Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Lettre à Yahya Ould Hademine

Lettre à Yahya Ould HademineCher Yahya,

D’après Alkhbar et d’autres journaux mauritaniens, vous auriez tenu les propos suivants : « Nous avons pris soin de ne pas installer le débarcadère de Ndiago et le canal de Lemseidi dans la Vallée, malgré que les avantages économiques seraient plus considérables dans la vallée.
L’État a une vision stratégique claire qui s’agit de ne pas développer les zones de la Vallée du fleuve Sénégal.
Car il est probable que dans l’avenir cette partie de la Mauritanie devienne une terre exclusive aux Noirs. Elle pourra même être arrachée pour les Noirs. La question des Noirs est le plus grand défi dont fait face l’État (mauritanien) ».
Ces propos sont d’une extrême gravité et pourraient être lourds de conséquence dans un État de droit. Vous avez tout dit et en même temps vous ne nous apprenez rien. A vous entendre, vous seriez devenu un flamiste de la première heure, poussé par le désespoir et qui ne trouve de refuge que dans le mensonge et le racisme anti-maure. Bien sûr, de telles révélations furent l’objet de vives dénonciations de la part des Flam qualifiés pour ce fait de racistes et ennemis de la Mauritanie. Comment vous, Premier Ministre si je ne me trompe et si vous l’êtes réellement, en tant que Maure, avez-vous osé donner raison aux racistes noirs (nos ennemis)?
En fait, nos ennemis, c’est nous! Avec ces aveux, vous démontrez la mort dans l’âme et une bonne fois pour toutes, que votre volonté d’exclusion des Noirs est viscérale sinon elle aurait cessé avec les multiples changements de régime. Or, ce qu’on constate depuis Moktar le fondateur à Aziz le liquidateur, c’est la même politique, avec des pics majeurs d’accaparement des terres du sud (lois domaniales à l’appui) et le génocide béni du mois de ramadan (les rescapés vous écoutent depuis le Mali, le Sénégal, la France, les USA…).
J’ai toujours cru non sans naïveté à une Mauritanie qui se relèvera de la bêtise humaine, et à ce que nous avons convenu d’appeler l’unité nationale. Ces valeurs qui nous bercent et qui font l’idéal des grandes nations, ne signifient pour vous que scission et idéologie d’hommes civilisés (si civilisation il y a).
Cher Ould Hademine, je sais que le Mauritanien en général, n’a pas le sens de la nation. Les Noirs ont leur Walo et les Maures leurs chameaux, chacun survit de ce qu’il trouve sur cette terre hostile. L’Unité Nationale, c’est quand on vit dignement de son travail, on partage les mêmes valeurs éthiques et on respecte les mêmes règles de droit. En entravant le processus de développement d’une partie de son pays, au seul motif racial, on lance un boomerang. En fait, je pensais que seuls les Noirs avaient ce penchant suicidaire à prier pour que le navire dans lequel ils sont embarqués chavire, parce qu’il appartient à leur cousin, oubliant qu’ils pourraient périr en même temps avec cette perte. Erreur, erreur, je comprends désormais que ça fait partie de la condition humaine, les Maures aussi ont le même problème que les Noirs.
Si le sud se développait, le nord en souffrirait d’une décadence incommensurable, puisque le nord est très développé. Si on abandonnait le projet de spolier les terres de la vallée, les Noirs n’auraient plus besoin de s’exiler, parce que ce grenier à lui seul peut nourrir tout le pays.
Cher Ould Hademine, que signifie l’unité nationale? Quel sens revêt le mot patrie pour vous? Comptez-vous emporter avec vous un champ de walo dans votre tombe? Ne pensez-vous pas que cette terre mère est là pour produire et nourrir des êtres humains sans distinction de race et d’origine? Si vous vous en doutez, ce qui semble être le cas, d’où proviennent le riz, le blé, le thé, le sucre et toutes les denrées alimentaires que vous dilapidez pendant que vos concitoyens meurent de faim? Empêcher l’exploitation des terres, c’est simplement combattre la vie.
Cher Ould Hademine, vous n’êtes pas coupables de ces faits dont vous n’êtes qu’un dernier maillon, mais vous restez comptables de vos mots. Lorsque je dis que nos mots sont nos maux, ce n’est point un slogan, c’est une conviction profonde que les gens s’expriment parce qu’ils souffrent. Je lis cette souffrance dans votre esprit d’homme dépendant, votre folle envie de poursuivre un chantier mal engagé et qui finira Dieu le sait dans la douleur et la désolation.
Si nous étions des Musulmans, nous aurions pu compter sur Dieu et solliciter ses bienfaits. Il a plus qu’une terre à nous offrir et un bonheur sans contrepartie. Penser que son bonheur dépendra du malheur de son voisin, c’est une autre façon de s’enraciner dans le mal. Si nous avions des esprits d’êtres humains, nous aurions pu penser à développer tous les coins de notre pays, à prendre le chemin des nations en marche, à construire et non à détruire ou étouffer le poussin dans l’œuf. Pendant que certains s’efforcent à coller les morceaux, vous vous attelez à les jeter dans l’océan.
Cher Ould Hademine, la Mauritanie vous a entendu. Certains exprimeront leur colère, d’autres vous féliciteront en coulisses, et ça pourrait s’appeler Unité Nationale à votre sens. Puisque vous n’avez rien de positif à proposer à la Mauritanie, je vous prie cher Ould Hademine, d’abandonner cette veuve avec ses larmes. Il n’y a jamais eu de mariage de raison entre vous et la Mauritanie, ce viol n’a que trop duré et, le mois de ramadan est devenu l’occasion pour prêcher la mauvaise parole et faire le mal, une autre façon de jeûner et se rapprocher de Dieu.
A la lumière de vos propos, une question me vient à l’esprit : êtes-vous réellement mauritanien? Si oui, rendez votre démission et reprenez les études, car il n’est jamais trop tard pour se former. Voyez-vous que moi, j’apprends en ce moment? J’apprends de vos bêtises et du grand livre de la vie. J’apprends de l’humanité, cette chose sacrée qui mérite dignité et respect lorsqu’on pense y appartenir.
Très fraternellement de la part de Bacca.

Source : Ousmane DIA

 
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