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Macky Sall à Nouakchott pour une visite d’amitié et de travail
APS – Le président Macky Sall, en compagnie de son épouse Mariem Faye Sall, est arrivé, lundi soir, à Nouakchott dans le cadre d’une visite d’amitié et de travail de deux jours en Mauritanie, a appris l’APS.
“A l’aimable invitation de mon frère et ami le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, je suis heureux d’effectuer une visite de travail et d’amitié en Mauritanie, les 12 et 13 juillet 2021”, a twitté le chef de l’Etat sénégalais.
“Ensemble, nous voulons élargir et consolider les relations historiques d’amitié, de fraternité et de bon voisinage entre nos deux pays”, a-t-il ajouté.
Selon l’Agence mauritanienne d’information (AMI), le chef de l’Etat et son épouse ont été accueillis à leur arrivée à l’Aéroport International de Nouakchott – Oumtounsy, par le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et la Première dame, Mariem Vadel Dah.
Il y avait sur place le Premier ministre Mohamed Ould Bilal, le ministre secrétaire général de la présidence de la République, le Directeur de Cabinet du président de la République, les chefs des états-majors des forces armées et de sécurité, le chef d’état-major particulier du président de la République, le wali de Nouakchott-Ouest et la présidente du conseil régional de Nouakchott.
La même source rapporte qu’après l’exécution des hymnes nationaux et le passage en revue des formations militaires venues rendre les honneurs, le président sénégalais a salué les membres du gouvernement, les hautes personnalités de l’Etat, les membres du corps diplomatique et les représentants des organisations internationales accréditées à Nouakchott.
A son tour, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a salué la délégation qui accompagne le président Macky Sall, selon l’AMI qui note que le chef de l’Etat mauritanien a eu des entretiens en tête à tête avec son homologue sénégalais, dans le salon d’honneur de l’aéroport international de Nouakchott-Oum-Tounsi.
OID
Kane Ousmane rassure les terrains de Dar Barka: Au contraire, il n y aura pas d’accaparement des terres! (Interview)
Le 19 juin dernier, le ministre des affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs, M Ousmane Mamoudou Kane, accompagné du ministre de l’Agriculture, Sidina Ould Sidi Mohamed Ould Ahmed Ely, a rencontré les habitants de l’arrondissement de Dar El Braka dans la wilaya du Trarza. M Kane, au nom du président de la République, a présenté, au-delà de Dar El Barka, a l’ensemble du pays, un schéma portant «valorisation du potentiel agricole de la Mauritanie en attirant des investisseurs nationaux et étrangers. » pour plus de précisions sur ce projet, Horizons a rencontré le ministre des affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs.
Horizons: Samedi 19 juin, accompagné du ministre de l’Agriculture, à Dar El Barka, vous étiez porteurs de deux messages du Président de la République. Le second message, au-delà de la communauté de Dar El Barka, portait sur«comment valoriser le potentiel agricole de la Mauritanie en attirant des investisseurs nationaux et étrangers». Que répondez-vous à ceux qui pensent que cette initiative pourrait engendrer des « accaparements» de terres?.
Ousmane Mamoudou Kane: Il s’agit tout simplement du chemin inverse, du contraire du processus de ce que d’aucuns ont appelé « accaparement des terres». Il s’agit de mettre fin à la peur d’un tel phénomène qui n’engendre que des conflits inutiles et des perdants. La politique que nous suivrons désormais sur instruction de SE Monsieur le Président de la République dans le domaine de la valorisation des terres agricoles est à l’opposé exact de celle suivie ces dernières décennies et qui a constitué une source de frustration pour nos populations locales dans leur diversité. L’ancienne politique a fait fuir les investisseurs, plombé le développement agricole du pays et fait peser sur la cohésion nationale une réelle menace. C’est donc tout le contraire du désir et de l’ambition du Gouvernement. Le phénomène d’empiétement sur les droits fonciers des tiers est nocif. Il a marqué, ces dernières décennies, le système de gestion foncière auquel Monsieur le Président veut à tout prix que nous tournions définitivement le dos. Cette nouvelle vision présentée et détaillée à Dar El Barka et dorénavant adoptée par le Gouvernement en sa réunion du 23 juin 2021, consiste à travailler pour un développement durable de notre secteur agricole, essentiel pour notre économie. Or, là où il y a un besoin d’investissements importants, la sérénité et la confiance entre toutes les parties sont absolument indispensables. Vous comprendrez donc pourquoi nous lions intimement les deux impératifs majeurs de mobilisation optimale de notre patrimoine foncier et l’instauration d’un climat social de solidarité retrouvée entre toutes nos communautés rurales.
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Questions: Ce qui est envisagé par le gouvernement, c’est « l’identification dans le cadre d’un processus qui va durer plusieurs années, des superficies suffisamment importantes pour pouvoir justifier des projets attractifs pour le secteur privé, identifier des blocs agricoles de grandes superficies (500, 1000 ou 2000 hectares) »Comment se fera cette identification?.
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OMK: L’identification de ces blocs se fera principalement de deux façons. Les populations concernées peuvent, d’elles-mêmes, identifier un bloc et convenir de travailler ensemble à sa valorisation, en partenariat avec des investisseurs privés, l’Etat se limitant à un rôle de facilitateur. Cette manière de faire présente, bien évidemment, beaucoup d’avantages, car l’initiative appartient aux communautés concernées. Je dois dire que ce processus a déjà commencé dans plusieurs localités.
Par ailleurs, l’Etat entend mettre en place dans les prochains jours un Comité de Pilotage de la mise en œuvre de ce schéma. Composé de responsables de divers Départements, avec le concours essentiel de la SONADER, ce comité pourra, lui aussi, identifier des blocs agricoles adaptés à la mise en œuvre, en partenariat avec le secteur privé. Il faudra, par la suite, identifier les parties prenantes et veiller à ce qu’un consensus se dégage au niveau de la propriété d’une part, et de la modalité de mise en œuvre d’autre part.
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Questions:: « On ne peut pas investir à long terme ni à moyen terme sans s’assurer d’une certaine forme de sécurité foncière. C’est un obstacle important qu’il faudra bien comprendre et résoudre» avez-vous déclaréà Dar El Barka. Vous avez aussi déclaré «qu’il n’appartient pas à l’Etat de dire que ce bloc d’hectares identifié pour l’investissement appartient à tel ou tel. C’est aux populations de s’entendre sur la base de critères qu’ils auront établis entre elles. L’Etat va faciliter l’entente. » Cette entente entre des populations pour déterminer la propriété des espaces à aménager ne pourrait-elle pas, elle-même, être un grand obstacle?
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OMK: Bien évidemment, dans un premier temps, il y aura ici et là, des désaccords sur la propriété des terres. L’Etat est certes une importante partie prenante en tant que propriétaire réel ou présumé des terres domaniales au sens de la loi en vigueur. Mais il n’a aucun intérêt à être l’arbitre de ce genre de différends.
Il a par contre tous les pouvoirs pour faciliter leur dépassement dans le cadre d’un dialogue serein, en vue d’atteindre le consensus recherché dans chacun des cas. Cette recherche de consensus pourrait prendre du temps, des années dans certains cas, mais l’essentiel est de déclencher un processus. Il faut le faire avec des cas faciles, où le consensus est déjà atteint ou sur le point de l’être.
Plusieurs de ces cas devraient se présenter assez rapidement. Par la suite, avec les succès espérés et attendus, de plus en plus de collectivités suivront. Il y aura sûrement des réticences, des manifestations de scepticisme et des divergences, mais je suis sûr que grâce à la sagesse de notre peuple tous ces obstacles seront surmontés. Le pays dispose de vastes terres qui ne sont l’objet d’aucun litige et qui pourront offrir l’exemple d’une exploitation moderne, avec le consentement des communautés agraires, l’intervention des investisseurs et l’accompagnement de l’Etat. Ces exemples auront sans doute un effet d’entrainement positif à moyen et long terme.
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Questions: Vous avez aussi dit que le deuxième critère pour l’attribution de superficies aux investisseur sera l’engagement qu’ils (ces investisseurs) prendront auprès de l’Etat et des populations concernées qu’une partie de la superficie aménagée sera immédiatement mise à la disposition des propriétaires pour en jouir et la valoriser. Premièrement pour un bail couvrant 2000 h, par exemple, quelle surface sera attribuée auxpropriétaires ? Deuxièmement comment les propriétaires et les investisseurs cohabiteront sur un même espace? Troisièmement « Le troisième critère que vous avez cité, sera la durée maximale du bail que l’investisseur demandera. Au bout d’une certaine période, il doit rétrocéder le bloc qui lui a été attribué au propriétaire ». Un investissement agricole se fait dans la durée. Quel est la durée moyenne des baux?
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OMK: Vos questions sont excellentes et montrent que vous comprenez bien notre approche et que vous et nous sommes déjà dans une perspective commune. Vous savez bien que tout investissement s’envisage dans la durée. Vous avez raison de penser que la durée du bail devra être suffisamment longue pour permettre à l’investisseur de rentabiliser son opération. J’ai dit que la durée du bail sera un critère d’évaluation des offres qui seront en compétition. Autrement dit, plus courte sera la durée du bail proposée par un soumissionnaire, plus celui-ci aura de chance de remporter le bloc. J’ai dit aussi qu’une durée maximale de ce bail devra être retenue et figurer dans le Dossier d’Appel d’Offres. Si, par exemple, cette durée maximale dans un DAO donné est de 30 ans, tout soumissionnaire qui proposera un bail d’une durée supérieure verra son offre rejetée.
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Questions:: L’arrivée des investisseurs va-t-elle avoir de répercussions sur les zones traditionnelles de transhumances ?
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OMK: La mise en œuvre devrait idéalement être précédée d’un plan d’aménagement rural définissant la vocation respective des zones et tenant compte des intérêts des différents usagers. Le Gouvernement a décidé de l’élaboration de ce plan. En attendant, la délimitation des blocs prendra nécessairement en considération les besoins vitaux des populations locales. Les zones d’habitation et les zones traditionnelles de transhumance en font, bien évidemment, partie. C’est l’occasion de faire remarquer que le schéma proposé devrait, très rapidement, faire de l’agriculture et de l’élevage des activités complémentaires, contrairement à la situation dans laquelle nous vivons présentement.
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Questions:: Vous avez indiqué que « les privés nationaux ou internationaux peuvent mobiliser des ressources financières et une expertise que l’Etat ne peut pas mobiliser. Ils peuvent aussi faire preuve d’une rigueur dans la gestion que l’Etat ne peut malheureusement pas toujours faire. C’est pourquoi le partenariat des populations, du secteur privé et de l’Etat nous semble le principe de base de toute réforme du secteur agricole en Mauritanie. »Cette déclaration ne peut-elle pas être interprétée comme une sorte d’aveu d’impuissance de l’Etat en tant que puissance publique ? A l’arrivée, les populations ne vont-elles pas se retrouver face aux privés dont le principal objectif est de faire des bénéfices?
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OMK: Il ne s’agit certainement pas d’un aveu d’impuissance de l’Etat, mais de souligner l’importance pour chaque partie de se cantonner dans son rôle spécifique. L’investissement est une opération porteuse de risques. Il n’est pas du rôle de l’Etat de s’y lancer. La production de la richesse est du ressort naturel du secteur privé. Quand celui-ci est défaillant, l’Etat peut s’impliquer, mais cela ne peut être que de façon temporaire et exceptionnel. L’Etat a, par contre, l’immense responsabilité d’assurer les conditions d’équité, de sérénité, de respect des engagements pris par les uns et les autres. Il aura la responsabilité de mettre en place certaines infrastructures, indispensables au développement de ces blocs.
Quant aux relations entre les populations locales et les privés, il est heureux de savoir que ceux-ci viennent pour faire des bénéfices. Au moins c’est clair et sain. Parce que pour faire des bénéfices, il faut faire de bons investissements (qui reviendront à terme aux populations locales), mener une gestion rigoureuse (qui sera une source d’inspiration pour les populations locales), travailler en bonne intelligence avec l’Etat et communautés locales:
En tout état de cause, les parties prenantes, y compris l’Etat discuteront et mettront au point des ententes foncières ayant pour but, entre autres, de définir les mesures de protection des intérêts des petits exploitants conformément à la législation foncière en vigueur.
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Questions:: Cette nouvelle politique d’exploitation de grandes surfaces par des investisseurs privés aura-t-elle des répercussions environnementales?
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OMK: Le pays dispose d’un arsenal législatif et réglementaire en matière environnemental. Comme pour tout investissement dans le pays, ces règles et procédures devront être respectées dans ce secteur, comme dans tous les autres.
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Questions:: Quel impact les investissements privés nationaux auront sur la sécurité alimentaire de la Mauritanie ?
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OMK: Vous comprenez bien que la mise en valeur des dizaines de milliers d’hectares en toutes spéculations, contribuera substantiellement à notre sécurité alimentaire. Cela d’autant plus que les terres sont connues pour leur fertilité. Les études pédologiques déjà menées le confirment. Non seulement le pays améliorerait notablement le taux de couverture de ses besoins alimentaires, il aurait aussi l’opportunité d’exporter certains produits, à l’instar de ce que font bien des pays de la sous-région.
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Questions:: Quels impacts aussi sur l’emploi, notamment celui des jeunes
OMK: Les aménagements qui seront réalisés par les investisseurs offriront sans aucun doute des opportunités sans précédent en termes d’emploi des jeunes qui pourront aussi, bénéficier de parcelles à mettre en valeur dans un climat serein et grâce à un meilleur encadrement technique. Au-delà du nombre, il y aussi lieu de s’attendre à des emplois de qualité du fait de l’introduction de techniques modernes de production agricole.
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Questions: : En 2015 la Mauritanie et AAAID ont signé une convention qui donnait à cette institution la possibilité de valoriser 3200 hectares à Dar El Barka. Vous avez annoncé aux populations de Dar El Barka que l’Etat a dénoncé cette convention car « telle qu’elle a été élaborée, elle ne correspondait ni aux intérêts de la Mauritanie, ni aux intérêts des Mauritaniens».
OMK: J’ai déjà clarifié les raisons pour lesquelles l’Etat a résilié la convention avec AAAID. Et j’ai ajouté, et je le confirme maintenant que l’Etat n’a que de bons sentiments à l’égard de cette noble institution dont l’action bénéfique est bien connue de tous. AAAID est toujours la bienvenue pour une bonne coopération avec nous.
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Questions:: Dans la région du Trarza, une dizaine de villages de la commune de Tekane (Medina Fanaye, Sima, Tekane Ksar Mbairick, Niakwar, Mleiga…), depuis 2016, à travers des courriers adressés aux autorités, protestent contre l’occupation d’une partie de leur espace vital par un investisseur. Ce problème a-t-il trouvé une solution?
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OMK: Je n’ai pas en charge la gestion des plaintes dont vous parlez. Mais je sais que notre Gouvernement est animé d’une volonté réelle et permanente pour répondre à tout appel de justice d’où qu’il vienne.
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Questions:: Vous avez également dit à Dar El Barka, à l’adresse de tous les mauritaniens : « Le Président de la République m’a demandé de venir vous présenter ce schéma, vous écouter et lui rendre compte. En fonction de vos réactions, le Gouvernement décidera. Au moment où je vous parle, aucune décision n’est prise. Il s’agit de partager avec vous des idées pour enrichir le débat. Vous avez le droit de dire que vous applaudissez mais vous avez le droit d’exprimer votre désaccord».
OMK: Je voulais rassurer mes concitoyens qui ont bien voulu m’accueillir à Dar el Barka et m’écouter, que la vision qui leur est présentée ne sera pas mise en œuvre malgré eux. Et que la méthode consistant à imposer des politiques, des visions ou des démarches est révolue et qu’en tout cas, notre Gouvernement et le Président de la République, en particulier, n’y feront recours. Parce que c’est contre productif. Sans l’adhésion des acteurs que sont les populations locales, une telle approche n’a aucune chance de réussir. Les expériences passées le montrent.
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Questions:: Depuis la transmission de ce message, avez-vous eu des retours ? Avez-vous senti un début d’adhésion des populations concernées à ce projet de valorisation du potentiel agricole national à travers des investissements nationaux et extérieurs?.
OMK: Les réactions que nous avons reçues sont très encourageantes. Des communautés agraires nous ont déjà demandé de les prendre comme exemples et nous allons bientôt envoyer des missions d’un comité technique d’appui de très haut niveau que nous sommes en train de mettre sur pied en collaboration avec le Département de l’Agriculture. Cela étant, nous ne nous attendons pas seulement à des réactions positives, car les réactions négatives sont également les bienvenues en ce sens qu’elles pourront nous aider à mieux faire, en évitant ce qui fâche ou ce qui suscite des craintes. Nous ne voulons entrer en conflit avec personne et nous créditons tous nos concitoyens de bonne foi. Tout ce que nous souhaitons, c’est de réussir, dans l’intérêt du pays.
Propos recueillis par Khalilou Diagana
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Ould Ghazwani à Rosso : La ruée de tous les laudateurs
Mohamed Ould Cheikh El Ghazwani était à Rosso et à Keur Macène le lundi 5 Juillet. Ce déplacement occupe tout le gouvernement dont le ministère de l’agriculture, maître d’œuvre de cette visite où le Président donnera le coup d’envoi de la campagne agricole 21/22. Une fois de plus, des milliards seront annoncés pour améliorer la production et des engins exposés pour faire croire que ces gadgets sont là pour les exploitants. Toujours la même rengaine, les mêmes discours, les mêmes visages, les mêmes mains à applaudir le Raïs… et les mêmes dépenses pour les mêmes luxueuses voitures dont certaines furent mal acquises.
Pour en revenir à la campagne agricole, on se rappellera qu’en dépit des milliards injectés et des hectares promis à l’emblavement, notre pays peine, depuis l’UNCACEM, à atteindre son autosuffisance en riz et légumes. Nos marchés sont inondés de produits en provenance du Maroc et, désormais en moindre mesure, du Sénégal, deux pays voisins qui n’ont pas plus de terre et d’eau que nous, ni beaucoup plus de bras. Au lieu de dresser un sérieux audit de ce secteur prédateur, nos gouvernants continuent à appliquer la politique de l’autruche. Circulez, y a rien à voir !
Côté discours
Lors du lancement de la campagne 20/21, le ministre du Développement rural – à l’époque Dy ould Zeïn – avait fixé l’objectif de mettre en valeur 250 000 ha dont 70 000 dans l’irrigué, en vue de produire 458 000 tonnes dont 108 000 de céréales traditionnelles et 35 000 de riz blanc. Le ministre espérait ainsi porter à 87,5% la couverture des besoins nationaux en riz à la fin de la campagne et atteindre l’autosuffisance en 2022, grâce, disait-il, à « l’extension de technologies nouvelles dans le système de production pluviale, la sélection des semences, la préparation à la menace des criquets pèlerins et l’adoption de mesures mieux adaptées à l’environnement (30 nouveaux barrages et 200 digues, pour une superficie totale de plus de 4 000 hectares) ». La production par hectare devait passer, quant à elle, de 5,4 tonnes à 5,5 et les superficies cultivables atteindre 80 000 hectares. À l’heure du bilan, son remplaçant à la tête du département doit livrer des chiffres et nous indiquer, preuves à l’appui, si les objectifs furent atteints, avant de décliner, lui aussi, sa feuille de route.
Côté folklore
Les déplacements du président de la République à l’intérieur du pays sont devenus, depuis des années, l’occasion d’un show des acteurs politiques, embarquant dans leur spectacle les pauvres populations qui devraient rencontrer le Rais pour lui exposer de vive voix leurs préoccupations ; et les élus locaux toujours accusés de ne jamais transmettre les doléances de leurs électeurs ; pis, de faire le plus souvent écran, filtrant les audiences, entre celui-là et les citoyens lambda. Depuis quelques jours, ceux de Rosso inondent les réseaux sociaux pour se plaindre de l’inactivité de leurs élus. Il suffit de constater l’état piteux des voies de la ville et l’image pitoyable qu’elle offre à chaque saison des pluies pour comprendre leurs récriminations…
En plus de l’obstacle des élus, les populations-hôtes sont envahies par des hordes de laudateurs venues d’on ne sait où ni pourquoi. En tout cas, pas pour les beaux yeux des Rossossois. Et le président Ghazwani ne semble pas décidé à enrayer cette compétition dans le « voyez-moi » et l’exhibitionnisme dont font montre les élus et cadres locaux, accompagnés de leurs amis des autres régions et de leurs troubadours. La circulaire publiée par le ministère de l’Intérieur le 24 Février 2020 interdisant des réunions à caractère tribal avait été pourtant bien appréciée par l’opinion. Chassez le naturel, il revient au galop. Aussi bien à Timbedra, Kaédi qu’à Rosso, les rencontres entre les « accueilleurs convenus » du Président tombent presque toutes sous le coup de cette circulaire. Et de se livrer une compétition effrénée en alignant des cortèges de luxueux 4×4, chameaux ou pauvres citoyens sous le soleil et la poussière. Tout cela pour des positionnements politiques avec, à la clef, la promotion d’un cadre de la tribu ou de la famille.
Parfaitement au courant de ses errements qui coûtent cher à la Mauritanie (location de voitures, carburant, frais de mission…), le cabinet de la Présidence et le ministère de l’Intérieur laissent faire, malgré le COVID 19 dont la troisième vague menace le pays. Opportunisme, quand tu nous tiens ! Un imam de Nouakchott a fustigé celui des religieux qui s’empressent de ramper sous les bottes des politiques, oubliant les enseignements du Saint Coran et du prophète Mohamed (PBL).
Une visite de travail devrait être très circonscrite, ne concerner que les bénéficiaires et les hôtes directs ; pas toute la République ; et ne jamais provoquer l’arrêt de toute l’administration. « « Il faut attendre la fin de la visite du Président » : pénible leitmotiv devenu de tradition dans tous les départements ministériels à la veille d’un tel déplacement. Comme si celui-ci devait primer sur le fonctionnement de nos institutions !
D.L.
le calame
Mauritanie : Malouma, la diva mélancolique
Jeune Afrique – L’incontournable chanteuse a fait de son art un combat politique. Accusée de corruption en 2017, elle reste marquée par cette épreuve.
Lorsque ses doigts se posent sur son ardin, le silence se fait autour d’elle. Les cordes de cette harpe mauritanienne sont autant de fils qui relient Malouma Mint Meïddah à la tradition musicale de son pays. Un patrimoine qu’elle voit disparaître avec nostalgie. Alors, avant qu’il ne s’envole, elle l’a capturé en 2016 dans un double album, Chants populaires traditionnels hassani mauritaniens.
Elle y a réuni dix grands artistes originaires du Trarza (Sud) du Brakna (Sud-Ouest) ou encore du Hodh el-Gharbi (Est) et du Tagant (Centre). Les vingt compositions (appelées echouars) choisies, tantôt bluesy, rythmées ou mélancoliques, suivent les modes de la musique maure, dont son père, Moktar Ould Meïddah, fut l’un des grands maîtres.
Dans ses propres créations – dont la dernière, Knou, est sortie en 2014 –, elle n’a jamais cessé de lui rendre hommage, tentant même de le ressusciter dans ses chansons.
Élue sénatrice
Née en 1960 près de Mederdra, dans le Trarza, non loin des rives du fleuve Sénégal, Malouma a reçu cette éducation musicale en héritage, dès ses 6 ans. À l’âge adulte, très engagée aux côtés des femmes, cette ancienne griotte a combattu les mariages forcés, l’exclusion des plus démunis, le racisme… Ce qui lui a valu pendant de nombreuses années d’être marginalisée dans les médias. Son combat, incarné dans sa poésie, est devenu politique.
Engagée aux côtés de son grand ami, l’opposant Ahmed Ould Daddah (pour qui elle a composé une chanson, Habib Echaab, « le bien-aimé du peuple »), elle a été élue sénatrice en 2007.
Après la sortie de son album Nour, teinté de blues et de sonorités plus pop, la même année, cette amoureuse de musique classique (elle écoute et réécoute Mozart, Wagner, Chopin, Beethoven, Vivaldi…) a un temps délaissé son art pour se consacrer à l’organisation d’événements au travers de sa Fondation Malouma pour la culture, le patrimoine et les arts. Moutribat el-Chaab, « l’artiste du peuple », avait notamment imaginé La Grande rencontre, une nuit de concerts où elle avait réuni des musiciens mauritaniens de tous horizons.
Grande tristesse
Mais depuis 2017 et « l’affaire Mohamed Ould Ghadda », du nom d’un parlementaire accusé de corruption, Malouma l’insoumise est gagnée par la tristesse. Mise en cause parce qu’elle aurait accepté de l’argent pour rejeter le projet de réforme constitutionnelle voulu par le président d’alors, Mohamed Ould Abdelaziz, – finalement adopté –, elle a perdu son poste et évité la prison de justesse.
Placée sous contrôle judiciaire, elle était privée jusqu’au mois de mai dernier de son passeport. Elle a dû renoncer aux tournées internationales, elle qui s’est produite aux États-Unis, en Égypte ou encore en Arabie saoudite. « On m’a enchaînée avec des mensonges ! s’émeut-elle. Mon nom a été gâté, mon honneur blessé, toute ma vie a été touchée. » Ses doigts continuent de faire vibrer son ardin quand, à cet instant, elle fait résonner sa voix dans une grande mélancolie.
Par Justine Spiegel – à Nouakchott
Éloignons-nous du repli identitaire !
News RIM – Détribalisons nous, éloignons nous du repli identitaire, si nous voulons construire une nation.
L’instinct grégaire est fatal au développement des esprits et des pays car il favorise les inégalités et l’injustice. Depuis des décennies certains utilisent l’État, le pouvoir et l’argent pour privilégier leurs groupes d’appartenance au détriment de la majorité du peuple.
Il est temps de changer…. je suis tellement au fait des bienfaits et des méfaits de la tribu ayant grandi dans son moule et ayant été formaté à la considérer comme le premier et dernier salut et rempart, que j’en mesure le danger réel sur la modernité et le développement.
Certes les défenseurs de la tribu arguent de la faiblesse de l’Etat dont les défaillances dans son rôle social sont remplacés par la solidarité tribale….pour justifier le recours de certaines franges de la population à ce regroupement social.
Personnellement, je pense que cette défaillance de l’Etat à se substituer à la solidarité tribale, est un argument battu en brèche par toutes les tares et injustices corollaires à son existence et qui se manifestent le plus souvent par la suprématie de certaines tribus et les inégalités économiques et sociales qui en découlent. Ajoutons à cela les risques d’interférence permanente entre les exigences républicaines d’un etat démocratique et les considérations anachroniques forcément antinomiques et dichotomiques avec les paradigmes modernes et universels.
La comparaison entre les méfaits du tribalisme sur les esprits et ses éventuels bienfaits sociaux ne peuvent qu’être au désavantage des derniers.. L’expérience le vécu nous le démontrent tous les jours. Népotisme, injustice, frustrations et marginalisation.. etc….selon qu’on est d’une tribu dominante ou périphérique. Ce tribalisme spécifique à une composante de la population a engendré au plan endogène un phénomène de morcellement des appartenances sociales dabord au sein même de la société maure et ensuite au niveau exogène un repli identitaire des autres communautés par un phénomène de résistance à tous les paradigmes sociaux et culturels fondements de cette société tribale.
Cette dernière devenue du coup aux yeux des autres communautés hégémonique crée un sentiment de refus de l’autre qui s’est exacerbée depuis des décennies. Personnellement je suis convaincu qu’en lançant une lutte sans merci contre le tribalisme les autres phénomènes de repli identitaire s’estomperont à la faveur des dispositions qui ne pourront être que constitutionnelles et législatives pour être efficaces. Oui tout repli identitaire sur la base de la tribu, de l’ethnie ou de la race devront un jour faire l’objet de mesures coercitives.
La création d’une nation digne de ce nom passera par là.
Imam Cheikh Ould Ely