Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

La plus désagréable des lettres du président Aziz.

altMonsieur le président, à presque deux bonnes années de votre élection, je me vois dans l’obligation de m’adresser à vous, pas en tant que partisan ou opposant mais comme un citoyen libre et un patriote soucieux du devenir de cette nation. Loin de moi l’idée de me placer en donneur de leçons ou faiseur de morale.

 

Et si vous préférez les applaudissements aveuglants à la vérité, je vous prie d’avoir l’amabilité de ne pas continuer la lecture de cette longue missive écrite dans un moment de doute et d’incertitude. Vous vous souvenez sans doute de notre dernière rencontre où il était question d’un projet d’état et d’une Mauritanie Nouvelle où chacun se sentira citoyen. Aujourd’hui, je regrette fort de constater que la Mauritanie qui se dessine n’est pas celle dont je rêvais ou celle à la quelle je vous voyais rêver.

 

J’ai du mal à croire que vous vous êtes donné de la peine pour finir par imposer une Mauritanie renouvelée et non Nouvelle. Vous vous demandez sans doute qu’est ce qui me fait voir l’avenir aussi sombre ? Vous vous demandez certainement qui de nous vous dit vraiment la vérité ?

Vous vous demandez probablement pourquoi je me donne autant de peine pour dire des choses que peut être personne n’ignore ? Rassurez-vous, je le fais par devoir et par obligation générationnelle devant Dieu et devant l’histoire. C’est pourquoi je préfère le « je » à tout mot qui pourrait faire croire que je m’exprime pour une autre personne que moi-même ou pour une idéologie quelconque. Monsieur le président, vous arrive t-il de douter de la nationalité Mauritanienne d’un Ould ? Si vous répondez par l’affirmation nombreux penseront le contraire.

 

Pouvez-vous croire que tous les Sonikés, le Wolof, les Poulars et les Bambaras qui vivent en Mauritanie sont Mauritaniens ? Si vous répondez par l’affirmation vos propres conseillers se doivent de vous rectifier. Tout celui qui est né sur cette terre bénie ou qui a au moins l’un de ses parents qui y est né n’a-t-il pas le droit d’être Mauritanien ?

 

Cela me rappelle mes cours de droit de l’université de Nouakchott (la nationalité par le sang et la nationalité par la terre de naissance). Alors que dire s’il se trouve que le concerné a une pièce d’état civil comme un acte de naissance, une carte d’identité ou la nationalité ? A qui cherche t-il vraiment à retirer la nationalité et pourquoi ? Pourquoi me refuserez-vous le droit d’appartenir à ce pays qui ma fait naitre ou qui a fait naitre mes parents ?

 

Monsieur le président, les pratiques quotidiennes des agents et administrateurs ne m’inspirent pas confiance. Peut être qu’ils ne font qu’exécuter des consignes dans l’idée est de bien faire ce que l’ordonnateur veut qu’ils fassent. Mais laissez-moi vous dire que ce qui se passe est inhumain et regrettable pour un état comme le nôtre.

 

Si cela n’est pas de vous, alors faites cesser ces injustices et violations graves de notre constitution et de nos lois. Vous devez agir ou l’histoire vous tiendra responsable des crimes de vos subordonnés qui ne disent pas leurs noms. Croyez-moi, après tout le mal que vous vous êtes donné vous ne méritez pas cela.

 

Monsieur le président, comme je ne sais pas de quoi sera fait demain, comme vous-même, je vous prie de me permettre d’aborder d’autres chapitres regrettables du lot quotidien. L’accord de pêche dont j’ai eu copie n’honore en rien notre pays et est, à mon avis, la plus grave des gabegies que le pays n’a jamais connu.

 

Monsieur, dans 25 ans vous ne seriez plus encore au pouvoir et peut être que moi-même je ne serai plus de ce monde, mais nos enfants et petits enfants regretteront les faux départs qui constituent un pillage machiavélique surement motivés par des commissions de contrat. Vous vous souvenez certainement des avenants controversés de la société pétrolière woodside et de votre combat pour y mettre fin.

 

Monsieur le président, la date fixée pour les élections législatives et municipales n’agrandit pas notre jeune démocratie. Vous me direz que le mandat est de cinq ans et que tout dépassement est inconstitutionnel, mais n’est-ce pas inconstitutionnel de voter avec des pièces dont la durée de validité pose problème ? N’est-ce pas inconstitutionnel de priver toute une génération, qui a eu la malchance d’atteindre la majorité dans une situation d’exception où le pays ne délivre pas de carte d’identité, de son droit de vote ?

 

Ou la raison est politique ? Si tel est le cas c’est votre choix. Comme d’ailleurs le célèbre film en tournage qui vous regroupe vous et l’opposition pour une histoire de dialogue. Je m’indigne quand je les vois courir derrière un dialogue politique au point d’oublier leur rôle politique pour le peuple.

 

Monsieur le président, les fonctionnaires, les agents de l’état et citoyens lambda sont fatigués de la cherté de la vie et de l’inefficacité des mesures d’accompagnement, alors pensez aussi à eux. Les étudiants et les parents se plaignent de nos écoles qui ressemblent plus à des temples idéologiques ou rings de boxe ethnico-politique. Les hommes de communication attendent toujours l’heure de la libéralisation des médias.

 

Pendant que j’y pense, même mes enfants commencent à avoir marre de la monotonie de notre télévision en manque de programmes et d’innovations.

 

Les populations de la vallée sont révoltés et tristes de votre politique de vouloir les déposséder de leurs terres au profit des étrangers en targuant de la maxime « la terre appartient à celui qui la met en valeur », mais surement votre conseiller juridique ou foncier n’a pas pu apprendre par le bon sens que l’état se doit d’aider à les mettre en valeur et que toute politique doit avant tout se faire dans l’intérêt des sujets concernés.

 

Donc dans la concertation pour éviter tout sentiment de révolte car dans chaque pays il y a la goute qui fera déborder la vase. J’ai pensé vous interroger sur le passif humanitaire, sur l’esclavage, les arrestations extrajudiciaires, les nominations sélectives, les promotions, les mouvements de contestations et vos nombreux déplacements, mais ne vous en faites pas je le ferai prochainement (inchallah).

 

Monsieur le président, rassurez-vous il y a du positif durant le peu de temps que vous avez déjà passé au pouvoir mais mon engament est d’aider à corriger et à poser de nouveaux jalons. Il y aura donc surement un moment pour savourer les réussites. La liste des doléances est encore longue, mais par manque de temps et tout en espérant avoir d’autres occasion, veillez recevoir les plus urgentes et inhumaines.

 

Cissé housseynou Birama

L’avocat du peuple et le plus proche conseiller

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