Le paradigme politique commence à se fissurer
L’expérience de la politique en Mauritanie depuis l’avènement du multipartisme est marquée par la présence sur la scène d’hommes qui se sont frayés une place sur l’échiquier politique à la faveur de circonstances déterminées par les événements qui surviennent de temps à autre. Si le décor qui s’est planté depuis les premières heures de l’ouverture démocratique dans le pays n’a pas radicalement changé il est en train de se fissurer.
Il reste cependant dominé par les rapports de forces qui tracent une ligne de démarcation entre les caciques du pouvoir et ceux de l’opposition. Les différents changements intervenus depuis la chute de Taya n’ont pas encore changé fondamentalement la donne. Le président investi se retrouve en face des mêmes pôles politiques dirigés par des leaders épuisés par des années de durs combats. Les « chefs de guerre » de l’opposition concentrent toutes leurs forces dans la conquête du pouvoir qu’ils n’arrivent pas à gagner. Une fois la parenthèse électorale refermée, les hostilités post-électorales aggravent les antagonismes entre les acteurs des deux bords. Les rangs de la majorité se renforcent par des allégeances tous azimuts alors que dans le camp de l’opposition le ton se radicalise. Le dialogue politique a du mal à se mettre en marche. Un profond malaise politique enfonce le pays dans une incertitude avec des crises récurrentes. Les mêmes causes entraînent les mêmes effets. Ce paradigme reste globalement identique. D’un côté Trônent des figures de proue comme Ahmed Ould Daddah, Messaoud Ould Boulkheir, Mohamed Ould Maouloud, auxquels s’ajoutent de nouveaux venus comme Ibrahima Sarr, Jémil Ould Mansour, Salah Ould Hanena. De l’autre les différents lambeaux de l’ancien PRDS avec leurs dénominations et leurs symboles. Avec Sidi Ould Cheikh Abdallahi, les jeux d’alliances au deuxième tour avaient significativement élargi le champ du pouvoir à des partis comme APP, l’UFP et des personnalités issues de l’ancien système Tayiste. L’opposition s’était réduite au duo AJD / RFD qui contrôlait l’institution du chef de file de l’opposition. Le discours pourfendeur dirigé contre le pouvoir ne venait plus que d’une aile de cette opposition qui n’était pas représentée dans le gouvernement de Sidioca. La chute de ce dernier remit sur la sellette la vieille sainte alliance qui trouvera un cadre de lutte dans la CFCD puis de la COD. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l’opposition et de nouvelles formations ont renait des cendres de Adil et de ce qui restait du PRDS. Le bras de fer entre le pouvoir et ses opposants a redessiné le même schéma classique où l’opposition ne veut pas d’un dialogue unilatéral et où le pouvoir use de son influence pour faire sauter le verrou de la forteresse de la COD. Une stratégie qui commence à porter ses fruits avec ce dialogue très attendu entre le président Aziz et l’opposant historique Messaoud Ould Boulkheir. Le vieux paradigme commence à se fissurer…
Cheikh Tidiane Dia –LE RÉNOVATEUR