Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Le « Safori nafori » de Aziz ou l’effet Birame?

altLe président Mohamed Ould Abdel Aziz, a-t-on appris, a donné ordre de recenser les sépultures des disparus depuis 1960. Entendez par là des militaires essentiellement morts en guerre ou à la suite de coups d’Etat réels ou imaginaires et probablement d’opposants politiques disparus.Le passif humanitaire doit en toute vraisemblance occuper le devant de cette initiative. Cela est d’autant plus urgent et nécessaire que depuis des années cette demande est formulée par beaucoup de mauritaniens, particulièrement les familles des victimes réclamant qu’on leur montre les lieux d’enterrement des leurs. La mise en œuvre de cette décision aiderait à localiser les lieux où reposent des corps ensevelis dans l’immense étendue d’un territoire vaste et difficile d’accès surtout dans ses zones désertiques notamment sahariennes. A ce sujet, le département des affaires islamiques et de l’enseignement originel a reçu des consignes fermes de mettre en place un plan visant à établir la cartographie des emplacements des lieux de sépultures des morts concernés par ce plan.

Le président a-t-il voulu couper l’herbe sous les pieds de Birame Ould Dah Ould Abeid, le chef de l’IRA qui a annoncé sa décision de se recueillir sur les tombes des 28 militaires noirs exécutés à Inal en 1990-1991 par leurs frères d’armes sous la dictature de Taya. Plus de 500 militaires ont été victimes d’assassinat à caractère génocidaire et aucune enquête sérieuse n’a été diligentée pour mettre la lumière sur les faits. Les organisations des droits de l’homme, les collectifs des rescapés et les familles des victimes n’ont cessé de demander le devoir de mémoire et de vérité sur ces tueries abominables. Les seules réponses apportées jusque-là sont la prière de l’absent organisée il y a une année à Kaédi par le président Aziz et une modique somme remise aux familles en guise d’indemnisation. Certains ont vu en ce geste un début de règlement de ce dossier, d’autres ont, au contraire désapprouvé l’approche adoptée visant à solder de manière politique le passif humanitaire en occultant la dimension judiciaire. A ce propos, les militants des droits de l’homme ont accusé le pouvoir d’utiliser l’argent pour sacrifier le droit et la justice. Loin de baisser les bras, les activistes des droits de l’homme reviennent à chaque fois à la charge pour demander que justice soit faite et dénoncent une volonté de protéger les coupables. Le président Aziz a, dans ce dossier, préféré sans doute utiliser un raccourci sans se référer à l’expérience de certaines organisations comme le Fonadh, qui dispose de précieux documents et d’imminents consultants en mesure d’aider à trouver des solutions à la résolution de ce dossier. D’autres approches moins stigmatisant mais aussi non complaisantes pourraient bien être appliquées dans le contexte mauritanien pour solder le passif de façon juste et équitable. En tout état de cause, si ce plan de localisation des sépultures vise à rendre leurs droits aux familles, et contribuer à atténuer leurs souffrances, cela constitue un pas important dans le sens du respect et de la dignité. Mais si c’est une décision qui résulte du requiem de Birame Ould Dah, elle reste subordonnée aux contingences politiques. Ce qui risque de limiter les chances de son aboutissement. Encore faudrait-il que la commission soit bien à la hauteur de cette mission. Pourvu que cela ne soit pas du Safori nafori, littéralement et de manière approximative, (un arrangement bien calculé où les uns et les autres trouvent leurs comptes) et qui viserait à mettre dans le même panier plusieurs choses …

Cheikh Tidiane Dia –LE RÉNOVATEUR

 

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