L´édito de Biladi: La baraque mauritanienne est fragile
La situation provoquée par le rejet des négro-africains du recensement controversé de l’état civil est loin d’être rassurante. Et le pays risque bien d’en pâtir. Ce problème est en train, en effet, de se transformer, par la bêtise des uns et des autres, en une question raciale qui rappelle de mauvais souvenirs. A l’intérieur de chaque communauté, comme c’est le cas généralement en pareilles conséquences, on commence à céder à la facilité et à glisser vers la perspective du conflit en incriminant l’autre auquel on a taillé, en se basant uniquement sur les préjugés et autres reflexes identitaires, un costume sur mesure. Des termes qu’on croyait rayés du dictionnaire national refont surface tels que la ‘’communauté arabo berbère’’ pour désigner les maures et la ‘’minorité noire opprimée’’ pour désigner les populations négro africaines du pays.
Les premiers voient dans ce terme très péjoratif, qui d’ailleurs et à juste titre ne correspond pas à une réalité sociale précise parce qu’il fait l’amalgame en associant deux communautés distinctes et souvent en conflit dans d’autres pays de la zone, une manière de vouloir leur ôter une identité arabe qui leur est très chère.
Quant aux seconds, on les accuse, sans preuves certes, de ne pas être loyaux envers la nation mauritanienne et d’avoir les yeux toujours rivés sur d’autres cieux…
Dans ce moment de folie, les positions de chaque communauté sont lues par l’autre à travers cette loupe déformatrice et dangereuse pour toute cohabitation nationale. Malheureusement, c’est ce qui est entrain de se passer actuellement. La majorité des maures ne cherchent même à comprendre les données du problème et défendent aveuglement ce que l’administration aime appeler l’enrôlement des populations dont l’objectif déclaré officiellement est de tenir correctement le registre civil de la Mauritanie. Même si beaucoup du monde y voient ‘’l’opportunité’’ de ‘’nettoyer’’ la population mauritanienne de tous les ‘’tares’’.
Face à cela, les négro-africains craignent de devenir la victime désignée de ce désir de ‘’purification’’. Ils ont droit de défendre leurs droits naturels à la nationalité mauritanienne, mais ne doivent pas raté leur cible : le pouvoir et non pas la communauté maure.
La baraque mauritanienne est fragile, nous devons l’entretenir et la défendre. Le pouvoir n’a pas intérêt à s’entêter à défendre un recensement qui est mal conçu au départ, qui piétine et qui risque de faire beaucoup de dégâts…
BILADI.