Mémoire courte
Il y eut d’abord la traite transsaharienne ou certains notables noirs, a travers la majeur partie de l’Afrique, ont livre des milliers d’ autres noirs aux esclavagistes arabes qui, il faut le reconnaître, ont le plus souvent recouru au vol ou kidnapping pour se pourvoir en esclaves . Puis ce fut la traite transatlantique durant laquelle des millions de noirs se retrouvèrent esclaves, aux Ameriques et dans les Caraïbes, troques’ contre des sifflets et des miroirs, par d’autres noirs restes en Afrique. Aujourd hui, par le biais de la courante opération d’enrôlement, des milliers de noirs mauritaniens sont menacés d’ expulsion vers le Sénégal et le Mali, faute de papiers, avec la complicité de certains noirs, mus exclusivement par la préservation des petits postes politiques qu’ils occupent dans le système.
Le recensement actuel qui aurait du être une opération d’une simplicité élémentaire est entrain de se transformer, sous nos yeux, en une catastrophe nationale. Un véritable gâchis est entrain d’en résulter. l’unité nationale est plus que jamais remise en cause; La frustration est presque palpable chez les communautés visées par l’exclusion; Une gestion désastreuse des énormes fonds engages n’ayant jusque la produit que de piètres résultats…,Pourtant, dans les normes, il n’y a rien de plus simple que de mener a bien un recensement national. Nul besoin d’être expert en quoi que ce soit. Un brin de bon sens et un esprit élevé de justice et d’équité peuvent garantir un succès total. Ceci est d’autant plus vrai dans un pays comme le notre ou le nombre total d’habitants tourne autour de trois millions. De plus, presque tous les mauritaniens se connaissent, surtout ceux qui vivent en ville et ils constituent l’écrasante majorité. La raison en est que, il n’y a pas encore très longtemps, ils fréquentaient les mêmes collèges , les mêmes lycées et se rencontraient presque tous les jours dans les locaux des services publics ( ministères, postes, banques…); si bien que, même si un mauritanien ne connaît pas un autre mauritanien directement, il y a de fortes chances qu’il connaisse quelqu’un qui le connaît.
Le moins que l’on puisse dire est que les individus qui sont à la base de la conception de ce projet de recensement ont la mémoire courte. En 1989 des milliers de noirs ont été déportes vers le Senegal et le Mali sous le prétexte qu’ils ne sont pas mauritaniens. Une fois débarqués dans ces pays, les authentiques senegalais ou maliens n’ont même fait 45 minutes dans les centres d’accueil. Ils ont immédiatement rejoint leur famille d’origine dans ces pays. N’ayant nulle part ou aller, les vrais mauritaniens sont d’abords restes dans les centres d’accueil, avant de se regrouper en camps et petits villages dans la zone sud du Sénégal et ouest du Mali. Pendant des années, ils ont préfèré vivre dans des huttes ou sous des arbres plutôt que de s’ intégrer dans les sociétés sénégalaise ou malienne. En dépit du dénouement total dans lequel ils vivaient ils n’ont jamais renoncé à leur nationalité mauritanienne. Aujourd´hui encore, plus de vingt ans après leur déportation, des milliers de familles noires, plus que jamais mauritaniennes, vivent dans des camps de l’autre côté du fleuve. Cela démontre le caractère vital de l’attachement de ces populations à leur pays.
Il est vrai que le rêve des tenants du système politique mauritanien a, depuis toujours été de voir les noirs du pays, autre que les haratins, se transformer en Abid ou quitter définitivement le pays pour le Sénégal ou le Mali. L’objectif final de ce recensement est donc, en définitive, de transformer ces populations en…apatrides chez eux, dans l’espoir de les voir quitter le pays, de leur propre gré ou par la force, pour l’un des états limitrophes. Une chose est certaine, chasser ces populations de leur terre natale, équivaudrait à les pousser dans leurs derniers retranchements. Acculés et le dos au mur, Ils auront alors tout perdu. La seule chose qui leur resterait dans la vie serait l’acte mécanique qui consiste à inspirer de l’oxygène et à expirer du gaz carbonique.
Baydi SIH