la guerre et au sacrifice. Si c’est une simple opération de l’establishment  dominant : gouvernement, Etat-major, services de Renseignement, lobbies des armes et autres institutions intéressées par quelque gain particulier, la population sera nécessairement dubitative, voire inquiète, et au fur et à mesure  des dégâts : cercueils  et blessés rapatriés, engloutissement de sommes faramineuses, en pure perte, il y a toutes les chances que les peuples rechignent à les poursuivre et, dans certains cas, contraignent les gouvernements à faire machine arrière à des moments délicats, au milieu du gué ou du torrent , avec en prime la perte de crédibilité et de la face et la perspective d’avoir à rendre compte du gâchis engendré pour l’économie , la monnaie , le niveau de vie ou le pouvoir d’achat  et même à répondre dans la case droit- de- l’hommiste. Les dirigeants eux-mêmes ne sont plus à l’abri et leur pouvoir  s’amincit et devient de gré ou de force, extrêmement éphémère et instable. On dirait  qu’ils ont échangé quelque chose avec les pays sous-développés des années 1970 – 1980.

Les guerres  des occidentaux prennent, depuis peu, le caractère de frappes, parce que leurs citoyens n’acceptent plus de mourir à la guerre. Dans certaines zones du Tiers-monde, les occidentaux peuvent provoquer des guerres par procuration  où les combattants  sont locaux, et du coup les morts, les blessés et les dégâts sur l’infrastructure squelettique des pays pauvres.

C’est leur système économique et social qui a créé pour les occidentaux les nombreux handicaps qui les assaillent, un peu comme cette créature vivante dont les rejets sont si nombreux que, finalement, ils l’assiègent  et l’empêchent d’avancer.

(A suivre)

 

Source : Le Calame

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Faut-il négliger le concept de ‘’neddo ko bandum ‘’ (la parenté) en Politique ?

Image may contain: Dieynaba N'diom, smiling, sittingCe samedi 1er septembre 2018 représentait une importante journée électorale puisque s’y déroulait trois scrutins simultanés. Un test pour les électeurs, mais aussi pour le pouvoir et l’opposition (dans sa diversité). A l’instar de toute élection, il y’a diverses raisons pour un électeur d’accorder son vote à un candidat. Alors, faut-il négliger le ‘’Needo ko bandum’’ dans une société comme la nôtre, cette société mauritanienne dans laquelle nous évoluons, qui est profondément traditionnelle et surtout minée par des divergences entre les communautés, entre gens de même communauté ou tribu, voire entre les habitants d’un même village ?

Dans ce climat de faiblesses et de guéguerres, de conflits entre les générations où la modernité flirte avec les traditions, le tout couronné par la pauvreté et une grande ignorance, ce concept a bel et bien un sens. Car dans une situation chaotique, chacun cherche ses siens.

Permettez-moi un petit rappel sociologique, pour replacer le sens de ce concept dans son contexte naturel.

La société Mauritanienne, comme la plupart des sociétés africaines est basée sur le communautarisme, qui est cette logique de vivre ensemble, sur la base du partage d’une même identité culturelle, ethnique et même religieuse, avec une forme d’organisation qui définit les normes sociales, Celles-ci sont tellement ancrées, que les valeurs qu’elles portent prennent une portée sacrée : la force du lien de parenté, la parole d’honneur, du sens de la famille, de la communauté, de la tribu… « Les nôtres » constitue le référent existentiel pour toutes les communautés mauritanienne (peuhl , wolof, soninke,maure, haratine et bambara).
La sacralité de la parenté est telle que nos systèmes sociaux sont largement régie et structurés par cette valeur dont les mariages endogamiques favorisent la consolidation et la pérennisation. Le fameux adage « les cousins sont faits pour les cousines » est une illustration à peine banalisée de la règle de conduite matrimoniale.

Face à une société structurée de la sorte, c’est politiquement suicidaire de ne pas tenir compte de cet aspect important qu’accordent les populations aux liens de parenté qui lient les uns aux autres, qui demeure jusqu’à nos jours le moyen le plus efficace pour avoir ‘’des voix’’ dans nos localités. Le pouvoir l’a bien compris et y ruse bien pour rafler des voix. Par exemple, le jour du vote, j’ai rencontré un ami avec lequel j’ai partagé les bancs au lycée, me demandant de voter pour « son parent » en me sortant comme argument « nezzo fof ine anndi nburdo baaba mum, kono ko baaba mum mburani dum » c’est-à-dire chacun connaît qui est mieux que son père, mais il préfère son père. Un argument pour justifier le choix du candidat basé sur la parenté uniquement.

Allez dans les villages à l’intérieur du pays, voyez par quelle facilité les politiciens caressent les sensibilités des personnes à travers cette arme retournable qu’est la parenté. Nul besoin d’un programme, encore moins d’un bilan pour les candidats sortants. Non, le programme n’est pas si important, ce qui importe, c’est ce que le candidat représente pour la personne.

Ainsi, nos politiciens biens rusés font du porte à porte pour expliquer leurs désirs de régner (des fois même basés sur des hiérarchies sociales, où ce sont les familles dites ‘’nobles ‘’ qui ont le pouvoir politique tel que cela a toujours été depuis le temps de nos chefferies traditionnelles), en plus, ils expliquent surtout et beaucoup plus le sens ‘’ nezzo ko bandum ‘’, c’est-à-dire la personne en face de toi a le devoir moral de voter pour toi, car c’est ton sang, ta famille, ta communauté. Face à cette valeur du respect de la parenté, beaucoup vont voter consciemment, mais, pour la plupart inconsciemment contre leurs intérêts et l’intérêt de la commune ou de la région, car la famille/parenté passe avant tout !

Comprendre le sens de la parenté chez nous aidera peut-être à comprendre la logique du vote en Mauritanie et surtout cela orientera le travail de l’opposition vers des stratégies plus adaptées. Cela nous évitera d’être surpris de voir un maire, élu puis réélu, régner sur son fief électoral pendant plus de dix ans malgré l’absence de changement positif dans sa commune.

Le défi pour les politiciens, pour ceux qui sont soucieux du changement et de l’amélioration des conditions de vie des populations bien sûr, c’est vraiment faire un travail de conscientisation populaire. Quand je dis conscientisation populaire, c’est d’abord de faire comprendre “aux nôtres” que la politique, ce ne sont pas ces hommes et ces femmes rusés qui profitent de nous, de nos liens de parenté pour régner, mais plutôt un système participatif qui aidera à améliorer nos vies. De passage, faire comprendre que ce sont bien certains de nos parents qui nous vendent pour leurs propres intérêts.

Actuellement la parenté devrait prendre un autre sens, le sens de « l’intérêt commun », « l’intérêt du peuple », « l’intérêt du village, du département, de la région » et non la parenté classique, qui nous mène dans des fossés. Ainsi, il est un devoir de rappeler aux populations leurs responsabilités dans leurs choix, leurs responsabilités pour le changement participatif et essayer, par la même occasion, d’assainir cette image de la politique qui est synonyme de flatterie, de mensonges et rêveries. Il faudra bien prendre conscience que nos conditions de vie dépendent de nos choix. Comme le disait à juste titre Thomas Sankara dans un discours datant du 4 août 1987 : « Le plus important, je crois, c’est d’avoir amené le peuple à avoir confiance en lui-même, à comprendre que, finalement, il peut s’asseoir et écrire son développement ; il peut s’asseoir et écrire son bonheur ; il peut dire ce qu’il désire. Et en même temps, sentir quel est le prix à payer pour ce bonheur ».

Mais la prise de conscience n’est qu’un premier pas. Nous devons, à mon sens, nous battre bec et ongles contre non pas cette valeur de parenté mais plutôt contre ceux qui en usent pour nous maintenir dans la pauvreté, sous la domination et qui alimentent ce système discriminatoire qui favorise les uns au détriment des autres.

Par ailleurs, l’action sociale ne doit pas être absente de notre engagement politique. Il faut beaucoup de social dans la politique, vraiment beaucoup de social! Il est vrai qu’il faut des moyens pour le faire surtout dans nos localités où la pauvreté est reine, cependant il en faut, cela devient une nécessité. Le parti Tawasoul l’a bien compris. Il y’a aussi des actions qui ne sont pas moins sociales et qui comptent beaucoup dans nos communautés, c’est-à-dire la présence solidaire avec les gens dans leurs moments de bonheur et d’infortune ( mariages, baptêmes, deuil entre autres), car c’est souvent à l’occasion de ces moments que les populations vous reconnaissent cette présence morale qui compte beaucoup dans nos communautés… mais pas ces grands boubous bien brillants qu’on ne voit que lors des périodes électorales.
“Pour conclure, je dirais qu’un parti politique ou un candidat aie plus de chance de réussir dans les élections, il devra tenir compte des réalités sociologiques du terrain et en faire bon usage. Usage qui se basera sur l’intérêt commun, mais aussi penser à être utile à nos populations, pas seulement au moment de la campagne, mais avant la période des sollicitations électorales”

Dieynaba Ndiom

 

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FLAMNET-AGORA:La Mauritanie : Pourquoi les électeurs ne votent pas massivement pour l’opposition radicale ?

altDans quelques semaines, les élections législatives, régionales et locales en Mauritanie se dérouleront partout dans le pays. Les résultats plus ou moins prévisibles en faveur du pouvoir feront l’objet de diverses analyses et critiques : bourrage des urnes, achat de conscience par le pouvoir, manque de fonds financiers des partis d’opposition…mais surtout des attaques virulentes contre l’électorat, plus particulièrement , les Negro-mauritaniens celui la même considéré comme victime du système. Pourtant, les acteurs politiques, ceux de l’opposition radicale en particulier, devront trouver les raisons profondes de cet éventuel échec en dehors des explications habituelles qui servent le plus souvent qu’à dédouaner leur propre conscience.
Il me semble que les échecs répétés et constants de notre opposition dépendent principalement de notre attitude de négligence et/ou d’ignorance des principes politiques simples de base. En effet, toute activité politique doit être sous- tendue essentiellement par l’envi, voire le devoir, profond de SERVIR le peuple. Cette notion de service doit être assimilée et intégrée dans la vie individuelle et collective de tous les jours de nos acteurs politiques. Une autre donnée à mettre en perspective est le manque de compréhension de l’idée qu’a le peuple pour le pouvoir de l’état. L’absence de maîtrise de ces deux aspects continue de créer une confusion dans l’évaluation et l’interprétation des actions politiques en Mauritanie. Évidemment, ceci aboutit à cette situation d’inefficacité de cette lutte pour l’égalité et la justice dans le pays, d’où la source principale du découragement et de la frustration de beaucoup de militants de ces partis.
A mon avis le désir de SERVIR, se rendre concrètement utile à la communauté, à quelque niveau que l’on soit devrait être à la base de tout engagement politique. L’absence d’intégration de ce concept, de sa prise en compte parmi les obligations militantes, au moment de création de nos organisations politiques explique deux comportements psychologiques et intellectuels regrettables que nous traînons : notre dépendance totale de l’adversaire (le pouvoir politique) et le manque de confiance en soi. Évidemment, les partis d’oppositions ne conçoivent la possibilité de l’action utilitaire que dans l’exercice du pouvoir. Partant de ce postulat réducteur, leur rôle et leur programme d’action se limitent principalement à des critiques, quelque fois subjectives du pouvoir. Il est évident que l’opposition doit constituer un contre-pouvoir fort, celui qui dénonce les dérives, met l’accent sur les insuffisances, le cas échéant, propose une alternative crédible à l’action du gouvernement qu’il combat. Le faisant, il est certainement dans son rôle traditionnel voire universel. Mais, compte tenu de nos réalités si particulières, cette conception réduit ‘’notre’’ opposition, auprès des populations qu’elle est sensée défendre, à sa plus simple expression. C’est une opposition de ‘’grands mécontents’ ’et de ‘’simples théoriciens’’, c’est-à-dire ceux qui ne protègent ni du préfet spoliateur, du policier indélicat, ceux qui ne donnent ni du travail, ni aide à payer l’ordonnance médicale. L’opposition doit, pour se faire entendre des populations, se dire qu’elle a des obligations à l’égard du citoyen ordinaire. Si l’Etat est incapable ou ne veut pas concevoir un environnement propice à l’épanouissement de tout un chacun, les partis d’opposition, qui se veulent défenseurs de tous les citoyens, doivent agir différemment. Dénoncer et proposer ne suffisent pas ; il faut aussi de l’action, qui devra se traduire par la participation active dans les activités régulières et quotidiennes de nos concitoyens. Personne, ne devrait exiger de l’opposition de faire l’impossible : bâtir des écoles, des hôpitaux, construire des aéroports, des ponts et paver les routes sont de la responsabilité de l’Etat. Cependant, des actions simples mais efficaces, tels que : participer à l’assainissement de nos villes et villages, initier et exécuter des programmes de reboisement, dispenser des cours d’alphabétisation et du civisme voilà des œuvres qui sont à la portée de tout acteur politique. Elles le rendent visible et utile.
Par ailleurs, il est politiquement inacceptable que les acteurs politiques ne puissent mettre en perspective l’histoire et les valeurs de la société dans laquelle ils évoluent. En effet, dans la conscience collective de nos communautés le gouvernement n’a pas une fonction utilitaire. Au contraire, elles conçoivent que le mode de la gestion du pouvoir hérité de la colonisation crée un rapport de servitude et d’humiliation du peuple par l’Etat. A leurs yeux, la matérialisation de l’état ne se fait que par ses services de raquettes (douane et agent de foret) ou d’humiliation (précepteurs d’impôts avec des tortures sous le soleil pour ceux qui n’ont pas les moyens de payer). Cette réalité crée un grand fossé entre le peuple et l’Elite politique. Pendant que l’opposition passe tout le temps à critiquer le pouvoir de son immobilisme, le peuple qui n’attend rien de positif des autorités, trouve la situation normale. Alors, demanderiez-vous pourquoi le peuple choisit-il donc le camp du pouvoir qui ne sert à rien ?
Là encore, une autre divergence d’interprétation de la situation entre la communauté et les politiciens de l’opposition. Le peuple vote pour ses filles et fils qu’il côtoie régulièrement, mais pas pour le pouvoir. Cette présence quotidienne des représentants du pourvoir au sein des communautés est conçue comme un acte de considération (TEDDUNGAL), une valeur que l’argent ne peut remplacer. Par contre l’abandon du terrain par l’opposition, est considéré comme manque de considération ou de mépris (HUTAARE) de la part de leurs autres filles et fils qui se trouvent du cote de l’opposition. Dans son vote, le peuple ne voit pas l’Etat mais la fille ou le fils qui représente l’espoir. L’erreur politiquement suicidaire est de croire que le fait de détenir la vérité dans le discours devrait suffire pour mobiliser les forces, l’électorat autour de soi. Notre peuple ne se nourrit pas de grands principes et de beau idéaux politiques. Il vit un quotidien essentiellement constitué de la lutte pour la survie. Tout ce qui soulage cette dure réalité, même un espoir fumeux, est à prendre. A plus forte raison une main charitable qui vous tire un neveu des griffes de la police ou vous assure la popote du jour.

Hammel Barry

USA

 

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