Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Editorial: Dépénalisation? mon œil!

altLe nouveau projet de loi adopté le 22 juin en conseil des ministres et présenté comme “dépénalisant” les délits de presse est un véritable attrape-nigauds. Normal, le ministre de la Communication est juriste. Le texte a supprimé l’emprisonnement des journalistes dans quelques cas maintenu les amendes prévues à cet effet, et l’emprisonnement des “plumitifs” comme on dit de nous,  dans bien d’autres cas. Les communiqués de satisfaction de l’Union pour la République (parti au pouvoir) et ceux des organisations de medias auront donc été rédigés à la va-vite,  dans la perspective d’applaudir ou de plaire. 

Les amendes restent et les journalistes continueront à aller en prison pour des délits d’expression ayant trait par exemple, à l’incitation à la haine, aux atteintes à l’unité nationale, et aux valeurs universelles. Et parceque  que ce genre de délits donnent aux juges le pouvoir d’interpréter et de qualifier, ils leur confèrent toujours la décision d’envoyer des journalistes derrière les barreaux. 


Les modifications apportées n’ont donc pas dépénalisé les délits de presse en Mauritanie comme tentent vainement de le faire croire des griots patentés ou autoproclamés.

Ce qui s’est réellement passé, c’est que des articles de la loi 2006-017 qui prévoyaient des peines d’emprisonnement pour l’injure et la diffamation envers les particuliers ont été supprimés alors que les amendes pour ces mêmes délits restent et que sur la base de certaines exceptions, les journalistes vont toujours –ya vadhma– continuer à être emprisonnés.


Le maintien des amendes qui s’explique dit-on, par le souci de protéger les particuliers contre les actes diffamatoires donne la possibilité de condamner les journalistes -le plus souvent pauvres- à de fortes amendes, et à confisquer leurs maigres biens, s’ils sont dans l’impossibilité de payer. 


Plus la peine de condamner un journaliste à 6 mois de prison pour avoir diffamé une personne, il suffit de le sommer à casquer 600 millions de dommages et intérêts à cette même personne. Vous imaginez?


Et si un article de presse pourra être perçu par un juge aux ordres, comme portant atteinte à l’unité nationale, ou incitant à la haine, alors là, embarquement immédiat pour la prison.
Dépénalisation disent-ils ? Mon œil…!


Isselmou Ould Moustapha -Tahalil-Hebdo.

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