L’opposition sur le mouvement des lignes
L’opposition mauritanienne est entre deux positions difficiles voire incertaines: d’une part, elle veut jouer son rôle de contre-pouvoir en usant des formes de contestation légales que lui confère la constitution, d’autre part, elle décide de s’inscrire dans un processus de dialogue avec le pouvoir avec évidemment des préalables.Le choix est d’autant plus complexe que dans la logique de contestation du système dominant qu’elle veut incarner, l’opposition a du mal à trouver la force de frappe nécessaire pour obliger le régime à céder sous la pression.
Soit en mobilisant ses troupes soit en produisant un discours incisif. Pourtant l’opposition ne manque pas de détermination. Elle souffre plutôt d’une absence de stratégie bien pensée et adaptée au contexte actuel. Or, à ce niveau, il y a, à chaque fois une sorte de déroute qui s’empare des leaders des forces de l’opposition au point de se perdre dans les idées et d’apparaître inconséquents dans le discours. Autrement dit, au moment où il y a lieu de lâcher du lest, l’opposition se radicalise, et au moment où s’impose de durcir le ton celle-ci reste fébrile. Dans ces conditions on se demande si véritablement l’opposition sait sur quel pied danser ou quelle arme user. A force de garder une ligne contestatrice permanente, son image reste subversive, mais en même temps elle risque d’être en désaccord avec ses bases qui elles réclament un changement de tonalité politique. C’est ce qui d’ailleurs pose des problèmes de
choix par rapport aux exigences des militants. Chacune de ces options comporte ses atouts et ses inconvénients. Si l’opposition persiste dans le refus et la contestation, elle finira par se lasser et à s’effriter petit à petit. Cette situation a engendré à maintes reprises des frictions au sein des formations politiques de l’opposition qui font l’objet de défections. Tous les partis ont vécu cette situation sans arriver à trouver les remèdes pour contrer le nomadisme permanent qui les rongent. Dès qu’une occasion se présente de regagner le camp de la majorité les hémorragies se déclenchent. Depuis l’ère de Taya le radicalisme politique de l’opposition ne fait que profiter au pouvoir. De guerre lasse, les cadres des forces de l’opposition désertent leurs formations pour chercher des opportunités plus favorables à leurs appétits. Au lieu de réfléchir sur de nouvelles stratégies de préventions contre de telles déperditions de leurs militants, l’opposition continue d’appliquer la formule : « nul n’est indispensable, qui veut quitter le fait » ! C’est cette règle qui a émietté des partis comme L’APP, l’AJD, le RFD etc. Cette tendance va encore se prolonger dans le contexte actuel où l’absence de dynamisme créé une situation de lassitude et de démotivation. La position de dialogue dans laquelle s’inscrit la COD est tout aussi incertaine dans le sens où elle va donner plus de reconnaissance politique de l’opposition auprès du pouvoir. En trouvant quelques concessions de taille, l’opposition coure le risque de courber l’échine devant la machine gouvernementale. C’est à ce niveau que le dialogue est une porte ouverte à tous les marchandages. Le mois que l’on puise dire est que l’opposition est sur le mouvement des lignes qui suivent des chemins non encore définis …
Cheikh Tidiane Dia – LE RÉNOVATEUR