Expropriation foncière : Le pouvoir dépossède les paysans de leurs champs !
Depuis 16 jours, une délégation intercommunale de Boghé se trouve à Nouakchott. Objectif : sensibiliser les cadres ressortissants de cette localité sur l’accaparement de leur terre par les autorités publiques au profit d’investisseurs saoudiens de la Société Tabouk Eziraiya-Groupe Errajihi.Ouvrant le bal des allocutions, le Secrétaire Exécutif du Forum des organisations nationales de droits de l’homme (Fonadh) Sarr Mamadou Moctar, a planté d’emblée le décor de cette conférence de presse organisée par une délégation intercommunale de la Moughataâ de Boghé en ces termes : «Depuis une dizaine de jours, une délégation intercommunale de Boghé, composée de 7 personnes, est venue à Nouakchott pour dénoncer des faits et gestes du pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz. En effet, l’Etat a décidé de mettre un vaste terrain à usage agricole à la disposition des investisseurs saoudiens de la société Tabouk Eziraiya-Groupe Errajihi. Ils vous parleront de la situation de l’accaparement de terre dans cette zone. Ils ont tenu faire cette présente conférence de presse pour informer les populations». Pour sa part, Djigo Moussa Abou, Chef de la délégation, a laissé entendre: «Nous sommes venus dans la ville de Nouakchott avec le but de dénoncer l’accaparement de nos terres par les autorités publiques. Nous avons commencé notre travail de sensibilisation depuis dans nos différentes communes». Et de rappeler : «Au mois de mai passé, trois des communes de Boghé- hormis celle de Dar El Barka, qui n’est pas directement concernée- sont en train d’être expropriées leur terre agricole au profit d’une société saoudienne dénommée Tabouk Eziraiya-Groupe Errajihi. En conséquence, nous nous sommes organisés pour contrecarrer cette décision du pouvoir. C’est ainsi que nous avons pris notre bâton de pèlerins pour entamer une campagne de sensibilisation dans les différentes communes concernées, mais aussi à Nouakchott pour voir les cadres ressortissants de ces trois communes, qui composent plus de 60 villages. Et nous disons à tous que nous refusons catégoriquement de l’accaparement de nos terres agricoles estimées à 4.000 Hectares par les autorités publiques au profit des investisseurs étrangers. Pour cause, nous avons produit un doucement dans les limites légales de 60 jours et nous l’avons déposé. Je dois vous dire que nous avons développé nos différents arguments dans ledit document. Des argumentaires environnementaux, juridiques, économiques, agro-pastoraux qui sont fondés sur les codes juridiques et environnementaux».
«Nos terres sont mises en valeur selon les moyens du paysan»
Evoquant des rencontres effectuées par la délégation intercommunale, Cheikh Tidiane Ould Bleyel a dit «Depuis que nous sommes à Nouakchott, nous avons rencontré plusieurs personnalités publiques et ressortissantes de nos différentes localités notamment le ministre des Finances et son homologue du Développement rural. Le premier nous a très bien reçus il a dit qu’il nous soutient dans notre combat parce qu’il est fils de la localité. Et le deuxième nous a dit qu’il ne s’agit pas d’accaparement de terre, mais d’une étude de domanialité de ces terres. Sur ce, nous lui avons évoqué tout d’abord l’organe local qui est en charge de la gestion domaniale en zone rurale tel que le dicte l’article 25 du décret n°2010-080 du 31 mars 2010 abrogeant et remplaçant le décret n° 2000/89 du 17 juillet 2000 portant application de l’ordonnance 83-127 du 05 juin 1983». A en croire les membres de la délégation intercommunale, le pouvoir du président veut les accaparer de leur terre en parlant de la domanialité de ces terres donc de leurs mises en valeurs. Mais ils se défendent que leurs «terres sont mises, mais elle le sont suivant la dimension des moyens du paysan»
Camara Mamady –Le Rénovateur