A quelle sauce notre poisson sera-t-il mangé ?
Après une vive polémique à l’assemblée nationale, la convention de pêche liant la Mauritanie à la Chine a été votée. Avec une majorité des voix!Les chinois peuvent ainsi se frotter les mains et opérer dans nos côtes à volonté.Selon les députés hostiles à cet accord, ce dernier profite largement à la partie chinoise comparée à l’apport que cela générera à l’économie mauritanienne. A titre d’exemple, ils relèvent dans un passage du texte de ladite convention des garanties énormes qui frisent la complaisance accordée à l’investisseur chinois.
aux membres de son conseil d’administration, aux actionnaires et aux personnes non mauritaniennes qu’il emploie légalement de ne faire l’objet, en aucun cas, d’un quelconque mauvais traitement, matériel ou moral soit-il … . Les armateurs chinois sont réputés par leur agressivité à l’égard du personnel mauritanien à bord, objet de toutes sortes de mauvais traitements et de disparitions provoquées en haute mer. Cette sorte de chèque en blanc offre à cet investisseur étranger une occasion rêvée de renflouer ses caisses au grand dam de nos ressources halieutiques en voie d’épuisement et d’abuser de la main –d’œuvre nationale comme ils veulent Les députés de l’opposition mauritanienne semblent s’aligner sur la même position de leurs collègues européens qui avaient, on se rappelle en novembre fait part de leur inquiétude par la forte présence d’armateurs et de pêcheurs chinois, qui ont fait des eaux mauritaniennes un terrain de pêche à ciel ouvert. Selon les eurodéputés, ‘’les Chinois profitent largement des ressources de la Mauritanie sans les contrôles rigoureux auxquels sont soumis les armateurs européens’. Les européens soupçonnent donc les chinois de pêcher sous pavillon mauritanien. L’UE a versé, pour la période 2008-2012, 305 millions d’euros à la Mauritanie en échange de l’accès à ses eaux maritimes, très riches en poisson. En contrepartie de ce marché juteux accordé aux chinois un investissement de 100 millions de dollars est prévu pour mettre en place deux unités de traitement de produits de pêche, une usine de fabrication de glace d’une capacité de production de 100 tonnes par jour, un dépôt de stockage frigorifique d’une contenance de 6.000 tonnes, une unité de fabrication de farine de poisson, un laboratoire de contrôle interne, un atelier de construction des pirogues de pêche artisanale et un centre de formation .En plus , la société chinoise s’engage à créer 2463 emplois permanents, avec une priorité accordée à la main d’œuvre mauritanienne qui bénéficiera aussi de la formation . Ces quelques bonifications valent-elles de livrer nos richesses à des bateaux dangereux, suréquipés et échappant à tout contrôle sérieux. Les réseaux mafieux qui se développent depuis des années ont affecté considérablement notre écosystème maritime, perturbé les niches procréatives et poussé à l’émigration des espèces très recherchées de nos produits halieutiques. Une fois de plus par cette convention, la Mauritanie a manqué de « sang froid » devant des fonds chinois qui, loin de faire le bonheur de notre économie ne fera qu’enrichir la sauce de l’investisseur chinois par nos espèces très prisées. Alors que nos plats souffrent de soupe au poisson. Paradoxal n’est-ce pas ?
Cheikh Tidiane Dia-LE RÉNOVATEUR