Dialogue politique national: Grosse déception de la COD
Les leaders politiques, responsables des formations ayant boycotté le dialogue tenu entre le 17 septembre et le 19 octobre 2011 ont unanimement considéré au cours d’une conférence de presse organisée samedi que les résultats du dialogue entre la majorité présidentielle et quatre partis de l’opposition ( APP , El Wiam, Hamam et Sawab ) sont décevants et ont juste permis de renforcer l’autocratie de Mohamed Ould Abdel Aziz et légitimer ses anciens putschs. Selon Ahmed Ould Daddah, chef de file de l’opposition démocratique et président du RFD : « La personnalisation des affaires publiques leur fait perdre toute signification et toute importance. Je rappelle à Ould Abdel Aziz que je lui avais dit que l’institution de l’opposition doit disposer des moyens d’entreprendre ses responsabilités ou être supprimée ». Evoquant les résultats du dialogue, Ahmed Ould Daddah a déclaré que de son point de vue, ce qui a été dit sur l’esclavage n’a aucun sens ni aucune importance, rappelant que depuis la Constitution de 1961 jusqu’à aujourd’hui, tous les régimes qui se sont succédé reconnaissent que ces pratiques sont antinomiques aux valeurs humaines internationales, et que malgré cela, ces pratiques persistent quand même. Selon le chef de file de l’opposition, le problème aujourd’hui est d’éradiquer complètement ce phénomène. Pour cela, il faut une application stricte et obligatoire de la loi assortie de programmes économiques, culturels et sociaux qui donneront à cette frange qui souffre depuis longtemps de privation et de marginalisation, une sorte de discrimination positive dans l’emploi, la formation, la santé et l’éducation et qui lui permette de réduire le fossé entre elle et les autres composantes de la société. Nulles autres solutions ne peuvent définitivement venir à bout du phénomène de l’esclavage. Selon Ould Daddah, l’esclavage est une pratique abjecte non seulement pour ceux qui la subissent mais aussi pour le pays et l’ensemble des Mauritaniens, car le pays ne peut se libérer et se développer que lorsque tous les citoyens sont libres et égaux en droits et en devoirs, ajoute AOD.
Le président de Tawassoul, Mohamed Jemil Mansour, répondant aux questions de certains journalistes a déclaré qu’eux comme opposition nationale pensaient que le dialogue devait aboutir à des choses importantes dans les affaires essentielles liées à la réforme politique, surtout celle permettant l’enracinement d’un système démocratique et la rupture avec la dictature. Ce qui de l’avis d’Ould Mansour n’a pas eu lieu donc le dialogue était sans importance. Pour le président de Tawassoul, l’évocation de la garde présidentielle dans leur communiqué relève de leur souci de doter le pays d’une armée républicaine unique dépendant de la seule nation pour éviter les expériences vécues par des peuples à cause de la garde présidentielle comme ça a été le cas des pays comme la Tunisie, le Yémen, la Syrie ou la Libye.
Dans son intervention, le président de la Rencontre Démocratique, Mahfoud Ould Bettah a déclaré que l’interdiction des candidatures indépendantes est une enfreinte flagrante des dispositions de la Constitution, car elle constitue une restriction des droits des citoyens d’être élus en dehors des programmes de la classe politique dont ils ne sont pas convaincus. Tout comme estime Ould Bettah, l’augmentation du nombre de députés n’a aucune justification dans un pays d’à peine trois millions d’habitants. Cela permet juste d’augmenter les charges du Trésor public. Enfin, pour Moustapha Ould Bedredine, vice président de l’UFP : « Les dialogueurs ont augmenté l’autorité de Mohamed Ould Abdel Aziz. Et parler de la condamnation de coups d’état par quelqu’un qui en a fait deux et qui continue à détenir la force militaire qui lui a permis de les faire et est prêt à faire un troisième est pour le moins qu’on puisse dire pas innocent ». Selon Ould Bedredine, le groupe qui est parti négocier afin de limiter l’autorité de Mohamed Ould Abdel Aziz et renforcer celle des autres institutions, n’a finalement fait qu’augmenter les pouvoirs du Président. Alors qu’on attendait à ce que le dialogue rétablisse l’équilibre entre les pouvoirs et redonne un sens à leur séparation poursuit Ould Bedredine, nous avons été surpris que les dialogueurs lui ont légalisé ses anciens putschs, institutionnalisé ses milices dont le BASEP et renforcé ses pouvoirs.
LE CALAME