Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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UNE GRANDE PERTE POUR NOTRE LUTTE, LE DOYEN ET GRAND COMBATTANT DE LA LIBERTÉ ABDOULAYE MALICK SY N´EST PLUS.

Nous venons d´apprendre avec une grande tristesse le rappel à Dieu de notre cher doyen, le grand combattant de la liberté Abdoulaye Malickel Sy que nous appelions affectueusement Boun Malick. Ancien rescapé de la prison mouroir de Oualata et des camps de détention de Nouadhibou. Il fut un des premiers instituteurs de la Mauritanie indépendante, qui a servi de 1962 à 1986 à Nouakchott, Bir Moghrein, Dar El Barka, Kaédi, Toulel, Nouadibou, Mbagne, Bababé et Nouadhibou. 

De 1971 à 1986 à Nouadhibou, il a occupé, cumulativement avec ses fonctions de Directeur de l’école, les postes de Secrétaire Général de la Ligue Omnisports, Président de la même ligue, Président du Comité Local du Croissant Rouge Mauritanien jusqu´à son arrestation en 1986 après la publication du “Manifeste du négro- mauritanien opprimé” et emprisonnement à la prison de Oualata. 

Après sa sortie de prison il fut arrêté à nouveau et torturé à mort dans les purges ethniques de 1990-1991 qui a vu la mort de plus de 530 prisonniers politiques noirs dans les camps d´horreur de l´armée mauritanienne. 

Après sa libération il rejoindra la résistance en exil et créera la section des FLAM en Afrique centrale avant de rejoindre les FLAM à Dakar et ocupera le poste de secrétaire national aux finances du mouvement jusqu´à sa réinstallation aux Etats unis d´Amérique où il vivait depuis l´an 2001. 

Il était un des plus proches conseillers du président Samba Thiam des FPC et un de ses plus fidèles compagnons de lutte. 

Parti en vacances en Afrique pour quelques semaines et devait rejoindre sa terre d´asile, le pays de l´Oncle Sam aujourd´hui mais la faucheuse comme d’habitude nous a privé de notre doyen. Il tire sa révérence à 

l´aéroport international Blaise Diagne de Dakar ce matin suite à une crise cardiaque. 

A Dieu nous appartenons et à lui nous retournerons.

Doyen Boun Malick était un homme de foi et de conviction, très pieux et généreux, toujours jovial et taquin, très sympathique et chaleureux. Un homme en coeur d´or et infatigable combattant de la liberté est parti en laissant un grand vide. Les FPC viennent de perdre un de ses piliers et sages qui ne manquait aucun des moments historiques de l´organisation. 

Nos condoléances nos plus attristées à toute la Mauritanie, à sa famille biologique et idéologique, aux FPC, aux populations de Mbagne.

 Adieu doyen, ta vie fut combattante, ta mort héroïque, ton sacrifice sacré et ta mémoire à jamais éternelle.

Et la lutte continue!

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Le président Abdou Diouf a juste manqué de courage / Par Ciré Ba

Suite à la publication par le site ODH-Mauritanie d’un extrait des Mémoires du président Abdou Diouf, je me permets d’apporter des éclaircissements avec la distanciation nécessaire et en toute objectivité.

Je le fais avec ma qualité de partie prenante impliquée : chef du département communication des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM) au moment des faits. Parmi d’autres acteurs mauritaniens qui avaient trouvé refuge au Sénégal et qui pourraient apporter leurs contributions.

Extrait publié

Le président Abdou Diouf écrit « L’événement majeur de l’année 1989 fut cependant la grave crise entre le Sénégal et la Mauritanie, qui aurait pu déboucher sur l’irréparable.

A l’origine, il y eut un incident entre des agriculteurs sénégalais du village frontalier de Djawara, et des bergers mauritaniens. Des sénégalais furent alors arrêtés sur le territoire national, et emprisonnés à Sélibabi en Mauritanie. (…)

Je me rappelle les propos de certaines personnes qui me disaient : « Monsieur le Président, ce que la Mauritanie a fait est inacceptable, et il faut leur déclarer la guerre ».

Je dois avouer avoir eu beaucoup de difficultés avec les Sénégalais de la vallée du fleuve. Certains ressortissants de la vallée, qui étaient d’ailleurs mes amis, m’ont traîné dans la boue au cours de meetings, en disant que si je voulais la paix, c’est tout simplement parce que j’étais lâche (…)

Etant un homme épris de paix, je n’ai jamais cédé à de telles exhortations. Surtout, je sais que quand on commence une guerre, on ne peut jamais dire avec certitude, le moment où on va l’arrêter.

C’est donc fort de cette conviction que, dans cette histoire avec la Mauritanie, j’ai toujours écarté la solution de la guerre, pour miser sur une issue pacifique.

Cette option me semblait la plus bénéfique pour le Sénégal. En effet, après le conflit, lorsque tous les esprits retrouvèrent le calme, nous apprîmes que les Forces armées mauritaniennes étaient beaucoup plus armées que les militaires sénégalais. Saddam Hussein les avait équipées en missiles, et selon leur plan, ils devaient détruire Saint-Louis, et ensuite Dakar, si le Sénégal bougeait. » Soit.

Les incohérences, la vérité

Le président Diouf « homme épris de paix » a honteusement écrit aussi en page 280 de ses mémoires « … Il faut d’ailleurs dire que la qualité de nos relations, faites de complicité, aida beaucoup à calmer le jeu lors de cet épisode de l’histoire de nos deux pays. S’il n’y avait pas eu à la tête des deux Etats Maaouiya Ould Taya et moi-même, la situation aurait été plus grave ».

Le comble ! Quelle honte ! Cette médaille décernée à Maawiya Ould Sid’Ahmed Taya, architecte du génocide en Mauritanie et de mises à mort de sénégalais paisibles installés dans ce pays, est mal venue.

Ceci en dit long sur la posture du président Diouf à l’époque des faits.

Il n’hésite pas par la suite à tirer à boulets rouges sur certains de ses compatriotes qu’il qualifie de va-t-en guerre : Dr Hamath Ba et Aly Bocar Kane «Tous les deux, gagnés par la passion qui avait pris le dessus sur la raison, m’ont vraiment accablé. Ils n’étaient pas les seuls va-t-en guerre dans ce contexte de crise. On en comptait un grand nombre » écrit-il en page 283.

Calculateur, il s’abstient tout de même de citer les autres membres du comité de suivi et les autorités religieuses qui soutenaient ce comité.

Page 284, il écrit sans gêne « En effet, après le conflit, lorsque tous les esprits recouvrèrent leur calme, nous apprîmes que les forces armées mauritaniennes étaient en réalité bien mieux armées que les militaires sénégalais. J’ai eu la confirmation du soutien de l’Irak grâce à mon ambassadeur à Paris, Massamba Sarré, qui lui-même a eu l’information de l’ambassadeur d’Irak à Paris.

Ce dernier, lors d’une rencontre dans la capitale française, après s’être désolé de la situation entre les deux pays frères, lui avait affirmé qu’au cas où il y aurait une guerre entre le Sénégal et la Mauritanie, l’Irak serait du côté de la Mauritanie.

La raison en était que ce pays faisait partie de la nation arabe. Il s’agit d’un soutien fondé non pas sur la religion, mais plutôt sur l’idéologie du Parti Baas, à savoir le nationalisme arabe ». Simplement incroyable.

Un aveu étonnamment tardif dans la mesure où ce soutien militaire et multiforme de l’Irak à la Mauritanie se savait de tous et bien avant 1989, année du « conflit » entre les deux pays et de déportations de dizaines de milliers de noirs mauritaniens au Sénégal.

La réalité est qu’il voulait rester au pouvoir, un pouvoir qui lui échappait. Très impopulaire, « pris à la gorge » par les conséquences des ajustements structurels du Fond Monétaire International, contesté par une opposition très populaire, ébranlé par le soutien qui serait apporté par la Mauritanie aux séparatistes en Casamance, il tente de maquiller ce que certains de ses compatriotes qualifient de « capitulation » en mettant en avant des accusations portées contre certains de ses compatriotes décédés, originaires de la Vallée du fleuve.

Il n’avait pas besoin de vagues. Il ne voulait ouvrir sous aucun prétexte d’autres fronts surtout pas contre le régime militaire de Nouakchott dont les forces armées « s’apprêtaient à détruire Saint-Louis et ensuite Dakar » selon lui dans ses Mémoires, page 284. Pour rester au pouvoir, tout doit être lisse. Ainsi furent sacrifiés les exilés de force et les déportés mauritaniens.

Ciré Ba

Paris, le 09/09/2021

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Guinée: Caporal en France pendant 15 ans, Doumbouya devient commandant sous Alpha Condé et…

Le jour où j’avais révélé le danger de cette force spéciale formée par le sanguinaire Alpha Condé, à la tête de laquelle un légionnaire radié est placé, beaucoup de Guinéens, émerveillés par un simple défilé comme des enfants, m’avaient traité de tous les noms. Alors chers compatriotes, vos héros d’hier sont devenus vos bourreaux impitoyables d’aujourd’hui car ces forces spéciales font partie de ceux qui procèdent aux enlèvements, séquestrations et assassinats des manifestants et qui terrorisent la population dans les quartiers), renseigne le site leguepard.net.

Le cas du fameux commandant Mamady Doumbouya est illustratif de la nature dramatiquement singulière du président Alpha Condé. Il y a des situations qu’on ne rencontre qu’en Guinée. C’est ce qui continue de distinguer ce pays comme étant le royaume des médiocres et de tout est possible. Pour Alpha Condé, rien d’autre ne compte si ce n’est son intérêt. Bon ou mauvais, c’est par rapport à son intérêt. La Nation et l’État sont des outils à son seul service. C’est seulement ce qui peut expliquer la nomination soudaine du Caporal Mamady Doumbouya en Commandant.

Ce monsieur n’a aucune formation militaire lui permettant d’être un simple sergent dans une armée normale. Raison pour laquelle, les 15 années qu’il a passé dans la légion étrangère en France ne l’ont pas mené plus loin que le grade de Caporal. La question que nous avons posée à notre source est la suivante :

Pour quelle raison le Caporal Mamady Doumbouya s’est soudainement retrouvé avec le grade de Comandant ? l’armée guinéenne ne compte plus de vrais militaires ? La raison est très simple dit notre interlocuteur. Face à la réticence de certains hauts gradés de l’armée Guinéenne de soutenir le projet de troisième mandat d’Alpha Condé qu’ils jugent porteur de germes de drames humains, le président se serait attaché les services de certains de ses proches à la recherche de ceux qui sont prêts à massacrer la population pour but de l’imposer aux Guinéens.

Selon notre source, c’est seulement te tels actes c’est-à-dire, transformer un simple Caporal en Commandant qui peuvent entrainer la folie comme celle dont est victime le Caporal Mamady Doumbouya qui s’engagerait à se livrer à des massacres de population pour une personne dont la vie et la carrière sont désormais derrière lui termine-t-il.

leral.net

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Guinée-Conakry : les forces spéciales revendiquent l’arrestation du président Alpha Condé

Le Figaro – Une unité d’élite de l’armée a pris d’assaut le palais présidentiel dimanche matin, où résidait Alpha Condé, 83 ans, président depuis 2010.

Vers 8h ce dimanche matin, des tirs nourris d’armes automatiques ont retenti dans le centre de Conakry, aux alentours du palais présidentiel où se trouvait le chef de l’État, Alpha Condé.

En début d’après-midi, le meneur de ce qui se révèle être un coup d’État, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, est apparu sur une vidéo circulant sur les réseaux sociaux. Il y affirme détenir le chef de l’État.

«Nous avons décidé, après avoir vu le président qui est avec nous, de dissoudre la constitution en vigueur, dissoudre le gouvernement, et la fermeture des frontières terrestres et aériennes», a déclaré le putschiste, justifiant ce revirement politique par «le dysfonctionnement des institutions républicaines», «l’instrumentalisation de la justice» et «le piétinement des droits des citoyens».

En début d’après-midi, plusieurs images circulant sur les réseaux sociaux montrent le chef de l’Etat de 83 ans sur son canapé, la mine sombre, entouré des soldats d’élite.

Ancien légionnaire de l’armée française, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya commande le Groupement des forces spéciales (GPS), une unité d’élite de l’armée extrêmement entraînée et équipée. Selon le magazine Jeune Afrique, il aurait tenté, ces derniers mois, de renforcer l’indépendance du GPS vis-à-vis du ministère de la Défense, suscitant de facto la méfiance de l’exécutif. En mai, des rumeurs auraient même fait état, à tort, d’une possible arrestation de Mamady Doumbouya à Conakry.

Un troisième mandat décrié

Des habitants joints au téléphone, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour leur sécurité, ont rapporté à l’AFP avoir vu de nombreux soldats intimant aux résidents de rentrer chez eux et de ne pas en sortir. La presqu’île de Kaloum, centre de la capitale guinéenne où siègent la présidence, les institutions et les bureaux d’affaires, a un accès restreint du fait de sa géographie, permettant facilement un blocage par des troupes armées.

Aucune réaction des autorités n’a été formulée depuis dimanche matin. Depuis des mois, ce pays d’Afrique de l’Ouest parmi les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables, est en proie à de profondes crises politique et économique. Alpha Condé, 83 ans, a été définitivement proclamé président pour un troisième mandat le 7 novembre, malgré les recours de son principal challenger, Cellou Dalein Diallo, et de trois autres candidats qui dénonçaient des «bourrages d’urnes» et des irrégularités de toutes sortes.

La candidature du chef de l’État à un troisième mandat, après une réforme de la constitution fortement controversée, avait provoqué avant et après l’élection des mois de tensions qui ont causé des dizaines de morts dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes. L’élection a été précédée et suivie par l’arrestation de dizaines d’opposants.

Par Le Figaro avec AFP

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DÉBAT SUR LA TRANSCRIPTION DE NOS LANGUES NATIONALESLet’s be real, Mister Sakho !

DÉBAT SUR LA TRANSCRIPTION DE NOS LANGUES NATIONALESLet’s be real, Mister Sakho !Par Dr Mouhamadou Sy dit Pullo Gaynaako Ainsi donc rouvre le débat sur la transcription des langues non arabes de Mauritanie. Un débat conclu et clos depuis bientôt soixante ans, mais qu’une classe d’idéologues, en Mauritanie, continue de soulever pour la simple raison que la conclusion, pourtant basée sur une expertise bien solide, ne satisfait pas son idéologie conquérante. Il y a moins de deux ans, Pr Ely Moustapha soulevait la même question et prônait, avec beaucoup de méprises sur l’histoire récente de ces langues et leur lutte, et surtout du mépris, volontaire ou par mégarde, à l’égard des communautés concernées et les acteurs de cette lutte, la transcription des dites langues en caractères arabes plutôt que les caractères latins adoptés à la conférence de Bamako. Il y a quelques jours l’on a appris qu’une commission gouvernementale a été mise en place pour veiller à l’application de l’article 6 de la constitution. Le contenu de cet article définit les langues Arabe, Pulaar, Soninké et Wolof comme nationales et promeut l’Arabe à un statut officiel exclusif. À la tête de cette commission se trouve Monsieur Abou Sow, ancien ministre et fervent défenseur de la transcription des langues nationales en caractères arabes. Ce qui frappe dans cette commission c’est déjà l’absence des acteurs reconnus, pour leur compétence et leur dévouement, de la promotion des langues nationales, à commencer par ceux liés de près ou de loin au défunt institut des langues nationales. Comment pourrait cela s’expliquer si ce n’est par un souci de faire passer sans résistance aucune un projet d’empoisonnement de la lutte des langues non arabes du pays ? Il y a plusieurs choses à dire sur cette commission et sur l’article 6 lui-même et son injustice primordiale de laquelle découlent toutes les autres, mais nous y reviendrons une autre fois.La question de la transcription a ainsi inévitablement refait surface à la suite de l’annonce de cette commission et de son programme. Et cette fois, c’est Monsieur Moctar Sakho, dont je viens d’entendre le nom – et je ne le précise que par souci d’exactitude – qui dit nous appeler au « pragmatisme », à la « franchise » et au « réalisme », notamment par la formule « Let’s be real » martelée en point final de son texte. S’il n’y voit pas d’inconvénient, je me permets de la réutiliser. Car en effet, il faut bien être tout cela et regarder la question en face. Sur ce point, Monsieur Sakho, nous sommes vraiment d’accord. Et, il faut surtout analyser les données du problème de façon objective et méticuleuse et non se limiter aux impressions impulsives.Le texte de Monsieur Sakho recycle principalement le fameux argument coranique, dans une saveur qui se veut nouvelle.Tout d’abord, il prétend que l’apprentissage du coran est le point de départ de l’expérience scolaire des enfants mauritaniens, et donc cela peut servir de justification à la décision de changer de transcription en faveur des caractères arabes. En réalité, Monsieur Sakho, il n’en est rien ! les enfants mauritaniens ne commencent pas leur aventure scolaire par l’apprentissage du coran. Que faites-vous de la matrice culturelle et linguistique qui a accueilli ces enfants, à leur naissance, qui les a vu grandir, et qui a forgé les bases d’un certain nombre de leurs fonctions cognitives fondamentales ? Vous allez à l’encontre d’un nombre considérable de résultats scientifiques sur le développement cognitif de l’enfant et son apprentissage en tenant de tels propos. L’école, dans son sens qui sied à ce contexte, commence donc bien avant le coran ; c’est d’ailleurs ainsi que l’apprentissage même du coran utilise les acquis de cette école primordiale dans sa méthode mnémotechnique bien connue chez nous. Par conséquent, ce sont des enfants qui ont déjà expérimenté les vestiges d’une école traditionnelle et ayant subi l’encadrement de diverses institutions sociales, incluant des notions dans divers métiers, qui arrivent chez le maître coranique. En omettant cette réalité qui est loin d’être anodine, vous répliquez les erreurs du système qui a produit les échecs scolaires qui semblent vous préoccuper. Ensuite, vous affirmez, toujours dans le but de défendre une transcription arabe, que ‘notre culture quotidienne est largement arabo-musulmane’. Il faut avouer qu’il y a une certaine ambigüité dans cette affirmation. Mais comme l’on parle des langues non arabes de la Mauritanie, il est logique de considérer qu’elle se rapporte aux communautés non arabes du pays. Elle devient alors tout à fait erronée.Ce qui fait le socle de leur culture quotidienne n’est en aucun cas d’essence arabo-musulmane, ni linguistiquement, ni sociologiquement. Et dire ceci n’est pas nier les influences bien réelles que la culture islamique a sur ces communautés, mais c’est uniquement le faire avec mesure. Affirmer avec aisance une telle contre-vérité scientifique dont le contraire est vérifiable, autant à l’observation de la société en question qu’à la consultation de la vaste littérature de recherche qui lui est consacrée, est tout juste indigne de quelqu’un qui prétend faire une proposition d’une certaine clairvoyance scientifique. Vous nous avez appelés à la raison, en utilisant la malencontreuse formule de Senghor. Ce que, personnellement, je trouve très irrespectueux et mal placé. Tout de même, j’apprécie beaucoup l’invitation en tant que telle. Nous sommes ici précisément sur un terrain strictement rationnel. Vous ne serez certainement pas contre que nous adoptions une attitude logique vis-à-vis de la question, vu que vous l’avez vous-même demandé. Donc je suppose que vous êtes à l’aise.Vous dites avoir basé votre réflexion sur votre propre expérience. Expliquez nous alors comment votre expérience de praticien des langues vous a mené à la conclusion qu’en Mauritanie, toutes les langues devraient utiliser les caractères arabes. Avez-vous déjà été confronté à ces problématiques ? Mieux, avez-vous mené des études dont les résultats l’ont suggérée ? Si de l’expertise il y est, il ne suffirait tout de même pas de réclamer une profession pour la faire s’exprimer ; il faudrait, à la place, fournir des arguments solides qui relient vos observations à la théorie que vous en faites. Tout ceci en gardant à l’esprit que, sans une étude à grande échelle, ces observations personnelles n’auront que la valeur épistémique très limitée qu’un témoignage peut avoir. En tout cas, ce serait ainsi ; si jamais l’on décidait de faire les choses avec raison, comme vous le réclamez. Maintenant que nous avons discuté de la faiblesse des arguments principaux du texte de Monsieur Sakho, il convient d’exposer ceux qui sous-tendent la position opposée. Contrairement à ce que laisse penser un passage du texte de Sakho, l’argument des partisans de la continuation des caractères latins n’est pas basé sur le seul fait que l’UNESCO les reconnaît. Il y a des raisons de nature scientifique qui font qu’ils sont préférables aux caractères arabes, en plus des raisons culturelles, géographiques et programmatiques bien solides. Il y a deux ans, dans le contexte du même débat, il a été exposé le fait vérifiable, basé sur une analyse comparative des sons fondamentaux du Pulaar et ceux du Français et de l’Arabe, que le Pulaar partageait avec le Français 70,97% de ses sons fondamentaux contre 51,61% de sons partagés avec l’Arabe. Un an plus tard, dans une étude statistique sur l’utilisation relative des lettres Pulaar dans sa production écrite, j’ai pu calculer les fréquences d’utilisation de chaque lettre. Je tiens à préciser que l’étude n’était en aucune manière motivée par ce débat. D’ailleurs, qui l’a déjà lu peut, tout au plus, témoigner des motivations cryptanalytiques. C’est bien plus tard que j’ai fait la remarque évidente que ces données peuvent, en fait, raffiner l’observation basique faite ci-haut sur le rapport des sons. On trouve en fait que les sons du Pulaar extra-latins ne sont utilisés qu’à hauteur de 4,34%, ce qui veut dire que les 70,97% des sons que le Pulaar partage avec le Français expriment déjà 95,66% de la production écrite du Pulaar. La même observation montre que 72,65% de cette production est exprimée par les sons arabes. La différence est donc de 23,01% en faveur du Français, et des caractères latins donc ! Vous vouliez de la raison ? Elle est là exprimée par les chiffres et par la méthode dépourvue des sentiments. Reste à savoir ce que vous voudrez rationnellement qu’on en fasse !Rien qu’à ce niveau, on voit donc l’avantage phénoménal que les caractères latins ont sur ceux arabes dans le contexte de la transcription du Pulaar. La même conclusion devrait s’appliquer aux autres langues concernées vu leur parenté avec le Pulaar.Les autres arguments qu’il ne faudrait pas négliger non plus comprennent la standardisation : on ne peut pas sérieusement soutenir que des langues transfrontalières comme celles dont on parle adoptent une transcription différente selon la géographie. Cela constituerait un frein sérieux à leur développement qu’aucune solution nationale ne pourra résorber. Là aussi, let’s be real et pensons convenablement la question. La nature transfrontalière de ces langues et les peuples qui les parlent est un fait qui se passe de toute discussion et vouloir la tronquer pour satisfaire les caprices d’une idéologie est un manque de sérieux inouï qui, dans de conditions normales, ne mériterait qu’un petit sourire. Je crois que les penseurs africains auront toujours tort de vouloir confiner les réalités de leurs peuples dans les aléas géographiques des frontières insoucieuses de toute réalité culturelle ou économique des populations. Surtout, pas au moment où une nécessité pressante fait que même des frontières construites de façon progressive et reflétant une certaine logique historique sont en train de se fléchir au profit du contact des peuples plutôt que de poursuivre les rigidités nationalistes. La véritable Afrique est celle des peuples et non celle des états dessinés à la va-vite. Notre salut passera par le fait que les états finissent par le comprendre, et qu’ils arrêtent de céder au jeu dangereux qui est celui d’assister sans réagir à la mort des peuples (de leurs langues et cultures) quand ils ne l’accélèrent pas par diverses manipulations et mises en opposition génocidaires de leurs communautés constitutives. Ils ont tout intérêt à mettre l’accent sur ces ponts qui les relient de façon si profonde, et de mener des politiques de développement adaptées.La vocation de la Mauritanie, comme celle de tout état africain typique, n’est pas de se matérialiser en un terrain où une culture promue au sommet de l’état assimile -voire assassine – les autres. Il n’est pas question de requérir les mêmes traits culturels, linguistiques ou ‘transcriptifs’ pour garantir la paix dans un pays, surtout pas de le faire en sommant les défavorisés de l’état à rejoindre l’élu. Il est plutôt question d’admettre sa diversité et d’en faire une identité, une force ; d’accueillir l’éventail culturel, linguistique et historique ; d’incuber ces imaginaires dans le plus profond des programmes éducatifs et culturels pour espérer cueillir des créativités diverses. Cela nécessite une dimension dans nos réflexions qui va au-delà des frontières et qui permet de renouer avec notre trajectoire historique authentique.

Mouhamadou Sy

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