Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Général Abdel Aziz apostrophe: « Ici, ce n’est pas une dictature »

altDans l’une de ses plus virulentes sorties, le chef de file de l’opposition avait récemment qualifié, au cours d’un meeting populaire organisé par son parti à Toujounine, le président de la république de « dernier dictateur encore au pouvoir dans le monde arabe ».Fervent avocat du pouvoir et du chef de l’Etat, le secrétaire général de l’UPR Ould Mattalla a aussitôt répliqué à ces charges embarrassantes, accusant le leader du Rfd de contradictions et de paradoxes, en prêchant une alternance qu’il interdit personnellement à sa propre formation. En brisant aujourd’hui le silence sur ces critiques peu courtoises, Mohamed Ould Abdel Aziz, selon lequel, il n’y a pas de dictature au pays, chercherait-il à tout prix à rendre intelligemment à Ahmed Ould Daddah la monnaie de ses pièces ?

 Les opposants au pouvoir multiplient les sorties critiques contre le pouvoir de Ould Abdel Aziz l’accablant de tous les maux, de gabegie souveraine, de bradage de ressources nationales et de dirigeant érigeant en système l’unilatéralité de la gestion des affaires publiques. Des reproches fréquents que la majorité fidèle à Ould Abdel Aziz semble réellement incapable de démentir, préférant souvent laisser l’orage passer. Les preuves de ces désistements progressifs qui minent de jour en jour les rangs des fidèles du président de la république, ne sont pas seulement perceptibles dans les distances prises récemment par Tawassoul et avant lui le Rfd du régime, mais aussi des défections répétées de parlementaires dont Ghassem Ould Bellali et Baba Ould Sidi qui ont rejoint El Wiam. Même, lundi dernier, aux débats de l’assemblée nationale, les dissensions de la majorité se sont faites sentir avec cette absence remarquée de certains députés de cette mouvance alors que le gouvernement tenace à voter l’accord de création d’un complexe industriel de pêche signé avec la Chine et contesté par l’opposition, avait besoin de montrer publiquement sa domination de l’hémicycle parlementaire, loin des insultes et des positionnements complices. Assailli par ces déboires qui commencent à menacer son pouvoir, le président de la république était contraint d’assurer sa propre autodéfense, d’opérer un coup de communication qui montreront aux mauritaniens son potentiel de riposte politique, surtout à ses fidèles qui lui reprochent le flirt des jeunes à leurs dépens. C’est donc pour soigner son image et celle de son pouvoir, surtout que le Premier ministre n’est pas encore en plein forme pour mener à bien cette mission, que le président de la république s’est confié lundi dernier à l’Afp, donnant ainsi l’occasion à l’opinion nationale d’être mieux édifiée sur des questions sombres de la politique intérieure et extérieure du pays. Mohamed Ould Abdel Aziz livrera ainsi ses points de vue sur la situation politique nationale, sur la lutte contre le terrorisme et sur le conflit libyen, notamment l’impasse dans laquelle se trouve actuellement Kadhafi.

” Ici ce n’est pas une dictature “

Evoquant les récentes manifestations de quelques centaines de jeunes à Nouakchott pour réclamer son départ, Ould Abdel Aziz a indiqué que les revendications portées par certains jeunes arabes ne sont valables pour le cas mauritanien, précisant que la Mauritanie n’est pas une dictature, mais une démocratie. ” Moi, je n’ai pas 36 ans de pouvoir, je n’en ai même pas 36 mois “, a-t-il dit, ajoutant qu’il est ” ex-général, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en août 2008, avant d’être légitimé par les urnes l’année suivante “. Pour lui, les jeunes ” ne peuvent pas parler de dictature ici, parce qu’il y a une démocratie, toutes les libertés sont garanties. Nous sommes le premier pays arabe au plan de la liberté de la presse. La corruption, c’est mon cheval de bataille, je suis le premier à lutter contre la corruption, la gabegie, contre tout ce qui est mauvais dans ce pays “, a-t-il poursuivi, considérant que ” si cette jeunesse avait agi il y a de cela six ans, elle aurait eu raison, elle aurait secoué le pays “.
Il a également ” affirmé que si les jeunes ” mauritaniens ” manifestaient contre la pauvreté et le chômage, il serait prêt à partir avec eux, mais quand ils essaient de comparer la Mauritanie à la Libye, à l’Egypte, ils ne peuvent pas faire mouche, c’est totalement différent “. Selon l’AFP, le chef de l’Etat a ” par ailleurs dit être disponible pour un dialogue avec son opposition “. ” Je leur ai dit que j’étais prêt à discuter de n’importe quel problème, de n’importe quelle question, j’attends toujours leur réponse, leur plate-forme de discussions “, a-t-il affirmé.
Et d’ajouter : ” dernièrement, on m’a dit que l’une des parties demande l’organisation d’une élection présidentielle anticipée. Ils n’ont qu’à venir le demander, je suis prêt à discuter. Mais moi, je ne peux pas dialoguer seul “. Le Président de la République a indiqué que ” dialogue ou pas “, les élections législatives auraient lieu comme prévu en octobre : le mandat d’un député, c’est cinq ans, c’est-à-dire que le 1er octobre, il doit y avoir des élections, c’est tout.
Il n’y aura pas de vide juridique “.

Amadou Diaara – LE RÉNOVATEUR

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