Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Dialogue/Unité nationale : Va-t-on dépassionner le débat ?

Que pourraient apporter à la Mauritanie les concertations actuellement en gestation entre les acteurs politiques ? C’est la question qui taraude ceux-ci, les observateurs et, dans une certaine mesure, les partenaires techniques et financiers, soucieux de stabilité pour leurs investissements. Ce n’est un secret pour personne qu’un certain « malaise », pour ne pas dire méfiance, sévit entre les différentes communautés du pays« Les Mauritaniens ne vivent plus ensemble », a-t-on même entendu dire, « mais côte-à-côte ». La situation est donc sérieuse et il faut en prendre toute la mesure. Cela fait des années que la question de l’unité nationale et de la cohésion sociale est rabâchée par les partis politiques et les acteurs de la Société civile. Des termes très « bateaux » dont on se demande si ces acteurs et l’État – qui en est le premier responsable…– se mettront d’accord sur le contenu et les solutions, tant sensiblement divergent les intérêts des uns et des autres. Déjà deux manifestes pour plus de droits politiques, économiques et sociaux ont été publiés : l’un en 1986, par les cadres négro-africains, et l’autre en 2014, par leurs homologues haratines ; tous dénonçant un racisme d’État qui les exclut, dans les faits, de tous les leviers politiques, économiques, sociaux, militaires, sécuritaires et autres…

Des frustrations qu’ils accumulent depuis des années. La dernière présidentielle de 2019 est venue accentuer le fossé entre les communautés. La question du « Vivre ensemble » fut l’un des thèmes centraux de la campagne électorale. Un long chemin dont les partis politiques à leadership négro-africain se sont chargés de rappeler quelques dates douloureuses. Notamment les évènements de 1986 à 1990, avec la déportation de milliers des leurs vers le Sénégal et le Mali et les exécutions extrajudiciaires dans les casernes des forces de défense et de sécurité. Les mouvements négro-africains parleront d’une « épuration ethnique » perpétrée par Ould Taya et dénonceront la loi d’amnistie de 1993 visant à protéger les présumés auteurs ou commanditaires de ces crimes. Sous ould Abdel Aziz, la marginalisation s’est renforcée, donnant l’impression à nombre de citoyens noirs d’« être étrangers en leur propre pays », comme s’en plaindront certains, constatant des « nominations à caractères mono-ethniques, des écoles réservées à certaines catégories de citoyens, le tribalisme et le clientélisme ». Au plan politique, on ressent comme une Mauritanie coupée en deux : riches, les uns seraient tous blancs, les autres tous noirs et pauvres. La topographie de certains quartiers de la capitale illustre cette dichotomie, excessivement manichéenne sans doute mais cependant expressive d’une indéniable généralité.

Toutes ces questions sont aujourd’hui d’actualité. Les victimes et rescapés des événements de 86-90 continuent à dénoncer le refus de l’État de leur apporter des solutions idoines. La loi d’amnistie de 93 qui fut adoptée avec un pressing manifeste de hauts cadres de l’État reste en vigueur et, rangé depuis sous le vocable « Passif humanitaire »,  tout ce dossier se voit ignoré sinon étouffé par nombre de maures. Avec la « Prière de Kaédi », Ould Abdel Aziz déclarant l’avoir réglé et clos, complicité de quelques rescapés militaires et veuves aidant.

Les journées de concertations pendant la transition 2005-2007 et les divers dialogues politiques sous Ould Abdel Aziz n’ont pas réussi à soigner les nombreuses plaies sur le chemin de l’unité nationale où la question de l’esclavage et/ou de ses séquelles dont sont particulièrement victimes les Haratines double la question raciale d’une dimension statutaire touchant toutes les communautés. Ici, malgré l’adoption d’une loi criminalisant cette pratique et ses conséquences, les organisations de défense des droits de l’Homme ne cessent d’épingler et de dénoncer des cas flagrants dont le dernier aura été celui de Ouadane, en Adrar. Les institutions mises sur pied pour sortir de leur dépendance économique et de leur pauvreté les anciens esclaves ainsi que leurs homologues« libérés » ou tout simplement désireux de sortir de la servilité, ne sont trop souvent que des structures« cosmétiques »à seule fin de plaire aux bailleurs et organismes internationaux. Les milliards mobilisés à cet égard sont en grande partie dépensés au profit de gros bonnets et de leurs fonctionnaires complices.

École et langues nationales

Voilà l’essentiel de ce qu’on appelle la « question nationale » ou « dossier de l’unité nationale ».Mais son soubassement tient à celui de l’école. Les Négro-mauritaniens dénoncent l’utilisation de la langue arabe – « langue nationale et officielle » – pour les empêcher d’émerger. Et de réclamer en conséquence l’officialisation et l’introduction des langues pulaar, soninké et wolof dans le système éducatif pour, d’une part, renforcer l’unité nationale et la cohésion sociale, et donner,  d’autre part,  les mêmes chances à tous les enfants du pays. Une expérience concluante fut menée dans les années 80, avant de se voir prestement étouffée quand il s’est agi de passer à sa généralisation. Des extrémistes qui avaient fini de phagocyter le pouvoir renversèrent le gouvernement militaire d’Ould Haïdalla et réduisirent l’Institut des Langues Nationales (ILN) à une coquille vide. L’école républicaine annoncée par le président Ghazwani lui redonnera-t-il vie ? Rattaché au Département des langues de l’Université de Nouakchott, il attend son heure…

Haro sur l’exclusion !

La « question nationale » a pris aujourd’hui une telle ampleur que même certains partis politiques jusque-là taxés d’extrémistes pour avoir refusé de dénoncer les injustices dont sont victimes les Noirs de Mauritanie s’en sont emparés. Il aura fallu que le défunt président de la République Sidi ould Cheikh Abdallahi décide d’amorcer le rapatriement des déportés au Sénégal et rencontre des mouvements négro-africains qualifiés, eux aussi, d’ultras, pour que leurs antagonistes s’engagent à déstabiliser son régime. 8 Août 2008. Face à une opposition déterminée à lui barrer le chemin, le général Ould Abdel Aziz s’attache les services de plusieurs de ses frères d’armes et autres opportunistes politiques pour rallier le vote des gens. Il organise la « prière de Kaédi » le 25 Mars 2009 et décrète une « Journée nationale de réconciliation » qui va, de fait, s’attacher surtout à diviser les organisations des victimes et rescapés militaires, au lieu de panser véritablement les plaies. Tout au long de la décennie qui suit, les partis politiques à leadership négro-africain  donnent de la voix et élèvent, dans l’Hémicycle, la dénonciation de la marginalisation de leurs communautés,  avec les députés Ibrahima Sarr, Thiam Ousmane et Sawdatou Wane. Ils sont soutenus par divers autres,  à l’instar de l’UFP, avec Kadiata Malick Diallo et Moustapha Bedredine, ou du RFD, avec Kane Hamidou Baba… De retour au pays, les FLAM – qui deviendront FPC, parti toujours non reconnu à ce jour – pourfendent « l’exclusion des Négro-mauritaniens et des Haratines »,à l’instar de l’IRA de Biram Dah Abeïd et d’autres organisations comme SOS Esclaves, AFCF ou le FONADH… Un front commun contre le « beïdanisme » semble ainsi se former.

Face à ces critiques et à la réaction de la Communauté internationale, l’UPR, le parti au pouvoir, et ses soutiens de la majorité présidentielle apportent la réplique. Dans les dialogues organisés avec divers partis de l’opposition, colloques et séminaires, les questions de l’unité nationale et du passif humanitaire ne sont plus sujets tabous. Tout le monde prétend s’en préoccuper… mais sans jamais y apporter de véritables solutions. Aujourd’hui et malgré la présence en son sein de plusieurs « nationalistes », l’UPR semble aborder ces problèmes avec moins de passion. Lors d’un atelier consacré au renforcement de l’unité nationale et à l’éradication des « séquelles » de l’esclavage, l’un de ses vice-présidents a défendu la recherche d’un consensus autour d’une plate-forme de convergence entre tous les acteurs politiques sur la question nationale, parce qu’« on ne peut plus », fait-il remarquer, « continuer à tirer, chacun de son côté, la couverture à soi » : le risque de la déchirer a trop grandi. Cette plate-forme doit permettre de répertorier tous les problèmes du pays en vue d’en débattre sans passion et sans parti pris.

Mais certains malins esprits s’entêtent à juger extrémiste, voire ennemi de la Nation, tout celui qui dénonce les injustices et les exclusions. On se rappelle des réprobations qu’avait suscitées le discours de Balas lors de l’ouverture du dernier dialogue politique au Palais des congrès. Le président du parti Arc-en-Ciel y évoquait le calvaire subi par les Négro-africains pendant les années de braises 89-91 ; se sentant morveux, certains boutefeux tentèrent de couvrir son discours par un vacarme hostile et Ould Abdel Aziz dut intervenir en leur demandant fermement de le laisser continuer.  On se souvient également de l’ire suscitée par les propos du président Biram Dah Abeïd affirmant la réalité de l’apartheid en Mauritanie. Le fait est que les extrémistes de tous bords paraissent incapables de parler de l’unité nationale sans passionner le débat. Les uns nient jusqu’à même les évènements de 89-91 et l’exclusion dont sont victimes les Noirs du pays ; les autres mettent tous les Maures dans le même panier, oubliant l’audace de ceux qui dénoncèrent publiquement les exactions racistes commises par le régime d’Ould Taya. Le cas des jeunes du MDI dont beaucoup étaient pourtant des « fils-à-papa »fut salué par tous les patriotes. La vérité est qu’il y a beaucoup de compromis, en Mauritanie, entre blancs et noirs –c’est son histoire même – et c’est tous ensemble qu’il faut avoir le courage de dénoncer les injustices et rétablir les victimes dans leur droit. On ne doit pas régler le problème des uns pour en satisfaire d’autres. Tout comme il n’y a pas de problème sans solution, sitôt qu’on accepte d’en parler sans passion.

On en est encore loin. La réaction de certains partis et acteurs politiques aux déclarations du président Messaoud ould Boukheïr, le président d’APP, de Moctar Sidi Maouloud de Moustaqbel et d’Ould Dellahi du PMDE, lors de la conférence de presse des partis de l’opposition, laisse sceptique sur ce qui pourrait advenir des concertations annoncées. Tous dénonçaient l’exclusion dont sont victimes les Noirs du pays. Samba Thiam, le président des FPC, souhaitait dans la foulée que le dialogue en gestation ouvre à une refondation de la Mauritanie sur des bases saines et justes. Nul n’a compris pourquoi le président Ghazwani a balayé du revers de la main tout « dialogue » politique arguant de ce que « la Mauritanie ne connaît pas de crise ». Mais, en off, bon nombre de cadres, et d’élus de la majorité présidentielle vous avouent que la situation du pays ne peut pas continuer ainsi.

Avec l’engagement de l’UPR et des partis de l’opposition, peut-on espérer que les concertations dont on parle partout amènent les uns et les autres à une réelle convergence de vue sur le vivre ensemble en Mauritanie ? Et le président Ghazwani à faire avancer d’un grand pas cette question, clouant ainsi le bec à tous ceux qui l’accusent de faire quasiment la même chose que son prédécesseur ?

Feuille de route à actualiser

Les thèmes de la feuille de route sont pertinents : processus démocratique en vue de réformes constitutionnelles et législatives, renforcement de l’État de Droit, révision du système électoral, normalisation de la vie politique ;  traitement des dossiers des droits nationaux en suspens en vue de l’unité nationale, éradication réelle de l’esclavage et de ses séquelles, mise en évidence des voies et mécanismes à même de consolider la cohésion sociale ; bonne gouvernance à travers la lutte contre la corruption, réforme de la justice, de l’administration et du Domaine, consolidation des réformes de l’enseignement, de la santé et de la décentralisation, formulation des processus garantissant  au citoyen l’accès aux services publics, assainissement des marchés publics et renforcement, enfin, de la juste application de la loi sur la Fonction publique. Ce chapitre devra permettre aux femmes, aux jeunes et à la diaspora de participer à la vie politique et au développement du pays ; accompagner et renforcer la réforme des médias publics et la liberté de la presse ; développer la préservation de l’environnement, le traitement des impacts des changements climatiques et la protection des intérêts supérieurs du pays. Mais il reste à revoir certains points : si la question de l’esclavage et/ou de ses séquelles est bien explicitée dans la thématique de l’unité nationale, le passif humanitaire est absent du paragraphe. L’expression « dossiers des droits nationaux en suspens » demeure floue.

                                                                       Dalay Lam

le calame

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Le nouveau paradigme politico-sécuritaire en Afrique Par Seyid Ould Bah

Malgré les déclarations rassurantes des deux chefs des juntes qui ont accaparé le pouvoir au Mali et au Tchad, la candidature des chefs d’État militaires qui gèrent la conjoncture transitoire dans les deux pays sahéliens est plus que probable.
Bien que l’Union africaine a adopté depuis sa charte constitutive de 2000 un arsenal juridique dissuasif visant à prévenir et sanctionner les changements anticonstitutionnels des régimes politiques dans les États membres, sa position initiale, intransigeante, a fini par s’infléchir dans un sens réaliste et souple, quitte à entériner et accompagner les prises de pouvoir par la force dans des contextes spécifiques.

Les deux cas malien et tchadien en sont des exemples édifiants. Le coup d’État survenu à Bamako le 18 août 2020 s’est imposé comme l’unique possibilité pour délivrer le pays d’une crise politique aiguë. Il fut salué par l’ensemble de la classe politique et la société civile mobilisées depuis quelques mois dans une large révolte continue contre un régime corrompu et impotent, quoique issu d’élections pluralistes.
L’Union africaine, qui a condamné le putsch malien et suspendu le Mali de ses instances, a manifesté une ligne de conduite souple et complaisante vis-à-vis des nouvelles autorités militaires, même après l’évincement du président et du chef de gouvernement civils (mai 2021). La France et l’Union européenne ont emboîté le pas aux organismes africains en accordant la priorité aux impératifs sécuritaires sur les engagements démocratiques.

Cette même logique a prévalu au Tchad lors du décès du président Idriss DébyInto. L’Union africaine et la France ont supervisé le transfert du pouvoir au conseil militaire transitoire présidé par le général Mahamat Idriss Déby, qui était le dauphin déclaré de son père.

Schéma de légalisation incontournable

Si les deux juntes se sont engagées auprès de la communauté africaine et internationale à organiser des élections pluralistes libres et transparentes dans un délai limité convenu avec la classe politique impliquée dans l’ensemble du processus de la transition et qu’elles se sont engagées aussi à respecter le principe de non-éligibilité des autorités militaires dans les prochaines compétitions électorales, force est de constater que le schéma de légalisation des pouvoirs en place par les urnes devient de plus en plus incontournable.
Le colonel AssimiGoïta, chef de la junte malienne, n’a pas exclu l’éventualité d’une candidature à la prochaine élection présidentielle revendiquée par une large frange du champ politique malien. Les cercles militaires et sécuritaires influents dans les orientations diplomatiques internationales sont devenus de plus en plus convaincus que la guerre contre les mouvements terroristes et la défense de l’intégrité territoriale du Mali pourrait imposer le choix d’un chef d’État issu des rangs de l’institution armée.
Le même phénomène est perceptible à N’Djaména, où le général MahamatDéby prépare sereinement sa candidature à la magistrature suprême en enfreignant les dispositions réglementaires de l’Union africaine mais avec la complicité effective des partenaires internationaux du Tchad

La diplomatie de l’ingérence diplomatique en Afrique, symbolisée par le fameux discours du président français François Mitterrand au sommet afro-français de La Baule, le 20 juin 1990, a fait son temps.
Si le standard international de gouvernance qui s’applique aujourd’hui en Afrique implique nécessairement le formalisme pluraliste et le moment électoral, son impact réel sur la nature du régime politique est marginal dans les contextes où l’armée est l’acteur politique primordial. Il s’agit dans ces contextes de régimes militaires qui s’accommodent avec les critères de légalisation constitutionnelle et normative du pouvoir politique, sans grande incidence sur leur mode de fonctionnement.
Un grand diplomate africain rompu à la politique internationale a remarqué récemment que le paradigme sécuritaire a remplacé l’injonction démocratique en plaçant la lutte contre le radicalisme violent et les mouvements séparatistes au cœur même des agendas internationaux.
Les impératifs de stabilité et d’apaisement social prennent donc les dessus sur les demandes de libéralisation et d’ouverture démocratique. C’est ainsi que nous sommes ramenés au dilemme hégélien, à savoir le passage obligé par le «tyran fondateur» pour bâtir une nation libre. La liberté lui paraissait l’issue d’une dialectique sociale qui est amorcée par une totalité rigide et autoritaire qui s’identifie graduellement à la conscience civique de ses membres et finit ainsi par s’ouvrir et traduire la communauté universelle des citoyens de l’État.

SeyidOuld Bah est professeur de philosophie et sciences sociales à l’université de Nouakchott, Mauritanie, et chroniqueur dans plusieurs médias. Il est l’auteur de plusieurs livres de philosophie et pensée politique et stratégique.

Twitter: @seyidbah

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français

le calame

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Crise entre l’Algérie et le Maroc : appels au dialogue et au calme dans le monde arabe

La Presse – L’Organisation de la coopération islamique (OCI), la Ligue arabe, l’Arabie saoudite et la Libye ont appelé mercredi l’Algérie et le Maroc au « dialogue » et à la « retenue » au moment où les deux pays voisins traversent une crise diplomatique.

Après des mois de tensions croissantes, l’Algérie a annoncé mardi la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc, invoquant des « actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l’Algérie ».

Basée à Jeddah, l’OCI a appelé les deux pays au « dialogue pour résoudre les divergences éventuelles », selon un communiqué.

Le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a, de son côté, exhorté mardi soir Alger et Rabat « à faire preuve de retenue et éviter une nouvelle escalade ».

Commentant la dégradation des relations entre les deux poids lourds du Maghreb, l’Arabie saoudite, puissance régionale, a elle aussi adopté un ton conciliant.

« Le royaume […] appelle les deux pays à prioriser le dialogue et la diplomatie pour ouvrir un nouveau chapitre dans les relations […] afin de garantir la sécurité et la stabilité », a dit mercredi le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un bref communiqué.

Mercredi soir, la Libye a déploré la crise, appelant Alger et Rabat « à la retenue » et « à éviter l’escalade ». Dans un communiqué publié sur Facebook, Tripoli a invité les deux pays à « s’accrocher aux principes et aux objectifs communs qui ont mené à la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA) ».

La Libye a par ailleurs appelé les membres de l’UMA, une instance régionale lancée en 1989 et qui regroupe l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie, à se réunir en marge d’une rencontre des ministres des Affaires étrangères des États membres de la Ligue arabe, prévue entre le 7 et 9 septembre.

Les relations entre l’Algérie et le Maroc sont traditionnellement difficiles, en raison principalement de l’épineux dossier du Sahara occidental.

Les tensions se sont accentuées l’année dernière quand l’ancien président américain Donald Trump a décidé de reconnaître la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental, en contrepartie d’une normalisation des relations du Maroc avec Israël.

Mardi, le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra a accusé le Maroc d’avoir « introduit une puissance militaire étrangère dans le champ maghrébin ».

À Rabat, le ministère marocain des Affaires étrangères a regretté la décision « complètement injustifiée » de l’Algérie, condamnant une « logique d’escalade » et rejetant « les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui la sous-tendent ».

AFP

cridem

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L’ARABITÉ ET L’ISLAM?

Encore une fois ne confondons pas l’arabe en tant que langue et l’Islam en tant que religion de toutes nos communautés nationales. Nous sommes certes Musulmans mais nous ne sommes pas arabes et nous serons jamais arabes ni aujourd’hui et encore moins demain. Nous sommes des Ful6e ( Haalpulaaren), des Soninko, des Wolofs et des Bamana.

Le maudit Aba Lahab (dans sourate  Al masad ou la corde torsadée en fibres) n’était-il pas arabe et de surcroit oncle du Prophète( Psl) est-ce qu’il était pour autant musulman? Non! Comme vous voyez donc  l’arabité n’est pas forcément la pureté, la piéte ou la foi en Dieu!

 Alors de grâce  n’essayez pas de tromper certains ignorants en convoquant l’Islam et ” l’arabité du Prophète ” pour imposer votre langue et culture sur les composantes négro-africaines du pays. Dieu parle et comprend toutes les langues. 

Dans la sourate 49, il est bien dit, au verset 13 : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand-Connaisseur”. SADAQA ALLAH AL AZIM.

Le débat sur la transcription de nos langues nationales est un faux débat pour ne pas dire un débat dépassé. L’heure est à leur officialisation et introduction dans le système éducatif national. Towv.

Ngoppee ho66e kirnda!

LLC!

Kaaw Touré.

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FLAMNET-RETRO : Problématique du Système Educatif National : Contribution | Par Samba Thiam

Voilà bien des années que l’Ecole mauritanienne est malade, secouée par des crises récurrentes.

Au lieu de procéder à un diagnostique approfondi, sans complaisance du corps malade, l’on s’est contenté, à chaque fois, d’une auscultation superficielle pour lui administrer un traitement symptomatique. Six réformes successives qui ont toutes échoué ! Notre Ecole est malade, notre système éducatif en crise depuis 56 ans, tout le monde en convient !

Plus que des raisons de surface ( effectif pléthorique, manuels scolaires insuffisants ou désuets, mobilier brinquebalant, locaux vétustes et inéquipés ) nous nous attarderons plutôt sur les raisons de fond.

*Quel est le mal ?

Des élèves, des étudiants, des Enseignants sans niveau aucun, des élites francisantes ou arabisantes en extinction progressive, un produit inadapté…Un observateur, averti, ramassait la situation par cette formule : “En voulant rendre notre Enseignement authentique nous avons sacrifié l’essentiel: aucune considération pour la qualité, aucune pour la perspective d’emploi, aucune pour le développement”.

* Quelle est la cause du mal ou quelles en sont les raisons ?

– Raison d’ordre psychologique, affectant le corps enseignant :

L’Enseignant a perdu son statut d’antan, par contagion du milieu social dans lequel il baigne, où les valeurs universelles de référence habituelle, telle l’honnêteté, le respect du travail –du travail bien fait-, la moralité, l’admiration pour le détenteur du Savoir, ont cédé la place à la course effrénée pour l’argent ; l’enrichissement à tout prix, tout de suite, a pris le pas sur la conscience professionnelle, d’où cette flopée d’Enseignants-boutiquiers !

Le terme “garraaye”, devenu fortement connoté, négativement, suscite un demi-sourire pincé chez l’autre, au point qu’il devient gênant de se présenter comme tel…On est désormais Instituteur ou professeur à défaut de mieux, mais certainement pas par vocation .On est là, pour un temps provisoire, transitoire, en attendant de trouver mieux , de “monter” sa boutique, ou de partir pour des cieux plus cléments.

Cette dévalorisation du métier d’enseignant s’explique (ou s’accompagne) aussi par la dépréciation du Savoir et/ou de la Culture, censé être un des attributs majeurs de l’Enseignant. Aller à l’école, accumuler des diplômes, lire, simplement, est perçu aujourd’hui dans la société mauritanienne au mieux, comme une perte de temps, au pire comme une absurdité ; avoir de l’argent c’est mieux !

Pour corriger cet état des choses il faudra rendre à l’Enseignant sa dignité et son auréole d’antan par la revalorisation du métier, et restituer au Savoir l’admiration qui lui était attachée.

*Notre Ecole souffre, par ailleurs, d’une crise d’orientation. Au lieu d’une orientation technique et pragmatique on a opté pour l’élitisme. A la place d’une Ecole qui produit des plombiers, des électriciens, des frigoristes, des maçons, des mécaniciens, des menuisiers, des agriculteurs modernes, on a préféré celle qui fabrique des littéraires, des philosophes, c’est –à-dire des fonctionnaires aux mains propres, des “cols blancs”…

Il faut changer cet état de chose, en orientant les 60 % des cohortes vers la formation professionnelle et technique des cols bleus, et les 40% vers la formation de l’élite…

*Autre cause non moins importante, l’administration et la gestion chaotique du corps Enseignant, où l’on constate l’absence de rigueur dans la sélection et le recrutement des maîtres d’école, l’absence de contrôle sérieux et de suivi qui fait le lit du laxisme et de l’affairisme, l’absence d’émulation, de sanction et de récompense systématiques, l’absence d’ordre en un mot, qui ne se trouve pas, hélas, que dans l’Enseignement !

*Mais de toutes les causes à l’origine des crises de notre système éducatif, la plus fondamentale – entre toutes – d’ordre idéologique – demeure l’Arabisation à outrance, genèse véritable des problèmes !

Dès les années 50 les réformes débutèrent, en série, toutes à caractère linguistique ! Toutes les réformes opérées des années 50 aux années 80 portèrent sur la langue …l’objectif déclaré, hier et aujourd’hui, était et demeure de rendre notre enseignement “national” , “authentique”…l’élite arabo-berbère ne pouvait accepter, disait-on, que son identité culturelle –dont la langue est un élément essentiel- fusse occultée au profit d’une langue et culture étrangère, de surcroît héritée du colonisateur…C’était l’argument de surface, classique… Si, en soi , cette aspiration semble juste et légitime, elle cesse cependant de l’être dès lors que cette même élite imposa, paradoxalement, sa langue et sa culture à des non arabes. N’était-ce pas reproduire à l’identique le comportement du colon ?

En réalité cette revendication, nationaliste en apparence, était un écran de fumée, une supercherie visant d’abord et surtout à renverser le rapport de force, hérité du legs colonial, entre arabo-berbères et Négro-africains. Sous le couvert de “l’indépendance culturelle”, on cherchait, en réalité, à créer un autre “équilibre” …

L’argument “authenticité ou repersonnalisation” ayant servi -pour masquer les choses- est fallacieux. Nous avions tous résisté au colon, nous nous sommes tous opposés à sa langue, à l’entrée. Elle nous a été imposée à tous … Dès lors qu’il s’est agi de réhabiliter langues et cultures pourquoi le fit-on de manière sélective ? Pourquoi n’avoir pas réhabilité et promu également les langues et culture négro-africaines ?

Repersonnalisation contre repersonnalisation, Identité contre Identité, pourquoi une réhabilitation pour les uns et pas pour les autres, étant entendu que chacun reste fier de ses racines et de sa culture, et si tant est, comme le soutient Mohamed M. Abdalhaye, “chaque individu est porteur d’une dignité inaliénable” ?

Non, la motivation n’était pas que toute culturelle…

Je me permets ici une petite digression ; La thèse selon laquelle les Négro-africains seraient plus attachés à la langue française est spécieuse et de mauvaise foi. Ils ne sont, ni plus ni moins, attachés à cette langue que l’élite arabo-berbère francisante, qui joue et gagne sur les deux tableaux ! En effet, n’est-ce pas cette même élite qui envoyait en cachette ses enfants dans la filière bilingue des années 80, et continue de le faire à l’Ecole Française, à nos jours ?

Non, encore une fois, la motivation n’était pas que toute culturelle…l’Arabe ne devait servir, hier comme aujourd’hui, de moyen de promotion et d’épanouissement pour tous, comme proclamé, mais de gangue protectrice, de garantie pour la préservation et la perpétuation du Système, dicté par des peurs enfouies et des complexes Aryens… Dans “crise mauritano-sénégalaise : la rupture d’une alliance inter- ethnique” de Marion Fresia, M. Ould Bédredine confessait ceci : “les Negro- africains représentaient 80% des cadres de l’Etat mauritanien naissant. Alors les maures ont voulu rétablir les rapports de force en leur faveur en utilisant deux instruments : la langue et l’Ecole”.

C’est on ne peut plus clair !

La langue arabe a été, bel et bien, instrumentalisée à cette fin, et uniquement à cette fin. Un rééquilibrage des rapports de force, normal et légitime certes, mais qui versa hélas, dans l’excès, aboutissant, aujourd’hui à la liquidation totale de la communauté non arabe…

Notre système éducatif est donc à genoux. Des générations d’écoliers issus des milieux défavorisés ont été sacrifiées sous l’autel du slogan de la “repersonnalisation” factice et démagogique.

Pour changer les choses il nous faut, si nous sommes sincères, procéder à une véritable réforme structurelle qui conduise à une Ecole moderne, efficiente, avec comme préalable le renoncement à toute idée, à tout projet assimilationniste et hégémonique, sous-jacent.

*Il nous faudra , après cela, articuler certains facteurs :

-Adaptation de l’output aux besoins nationaux et du marché en général ( adéquation formation /emploi )

-Association des communautés villageoises à la prise en charge partagée de l’Ecole,

-Instauration d’une continuité entre formation initiale et formation continue, en paliers

-Adoption de certaines mesures d’accompagnement : (régulation du mouvement des Enseignants du public vers le privé à réorganiser et responsabiliser ; lutte ferme contre le désordre général qui prévaut – à supposer qu’on puisse le faire dans une Administration générale où le désordre et l’absence quasi systématique de suivi sont érigés en norme – , respect de la hiérarchie, de l’ancienneté, restauration de la promotion et du contrôle rigoureux des Enseignants, régulation des détachements abusifs et anarchiques, sanction sévère des absences fantaisistes, rationalisation des moyens etc ).

-Vigilance sur le corps de contrôle ( contrôle, fiche de suivi , formation du personnel , identification des Enseignants fictifs … )

-Mais surtout, procéder au rétablissement des bases de justice à l’école en supprimant l’iniquité actuellement en cours entre enfants dans l’acquisition du Savoir ; les Psycho-pédagogues s’accordent unanimement pour dire qu’un enfant qui commence par une langue étrangère accuse six (6) années de retard de scolarité. Les Ecoliers négro-africains faisant face à deux langues étrangères, au sens pédagogique terme, subissent donc un double handicap qui équivaut, logiquement, à 12 années de retard.

Il faut corriger ça !

*-Il nous faut, par ailleurs, clarifier le statut et le rôle attendu de chaque langue dans notre Ecole, à court, moyen et long terme. Pour ma part, je suis pour une Ecole qui parle plusieurs langues, comme la nation mauritanienne – pour un Etat multi-nations fédérateur des langues et cultures- . Les langues maternelles, toutes les langues maternelles, comme facteur d’apaisement des frustrations et tensions, et aussi comme facteur de développement ; le Français ou/et l’Anglais – comme porteur de pensée scientifique –( à un certain niveau), le chinois… Mohamed ould Abdalhaye disait que “la langue maternelle constitue pour tout un chacun l’outil irremplaçable de toute production scientifique effective et le socle de tout esprit créatif”.

-Je suis de ceux qui proposent que chaque enfant commence sa scolarité dans sa langue maternelle, pour aborder dans un 2eme temps une langue nationale seconde, qui serait enseignée comme langue de communication tout court ; L’arabe pour les Ecoliers Negro-africains, le wolof ou le pulaar, ou le soninke, le bambara pour l’arabo- berbère. Cette seconde langue serait affectée d’un coefficient faible de manière à ne pas gêner ou compromettre la progression de l’enfant.

L’instruction civique, morale ou religieuse, l’histoire, seraient enseignées en langues nationales. La philosophie, apte à former la pensée critique, serait enseignée en Français ; Il ne serait pas sain, ni judicieux au regard de l’évolution actuelle des choses, de faire porter l’enseignement de cette discipline par la langue Arabe –tant que celle -ci “n’est pas réformée”, et parce qu’elle est en ce moment “récupérée par le courant dogmatique et conservateur en Islam qui rejette la pensée critique et privilégie la répétition à l’identique”, selon le linguiste Algérien A Dourari. En effet, ce qui se passe autour de nous et dans le monde actuellement, n’est pas pour rassurer et n’incline pas à la pensée libre, telle que nous la connaissons chez Al Kindi, Averroes, Mohamed Abdou, Mohamed Iqbal…

Il y aurait lieu de procéder également à des réaménagements pratiques, en supprimant certaines anomalies aberrantes qui ne répondent à aucune logique objective : qu’est-ce que, par exemple, l’instruction civique, morale et religieuse en arabe (coeff 4 ) vient chercher, objectivement, en classe terminale série D ou C, si ce n’est pour pénaliser les uns et constituer un bonus pour les autres ?

Si la baisse de niveau est un phénomène général, elle est davantage plus accusée chez nous, à cause de nos pesanteurs propres ; ce phénomène est davantage accentué, ces dernières années, à cause en particulier, de la dernière réforme porteuse de tous les maux et de toutes les anomalies, sur laquelle il nous faut revenir …

Sous le couvert d’uniformisation de l’Ecole mauritanienne “qui divise” disait-on ( système à filière -Arabe/bilingue -) , cette réforme fut conçue et mise en œuvre en 2000. Son objectif déclaré était “d’unir” les Ecoliers en leur faisant suivre une seule et même filière ; plus de filière arabe où se retrouvaient quasiment tous les écoliers arabo- berbères, plus de filière bilingue, fréquentée exclusivement par les enfants négro-africains …

Autre attente exprimée à travers cette réforme, la nouvelle Ecole favoriserait la rencontre d’enfants issus de milieu social ou ethnique différent, qui déboucherait sur l’esprit de solidarité, de camaraderie retrouvée, de gestation de la citoyenneté ou du sentiment d’appartenance commune à un même pays, comme par le passé …

Derrière ces ambitions nobles, mais combien trompeuses, se cachaient, en réalité, des considérations et préoccupations bassement partisanes et claniques. Le souci n’était pas de s’attaquer aux dysfonctionnements du Système en général, mais essentiellement, de trouver une solution, à l’impasse de la filière arabe : Il fallait sauver les Ecoliers, naufragés, de la filière arabe, sans issue ! Filière qui consacrait un échec massif des enfants, sans réels débouchés ni perspectives de réinsertion dans le tissu économique.

En effet, chez nous la langue française – à la vie dure- était loin d’être morte et ailleurs l’anglais et le Français étaient de rigueur. Pour un étudiant formé donc uniquement en arabe, l’horizon interne et externe était assez rétréci, le champ des possibilités fortement restreint…

Cet échec de la filière arabe – le seul à l’origine de la réforme scolaire actuelle-, s’est illustré, on s’en souvient, par le renvoi dans les années 2000 d’un bon nombre de Professeurs de Sciences et de Mathématique, arabophones, reversés dans la diplomatie, ou affectés à d’autres tâches et fonctions administratives. Soit donc le corps arabophone, soit le médium était mis en cause dans l’enseignement des sciences, soit dit en passant …

La solution choisie fut donc de revenir à l’enseignement de certaines matières de base en Français (sciences et Mathématique ), qui était, jusque- là, réservé à la filière bilingue où se retrouvaient les écoliers négro- africains. D’un coté on levait un écueil – retour du français -, de l’autre on en créait, délibérément, par l’imposition de la langue arabe aux écoliers non arabes, avec de surcroît une langue éclatée en matières multiples affectées de coefficients accrus, accentuant ainsi leur handicap et leur échec massif, à travers une série littéraire totalement arabisée ! L’histoire, la géographie, la philosophie, la langue, l’instruction civique, l’instruction morale religieuse sont dispensées en arabe ! Appliquée brutalement, cette réforme allait pousser des milliers d’enfants négro-africains, pris de court et désorientés, à abandonner massivement l’Ecole.

On a donc réformé, mais en veillant à préserver soigneusement la nature discriminatoire du système qui opérait comme un filtre…Faisant déjà face à deux langues étrangères, -double handicap à surmonter- voilà qu’on multipliait de nouveau les obstacles sur leur chemin, ce qui, nécessairement, affecte négativement, fortement et durablement leur réussite scolaire. Voilà pourquoi , à titre d’exemple, au baccalauréat 2016, niveau national, série C, sur 100 admis on compte deux (2) Négro –africains ! A Kaédi sur 1061 candidats au bac toutes séries confondues il y a 37 admis négro -africains …Djeol compte zéro admis ! Voilà pourquoi dans les examens et concours d’accès à l’emploi les enfants et jeunes négro-africains sont recalés. De 2000 à 2016 les résultats sont tous les ans plus catastrophiques que jamais. L’Equité a déserté notre Ecole dès notre accession à l’indépendance …

Enseigner nos langues négro- africaines -gage de l’équité et de l’égalité des chances à l’Ecole et en société – n’a jamais, réellement, effleuré l’esprit des réformateurs. Ce fut –et ça le demeure – le cadet des soucis de nos gouvernants ; Il ne le fallait surtout pas, car ce serait “ouvrir la boite à Pandore, affaiblir la suprématie consacrée de la langue arabe, remettre en cause l’arabité de la Mauritanie”, compromettre le “rééquilibrage” du rapport de force, en voie de parachèvement …

Tel est l’esprit qui nous gouverne toujours !

Cette actuelle réforme, sabordant au passage l’Institut –performant – des langues nationales, n’a pas moins divisé et l’Ecole et la société mauritanienne. Par ses conséquences directes, des Profs de fac francophones, négro- africains, sont entrain d’être poussés vers la sortie, en voie de chômage technique…Les Profs de Droit, et d’histoire sont actuellement touchés, demain ce sera au tour des Profs de lettres. On devine la suite logique du processus sur l’Université… (et lorsque je parle de l’autre Elite- qui a choisi , pour l’essentiel, de se coucher, je note des grincements de dents !!!

En conclusion, l’uniformisation du Système scolaire actuel, à travers cette réforme dernière, s’est faite au détriment des enfants négro africains, au détriment de l’Unité nationale. En lieu et place de la réconciliation, elle a reconduit et accentué la fracture entre Ecoliers et entre communautés, par ses inégalités. Peut –il, du reste, y avoir réconciliation, restauration de l’esprit de camaraderie sur le socle de l’injustice ?

La baisse de niveau est, il est vrai, à l’échelle régionale, africaine et mondiale, mais elle est particulièrement aiguë chez nous à cause de la série de réformes à caractère idéologique et partisan…

“Notre pays dont l’unité s’est forgée dans l’épreuve entend sauvegarder cette unité comme son patrimoine le plus précieux. La diversité est une source d’enrichissement, elle ne doit jamais devenir une source de division. Unité dans la diversité, sans doute, unité dans une stricte égalité, des droits de chacun, sans discrimination d’aucune sorte. C’est ce que nous commande une vision de la réalité, une analyse sans complaisance des faits”.

Ce sont là des propos que tenait M. ould Daddah, mais quel usage en fit-il ? Nous pouvons réussir si nous abordons notre problématique dans un esprit exempt de tout calcul, de tout esprit partisan ou hégémoniste. Nous réussirons à condition d’être mus par le seul désir de construire, une fois pour toute, un système éducatif performant, fonctionnel, efficient , qui servirait l’égalité des chances , offrirait les mêmes opportunités et assurerait au peuple , dans toute sa diversité, développement, bien-être, et harmonie.

Samba Thiam
Inspecteur de L’Enseignement Fondamental

4 septembre 2014

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