Répit du Mouvement TPMN : Le calme qui précède la tempête?
Loin de s’avouer vaincu, malgré son disparu, ses blessés graves et ses détenus, le mouvement TPMN n’est pas encore prêt à renoncer à sa ferme lutte, même si après la remise de sa lettre de doléances aux députés de l’opposition, il doit s’accorder un moment de répit.Le temps de voir si les autorités vont s’efforcer de gérer sagement la polémique de l’opération d’enrôlement dans le sens de l’apaisement ou si elles persévéreront plutôt dans la voie de l’escalade. Hier, devant les députés, qui l’ont interpellé sur la nécessité de bien gérer cet épineux dossier, le ministre de l’intérieur est resté tantôt de marbre, tantôt confus, maintenant le cap de la tension. Les derniers rebondissements du dossier du recensement ont eu lieu hier à l’Assemblée nationale, où le leader de Tawassoul Mohamed Jemil Mansour, commentant l’attitude arbitraire du gouvernement face à cette question, a indiqué que les députés s’attendaient plutôt à une démission du ministre de l’intérieur et de la décentralisation Mohamed Ould Boilil, dont le ton devant les parlementaires est resté inchangé, avec des allégations presque similaires à celles qui avaient embrasé successivement Nouakchott Kaédi et Maghama. En effet, défendant bec et ongle sa politique, le ministre avait affirmé la poursuite de l’opération d’enrôlement, sans préciser si cette fermeté de l’Etat sera accompagnée de mesures atténuantes notamment de vulgarisation de l’opération d’enrôlement, capables de la rendre perceptible et débarrassée de son vocable discriminatoire.
Le ministre enfonce le clou
Plus drôle, le ministre de l’intérieur n’a fait qu’enfoncer le clou dans la plaie, en tâtant un autre terrain parent aussi sensible que le recensement, qui se rapporte au sort incertain de réfugiés mauritaniens présents sur le territoire malien. Ainsi, à une question posée par la députée Ufp Kadiata Malick Diallo sur le sort de ces expatriés, qui attendent toujours leur retour au bercail, Ould Boilil a nié l’existence de citoyens réfugiés au Mali, soulignant que seuls des expatriés sont encore présents au Sénégal, ajoutant que leur rapatriement au pays se fera très prochainement. Tous ses signes n’augurent pas des airs d’apaisement pendant les prochaines semaines entre le pouvoir et les militants du MTPN, lesquels ont réitéré samedi dernier la poursuite future de leurs manifs jusqu’à obtenir gain de cause. Toutefois, si l’escalade se lit dans les débats de l’hémicycle parlementaire, tel n’est pas le cas dans les milieux officieux. Si du moins ce que l’on avait appris hier auprès de l’Ani, qui citant certaines sources, a révélé que les autorités sont parvenues à trouver un consensus avec le MTPN, sans donner d’amples informations sur ce présumé accord. Selon cette agence, citant les mêmes sources, un haut responsable originaire de la vallée du fleuve et des officiers supérieurs « ont pu trouver un accord (tacite) avec les dirigeants du mouvement au terme duquel toutes leurs doléances principales seront prises en compte par l’administration », indiquant qu’en contrepartie de cette main tendue, les contestataires devront revenir au calme et cesser d’occuper la rue. Et d’ajouter que des élus de la vallée sont allés à la rencontre des populations de cette région pour les informer et les sensibiliser sur la décrispation et sur les facilités relatives aux opérations d’enrôlement, précisant que des instructions ont été données dans ce sens notamment celles recommandant d’éviter les questions embarrassantes à la personne candidate au recensement. Aussitôt mis au parfum de ces rumeurs d’apaisement, le mouvement TPMN a apporté, par la voix de son coordonnateur Abdoul Birane Wane un démenti catégorique à ces informations sur le site local « info2larue », dénonçant même ce qu’il a appelé une campagne d’intoxication orchestrée par les autorités, soulignant que le TPMN reste ferme sur ses revendications et qu’il ne cédera ni à la corruption, ni à l’intimidation et à la terreur. Selon Biran sur « info2larue, aucune négociation ne peut avoir lieu avec des autorités qui ordonnent de tirer à balles réelles sur des adolescents et cautionnent la torture, ajoutant que « si des cadres corrompus originaires de la vallée ont été dépêchés pour sauver le régime d’ould Abdel Aziz, aucun accord n’a été signé entre eux et le mouvement », regrettant le fait que des responsables d’Etat agissent de la manière.
Md Ould Md Lemine –Le Rénovateur