La rectification démocratique fait-elle son chemin ?
Le vaste chantier de la démocratie mauritanienne reste une œuvre complexe mais surtout fragile.Il est, dès le début de son fondement bâti sur un socle précaire qui nécessite une refondation plus rigoureuse. Notre démocratie a des défis énormes à relever. Elle a besoin d’évoluer dans un espace de libertés politiques, syndicales, médiatiques qui constituent les trois piliers essentiels d’une bonne gouvernance démocratique, gage d’une stabilité politique et d’une alternance démocratique.
Comme beaucoup de pays d’Afrique, les mauritaniens ont expérimenté des modèles de démocratie tropicalisée et taillées sur mesure. Ils rêvent de passer d’une démocratie de façade à une démocratie pluraliste, responsable et fonctionnant sur des principes de l’alternance pacifique par les urnes. Il est encore trop tôt de réaliser ce schéma. Mais tant que des gardes-fous ne sont pas pris, nous ne sommes pas à l’abri d’une conservation illimitée du pouvoir par des dirigeants qui usent de la méthode de diversion pour s’agripper au fauteuil présidentiel. Les signes de cette propension au monopole du pouvoir ne trompent pas. Ils se traduisent par un refus de s’ouvrir aux principaux acteurs politiques, d’une indifférence aux revendications sociales, d’une incohérence dans les décisions et au bout du compte d’une tendance au repli sur soi. Après une bonne période de retour à l’ordre constitutionnel mais pas encore à l’ordonnancement dans le paysage politique, le pouvoir en Mauritanie n’a pas encore rompu avec ses tâtonnements, et ses airs teintés de populisme. On est toujours sur une ligne de front marquée par ses opérations de lutte contre la gabegie, ses visites inopinées qui ne changent rien aux méthodes de gestion d’une administration au ralenti, de la promotion arbitraire des cadres et d’une justice qui a les plombs dans les ailes. Imaginez que plus de mille personnes de droit commun croupissent en prison sans être jugées. Des présumés voleurs de portables et autres petits délinquants encombrent les cellules augmentant de jour en jour la population carcérale avec les conséquences qui en découlent. Et on nous parle avec grandiloquence d’un appareil judiciaire assaini. Il y a quelques mois une campagne a été lancée tambour battant pour la construction d’une muraille verte tout autour de la capitale. Depuis c’est le silence radio sur une opération qui avait séduit l’opinion publique. La lutte contre les squattes a plus aggravé les problèmes de la maîtrise de la géométrie urbaine qu’elle n’a apporté de solutions réelles. Le nombre de chasseurs de « gazra » ne cesse de se gonfler. Le président ne manque pas de projets. Au contraire ! C’est la finalisation des actions qui fait défaut. Du capharnaüm tout ça si à la fin il n y a pas de résultats visibles. On voudrait bien voir le quotidien des mauritaniens changer par des réalisations concrètes ayant des impacts directs sur leur niveau de vie. La démocratie n’est pas un simple exercice puéril. C’est une construction qui doit se faire avec tous les acteurs de la vie politique économique et sociale…
Cheikh Tidiane Dia –LE RÉNOVATEUR