Arrestations de présumés agitateurs : les familles veulent comprendre
Plus de 50 personnes sont en détention dans les différents commissariats de Nouakchott suite aux agitations du mouvement TPMN. Parmi les individus arrêtés figurent des étrangers qui ont été interpellés de leurs domiciles par les forces de l’ordre.Beaucoup d’ouvriers africains se sont retrouvés dans les commissariats sans comprendre ce qui leur est arrivé.Etonnant non! Plusieurs familles aussi s’inquiètent de la disparition de leurs enfants dont ils n’ont plus de nouvelles. Des adolescents ont été raflés en pleine circulation alors qu’ils n’avaient pas pris part aux manifestations de TPMN laissent entendre leurs proches. Dans la confusion ou tout simplement pour discréditer l’action menée par les activistes du mouvement, le coup de filet de la police a permis de mettre la main sur un nombre important de personnes notamment dans les quartiers populaires de Nouakchott. Les autorités doivent au plus vite mettre de la lumière sur ces arrestations et éviter surtout que les forces de l’ordre usent de la torture et des intimidations pour soutirer à ces gens des aveux fallacieux pour justifier les accusations d’atteinte à la sécurité publique utilisés comme l’argument principal.
Loin de favoriser le retour à la sérénité le prolongement des délais préventifs ne fait que semer le doute sur les intentions des autorités sécuritaires sur les arrestations opérées. La police a –t-elle vraiment pris des fauteurs de troubles ou raflé des passants ? a –t-elle pris la peine de séparer les manifestants des autres. Ou s’agit-il de l’application de la fable de la Fontaine : « si ce n’est toi c’est l’un des tiens ! Les jours passent et l’inquiétude des familles s’accroît. Les autorités qui ont usé de la fermeté pour mater les manifestants ont déclaré avoir arrêté des étrangers qui encadraient les incidents sans prouver leurs identités. Une telle accusation a perturbé le moral de personnes étrangères vivant parmi nous les mettant sur le qui-vive d’éventuelles interpellations. Un travail professionnel est nécessaire pour faire la part des choses au lieu de sévir aveuglement contre de pauvres personnes prises peut-être à tort pour cibles. Aussi il faudrait que des enquêtes préliminaires soient menées par des commissions compétentes pour prouver ou non l’implication des présumés auteurs de destruction des biens. L’opinion publique a le droit de savoir ce qui s’est passé et non pas de voir des arrestations toucher des personnes du fait que d’autres ont participé à des manifestations. La liste de ces personnes arrêtée n’étant pas publiée par la police, les spéculations sur le nombre exact des détenus vont bon train. Mais le problème n’est pas seulement relatif au nombre mais aussi sur les lieux, les conditions de détention, la suite à donner à ces arrestations dans des délais rapides. Autant il n’est pas permis à des gens de s’attaquer aux biens ou de troubler l’ordre public, autant il n’est pas juste d’arrêter des gens dont l’implication dans les manifestations TPMN reste à prouver. La lumière, toute la lumière doit être faite sur tous ces cas qui préoccupent les familles touchées par cette situation. Et c’est à la justice de se saisir de cette question pour mettre fin à ce séjour des détenus dans les commissariats qui ont dépassé les délais prévus. Sinon c’est une violation flagrante des droits humains.
Cheikh Tidiane Dia- LE RÉNOVATEUR