Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

L’esclavagisme, sujet tabou en Mauritanie

altNeuf militants de l’organisation antiesclavagiste mauritanienne IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste) ont comparu le 17 août pour rassemblement non autorisé, appartenance à une organisation interdite et rébellion. Le parquet de Nouakchott a requis à leur encontre des peines de prison de deux à trois ans,selon RTL. 

Les membres de l’organisation ont été arrêtés  alors qu’ils protestaient contre la libération sous contrôle judiciaire d’Aicha Mint Saibot, accusée de pratiques esclavagistes sur une mineure de 10 ans. L’IRA accuse les autorités de complicité avec les «maîtres»:

«La police des mineurs à Nouakchott et le commissariat d’Arafat 1 ont pris le soin d’informer la présumée esclavagiste de l’enregistrement de la plainte contre elle, l’alertant ainsi pour qu’elle éloigne l’enfant de la maison qui doit recevoir les enquêteurs. Ceci est une connivence très grave avec les esclavagistes, mais à laquelle nous a habitué la police mauritanienne», a déclaré l’organisation, rapporte le site Cridem.   

Dans un communiqué publié le 10 août, l’IRA dénonce cet «acharnement du gouvernement, motivé par sa volonté clairement exprimée de nier systématiquement l’existence de l’esclavage en Mauritanie».

La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) ont condamné l’arrestation des militants de l’IRA. Les deux associations se sont également inquiétées des propos du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz qui, dans un entretien télévisé, a nié l’existence de l’esclavagisme en Mauritanie.

Pour les défenseurs des droits de l’homme, cette déclaration ne peut qu’encourager l’impunité des auteurs de pratiques esclavagistes.

L’IRA, indique son président Biram Ould Dah Ould Abeid, est « opposition idéologique qui veut lutter pacifiquement contre toutes les formes d´injustice et d´impunité ». Elle réclame notamment l´application effective de la loi 2007 qui a criminalisé l´esclavagisme et celle de 1981, qui aboli pour la troisième fois la pratique en Mauritanie.

L’esclavage toucherait près de 600.000 personnes, sur une population estimée à plus de 3,2 millions d’habitants (CIA, juillet 2011). Il s’agit d’un phénomène séculaire dont les racines sont aussi anciennes que les populations qu’elles concernent, estime Saïdou Kane, un anthropologue mauritanien décédé en 2006. Pour ce dernier, l’esclavagisme subsiste sous toutes ses formes dans la société mauritanienne:

«Dans nos sociétés, l’esclave est dans tous les cas de figure un paria “arani” (étranger). […] (Il) est alors un bien, un non-être, chargé d’apporter un plus à la famille qui l’asservit. Sa fonction économique est précise. C’est un Beydaari : celui qui fructifie ou qui croît», affirme-il.

SLATE AFRIQUE

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