Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Oeuvre posthume : “Le dictionnaire soninké-français” d’Ousmane Moussa Diagana disponible

Linguiste, le Professeur Ousmane Moussa Diagana est décédé le 9 août 2001. A titre posthume, son Dictionnaire soninké-français est enfin disponible. Par ailleurs poète, celui qui a su savamment dissimuler dans Notules de rêves pour une symphonie amoureuse et Cherguiya son amour à l’aimée et à sa Mauritanie, lègue à la communauté soninké dont il est issu un outil inestimable.


Oeuvre posthume :
 

 

Le soninké est une langue du groupe mandé où l’on retrouve le bambara, le malinké, khassonké…. Les Soninkés, qui le parlent, sont connus pour être un peuple de migrants. A la recherche d’une manne perdue. La faute au totem Bida (Python) qui veillait sur la nation soninké du Ghana, tué par un preux chevalier. Au fait il s’agissait de prêtres choyés qui recevaient chaque année des vierges en offrande dans une grotte. Mamadi le taciturne , pour sauver sa fiancée, s’était attaqué au lieu sacré. Dans le bois, il parvînt à anéantir les prêtres. Les sept têtes décapitées mettent fin à un mythe vieux de plusieurs générations.

Dans son dernier râle, le Bida prédit que pendant sept ans et sept jours pas une goutte de pluie ne tombera sur le Wagadu. Dans le même temps, les lingots d’or qui permettaient de mesurer l’importance d’une femme, ou autre, fondent comme beurre au soleil ! C’est la diète, dans ce royaume jadis prospère. Les agricultures posent les houes et sellent les chevaux. Il faut quitter le terroir. L’errance. La traversée du continent. Puis l’immigration lointaine : l’Europe, l’Amérique…. Voilà, pour la page histoire aux gestes multiples.

La réalité tangible, elle, est celle d’une langue physiquement présente en Afrique de l’Ouest, avec un million et demi de locuteurs. Si leur langue porte partout le même vocable soninké les Soninkés sont quant à eux désignés différemment selon les voisins. Les Bambara les appellent Marka ; Sarakollé pour les Wolofs et Haalpulaars (ou Peuls) ; Wakore pour les Songhays et Guenguer chez les Maures de Mauritanie. Eux-mêmes, entre eux, se disent Soninkés ou Soninko (ko étant la marque du pluriel).

 

Feu le Professeur Ousmane Moussa Diagana, après sa thèse de doctorat d’Etat en 1984 (Université René-Descartes, Paris), s’était dévolu à la recherche. Associé au laboratoire Langage, Langues et Cultures d’Afrique Noire (LLACAN ), il conduit plusieurs travaux grâce à sa maîtrise du soninké, pulaar, wolof, bambara et même de l’azer, une langue jadis parlée en Mauritanie et aujourd’hui disparue et qui était le fruit du métissage entre des parlers négro-africains et berbères.

Pour trouver la bonne osmose didactique du soninké, Diagana prend pour terrain d’étude sa ville natale, Kaédi. Limite nullement handicapante, d’autant plus que dans cette famille Niger-Congo (dénomination de ce parler mandé) les quatre principaux dialectes qui la composent ont une intercompréhension quasi totale. Et, dans le Sud de la Mauritanie et perché sur le fleuve Sénégal, Kaédi est un maillon presque naturel. Là se trouve la piste de prolongement vers le Guidimakha, région bretelle entre le Sénégal et le Mali (zone de Kayes) qui se poursuit vers le Burkina. Puis, une fois le fleuve franchi, c’est à travers le Sénégal qu’on entre au royaume du Gadiaga (Tamba Counda, Bakel, Kédougou…) avec des pouces vers la Casamance, la Gambie et la Guinée. C’est donc à partir du bosquet de Kaédi que se consolident les fondations de ce dictionnaire soninké-français.

Cet ouvrage, qui compte plus de 5 800 entrées, enrichit la lexicographie du soninké et comble un grand vide. Jusque là on n’usait de simples glossaires aux fortunes diverses. Là, l’écriture, les constituants linguistiques et sources d’emprunts, d’une région à une autre, offrent de belles trouvailles. Pour combler les éventuels manquements, le coffrage n’ayant pas été assuré par le maître d’ouvrage lui-même, le lecteur qui désire aller plus loin pourra se rabattre sur les travaux antérieurs de l’auteur : La langue soninké, Morphosyntaxe et sens , ou encore Chants traditionnels en pays soninké pour lequel il avait obtenu le prix Robert Delavignette de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer. Il reste qu’il faudra saluer toutes les bonnes volontés ayant permis la relecture, jusqu’à publication, de ce précieux outil de travail.

Bios Diallo

Source: L’authentique

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Livre: Ressorts d’une crise, selon deux auteurs mauritaniens

alt”La responsabilité de Amadou Toumani Touré (ATT) est pleine et entière”. Dans un livre intitulé ”L’occupation du Nord du Mali” publié récemment par deux intellectuels mauritaniens Ciré Ba historien et Boubacar Diagana géographe, pointent du doigt la responsabilité de l’ex-président ATT dans cette rébellion.

Sans remonter plus loin dans l’histoire et aller aux origines de la rébellion touareg, Ciré Ba et Boubacar Diagana observent que ”depuis novembre 2010 avec la rencontre de Tombouctou et la création du Mouvement national de l’Azawad qui a appelé à un élan de solidarité des Azawadis installés au Mali et à l’étranger, un premier signal était donné au pouvoir central de Bamako de ce qui sera par la suite la série d’attaques ayant abouti à la prise du Nord”.

Malgré de très nombreux signaux au cours des deux dernières années, le Président malien obnubilé par le désir de maintenir l’activité touristique dont l’essentiel s’effectue en territoires Touareg et Dogon ”semblait s’installer dans un déni permanent”. L’enjeu pour ATT étant de continuer à donner l’image d’un pays stable et sûr alors que des Islamistes ”avaient fini de faire de la forêt de Wagadou une espèce de base retranchée presque fortifiée”, se désolent les co-auteurs de l’ouvrage.

Un autre facteur non moins important est la chute du régime de Kadhafi. Le nombre des ex-combattants dans l’armée libyenne rentrés au Mali est estimé par les autorités de ce pays entre ”2 000 et 4 000 personnes. Leurs représentants ont été reçus en haut lieu”, renseignent les deux camarades. Le refus du président ATT de s’engager dans la lutte contre ”l’Aqmi et son soutien à Kadhafi ont fini par rendre son pouvoir moribond. Il paye cash”, martèlent-ils. Le 22 mars 2012, des mutins de l’armée malienne, basés à Kati dans les environs de Bamako, montent au palais de Koulouba et prennent le pouvoir.

La main de Mohamed Ould Abdel Aziz et Sarkozy

D’une part, du côté de Bamako, le soutien du président Mohamed Ould Abdel Aziz à la rébellion touareg ne fait l’ombre d’aucun ”doute”. Outre le fait ”d’héberger des éléments du MNLA”, il utiliserait ses deux généraux Hadi et Meguette, ”passés maîtres dans l’art de la répression à l’intérieur et de la déstabilisation à l’extérieur, pour conseiller, aider et manipuler cette rébellion dont des responsables auraient pignon sur rue à Nouakchott”, informent les analystes.

D’autre part, ils écrivent que le MNLA bénéficierait du soutien de la France de l’ex-président Sarkozy. Le Président de son bureau politique, Mahmoud Ag Aghaly, s’est en effet fendu d’un communiqué depuis Ménaka, le 08 février 2012, dans lequel on peut lire : ”le MNLA exprime ses vifs remerciements aux Autorités Françaises pour l’intérêt qu’elles accordent à la révolution du peuple de l’Azawad”, notent Ciré Bâ et Boubacar Diagana. En conclusion, l’historien et le géographe se demandent si la Mauritanie ne risque pas de favoriser une revendication séparatiste ”dans sa partie est, le Hodh dont les lien culturels, historiques, sociologiques et économiques sont très forts avec le Nord Mali”.

PIERRE BIRAME DIOH -L´ENQUÊTE

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Libye : La culture berbère fait son chemin

altPendant des décennies, ils n’ont pas été simplement victimes de répression : leur existence même a été remise en cause. Ils étaient torturés, jetés en prison ou exécutés pour le simple fait de parler leur langue ou de brandir leur drapeau.
Bien que la présence des Amazighs – les Berbères d’Afrique du Nord – en Libye soit antérieure à l’arrivée des arabes musulmans au VIIe siècle, Muammar Kadhafi a rejeté leur culture pour pouvoir défendre la thèse d’une nation arabe et unie.

“Nous étions marginalisés”, raconte Mazigh Buzakhar, président et membre fondateur de l’association Tira, également connue sous le nom de Mouvement culturel amazigh. “On nous interdisait de parler et d’écrire notre langue.”

Depuis la révolution, leur drapeau bleu, vert et jaune orné d’un signe stylisé se vend au côté du nouveau drapeau libyen sur la place des Martyrs, à Tripoli. Leur langue, le tamazight, dont l’alphabet ressemble à celui du grec, est présente dans les nouveaux médias et sur les nouvelles stations de radio.

Les Amazighs représentent environ 10 % des 6,5 millions d’habitants de la Libye. Selon l’Ecole des études orientales et africaines de Londres, on recense plus de 20 millions de locuteurs du tamazight en Afrique du Nord. Eparpillés dans des pays comme le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, le Niger, la Mauritanie et le Mali, ils constituent l’une des ethnies les plus importantes du monde à ne pas avoir de pays.

Le tamazight comme seconde langue de Libye

La situation des Amazighs de Libye est symptomatique des problèmes que divers gouvernements du Moyen-Orient rencontrent avec leurs minorités – des Baloutches et des Azéris en Iran aux Coptes en Egypte. Dans les pays qui ont vécu le Printemps arabe, la chute des régimes autoritaires a révélé des conflits ethniques, religieux et culturels.

Selon Sara Aboud, une historienne de l’Université de Tripoli, Kadhafi a fait pression sur les chercheurs – y compris les étrangers – pour qu’ils réécrivent l’histoire en disant que les Amazighs sont des Arabes. Dans les années 80, un nombre important de militants amazighs ont été incarcérés et beaucoup d’entre eux ont disparu. Sous le régime Kadhafi, il suffisait de parler le tamazight pour être torturé ou exécuté. “La culture amazighe était taboue”, explique Mazigh Buzakhar. “Kadhafi voulait un pays homogène.” Les noms amazighs n’étaient pas non plus admis dans les registres d’état civil. “A cette époque, le plus sûr moyen de préserver notre culture était de la garder chez nous”, observe Sara Aboud.

Après avoir subi des années de répression, une foule d’Amazighs – originaires notamment des montagnes Nafusa – se sont joints aux forces de la révolution et un certain nombre d’entre eux ont participé à la libération de Tripoli. Mais maintenant que la Libye réécrit sa Constitution, Buzakhar et Aboud craignent que le nouveau texte ne fasse l’impasse sur les droits et la langue des Amazighs. Des manifestations ont déjà eu lieu pour demander que la nouvelle Constitution reconnaisse la culture amazighe et que le tamazight devienne la seconde langue de Libye.

“Les mentalités restent arabisées”, souligne Sara Aboud. C’est aussi l’avis de l’analyste Mohamed Eljarh, qui écrit sur le portail Middle East Online : “L’idée de diversité est étrangère à la Libye et aux Libyens. Certains de mes amis arabes considèrent la reconnaissance de la culture et de l’identité amazighes par la Constitution comme une menace à l’autorité et au contrôle arabes dans la région, et par conséquent à l’existence de l’identité et de la culture arabes. Beaucoup d’Amazighs avec lesquels je me suis entretenu craignent que le reste de la population ne reconnaisse pas le rôle qu’ils ont joué dans la révolution libyenne. Le Conseil national de transition a vaguement promis à maintes reprises que les droits des Amazighs seraient garantis et préservés sans conditions ou autres exigences.”

“Je peux brandir fièrement mon drapeau”

Les Amazighs ont déjà manifesté à plusieurs reprises pour revendiquer de nouveaux droits. Beaucoup d’entre eux fondent leurs espoirs sur ce qui s’est passé au Maroc, où le tamazight est reconnu par la nouvelle Constitution et où une chaîne de télévision amazigh diffuse ses programmes dans les pays voisins.

Mais dans un pays comme la Libye, toujours aux prises avec des conflits, il y a bien d’autres priorités. Le nouveau gouvernement ne parvient pas à contrôler les milices – y compris celles qui travaillent pour lui sous la houlette du ministère de l’Intérieur. Il doit faire face à des divisions tribales et régionales de plus en plus marquées, reconstruire l’économie et former une équipe qui fonctionne.

Cependant, les signes d’un renouveau culturel sont désormais évidents. Avant la révolution, c’était seulement dans des zones isolées que les habitants pouvaient affirmer ouvertement leur culture amazighe. “Mais nous nous sommes battus”, commente Sara Aboud. Cette année, au moins une école, située dans le sud, commencera à enseigner le tamazight. Avec l’apparition de drapeaux amazighs dans les stands et du tamazight dans les kiosques à journaux, un changement progressif se faire jour dans l’attitude libyenne.

“Beaucoup de Libyens commencent à prendre conscience [de notre existence] et nous demandent ce que signifie ‘Amazir’ [Berbère libre]”, se réjouit Mazigh Buzakhar. Et Sara Aboud renchérit : “C’est tout nouveau, mais nous avons parcouru un long chemin. Maintenant je suis fière de dire que je suis Amazir. Et je peux brandir fièrement mon drapeau.”

source: noorinfo

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Djibril Zakaria Sall: Un commissaire menotté aux vers

altDjibril Zakaria Sall. Une de nos plumes les plus atypiques de par son parcours professionnel dans la police, et son arrivée «accidentelle» dans la littérature. Portrait d’un révolté, qui a saisi les vers pour dénoncer les injustices. «Il faut le voir à Hayré M’Bar, avec son short court, et son inaliénable groupe de jeunes autour de lui, à rechercher et nommer la flore alentour. À rire et s’étonner toujours de tout. On dirait presque un enfant. En fait, quand on le voit on dirait un chef de bande d’enfants» s’amuse une amie proche de Nouakchott. «Il me fait penser à Robinson Crusoë dans ce cadre, entouré de sa grande concession clôturée, et de son bureau en murs végétaux et de feuilles» continue-t-elle.

Un iconoclaste, un personnage, une truculence, qui se détache en arrière-fond de nos sociétés mauritaniennes selon lui relativement «figées, repliées sur elles-mêmes». Pour ce père de douze enfants, retraité, la vie devrait être telle qu’on la découvre sous nos yeux: «fulgurance et spontanéité». C’est ainsi d’ailleurs, de «façon fulgurante» qu’il aurait commencé à écrire ses premiers vers. «J’avais 28 ans quand j’ai commencé à écrire. J’étais au commissariat en octobre 1967, et tout d’un coup j’ai commencé à enchainer les vers; une flamme s’était allumée en moi. Je me suis mis à écrire sur des carnets de publicité de la marque de voiture Mazda. En deux ans, j’écrivais 25 poèmes que j’envoyais à Leopold Sedar Senghor qui m’a exhorté dans une lettre à abandonner la rime, et à me concentrer sur la poésie négro-africaine qui est rythme et image!» narre Djibril Sall, tout sourire, engoncé dans son turban noir.
Le bonhomme se remet au travail avec ferveur. ««Ça coulait, ça coulait, ça coulait. Je me réveillais la nuit, parce que l’inspiration me venait toujours la nuit. La famille commençait à jaser et se disait que le bonhomme était devenu dingue. Parce que je me réveillais, j’allumais la lampe, j’allais à la table et je me mettais à griffonner tout ça» rigole-t-il.

Suite à cela, en 1970, le premier président de la Mauritanie, Mokhtar Ould Daddah l’aide à publier son premier recueil, Lumières noires, où il se fait lui aussi chantre de la négritude, dans le sillage de son mentor Senghor, par le biais de la Société Nationale de Presse et d’Édition (la SNPE qui deviendra l’Imprimerie Nationale).

Le commissaire-poète

Né en 1939, Djibril Zakaria Sall suit ses études primaires à Rosso, Atar et Boghé ainsi qu’une partie au Sénégal, à Dakar. De 1953 à 1960, il poursuit ses études secondaires au célèbre Collège moderne Xavier Coppolani, d’où sortit la première élite mauritanienne post-indépendante. Il continue jusqu’au baccalauréat, puis en 1960, devient instituteur-adjoint stagiaire.
En 1961, il décide de rejoindre l’École de Police et devient Inspecteur. Il passe par l’École Fédérale de Police de Dakar et par l’École Supérieure de Police de Saint-Cyr, en France, près de Lyon. En 1965, l’inspecteur Sall est promu Commissaire de Police. Il exercera à Rosso, Zouérate, Atar et Nouakchott avant de devenir Chef de Brigade Mobile de l’Est.

Un parcours qui n’étonne pas dans son entourage. ««C’est un homme honnête, et surtout il a été un excellent commis de l’état: jamais la police n’a été meilleure que lorsqu’il en a été à la tête. Tout se passait bien. Mais c’est un métier incompatible avec la liberté de l’imagination, de l’écriture. Et il a payé cela dans sa carrière. Encore que ça ne l’ait pas rendu malheureux» raconte un proche ami.

Une dichotomie d’activités qui en a étonné plus d’un dans sa longue carrière.

«Mon parcours dans la police a été on va dire, accidentelle. Comme ma plongée dans la poésie d’ailleurs. Je considère cela comme un don de Dieu. Senghor lui-même m’avait demandé comment concilier deux activités par nature aussi éloignées l’une de l’autre. Je lui avais répondu que j’étais un mauvais policier (rires). Je travaillais plus sur la prévention que sur la répression, et sous nos latitudes c’est mal vu» se rappelle le poète. La remarque sera faite plus ironiquement par un journaliste. «Un journaliste de Jeune Afrique, Abdoul Aziz Dahmani, avait fait un papier sur moi dans les années 80, suite à la lecture d’un de mes poèmes, et m’avait qualifié d’homme pleureur, par rapport à mon métier de policier qui devait imposer à ses yeux, fermeté et dureté. Cette dichotomie est incomprise, mais l’un est le prolongement de l’autre, et ces deux activités ne s’opposent pas forcément. J’ai été policier de façon humaine, avec ma sensibilité de poète, en essayant d’être le plus proche possible de l’individu» se souvient Sall.

Le clash avec l’état

Ce fossé naturel, présent dans les esprits, entre la liberté de l’auteur et le caractère docile d’un agent d’un corps armé, lui a valu son premier intermède dans sa carrière, quand il sera détaché au Ministère de la Culture, pour préparer le Festival des Arts Nègres qui eut lieu en 1977 à Lagos, au Nigeria, où des poèmes à lui seront lus. À cette époque, Sall a déjà publié ses deuxième et troisième recueils (Soweto en 1976, et en 1977, Cimetière rectiligne), toujours avec le soutien du président Ould Daddah.

Suite à ses critiques sur la Fonction publique dans le désormais fameux «coup de piston», Djibril Sall est convoqué. «J’ai été convoqué au ministère de l’intérieur, suite à la publication d’un poème dans le journal Le Chaab, en 1977, Le coup de piston. Ils m’avaient littéralement interdit d’écrire en Mauritanie, en soutenant que ce n’était pas compatible avec ma fonction de commissaire de police» affirme Djibril Sall. Depuis lors, aucun de ses recueils ne sera publié en Mauritanie. Mais il trouve des ressources ailleurs.

C’est ainsi que l’année suivante, le 8 février 1978 précisément, Djibril Sall est reçu par le président Senghor qui le met en rapport avec son conseiller culturel, Pierre Klein. Ce dernier le met à son tour en rapport avec les Nouvelles Éditions Africaines implantées à Dakar et choisit lui-même les textes qui figureront dans l’ouvrage. Le quatrième recueil de Djibril Sall, Les Yeux nus, paraîtra donc à Dakar, en 1978.

Le deuxième intermède dans la carrière policière de Sall couvre la période 1982 à 1994, durant laquelle il sera détaché à la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (la C.E.D.E.A.O.) en qualité de Directeur du Département des Affaires Sociales et Culturelles, basé à Lagos, au Nigeria. Ce poste, non content de lui permettre de parfaire son anglais, lui permettra aussi d’effectuer de nombreuses missions dans toute l’Afrique de l’Ouest. Au retour de ce détachement qui dura douze ans, Sall obtiendra le grade de Commissaire Principal de Police et prendra sa retraite cinq années plus tard, en avril 1999. Ces cinq années sont pourtant difficiles à vivre puisqu’il est mis en «vacances forcées» dans son village de Hayré M’Bar, les autorités prétextant de ne pas avoir besoin de lui alors qu’il était pourtant à l’époque l’un des commissaires les plus gradés et les plus formés de Mauritanie. Il profitera néanmoins du jumelage de son village avec la commune de Saint Benoît du Sault dans l’Indre, en France, pour publier un nouveau recueil, Sillons d’espoir.

«Nul n’est prophète en son pays»

Quasiment ignoré dans son propre pays, l’écriture de Djibril commence à rayonner à l’étranger.
Aujourd’hui, à l’initiative de l’Université de Boston, l’ensemble de son œuvre (recueils déjà publiés et inédits) est sur le point d’être rééditée dans une co-édition américano-danoise, en français, anglais, danois et norvégien. Pourtant, en Mauritanie, aucun de ses textes ne figure dans un manuel scolaire, ni n’a encore été traduit en arabe ou en pulaar.

C’est en partie pour combler cette lacune, que Djibril Sall a décidé depuis deux ans d’écrire dans sa langue maternelle, le pulaar. «Je veux me détacher de certains préceptes inculqués par l’école coloniale, en même temps que je veux explorer les riches possibilités littéraires de ma langue.» avoue-t-il.

Mamoudou Lamine Kane

 
Noorinfo





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Nos compatriotes Ba Ciré et Boubacar Diagana participent à la rédaction d´un livre sur la crise au Mali

Parution prochaine d’une série de six ouvrages collectifs dont l’un deux : L’occupation du Nord du Mali – enregistre la participation de deux Mauritaniens : Ciré Ba et Boubacar Diagana.

Livres publiés aux éditions la Sahélienne et l’Harmattan.

 

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