Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Ceux qui ont détruit la Mauritanie ont tous une seule et unique nationalité : la mauritanienne. Par Pr ELY Mustapha

Pr ELY Mustapha – Il n’est pas nécessaire de démontrer que tous ceux qui ont pillé la Mauritanie, l’ont mise dans l’esclavage de l’endettement et hypothéqué son avenir pour cent ans ont tous une seule et unique nationalité : la mauritanienne.

Il n’est pas nécessaire de démontrer que ceux qui continuent à piller la Mauritanie, qui détruisent son système éducatif et de santé et qui la réduisent à un pays de mendiants des rues et des poubelles à ciel ouverts ont tous une seule et unique nationalité : la mauritanienne.

Il n’est pas nécessaire de démontrer que tous ceux qui, aujourd’hui sont trainés dans la boue, devant les tribunaux pour corruption, détournements de biens publics, de malversation, de concussion et d’accaparement des marchés publics et trafics sur les ressources publiques ont tous une seule et unique nationalité : la mauritanienne.

Il n’est pas nécessaire de démontrer que ceux qui sont les malfaiteurs de la mauvaise gouvernance, de la destruction des structures de l’Etat et de la « médiocrisation » de son administration publique et de l’aliénation de ses entreprises publiques ont tous une seule et unique nationalité : la mauritanienne.

Il n’est pas nécessaire de démontrer que ceux qui accaparent les biens du peuple qui trafiquent jusque les stupéfiants à la bénédiction de pouvoirs occultes et qui ont détruit toute une jeunesse et drogué tout un pays, ont tous une seule et unique nationalité : la mauritanienne.

Il n’est pas nécessaire de démontrer que ceux qui ont introduit les vices et la violence dans la société et qui ont hypothéqué tout avenir possible de nation à travers l’apologie du tribalisme, du clanisme, du régionalisme et de la bêtise instituée en mode de gouvernance, ont tous une seule et unique nationalité : la mauritanienne.

Il n’est pas nécessaire de démontrer que ceux qui ont vendu les ressources de la terre et de la mer aux compagnies chinoises et autres étrangères qui mettent à sac le pays ont tous une seule et unique nationalité : la mauritanienne.

Il n’est pas nécessaire de démontrer que ceux qui depuis 40 ans ont fait de la Mauritanie, un pays pauvre parmi les pauvres, vivant de dons de mendicité et d’endettement usuraire ont tous une seule et unique nationalité : la mauritanienne.

Il n’est pas nécessaire de démontrer que ceux aujourd’hui qui se chamaillent au sommet de l’Etat et qui vendent leur dignité pour un poste, une nomination et qui lèchent les bottes des gens du pouvoir et qui ont fait de la politique du ventre leur seul objectif ont tous une seule et unique nationalité : la mauritanienne.

Alors, on comprend que ce miasme militaro- tribalo-mercantile qui gouverne la Mauritanie, préserve son « territoire » de chasse et de pillage, contre toute intrusion extérieure qui pourrait l’en chasser. Alors comme font les geôliers pour les prisons, ils verrouillent les portes et mettent des barbelés et des miradors électrifiés.

Et c’est exactement ce à quoi va servir la manipulation de la nationalité mauritanienne pour empêcher tout corps sain d’investir l’espace malsain dans lequel toute une nomenklatura a placé, ses barrières, ses pions, ses agents, ses sous-fifres et toute une armada de délateurs, de laudateurs qui ne servent qu’à soutenir encore et encore les méfaits de ce miasme militaro-tribalo-mercantile.

Alors , si une réforme de la nationalité visant à écarter les binationaux (ou tri ou quadri, qu’importe) de l’exercice du pouvoir et de la fonction publique est justifiée par ses promoteurs de mauvaise foi par le fait qu’un binational serait moins loyal envers son pays d’origine , ou qu’il serait un traitre potentiel au service de sa double nationalité, c’est que cette justification aurait eu un sens si ceux-là mêmes qui se targuent de porter la « mononationalité » mauritanienne étaient de bons exemples en la matière (pilleurs, détourneurs, traitres à la cause de leur pays etc. etc..). Or comme, mentionné plus haut, il n’est point besoin de démontrer que ce sont justement les « mononationaux » mauritaniens qui ont détruit le pays. Alors ?

Que craignent ceux qui veulent ériger la mononationalité mauritanienne en condition pour être politiquement éligible ou exercer des fonctions publiques ?

Il n’est pas nécessaire de le démontrer puisqu’évidence même.

Ce que craint le miasme militaro-tribalo-mercantile mauritanien, ce sont des individus qui :

– Ne jouent pas le jeu du tribalisme, du clanisme et du féodalisme d’Etat

– Ne sont pas du sérail de la corruption pour vendre leur pays

– Ne transigent pas sur les intérêts, avec la classe politique en place corrompue, du pauvre peuple

– Sont capables de dénoncer les errements du système militaro-tribalo-mercantile

– Sont bien formés et compétents pour investir l’administration publique et renverser la médiocratie bureaucratique.

– Indépendants d’esprits et suffisamment autonomes pour refuser toute malversation

– Gestionnaires, techniciens scientifiques hautement qualifiés capables de dénoncer, preuves à l’appui, les politiques publiques mafieuses et les inconséquences du pouvoir.

– Etc.

C’est en cela que la diaspora est dangereuse car elle déstabilisera tout un système basé sur l’impunité et le féodalisme de l’Etat et la domination des esprits. Alors, on l’empêche par les « magouilles » légales de cette nationalité mauritanienne, que l’on verrouille.

Il n’est point nécessaire de démontrer qu’en voulant écarter la diaspora par ces réformes iniques, les gouvernants mauritaniens se tirent une balle dans le pied. Et finiront par comprendre, que quelles que soient les lois qu’ils confectionnent pour protéger leur forfaiture, le pays est en déconfiture politique, économique et sociale avancée …et son seul salut sera certainement sa diaspora. Par sa force, ses moyens et ses compétences, la diaspora s’imposera.

Le verrou de la nationalité que les geôliers du pouvoir veulent tirer sur la porte de l’Etat, ne résistera pas à sa déliquescence. Le ver est déjà dans le fruit d’un système qui a atteint ses limites.

Et comme l’a si bien dit Diderot :« Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples. Au-delà de ces limites, c’est ou la mort, ou la fuite, ou la révolte. » (Diderot)

La diaspora, elle, est hors des limites…de ces limites. Et nul besoin de le démontrer.

Pr ELY Mustapha

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CONTRIBUTION: Quel « intellectuel » voudriez-vous ? le tangentiel ou l’orthogonal ?

Dr Mouhamadou Sy dit Pullo Gaynaako Il convient de noter la différence importante entre ces deux types d’intellectuels que je vais nommer « l’intellectuel d’intégration » et « l’intellectuel de révolution », pour simplifier. Le premier, comme son nom l’indique, base son action de pensée sur le système établi, il peut avoir des divergences avec ce dernier mais jamais au point de vouloir le renverser ; il croit, au contraire, qu’il peut le rendre meilleur et déploie, en conséquence, son idéologie avec un certain niveau de soumission aux institutions. Le second, lui, veut refaire le système de fond en comble à cause, non pas de simples désaccords, mais de conflits profonds au niveau idéologique. Ainsi, la différence entre les deux semble être de caractère ; tandis que le premier s’emploie à embellir la montagne du système tout en y trouvant un équilibre d’ordre moral, le second a tendance à essayer de déplacer celle-ci, car c’est son for intérieur qui le lui dicte. Je ne crois donc pas que la différence entre l’intellectuel que j’ai appelé d’intégration et celui de révolution soit de degré, mais je pense plutôt qu’elle est de nature car finalement liée à la différence de leurs tempéraments et de leurs approches globales des questions fondamentales de justice, de liberté, de paix, de dignité, et surtout de l’ordre qu’ils établissent, chacun, entre celles-ci quand elles entrent en conflit – ce qui est souvent le cas.Mon objectif n’est pas de blâmer l’un et de couronner l’autre de façon absolue. En effet, selon la situation sociale, l’un peut être plus efficace que l’autre pour permettre des avancées affectant sensiblement et positivement le bien-être global. Dans le cas concret des pays africains, à ce stade de leur évolution, je crois que c’est l’intellectuel de révolution qui est le plus indiqué pour faire une véritable avancée dans les mentalités, qui, au passage, ont besoin d’une véritable rupture idéologique d’avec un système qui est encore largement basé sur des principes défavorables à l’épanouissement du continent – ou, pour le moins, a un rendement minimal. Dans ce contexte, un intellectuel d’intégration ne peut avoir d’effets positifs que de façon très limitée à cause des tares inhérentes au système dont il n’a pas la force de dépasser ; il peut même, dans certains cas, avoir des effets purement négatifs dans son refus de principe de transgresser le système au moment où celui-ci traverse ses phases sombres.Note : Remarquez que des termes « d’origine mathématique » sont très adaptés pour qualifier les deux intellectuels cités. Le premier serait un intellectuel tangentiel (au système) et l’autre un intellectuel orthogonal (au système). Cela reflèterait directement leurs rapports respectifs au système et surtout la nature de leur différence.

Mouhamadou Sy

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Oulémas, vous réclamez la peine de mort pour qui ? Par Pr ELY Mustapha

Pr ELY Mustapha – Le criminel n’est pas celui que l’on …voit

C’est une criminalité dont les auteurs sont invisibles car ce sont des criminels en col blanc, qui se retrouvent au gouvernement, dans la police et dans la justice. Les premiers volant et détournant, les seconds sévissant et réprimant, les derniers jugeant et condamnant. Et tous fonctionnent à l’énergie de la corruption.

Ceux qui reçoivent la peine, ce sont ces auteurs visibles des crimes, bourreaux, qu’ils ont forgés à la misère, l’ignorance et le désespoir et qu’ils envoient en jugement et au peloton d’exécution. Lorsque le bourreau sera fusillé conformément aux dispositions du Code Pénal.

Et au moment où le peloton d’exécution déchargera sur lui ses munitions, il s’effondrera… Mais le médecin légiste qui se penchera sur lui pour constater sa mort ne pourra pas constater que les vrais criminels sont toujours vivants et que celui que l’on vient de fusiller n’était autre qu’un bourreau. Leur créature.

Ceux qui ont tué toutes les “Khadijetou Sow” sont nombreux, courent toujours et n’ont jamais été inquiétés. Et probablement, ne le seront-ils jamais et jamais justice ne sera rendue.

Il ne passe pas un jour sans que les viols, les agressions, les crimes en tout genre secouent la société mauritanienne. Une société qui vit dans la peur et la criminalité.

Une “Khadijetou Sow” est violée et tuée tous les jours en Mauritanie. Et ce qui se sait, et ce qui est porté à la connaissance du public et de la Justice, n’est qu’une infime partie de la criminalité qui a pris une ampleur telle, que les victimes des atrocités, tous âges confondus, sont devenues « un fait divers », un quotidien.

Cette créature condamnée à la peine capitale n’est que le bourreau qui exécute les basses œuvres, et qui tout en méritant son sort, ne saurait pourtant dénoncer ses commanditaires, ceux qui l’ont préparé à cela, mis dans des conditions d’exécution de son crime et l’ont armé pour tuer.

Lorsqu’ils envoient les délinquants arrêtés, pour la circonstance, à la peine capitale, ils savent qu’ils ne sont que le bras du crime. Une main exécutrice de bases œuvres. Mais pire encore, ce bras sanglant, ils l’ont démultiplié par milliers, violant, tuant, brûlant et ôtant des vies de familles entières.

Ils l’ont armé en la privant d’éducation, d’emploi, de ressources, de dignité et l’ont jeté sur les chemins de la drogue et de la délinquance.

Ceux qui ont vendu les écoles, détourné les budgets de l’éducation, de la santé (physique et mentale) de la culture de l’emploi qui ont fait du pays une passoire de la drogue, sont ceux-là même les vrais criminels…

En effet, la mort physique d’un pauvre hère, violeur, assouvira certes une vengeance, une haine familiale mais ne mettra pas fin à la criminalité. Et ce sera toujours et encore les viols, les crimes et les horreurs.

Commis par des criminels que l’on “forme” dans les ministères, dans les budgets, dans les coulisses d’un pouvoir qui a défaut de sanctionner les véritables criminels qui peuplent sa galerie de sinistres personnages, les recycle, à tour de bras, dans les postes de responsabilité et s’en prend à une jeunesse délinquante qu’il a lui-même créée par ses actes.

Alors que des oulémas viennent réclamer la peine de mort pour une jeunesse délinquante qu’une police impotente a pu coffrer, pour calmer les tensions, cela prouve, encore une fois, l’inconséquence de ces oulémas qui confondent, par manque de rationalité, les causes et les effets. Le bourreau et son commanditaire.

A-t-on vu ces oulémas s’en prendre aux causes qui ont jeté, durant des dizaines d’années toute une jeunesse dans la délinquance ?

Ont-ils dénoncé depuis tant d’années de mauvaise gouvernance, les détournements, la corruption, les malversations, les injustices, les vols, les crimes économiques et financiers le népotisme criminel, le tribalisme dévastateur, les marchés publics pipés et les violences politiques, économiques et sociales des régimes successifs?

Non. Aujourd’hui, ils viennent marcher pour qu’on tue. Comme si la religion n’avait de rationalité que le meurtre et qu’elle ignore l’intelligence.

Pauvre pays meurtri, pauvre jeunesse avilie.

Religion de circonstance, violence de tous les jours.

Pr ELY Mustapha

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Biram juge ’’salutaire‘’ la révision du code de la nationalité mauritanienne

Le président de IRA Mauritanie et député Biram Dah Abeid a qualifié de ’’salutaire ‘’et félicité au passage le président Ghazouani, la décision du dernier conseil des ministres (16 Juin) portant révision du code de la nationalité mauritanienne. ‘’Cette doléance était fondamentale surtout pour les mauritaniens expatriés pour qui l’interdiction de la double nationalité constituait un grand préjudice’’. Et d’ajouter que le père de l’indépendance avait laissé un excellent code de la nationalité qui a été malmené depuis 1978. Depuis cette date, la Mauritanie a connu une régression et des problèmes d’unité nationale et de cohésion sociale. Il y a eu un recul vers une idéologie qui ostracise une partie,une culture et une communauté. ‘’Cette situation délétère, a noté le leader du mouvement IRA, fut marquée par une tentative de formatage du mauritanien type suivant des critères subjectifs et injustes. Cela s’est ainsi soldé par l’exclusion d’une partie des mauritaniens,en leur confisquant leur nationalité’’.

Lors d’une conférence de presse tenue jeudi 17 juin au siège de son mouvement à l’ilot K, le leader abolitionniste a affirmé qu’il convient d’arrêter ‘’l’aberration qui empêche l’accès de certains mauritaniens aux pièces d’état-civil fondée sur des préjugés ethnique ou de classes’’. Il a  fait savoir que le mouvement IRA et le parti RAG ont réclamé la fin des injustices et la révision de la loi sur la nationalité. « Nous continuerons à réclamer sa généralisation ainsi que des avancées dans le domaine de l’état-civil qui est difficile d’accès surtout pour certaines franges de la population. Avant 2019, il était régi par des préjugés éthiques et de classes. Et ce sont les négro-africains et les harratines qui en payaient le prix».

IRA va continuer à réclamer la généralisation de la double nationalité à d’autres prétendants(les titulaires de postes électifs ou de charges ministérielles). Au passage, le président du mouvement IRA a également  appelé  le gouvernement à ‘’renforcer l’état-civil à l’étranger où il y a un manque cruel de consulats, de bureaux d’enregistrement, de bureaux de vote, de commissions de recensements de la CENI…Et cela constitue, dit-il, un handicap très grave pour notre démocratie’’, espérant au passage que ces manquements et ces erreurs soient vite corrigés.

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Mauritanie: des éclairages officiels très inquiétants qui confirment le projet d’accaparement des terres de la Vallée

Après radio Dar El Barka et l’hebdomadaire Jeune Afrique, relayant les propos du ministre mauritanien des affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs, le maire (UPR – mouvance présidentielle) de la localité de Djowol a voulu « rassurer» par audios largement partagés tous ceux, nombreux, qu’inquiètent à juste titre les projets fonciers gouvernementaux dans le Sud.

Ainsi, on voudrait nous faire croire que l’inique loi foncière de 1983, mur porteur d’une entreprise discriminatoire, pourrait être assouplie. On aimerait le croire mais que de raisons d’en douter très fortement. Il est même clairement permis de penser que l’on nous prépare une expropriation des terres de culture de la Vallée.

Les éclairages rapportés par l’élu appellent des interrogations sur des sujets déterminants. Au moins deux qui se fondent à juste titre sur la «marge» de manœuvre des élus locaux et sur les obstacles érigés par le système d’exclusion qui ont déjà placé depuis dix ans une partie des citoyens noirs, au centre et au cœur de ces projets fonciers, en situation d’étrangers et d’apatrides sur le sol national, sur leurs terres et à l’étranger. Le génocide biométrique est passé par là. La logique de ce système est implacable : vous n’êtes plus mauritaniens, vous perdez vos terres ancestrales.Tout se tient et est pensé de longue date.

Des institutions locales inféodées au pouvoir

Le premier sujet déterminant tient aux possibilités qui pourraient être accordées aux propriétaires d’en administrer les preuves. Le second porte sur le rôle qui pourrait être reconnu aux institutions locales en la matière. La nouveauté serait la reconnaissance aux populations d’un éventail élargi et diversifié de preuves. Rappelons que la possibilité de faire valoir divers titres de propriété figure au nombre des revendications constantes des populations. Quant aux instances locales, leur connaissance du terrain couplée à leur ancrage et leur rôle de mémoire auraient dû d’emblée en faire des partenaires naturels des pouvoirs publics.

Il n’en fut rien jusqu’ici. Elles sont inféodées au pouvoir et au système d’exclusion. On nous promet que ce mépris serait sur le point de cesser par miracle puisque ces institutions locales se verraient reconnaître désormais un rôle déterminant en matière d’administration de preuves de propriété. Dans ces conditions, l’Etat devrait se contenter d’assurer une mission d’accompagnement.

Si un tel schéma devait se concrétiser, on serait en présence d’une véritable évolution vers une concertation. On en est loin pour l’instant. Y sera-t-on un jour sans que le rapport des forces ne soit défavorable au système? Le doute est permis. Le système triomphant d’exclusion des noirs de la Vallée n’a pas fini de tisser sa toile. Aucune parcelle ne doit lui échapper.

L’accaparement des terres par privation de la citoyenneté : refus d’enrôlement

Des précédents fâcheux. L’un de ces précédents est de taille et est porteur de conséquences rédhibitoires : l’enrôlement. N’oublions pas que les populations ostracisées de la Vallée s’étaient régulièrement vu promettre que tous les moyens de preuves leur seraient ouverts : témoignages de la famille, du voisinage…La réalité fut tout autre faite plutôt d’arbitraire et d’humiliations du sommet de l’Etat aux agents. Ainsi, des responsables de bureaux d’enrôlement avaient simplement reçu en parallèle des consignes strictes et à rebours des professions de foi généreuses. Consignes qui furent appliquées avec un zèle qui n’avait d’égal que la volonté d’ostraciser, d’humilier et d’exclure.

Une vidéo devenue virale d’une femme pullo humiliée et privée d’enrôlement donc de sa citoyenneté mauritanienne par le responsable d’un centre localisé à Kankossa, postée il y a quelques semaines, donne un avant-goût de leur nouveau projet. L’enrôlement biométrique, lancé depuis 2011 pour doter la Mauritanie d’un fichier d’état civil fiable, s’est avéré dans son application discriminatoire et a placé une bonne partie des citoyens noirs en situation d’étrangers et/ou d’apatrides sur le sol national et à l’étranger. Des entraves de taille demeurent. 

A titre d’exemple, comment concrètement des populations déportées et/ou déportées-rapatriées en raison de leur appartenance raciale et ethnique en application d’un projet étatique, privées de ce fait de tout papier d’identité et peinant à en retrouver du fait d’un blocage délibéré, pourraient-elles faire la preuve administrative de quoi que ce soit? Idem pour celles qui n’ont pas été déportées mais qui sont privées de pièces d’état civil. La partie leur sera d’autant moins facile que la volonté de l’Etat est précisément de leur dénier tout droit de propriété. «Enfin», il ne faut pas perdre de vue une dimension essentielle de la loi foncière, l’équivalent mauritanien du Land Act de l’Apartheid sud-africain.

Le pouvoir exorbitant, sans contrôle des gouverneurs et des préfets

Ce projet à but éliminationniste confère aux autorités déconcentrées de l’Etat un pouvoir exorbitant et sans contrôle. C’est ainsi que des demandes de concessions de terres portant sur des superficies inférieures ou égales à 10 000 ha relèvent de la compétence des préfets et sous-préfets. Les gouverneurs sont compétents lorsque les demandes concernent des espaces s’échelonnant entre 10 000 et 30 000 ha. Autant dire que la marge de manœuvre tribale donc d’arbitraire reste grande.

Que vaudront les «assurances» d’un maire, d’un député, d’un ministre, de tout autre membre ou proche de la mouvance du pouvoir face à la volonté d’une administration provinciale monochromatique qui ne parle même pas les langues des administrés? Cette administration est le prolongement d’un pouvoir ouvertement raciste.

La politique foncière du pouvoir n’est qu’un levier de la politique discriminatoire systémique? Il y a plus de raisons de douter très fortement que d’espérer. Le régime du général Mohamed Ould Ghazouani et ses démembrements ne veulent pas du bien aux paysans. La vigilance doit être de mise. La mobilisation des Sans-terre aussi. 

Ciré Ba et Boubacar Diagana – Paris, 14/06/2021

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