Les élections présidentielles en Mauritanie : la peur a changé de camp
Le 2 février 2019, je publiais sur ma page FB ceci : « Il serait impardonnable aux leaders de la mouvance négro-mauritanienne de ne pas présenter un candidat aux prochaines élections présidentielles. En effet, après la débâcle des élections passées, cette mouvance devrait saisir l’opportunité pour rebondir. Ne pas le faire serait participer au processus de l’extinction politique de l’élément négro-africain en Mauritanie. »
Alors, c’est dire ma satisfaction de la performance du candidat de la coalition vivre ensemble. De mon point de vue, le sursaut a été réalisé et quelque soit le rang réel ou imaginaire occupé, dans le décompte final, par notre candidat Dr Hamidou Baba Kane, il est évident qu’aujourd’hui personne ne peut nier cette force de l’électorat noir mauritanien et de son réveil. Objectivement, toute personne honnête sait que les populations de la vallée ont répondu massivement et avec enthousiasme en faveur du candidat de notre coalition.
Après le constat de succès et de réussite de notre campagne, puisque tous nos objectifs immédiats sont atteints, maintenant la question est de savoir, que devons-nous faire ? Je suis convaincu que la priorité devrait tourner vers des stratégies de sauvegarde de ces acquis et de continuer de chercher l’adhésion de ceux parmi nous qui avaient choisi d’autres candidats au dépens du nôtre. Pour cela, nous devons continuer à travailler dans l’intérêt de nos populations et chercher des voies et moyens pour exorciser la peur subie encore par certains éléments de nos populations.
Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous n’avons rien à prouver aux Mauritaniens. Nos jeunes ont travaillé inlassablement pour assurer le succès de notre campagne. Et dès la déclaration illégitime des élections par le candidat du pouvoir, ils ont envahi les rues de nos différentes villes, ils ont affronté les gaz lacrymogènes, les grenades et les matraques des policiers et des militaires du pouvoir. Mais aussi notre courage et notre détermination se sont matérialisés et immortalisés par cette image de nos leaders politiques à la tête des manifestations. Par conséquent, il devient impératif d’être conscient de notre force et de l’utiliser à bon escient pour accomplir nos objectifs.
Faut-il continuer à manifester ? Je laisse l’appréciation du choix à ceux et celles de l’intérieur du pays. Mais, en tant qu’acteur politique, je leur demande d’identifier les raisons réelles de ces manifestations et d’éviter de tomber dans des manipulations de la part de nos adversaires de quelque bord qu’ils soient du côté du pouvoir ou d’une certaine opposition malintentionnée.
Par ailleurs, ces élections ont confirmé ce que les plus avertis d’entre nous pensaient déjà depuis un certain temps à savoir l’importance démographique de la population noire en générale et celle de la communauté peule en particulier. C’est cette réalité révélée qui fait paniquer le pouvoir et ses alliés. Le pouvoir pensait tout contrôler. Le refus d’enrôler le maximum de noirs (ascension sur le nombre), le contrôle psychologique qu’il était persuadé de détenir (vote mécanique de la vallée pour le pouvoir). Malheureusement pour eux tout vient de s’écrouler comme un château de cartes sous leurs yeux
C’est cette panique qui explique l’arrestation du président des Forces Progressistes du changement (FPC), M. Samba Thiam et d’autres membres de la Coalition Vivre Ensemble à Nouakchott et à l’intérieur du pays. Ainsi, les autorités mauritaniennes croient pouvoir réintroduire la peur dans le cœur et l’esprit de nos populations. Mais le régime se trompe lourdement et ces autorités feraient mieux de méditer sur cette citation du vice-président des FPC, M. Ibra Mifo Sow : « cette brutale provocation ne pourra, ni entamer le moral du président Samba Thiam, ni encore moins venir à bout de la détermination de notre peuple à faire respecter ses droits de citoyens à part entière dans un pays qui est le sien. »
Mamadou Barry dit Hammel
USA