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Mort de Souvi Ould Cheine : la CVE/VR exprime sa consternation et sa colère – Communiqué
CVE/VR – La CVE/VR a appris avec consternation et colère la mort du militant et défenseur des droits humains Souvi Ould Chein quelques heures seulement après son interpellation par des éléments du commissariat de police de Dar Naim 2, ce jeudi 09 février 2023.
Les images insoutenables et révoltantes du corps du défunt parsemé de blessures témoigneraient visiblement de sévices et de traitements inhumains et dégradants qu’aurait subi la victime et qui auraient probablement entrainé sa mort.
La mort de Souvi Ould Chein vient malheureusement allonger la longue et macabre liste des personnes ayant perdu la vie de manière suspecte pendant qu’elles étaient entre les mains des forces de l’ordre censées les protéger.
La loi de l’omerta et l’impunité érigé en mode de gouvernance, surtout quand il s’agit de tuer du noir, font que ces affaires n’ont jamais connu la moindre suite.
La CVE/VR, tout en présentant ses condoléances les plus attristées à la famille du défunt, à la grande famille des défenseurs des droits humains et à l’ensemble du peuple mauritanien, exige que le régime :
– Diligente une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur cette tragédie et en punir les éventuels auteurs
– Abroge la loi scélérate d’amnistie de 1993 qui est un véritable permis de tuer du noir en toute légalité.
Nouakchott le 10/02/2023
La Cellule de Communication
Quand la police, et partant la République, frappe, mutile et tue ses propres enfants
Il parait que la Mauritanie est un pays de droits de l’homme. C’est ce que déclare le Président dans ses discours, ainsi que le Premier Ministre, le Ministre de l’Intérieur, le Commissaire aux Droits de l’homme, le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH).
Nous savions les hôpitaux mauritaniens des mouroirs. Mais voilà que les commissariats le sont tout autant. En clair, la Mauritanie est surtout devenue la patrie du non droit et des bavures policières, où la vie du citoyen ne vaut pas un khoms.
Les violences policières sont de plus en plus nombreuses et toujours aussi peu sanctionnées, preuve manifeste qu’elles sont bien le fruit d’un système et non le fait de quelques agents ultra violents.
Jeudi 9 février, un jeune homme, répondant au nom de Souvi Djibril Soumaré, militant des droits de l’homme est cueilli à son domicile par des policiers du Commissariat n°2 de Dar Naim. Pour quel motif, demande-t-il? Un policier lui dit qu’une plainte a été déposée contre lui. De la part de qui, interroge-t-il, surpris? Tu le sauras au Commissariat, répond l’homme en uniforme. Ils lui enjoignent de monter à bord de leur voiture. Il leur dit qu’il préfère les suivre dans la sienne.
Il appelle son frère Bahah, du Groupement Général de Sécurité Routière (GGSR), un corps équivalent à la police routière. Arrivé sur les lieux celui-ci tente de s’informer des raisons de la détention de son frère. Les policiers disent qu’un homme a déposé une plainte contre Souvi pour non paiement d’une dette. Ils ne lui révèlent pas le nom du créancier.
Ayant entendu la voix de son frère Bahah, Souvi l’appelle, lui disant de s’approcher. Les policiers l’empêchent de voir son frère, sous prétexte qu’ils étaient occupés avec Souvi et qu’il pourrait venir le voir une heure plus tard.
Peu après, il reçoit un appel de la Police l’informant que Souvi avait eu une crise cardiaque et qu’au moment de monter à bord du véhicule, il avait fait une chute. Resultat: il est mort. Le policier ajouté qu’ils se trouvent à l’hôpital Cheikh Zayed.
C’était jeudi, peu après le crépuscule, à 20h30 environ. Les policiers amènent le corps sans vie de Souvi Ould Djibril à l’hôpital, puis repartent. “Il est recouvert d’un drap. Des traces de menottes sont visibles sur ses poignets et ses pieds. Le visage est ensanglanté. Du sang coule de sa bouche, de son nez. Le cou est marqué de trace. C’était un homme fort, ayant un gabarit. Pour le torturer de la sorte, il a dû subir des électrochocs”, déclare la sœur du défunt, au bord des larmes.
Ayant jeté le corps à la morgue de l’hôpital, les policiers s’en vont, comme si de rien n’était.
Des visiteurs de l’hôpital Cheikh Zayed filment le corps sur leur téléphone puis mettent en ligne les images. Insoutenables. Les réactions fusent de partout. Les témoignages se succèdent.
Les médias mauritaniens relatent les faits.
Une impunité quasi systématique des policiers.
Le Ministre de l’Intérieur, si prompt à parler des élections ou aux partis politiques, ne pipe mot, pas plus que le Hakem de Dar Naim, ni le Wali de Nouakchott Nord ou encore l’édile (le maire) de la commune.
Aucun officiel ne condamne les agissements policiers, ni ne se déclare simplement “choqué” par les images.
La DGSN se fend d’un communiqué dans lequel elle précise qu’une enquête administrative est en cours.
Le ou les policier(s) responsables ne sont même pas suspendu(s).
Des policiers qui enquêtent sur d’autres policiers, de surcroît en Mauritanie ! Vous voulez rire? Un peu comme si on demandait à la même police de lutter contre la torture ou le racketter des citoyens. Une mascarade.
Les institutions en charge de droits ne manquent pas en Maurutanie: Commissariat aux Droits de l’Homme, Commission Nationale des Droits de l’Homme. Il existe même un machin appelé Mécanisme National de Lutte contre la Torture. Ah bon? Vraiment?!
Tout ce beau monde est resté amorphe. Les enquêtes contre des fonctionnaires de police, accusés de violences policières et de corruption, ne mènent à rien. Les conséquences sont dramatiques : décès, blessures irréversibles. Les policiers responsables ne sont pas condamnés!!!
Les forces de l’ordre mauritaniennes jouissent d’une impunité scandaleuse lorsqu’elles sont responsables de violences.
Le comble, c’est quand le ridicule et l’arrogance poussent le coupable à se considérer victime.
Le mécanisme policier pour couvrir les bavures est bien huilé. Généralement les fonctionnaires mis en cause portent plainte contre leurs victimes pour outrage et rébellion après s’être procuré des certificats médicaux avec des interruptions temporaires de travail. Les témoins ne manquent pas pour corroborer une comédie bien connue. De faux procès-verbaux sont rédigés pour étayer ce scénario.
Que vaut la parole d’un simple citoyen contre celle d’un fonctionnaire de l’Etat, en uniforme qui plus est? Rien.
Dans le cas de Souvi, un costaud d’à peine cinquante ans, la police ose affirmer que le défunt avait eu une crise cardiaque, qu’il était tombé au moment de l’évacuation à l’hôpital !
L’enquête interne, pourra conclure, bien après les faits, qu’aucune “faute professionnelle” n’avait été commise par les policiers, dont les états de services sont du reste “excellents”. Et oui. Vous ne saviez pas? Lancer une grenade sur un jeune manifestant pacifique, bastonner à mort un paisible citoyen pour une “histoire de dette” et les tuer, ce n’est pas une faute. Nous sommes en Mauritanie.
On nous dira, après cela, que la sécurité du citoyen est une priorité, que la jeunesse est une priorité du gouvernement … et de la police.
Mon œil !
Med Yahya Abdel Wedoud
Journaliste, Dakar
Déclaration du candidat de l’Amérique du nord
Le Calame – La diaspora mauritanienne de l’Amérique du nord, par le biais de son candidat, «le candidat qui rassure et rassemble », tient à exprimer ses vives préoccupations face à l’opacité totale et les incertitudes qui entourent les conditions d’organisation des élections législatives à l’étranger, de manière générale et, dans la circonscription électorale de leur lieu d’établissement, en particulier.
Venant de ce régime, il n’y a là, à vrai dire, rien de surprenant, lui qui érige le tâtonnement, l’improvisation et le dilettantisme en règle de gestion politique et administrative des affaires publiques.
Ce pouvoir s’empêtre chaque jour davantage dans la spirale sans fin du décalage flagrant entre des proclamations populistes de bonnes intentions et la réalité tangible de sa pratique politique.
A titre d’exemple, de l’affirmation urbi et orbi et à grand renfort de propagande pompeuse de la mise en application de la Loi organique No.2009-022 du 02 avril 2009 relative au vote des Mauritaniens établis à l’étranger, on en est réduit à une petite liste de pays au choix orienté alors que la loi susmentionnée ordonne, à son article 3, l’organisation « des opérations électorales dans des pays où sont établis des Mauritaniens lorsque le nombre des inscrits sur la liste électorale… atteint cent (100)».
Combien de Mauritaniens dans des pays répondant à ces critères sont-ils aujourd’hui omis et privés de leur droit constitutionnel de participation au choix libre de leur représentants légitimes au parlement ?
Pire encore, même dans ces pays triés au volet, les citoyens mauritaniens sont assurés de devoir faire face à des obstacles savamment érigés qui ne manqueront de causer frustrations et désagréments pour en démotiver le plus grand nombre.
C’est de la peine perdue, cependant, car la diaspora mauritanienne de l’Amérique du nord est prête et parée pour braver les intempéries, le périls de longs voyages, les contraintes professionnelles et familiales afin d’exercer son droit électoral, mais ces concitoyens se souviendront, au moment de glisser le bulletin dans l’urne, avec quel degré de mépris les autorités de leur pays tiennent-elles leur bien-être.
La diaspora mauritanienne exhorte la CENI à se désolidariser de la mascarade en préparation en assumant pleinement sa mission de mise en œuvre des conditions optimales permettant à tous nos concitoyens le plein exercice de leur droit électoral. Dans cet ordre d’idées, il est de son devoir de veiller à ce que les opérations d’inscription sur les listes électorales soit accessible à tous et que des bureaux de vote soient ouverts dans toutes les zones de grandes concentrations des mauritaniens à travers les USA.
En tout état de cause, Washington seule ne saurait être l’unique option. Ce serait, par exemple, imposer aux milliers de Mauritaniens vivant dans le « Tri-State » (Indiana-Ohio-Kentucky) deux fois le voyage de plus de deux jours pour ces élections.
La diaspora mauritanienne exige de l’ambassade mauritanienne et, à travers elle, les autorités de leur pays, que le doute soit levé le plus rapidement possible sur les conditions d’organisation des élections en Amérique du Nord afin de permettre aux Mauritaniens de se préparer dans la sérénité et la paix pour l’exercice de ce devoir civique qui participe pleinement à l’instauration d’un Etat de droit auquel ils aspirent.
Le Service de communication de la campagne du candidat de la Diaspora
Le candidat Ibrahima Mifo Sow
Fait à Cincinnati, OH, le 7 février 2023
Congrès AJD/MR: «Les Négro-mauritaniens sont dans une situation d’un malade mourant qui n’a plus faim ni soif, ils ne pensent plus au plaisir de la vie…», affirme Ibrahima Sarr
L’Alliance pour la Justice et la Démocratie, Mouvement pour la Refondation (AJD/MR) a tiré les rideaux sur son congrès ordinaire, tenu à Nouakchott les 18, 19 et 20 Janvier 2023. La cérémonie de clôture a été marqué par la reconduction de son président Ibrahima Moctar Sarr pour une année à la tête du parti. L’homme qui voulait passer le témoin à la jeunesse pour une relève en douce s’est finalement plié à la demande des militants, avec cependant une condition : une année, pas plus, pour préparer un congrès extraordinaire et élire son successeur. Une condition acceptée par acclamations. La décision du président Ibrahima Sarr intervient après une longue réflexion et un bilan du fonctionnement du parti. Dans son discours d’ouverture, l’ancien journaliste de Radio Mauritanie, ancien bagnard de Oualata, ancien candidat indépendant à la présidentielle de 2007 qu’il acheva en quatrième position, jugeait que les moyens d’actions utilisées par son parti n’avaient pas été efficaces pour déconstruire le système en place. Celui-ci « ne cesse de se renforcer » et « il faudrait par conséquent », proposait le vieux leader, « passer le témoin à la jeunesse. »
En dépit des désillusions léguées par le régime précédent, les coups de boutoir contre son parti, les reproches et attaques portés à son encontre, le président Sarr rappelle que l’AJD n’a « jamais versé dans la surenchère ou l’extrémisme suicidaire » mais bien « plutôt prôné le dialogue entre les patriotes de tous les bords du pays » pour faire face à un système décadent et dévastateur. « Après avoir atteint les limites de son développement intrinsèque et sans ressources intelligentes de renouvellement et de dépassement, à l’instar de l’apartheid sud-africain, ce régime se débat dans les contradictions qui opposent ses dirigeants pour son contrôle et le menacent d’implosion ».
Poursuivant son propos, le rescapé du bagne de Oualata rappelait les différentes tentatives de saborder son parti de l’intérieur, par des frondes de certains de ses membres visant à amarrer l’AJD au pouvoir. Évoquant la situation des Négro-mauritaniens dont le parti est accusé de se préoccuper exclusivement, IMS affirme avec force qu’« ils sont dans la situation d’un malade mourant qui n’a plus faim ni soif, ils ne pensent plus au plaisir de la vie, ils veulent simplement ne pas mourir bêtement en tant qu’individu, en tant que communauté, en tant que peuple fort d’une histoire multiséculaire qu’il veut sauvegarder. Ce n’est pas du sectarisme ! »Et son président d’affirmer : « les Négro-mauritaniens veulent être considérés comme des citoyens à part entière. Même s’ils partagent avec la grande masse des autres mauritaniens le lot des déshérités du système, ils sont les seul à vivre l’exclusion au plan culturel, voire médiatique, la déportation et le bannissement. Les Négro-mauritaniens ne gèrent plus les deniers publics pour avoir la tentation de les détourner. » Pour Ibrahima Sarr, l’école est le lieu de l’exclusion par excellence. Et de citer pour preuve la dernière loi de réforme du système éducatif où l’on entend introduire les langues nationales, pulaar, soninké et wolof sans les avoir au préalable officialisées.
Puis l’honorable tribun constatait avec amertume le recul des rares libertés acquises de haute lutte : liberté d’expression, liberté d’association, liberté politique tout court. « L’exclusion et l’oppression ont atteint un niveau jamais égalé, les lois liberticides sont adoptées à tour de séances, nous assistons à une passation de service entre les hauts gradés de l’armée reconvertis en civil, un relais qui connaît des ratés, avec le cas du président Ould Abdel Aziz », indique-t-il.
Face à l’« exclusion rampante du système en place », l’AJD continue à se battre sur tous les forums, surtout au niveau de l’opposition démocratique mais aussi au sein de l’Assemblée nationale où elle avait envoyé quatre députés en 2013, pour réclamer l’abolition de la « loi scélérate » de 1993 et permettre ainsi l’apurement du passif humanitaire, prémisses indispensables à l’avènement d’un régime démocratique et égalitaire où tous les fils de ce pays auront les mêmes chances de s’épanouir ; l’officialisation des langues nationales pulaar, soninké et wolof et leur introduction dans le système éducatif afin de garantir à tous les chances de réussite ; la fin des injustices et du recul des libertés.
Pour réussir un tel challenge, il est nécessaire, estime le président de l’AJD/MR, que les justes et patriotes des autres communautés nationales acceptent d’apporter leur contribution. Maishélas, déplore-t-il, « les agendas au sein de l’opposition divergent et la Communauté internationale reste insensible à notre combat ». Si l’AJD se bat en effet pour déconstruire le système injuste en place, d’autres partis de cette opposition ne s’opposent, quant à eux, qu’au pouvoir qui le gère. « Voilà pourquoi », indique le président Sarr, « notre parti a décidé de marquer une pause afin de tirer les leçons de son combat depuis 2007. « Place à la jeunesse ! Je l’espère plus dynamique, plus imaginative et plus incisive car la question ne se pose pas entre exister ou disparaître. Vive la vie ! » Et la décision du vieux leader à n’accepter qu’un prolongement d’une année seulement à son poste est à cet égard sans équivoque. Un exemple dont devraient s’inspirer d’autres partis, de l’opposition bien sûr mais également de la majorité présidentielle.
TM
le calame
Beelly Konate – Monsieur le Président de la République de Mauritanie,
Nous, enseignants francophones mauritaniens, vous écrivons pour exprimer notre profond mécontentement face à la discrimination institutionnelle à notre égard. Nous sommes consternés de constater que dans certaines wilayas du pays, les directeurs francophones et certains arabophones ont été remplacés par des instituteurs arabophones ou bilingues dans les écoles à cycle incomplet et complet.
Nous considérons que ces directeurs, certains en poste depuis plus de 20 ans, ont été dégradés de manière inacceptable. Nous considérons qu’il est important que les francophones ou usagers de la langue française soient également pris en compte dans les nominations en fonction de leurs compétences.
Nous vous demandons de prendre des mesures immédiates pour mettre fin à cette discrimination institutionnelle et de garantir l’égalité de chances pour tous les enseignants et tous les élèves mauritaniens. Nous demandons la restitution des directeurs francophones à leurs postes et l’introduction d’enseignants arabophones et francophones dans les écoles à cycle incomplet.
Cela permettrait aux élèves de bénéficier d’un enseignement de qualité dans les deux langues et de se préparer aux exigences du système éducatif mauritanien et international.
Ainsi, ce remplacement des enseignants francisants par des arabisants et des bilingues est fait sans tenir compte de leur niveau de compétence en français. Cela rend l’apprentissage du français plus difficile pour les élèves et compromet leur réussite scolaire.
Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout, quelles que soient les conséquences, car il s’agit des carrières de certains fonctionnaires qui sont mises en jeu. Cet acte est un sacrifice de nos carrières et une marginalisation.
Nous considérons que les Mauritaniens sont les victimes de cette réforme qui ne peut conduire qu’à l’échec sur tous les plans. Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à cette lettre de protestation et nous espérons une rencontre ou une solution favorable.
Cordialement,
Noms et signatures de certains victimes