De nouvelles indemnisations en vue Une goutte dans la mare du passif humanitaire !
L’Etat vient de s’engager dans des réparations en faveur de tous les militaires ayant été impliqués dans des complots réels ou supposés contre la sûreté de l’Etat sous les régimes antérieurs.Cette mesure concerne non seulement les militaires issus de la communauté noire: peulh, soninké et Wolof victimes de pires exactions dans les casernes militaires et qui ont coûté la vie à au moins 500 personnes et valu des radiations à plus d’un millier de soldats et d’officiers de l’armée.Elle se rapporte aussi aux différents complots remontant de 81 à 2004. Mais ce sont les noirs qui ont le plus subis cette page sombre de l’histoire des coups d’Etat en Mauritanie. La descente aux enfers a commencé pour les militaires noirs en 87 lors de la tentative de coup d’Etat menée par un groupe d’officiers et sous-officiers frustrés par les injustices à caractère raciste sous le règne de Ould Taya. Une mésaventure qui devait ainsi ouvrir la voie à toutes sortes de montages faits par les officines de renseignement militaires pour faire planer le doute sur un éternel complot contre le régime en place renforcé en cela par le discours démagogique d’un énième complot peulh. Lors d’un procès tenu à Jreida trois officiers ont été exécutés et des centaines radiés. La chasse au militaire noir reprit de plus belle sous les pressions de forces chauvines déterminées à broyer du noir. Le sommet de l’hécatombe contre les militaires « Kowri » a été parachevé en 91 dans toutes les bases militaires du pays. Des tueries ont été commanditées par des bidasses pendant que dans le fort de Oualata des civils et militaires étaient détenus dans des conditions inhumaines. C’est dans cet enfer que le célèbre écrivain Ten Youssouf Guey , l’ancien ministre Djigo Tafsirou , le lieutenant Ba Abdoul Khoudouss et l’adjudant chef Ba Alassane Oumar ont trouvé la mort. Des morts il y en eu aussi dans le sud du pays sous toutes ses formes entre la période allant de 89 à 94 à l’encontre de civils. Des villages entiers ont été rasés par des escadrons de la mort, des fosses communes ont servi de tombes collectives à des milliers de morts sans sépulture. Toutes ces atrocités constituent le passif humanitaire. Faut-il ignorer toutes ces victimes ?
Tous dans le même sac !
Les militaires accusés de complot contre la sûreté de l’Etat bénéficient tous des mêmes mesures de réparation abstraction faite à la nature des accusations. Dans ce panier de complots se retrouvent les putschistes de 81, un commando venant du Maroc dirigé par le colonel Kader, le colonel Mohamed Salem Ould Sidi et le capitaine Niang tous les trois exécutés après l’échec du coup d’Etat. Une poignée de jeunes soldats faisait aussi partie de ce groupe et qui ont été arrêtés. Un autre complot Bathiste a été déjoué en 88 et des radiations eurent lieu. En 2004 ce sont les cavaliers de changement, un groupe d’officiers nationalistes dirigé par le commandant Salah Ould Hanena tenta lui aussi de s’emparer du pouvoir de Taya.
Tout ce monde reconverti dans d’autres domaines bénéficiera des mesures d’indemnisations et de pensions que l’Etat leur versera à titre de réparation (cf catégories en encadré). Cette mesure a été prise en conseil de ministre et a fait l’objet de spécification par le ministre de la défense. Mais le montant de 1, 2 milliards d’UM qui sera déboursés pour tous ces cas est de loin en déca des victimes concernées dont le nombre est important. Une goutte dans la mare de tous les passifs.
Amadou Diaara –LE RÉNOVATEUR