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Mauritanie : la campagne d’accaparement des terres de la Vallée est lancée

Boubacar Diagana et Ciré Ba – Dans une interview accordée récemment à un hebdomadaire étranger, Monsieur Ousmane Kane, ministre des Affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs affirme être «en train de travailler avec la Banque mondiale afin d’attirer le privé international pour investir dans l’agriculture» mauritanienne.
Son diagnostic est des plus clairs : «nous ne pouvons plus laisser ces terres sans valorisation, les populations locales n’ont pas les moyens d’en tirer tout le potentiel». Sa thérapie révélée dans un audio diffusé par la radio de Dar El Barka, il y a quelques semaines, l’est moins.
Son évaluation des avantages de l’investissement international occulte le fait qu’elle repose sur l’accaparement de ses terres, les dépossessions des uns qui subissent l’exclusion et les appropriations par d’autres considérés comme propriétaires exclusifs de l’espace national, de la mer, du ciel, des richesses et du pouvoir mauritaniens.
Le ministre est dans son rôle
Nul ne songera à le lui reprocher. Dans le même temps, nul ne peut méconnaître que venant de Monsieur Ousmane Kane, le propos revêt des significations politiques et même symboliques particulières. Il n’ignore rien des discriminations dont sont victimes les populations noires. Il avait fait état de ces discriminations lors de la conférence organisée par le Collectif des Cadres Mauritaniens Expatriés fin 2018. Il n’avait pas de charge politique.
Ministre technique à la compétence reconnue, Monsieur Kane est également perçu, à son corps défendant, comme une des cautions négro-africaines du gouvernement Ghazouani dont on sait à quel point il est peu soucieux de la représentation de cette communauté. Monsieur Ghazouani est en effet celui qui a poussé le plus loin l’entreprise de blanchiment tranquille et par contrecoup celle de l’effacement des Négro-africains de tous les pans du paysage mauritanien : forces armées et de sécurité, administration, magistrature, enseignement, monde médical… Les concours et les recrutements se suivent et se ressemblent dans leur implacable monotonie chromatique. Plus blanc que blanc. L’ensemble fait système. Il faut être aveugle pour ne pas le voir.
Quel rapport avec le foncier diriez-vous?
Un rapport évident : en Mauritanie, seul l’État, par le jeu de l’Ordonnance de 1983, peut accorder des concessions aux citoyens (et pour la circonstance aux investisseurs internationaux) qui en font la demande. Les concessions entre 30 000 et 100 000 ha sont soumises à une autorisation du ministre des finances. Celles de plus de 100 000 ha sont cédées par décision du conseil des ministres, auquel il siège. La déclaration du ministre ne peut se lire en ignorant l’arrière-plan qui en est le socle et le soubassement. Ceux-ci ont pour nom réforme foncière. On sait aussi comment l’Institution de Bretton Woods profite des lois floues de certains pays dans lesquels l’État, en « immatriculant » des terres faisant auparavant l’objet de droits traditionnels, droits reconnus au demeurant jusqu’au moment où il décide du contraire, pour exproprier des populations rétives à la modernité ou hostiles au pouvoir.
Associer les populations! Qu’à Dieu ne plaise, elles ne demandent que ça
Oui, Monsieur le ministre. Du moins au principe : « La mise en valeur des terres de la Vallée du fleuve Sénégal débouche sur processus gagnant-gagnant, afin d’en faire une source de croissance et d’emplois au profit d’une région que les habitants quittent».
Les investisseurs internationaux visent des objectifs commerciaux internationaux. Ils n’ont pas le souci de la satisfaction des besoins alimentaires locaux. Au Mali, une société libyenne exploite dans l’Office du Niger, à forte chimisation, motorisation et irrigation, 100 000 ha pour cultiver du riz destiné à l’exportation. En Éthiopie, 4 millions de personnes dépendent de l’aide alimentaire. Dans le même temps, l’État vend des terres à des investisseurs internationaux pour produire des produits agricoles non alimentaires. En Guinée, 100 000 ha sont affectées à une société américaine pour produire du maïs ou du soja destinés à l’exportation ou à la production d’agrocarburants. Aucun véhicule dans ce pays, ni dans nul autre pays africain, ne roule à de tels carburants. Si dans le deal qui se trame, les paysans de la Vallée, détenteurs des terres, ne retrouvent «que» des emplois, non seulement ils n’y gagnent pas (il faudra désormais travailler selon des méthodes jusque là inconnues), mais ils perdent au passage la possession de leurs terres.Une approche gagnant-gagnant ? Éminemment souhaitable. Reste à en voir la traduction réelle.
Mais aurez-vous les moyens de vos ambitions affichées? De tenir vos engagements? Vous en laissera-t-on la possibilité? Le doute est permis
Il y a tout lieu d’en douter compte tenu des précédents et des pratiques traditionnellement brutales qui ont eu cours jusqu’ici. Faut-il rappeler que la politique foncière en Mauritanie est à l’image de la politique mauritanienne? Qu’elle est basée sur un système foncièrement raciste et discriminatoire? Qu’elle a pour levier un Land Act à la mauritanienne fondé sur la confiscation des terres négro-africaines au profit d’opérateurs privés issus tous de la même communauté et appartenant à la même couleur de peau? « Le privé mauritanien» a essayé de venir en appoint » dites-vous Monsieur le ministre.
Existe-t-il réellement un «privé mauritanien»? Les rares qui disposent de la puissance financière nécessaire ont mis à l’abri leurs terres en les mettant en valeur, au grand bonheur de leurs familles. N’avons-nous pas plutôt affaire à une caste monocolore d’hommes d’affaires avides et sans scrupule portée par un pouvoir racialiste jouant les communautés les unes contre les autres? Au risque de générer de nouveaux affrontements et des pogroms alors même que les plaies des pogroms anti négro-africains restent béantes? Les événements récents de Dar El Barka, Feralla et plus généralement dans le sud du pays n’incitent pas à l’optimisme. N’eût été le courage des populations, les terres ancestrales seraient à ce jour aux mains d’affairistes sans vergogne. Ce n’est pas avec la logique mercantile de ces rapaces que les populations tireront de l’exploitation des terres «tout le potentiel » comme vous l’appelez de vos vœux monsieur le ministre.
Vous voulez faire œuvre de «pédagogie»? Dieu vous entende
Ce serait une nouveauté. «La bonne approche» réside dans une bonne gouvernance financière impliquant populations locales via leurs représentants réunis par exemple en conseils ruraux ou collectifs d’exploitants. Ou toute autre forme qu’elles auraient choisie. En tout cas, «la bonne approche» ne saurait être la gouvernance actuelle dans laquelle l’État et ses démembrements imposent toute leur puissance, les paysans opposent leur courage.
Puissiez-vous, Monsieur le ministre faire preuve de la même prudence que vos partenaires potentiels de la Banque mondiale qui, dans un communiqué du 26 février dernier, se sont engagés à prendre en considération toutes les dimensions et tous les enjeux du sujet. Oui, Monsieur le ministre une problématique foncière ne peut être perçue sous le seul angle technocratique et économique. Elle recèle des dimensions de caractère humain, identitaire, symbolique et de justice sociale. Toutes choses allègrement ignorées jusqu’ici par le pouvoir dominateur, éliminationniste et raciste de Mauritanie.
Il est encore temps de changer. L’avenir de la cohabitation paisible entre nos communautés en dépend. Refusons toutes entreprises visant à liguer les unes contre les autres et toutes spoliations injustes de nos paysans. Leurs terres, c’est leur vie, leur dignité.
Pour rappel dans son article 17 la déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans, adoptée par résolution du Conseil des droits de l’homme en septembre 2018, stipule :« Les États prendront des mesures appropriées pour veiller à la reconnaissance juridique des droits fonciers, y compris les droits fonciers coutumiers actuellement dépourvus de protection légale …. Les États protégeront les formes d’occupation légitimes et veilleront à ce que les paysans et les autres personnes travaillant dans les zones rurales ne fassent pas l’objet d’expulsions arbitraires ou illégales et à ce que leurs droits ne soient pas éteints ni bafoués de quelque autre manière ». Dès lors, les terres des déportés aussi et toute terre considérées «vacantes» faute de moyens d’exploitations ne doivent faire l’objet d’expropriations.
Boubacar Diagana et Ciré Ba – Paris, le 03/06/2021
Départ de Nedhirou du ministère de la Santé : lettre ouverte au Président de la République

Mohamed Dellahi – Monsieur le Président,
Je viens par cette présente vous informer de ma surprise du limogeage du Ministre de la Santé Mohamed Nedhirou Hamed, je suis désolé de cette initiative.
Quelque soient les causes de la prise de cette décision, elles resteront insignifiantes face aux avancées que ce Ministre a réalisé pour son département. Le limogeage du Ministre de la Santé est une défaite du gouvernement face aux pressions des lobbies du secteur privé pharmaceutique et médical.
Je voudrais revenir aux temps d’avant Mohamed Nedhirou Hamed. A cette époque pour avoir une autorisation d’un dépôt pharmaceutique ou un cabinet médical il fallait débourser cinq cent mille anciennes ouguiyas en moyenne dès fois plus selon la tête du demandeur, pour une pharmacie ou une clinique privée il faillait au moins un million.
Ce commerce n’était pas caché et était même naturel. D’autre part, aucune mesure ni aucune stratégie n’était prise pour lutter contre les médicaments illicites de toutes sortes.
Pour être affecter à un poste là aussi il fallait débourser selon les catégories. Ceci explique la disparité du personnel dans les régions.
Les directions et les services n’avaient aucun plan d’action ni vision pour leurs activités, ils travaillaient selon les opportunités des bailleurs de fonds et du budget de l’Etat. Des millions sont partis comme cela dans les poches des fonctionnaires corrompus. Le ministère pullulait de fournisseurs, chaque direction avait un ou deux fournisseurs attitrés, chaque service aussi avait ses fournisseurs. Le budget d’Etat était absorbé en un temps record, les directeurs attendaient que le Ministère des Finances ouvre le crédit, bien sur eux aussi avaient leur part du gâteau. Ceci n’est qu’un petit aperçu de ce qui se passait avant l’arrivée de Dr Nedhirou.
Alors Monsieur le Président, je vais vous dire ce que ce Ministre a réalisé pour le pays. Il a pris un Ministère poussiéreux, il l’a dépoussiéré, l’a astiqué et l’a fait briller. Cette brillance, transparence et organisation a fait peur et irrité les corrompus.
Premièrement, il a organisé le secteur pharmaceutique en commençant par l’application de la loi pharmaceutique qui ordonnait une distance de deux cents mètres des hôpitaux comme partout dans le monde, à quoi cela servirait-il ? cela permettra de protéger les malades des prescriptions (ordonnances) abusives des médecins et infirmiers en accord avec la pharmacie d’en face.
D’obliger les hôpitaux à disponibiliser les médicaments sûrs dans leurs pharmacies (cette charge financière n’était bien sûr pas la bienvenue pour les directeurs des hôpitaux qui voyaient leur poche se désenfler). Il a aussi mis en œuvre l’application des cahiers de charge des pharmacies et des grossistes pour la sécurité des médicaments et il a brûlé tous les médicaments périmés que les pharmaciens revendaient sans scrupule aux malades. Je ne pourrais continuer à vous donner des exemples sur ce secteur cela prendrait des pages.
Je vais passer vers le secteur médical, vous rappelant les arrêtés règlementant les cliniques privées les obligeant à rendre compte au ministère des rapports d’activités ce qui ne se faisait pas avant. Les malades se soignaient et mouraient dans les cliniques en payant le prix fort sans aucune inspection ni suivi de la part du Ministère de la Santé. Le Ministre de la Santé a mis en place une inspection forte et intègre.
Toutes les directions du ministère étaient organisées dans un organigramme prenant en compte tous les besoins nécessaires sur les réformes mises en place. Parmi ces réformes, il y a la tarification en cours qui va règlementer les tarifs des actes dans le secteur privé et public. Chaque jour, un spécialiste se lève et proclame qu’il consulte à dix milles ou quinze milles. Cette tarification est en faveur de la population. Toutes les actions du Ministre de la Santé étaient en faveur de la population.
Je n’ai pas parlé de l’épidémie du Corona virus, car il n’y a rien à dire sans Nedhirou notre pays allait succomber dès la première vague. C’est lui et son équipe derrière lui qui ont travaillé jours et nuit pour lutter contre cette épidémie. Cela prendrait des pages pour expliquer son rôle de leader dans cette lutte, les réunions en pleine nuit. Il a fait venir l’inspection de l’état pour s’assurer qu’aucun sous ne soit utiliser ailleurs.
Monsieur le Président,
Les avancées que ce grand Ministre a réalisées, ne méritent-elles pas des remerciements ? Pourquoi le limoger ?
Pour satisfaire des hommes d’affaires corrompus ? Votre choix est clair pour la population, vous avez choisi les hommes d’affaires au détriment du peuple. Vous avez choisi la corruption au lieu de la réglementation. C’est le message que vous avez donné à votre population. C’est celui que vous avez donné aux personnels de santé.
Chers compatriotes je limoge ce Ministre pour que les médicaments de contre façon puissent vous être encore vendus, pour que les cliniques vous arnaquent et vous tuent sans contrôle, chers compatriotes ne comptez pas sur moi pour vous protéger contre ces hommes d’affaires sans scrupules ni foi.
Mohamed Dellahi
Président du Parti Mauritanien pour la Défense de l’Environnement (PMDE)
Président de l’Union pour la Cohésion Nationale (UCN)
cridem
Le Mathématicien Mouhamadou Sy embauché par le médaillé Fields Martin Hairer

Mouhamadou Sy rejoindra l’équipe de Martin Hairer Médaille Fields 2014 (grâce à sa théorie des structures de régularité qui ont permis de résoudre des problèmes mathématiques extrêmement difficiles et restés sans solutions depuis des décennies). Pr. Hairer a également reçu le Breakthrough prize en 2021, prix qui récompense des chercheurs ayant accompli des avancées majeures en Sciences. Il est par ailleurs membre de la Royal Society.
Le mauritanien est connu du grand public notamment en Afrique pour son engagement pour les langues africaines, Mouhamadou Sy est avant tout un mathématicien. Il a en effet soutenu sa thèse à l’université Cergy Pointoise en 2017 et depuis, il avait rejoint l’université de Virginia aux USA où il enseignait les mathématiques parallèlement à ses recherches portant sur les équations de la physique mathématique.
Mouhamadou Sy a publié plusieurs articles dans son domaine de recherche notamment l’Analysis and PDE Review, ou Archive of Rational Mechanics and Analysis et biend’autres.

Le grand public l’a découvert en 2016 quand il publia le premier livre de mathématiques en Pulaar: Bindannɗe Hiisankooje chez Papyrus Afrique. L’ouvrage eut un franc succès en Afrique et reçu en grandes pompes à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar lors d’un colloque scientifique consacré à Cheikh Anta Diop. En 2019, le mathématicien publie le premier tome de son second ouvrage intitulé Gannde Hiisiwe.
En plus de l’édition papier cette fois-ci, il rend le livre gratuitement accessible en ligne en format PDF. Rappelons que le Pulaar (Peulh) est parlé dans environ 26 pays africains et qu’au-delà. Plusieurs personnalités et organisations avaient tous bien accueilli son ouvrage en louant son utilité publique.
Après son séjour aux USA Mouhamadou Sy revient en Europe mais à Londres cette fois-ci, il est recruté à Imperial College London, l’une des dix premières universités du monde selon le QS Ranking et le Times Higher Education.
Enfin, en collaboration avec Martin Hairer, Mouhamadou Sy travaillera sur des problèmes en théorie des équations aux dérivées partielles stochastiques fortement singulières, ces problèmes ont diverses applications en physique.
Signalons que le jeune prodige ne délaisse pas pour autant les langues africaines puisque le tome 2 de Gannde Hiisiwe devrait sortir courant 2022.
La rédaction
La coupe est pleine /Par Samba Thiam, président des FPC

Samba Thiam – La discrimination qui nous frappe durement avait – et a toujours – cours dans les médias, l’Administration, l’enrôlement, la Justice, dans les écoles d’excellence et toutes ces Ecoles spéciales (l’Ecole de la magistrature, l’Ecole aéro-navale, l’Ecole de médecine, l’Ecole polytechnique, l’Ecole des mines, l’Ecole des officiers, le Prytanée militaire,) toutes monocolores.
L’Université, en voie d’arabisation, pousse dehors des Professeurs de formation francophone. Les Examens et Concours et les chapelets des nominés en conseils des ministres viennent boucler la boucle!
Depuis quelque temps cependant, cette discrimination, à l’allure de provocations outrancières, prend des proportions et une tournure inquiétantes, graves.
Récemment le Professeur Gourmo Lo, Vice président de l’UFP a subi une humiliation –qu’il a lui-même rapportée- : Sommé de s’exprimer en arabe s’il ne voulait pas voir sa voiture immobilisée par des agents de la circulation …l’ incident passa presque inaperçu sans susciter aucune protestation sérieuse. IL avait été précédé par celui d’un Député de la République (Sooninke) qui s’est vu refuser de déposer sa plainte dans un Commissariat parce que celle-ci était rédigée en français. Là aussi rien !. Pratique, du reste, qui avait déjà cours dans l’Armée nationale depuis quelques années , imposée aux officiers et soldats négro-africains qui seraient tentés de rédiger une demande en français, sous peine de subir des arrêts de rigueur…L’Armée parle arabe, et rien qu’arabe !
Ce type d’incident continue avec un ministre de la République-Mr Kane – qui, face aux parlementaires se voit rabroué, bruyamment, par un énergumène s’opposant vivement à ce qu’il s’exprimât en Français ! Pour la première fois on note zéro admis à l’ENS et à l’ENI, en filière français…On invoque pour justifier l’échec la baisse de niveau, comme si celle-ci épargnait la filière arabophone!!!
Que dire, sinon que ces faits parlent d’eux-mêmes et que nous assistons, de facto, à l’extinction progressive et programmée de la langue française, sans transition ! Comme pour ôter rapidement et définitivement le pain de la bouche de ceux qui en usent comme langue de travail. Extinction programmée, sans que rien ne soit fait, en retour, pour la promotion des autres langues nationales pulaar, sooninke, wolof!
L’aile chauvine de l’élite arabo-berbère, sourde et aveugle, dénie toute valeur aux langues nationales pulaar, sooninke et wolof, et freine des quatre fers ; elle continue de se cramponner, obstinément, au projet funeste de l’assimilation, sans en mesurer tous les dangers sur notre coexistence pacifique. Refusant de voir qu’à côté, il y a officialisation du berbère ( l’Amazigh) par le Maroc et l’Algérie, depuis déjà quelques années. La France, aujourd’hui, vient de surmonter ses résistances jacobines ancestrales en s’engageant dans la voie de “la préservation et de la promotion des langues régionales”. La Mauritanie, seule, reste encore cabrée sur cette question.
En lieu et place de la rupture attendue et souhaitée après l’ère Aziz, nous assistons plutôt, hélas, à une continuité du Système… le Danseur et le style ont changé certes, mais non la musique… C’était peut-être là le sens du coup de gueule de Maouloud, en conférence de presse ?
Bref, la descente aux enfers continue de plus belle, par tous les moyens, dans la voie de l’assimilation, à marche forcée ! Sans susciter, quasiment, la moindre réaction de la part de “nos frères utérins” Arabo-bèrbères, plus soucieux de compatir avec leurs frères de Palestine… Aucune indignation compatissante à nos douleurs, à l’exception d’une infime minorité d’hommes et de femmes, justes et honnêtes, au courage téméraire … Mais le plus déroutant dans tout ça demeure ce silence même des victimes – directes ou collatérales, internes ou externes – comme frappées d’hébétude, perdant jusqu’à la capacité à s’indigner !
La coupe est pleine d’un présent amer d’injustices et de l’avenir confus … Ces mauritaniens Justes se doivent de se lever et sonner l’alerte, pour dire que la voie choisie, jusque-là, est dangereuse et ne menait nulle part, afin de jouer leur “rôle d’alerte au danger” qui sied aux intellectuels, comme dirait P. Bourdieu !
“Si l’on ne peut vivre ensemble qu’au prix de l’oppression à l’égard d’une composante , c’est une position pas raisonnable et qui, surtout, n’est pas tenable”, rappelait feu Yehdih…
Samba Thiam
Pr des FPC
31 Mai 2021
Ousmane Mamadou Kane, ministre : “Nous ne pouvons plus laisser ces terres [de la vallée] sans valorisation”

Le ministre mauritanien des Affaires économiques et de la Promotion des secteurs productifs, Ousmane Mamadou Kane, a annoncé que la Mauritanie était en train de travailler avec la Banque Mondiale afin d’attirer le privé international pour investir dans l’agriculture, tout en le mettant à l’abri des problèmes fonciers dans la région du fleuve Sénégal.
« Nous ne pouvons plus laisser ces terres sans valorisation, les populations locales n’ont pas les moyens d’en tirer tout le potentiel », a déclaré M. Kane, lors d’une interview à Jeune Afrique, diffusée ce lundi 31 mai.
« Le privé mauritanien a essayé de venir en appoint. On a été aussi tenté de faire venir des investisseurs internationaux sans le consentement des populations et personne n’a réussi. La Mauritanie importe toujours ses légumes et son riz. Nous pensons avoir trouvé la bonne approche pour y associer les populations », a ajouté Ousmane Mamadou Kane.
Le ministre des Affaires économiques et de la Promotion des secteurs productifs a indiqué qu’il sera développé une pédagogie pour que cette mise en valeur des terres de la vallée du fleuve Sénégal débouche sur un processus gagnant-gagnant, afin d’en faire une source de croissance et d’emploi au profit d’une région que les habitants quittent.
Dans cet entretien avec JA, Ousmane Mamadou Kane a annoncé que les réserves de devise de la Mauritanie ont atteint 1,5 milliards de dollars.
Interrogé sur le Programme prioritaire élargi du président (ProPEP), il a indiqué qu’il s’articulait autour du social et de la croissance notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche qui a été le plus touché par l’impact de la Covid-19.
Au sujet de la dette, le ministre des Affaires économiques et de la Promotion des secteurs productifs a affirmé que celle-ci représentait 55% du produit intérieur brut de la Mauritanie.
« Notre dette est insoutenable. Nous pouvons la rembourser, certes, mais nous avons tellement de priorités que nous aimerions réaménager le service de cette dette. Nous avons un mur devant nous, à partir de 2023-2024. Il faudrait alors y consacrer la totalité de notre budget », a-t-il rappelé.
Babacar BAYE NDIAYE – Journaliste à Cridem